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  • Critique : Philémon Cimon – « L’été »

    Critique : Philémon Cimon – « L’été »

    L’été, c’est le deuxième album de Philémon Cimon, que vous connaissez peut-être sous le nom de Philémon Chante (Les sessions cubaines). Un album d’indie pop très solide et que vous aimerez ou non selon votre appréciation de la voix plutôt unique de l’artiste.

    philémon cimon l'été

    Commençons justement avec ce qui risque d’en gêner plus d’un : la voix de Philémon Cimon, qui est assez particulière. Un genre de falsetto qui a du mal à demeurer juste. Certains vont détester, et ils vont détester assez pour passer immédiatement à l’album suivant. C’est bien dommage, mais c’est tant pis pour eux. Les autres apprécieront cette voix très humaine et authentique, parfaite pour chanter les douze chansons de L’été.

    Musicalement parlant, chaque chanson est un tableau complet avec ses personnages, ses histoires, ses décors, ses odeurs… Que ce soit dans des chansons purement indie pop comme Au cinéma ou dans des bijoux de pop de chambre comme Julie July (ne serait-ce que pour la harpe de Sarah Pagé), la couleur est partout, et il est préférable de trop en mettre que d’en manquer.

    Le plus puristes apprécieront beaucoup le milieu, plus folk, de l’album, qui comprend également son lot d’excellents moments, ainsi qu’un des moments les plus frustrants de 2014 jusqu’à maintenant. Cette fin de Chose étrange, si prometteuse, qui annonce une grande explosion… et qu’on nous coupe exactement là où le méchant sort avec un fondu sortant… Je vous jure, j’ai eu mille images de coïts interrompus en tête. Heureusement, Chanson pour un ami, qui suit, nous fait oublier toute cette frustration. C’est beau, c’est imagé, la douceur laisse lentement la place à une urgence que Philémon chante à la perfection. Frissons garantis.

    Le reste de l’album s’écoute sans s’essouffler, mais une fois le choc des premières chansons passé, il ne reste plus qu’à apprécier le grand sens de la mélodie de l’auteur-compositeur; c’est moins spectaculaire, mais c’est toujours aussi efficace.

    Ajoutons à cela une excellente coréalisation de Philippe Brault (qui a un faible évident pour le less is more), et voilà, vous avez un des bons disques de janvier 2014. Dur de croire que l’enregistrement a pris un gros cinq jours…

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=v-s54bw6BIo&w=480]

    Philémon Cimon – « L’été » (Audiogram) [Site Web]
    8/10

    Jacques Boivin

    6 février 2014
    Albums
    8/10, Albums, février 2013, l’été, philémon cimon
  • Critique : Monogrenade – « Composite »

    Critique : Monogrenade – « Composite »

    Un de mes coups de coeur de ces dernières années, c’est Tantale, le premier album complet de Monogrenade paru en 2011, sur lequel on pouvait entendre un groupe talentueux et prometteur qui joue une musique atmosphérique, mais entraînante, qui marie brillamment l’électronique et les instruments plus classiques. Bref, du beau travail, et nous avions hâte d’entendre la suite.

    Monogrenade - Composite

    La suite, vous pourrez l’entendre sur Composite, le deuxième album fort attendu, et réussi, de Jean-Michel Pigeon et sa bande.

    Musicalement, Composite est une suite logique à Tantale. On se replonge dans la même pop atmosphérique qui marie brillamment l’électronique et les instruments classiques (notons les coups de main de Pietro Amato et son cor français, ainsi que des cordes sidérales des Mommies on the Run), mais en même temps, on ne peut qu’apprécier l’expérience acquise par le groupe ces dernières années. Cette expérience s’est traduite en assurance et ça paraît. Ça commence en force, avec un duo Portal/Composite où un mur de synthés laisse place à ce qui semble être une ballade piano-voix, mais est en réalité une chanson pop arrangée avec une richesse qui peut évoquer un Patrick Watson un peu plus technique et un peu moins soul. La dernière minute de la pièce, qui fait la part belle aux cordes, donne quelques frissons.

    À l’écoute de L’aimant, je peux comprendre certains critiques qui se plaignent de la voix de Pigeon, qui semble parfois calquée sur celle de Louis-Jean Cormier (ce qui peut être agaçant quand Karkwa est manifestement une influence musicale). Heureusement, on a eu la bonne idée de ne pas trop en mettre au mixage. On entend la voix de Pigeon juste assez bien pour que ceux qui y accordent toute l’importance du monde puissent bien comprendre les paroles tout en permettant à ceux qui préfèrent se concentrer sur la musique de le faire.

    Cercles et Pentagones suit et c’est très bon. Il y a un petit côté New Order à cette chanson et le crescendo à la deuxième partie de la pièce est tout simplement délectable. Cette explosion, à la fin… Wow, un vrai feu d’artifice musical. Labyrinthe, de son côté, est une chanson typiquement indie rock mauditement bien faite où on a su tirer le meilleur parti de la voix d’ange de Marie-Pierre Arthur.

    Après une J’attends convenue, mais fort sympa, Monogrenade sombre dans l’électropop orchestrale sur Métropolis, une chanson lourde et froide qu’on aurait peut-être voulu plus longue, comme c’est le cas avec Phaéton, qui aurait mérité une construction en plus de trois courtes minutes.

    Je ne serais pas surpris d’entendre un jour un remix de Tes Yeux, qui a quelques accents disco pop fort agréables. On tape joyeusement du pied, là. L’album se termine sur Le fantôme, une pièce qui montre ce que les gens de Monogrenade sont capables de faire quand on leur laisse le temps de construire une chanson. Pas pour rien qu’orchestral rime avec magistral…

    Sur Composite, la plupart des qualités de Monogrenade sont aussi ses défauts et vice-versa. Le groupe est capable de jouer des chansons de 7-8 minutes et de faire « monter la sève », mais il se contente souvent d’une parcelle au lieu d’occuper le terrain au complet. Oui, il y a quelques lacunes, notamment sur le plan des paroles, la musique vient souvent tout faire oublier. Oui, ça a parfois l’air calqué sur Karkwa et Patrick Watson, mais sur une étagère, c’est exactement là, entre Karkwa et Patrick Watson, que la pochette l’album va se trouver.

    Malgré ses petits défauts, Composite est un excellent album tout à fait dans l’air du temps, qui laisse à Monogrenade un bel espace où évoluer. En vente chez votre disquaire préféré dès le 4 février.

    [bandcamp width=100% height=120 album=1903229635 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small t=2]

    Monogrenade, « Composite » (Bonsound)
    8/10

    Jacques Boivin

    29 janvier 2014
    Albums
    8/10, Albums, Composite, janvier 2013, Monogrenade
  • Critique : Lover Lover – « There is a Place »

    Lover Lover There is a PlaceSi on réussissait à prendre les claviers des Eurythmics et à les mélanger au adult rock des Fleetwood Mac fin 1970, début 1980, on aurait probablement un hybride extrêmement intéressant. Imaginons que cet hybride sort tout droit de la tête d’une pâtissière parisienne nommée Eleanor Bodenham et qu’elle a conçu cet album à Los Angeles et à Londres avec des gars nommés Martin Craft et Nick Littlemore (d’Empire of the Sun). On se trouve un joli nom basé sur une toune de Cohen (Lover Lover). On enregistre l’album lentement, mais sûrement, mais à la toute fin, les deux gars décident de se retirer.

    Les gars sont peut-être partis, mais l’album est prêt et il vient tout juste d’apparaître chez nos pushers préférés. There is a Place, que ça s’appelle. C’est tout simplement irrésistible. Un parfait mélange de synthés et de personnalité. Des tonalités chaudes, comme la voix de Bodenham, qui se rapproche un peu de celle de Stevie Nicks dans les graves sans tomber dans l’excès (allô, Lissie!).

    Parmi les chansons à signaler, on retrouve Young Free, une pièce uptempo simple, mais accrocheuse, Embers, qui représente parfaitement ce mélange d’Eurythmics et de Fleetwood Mac dont je parlais au début, Freebirds, planante et atmosphérique, Hush, la pièce indie pop qui nous rappelle que nous sommes presque en 2014, et The Fire, tout simplement magique.

    On se serait toutefois passé des deux pièces sirupeuses qui terminent l’album (Love on a Wire et Home). Des finales piano-voix-synthé éthéré, y’en a treize à la douzaine, et celle de Lover Lover manque un brin d’originalité.

    Même si on reste un peu sur notre appétit, il faut admettre que le premier (et peut-être dernier) album de Lover Lover est un petit bijou de pop indé. Ça s’écoute légèrement, c’est sans prétention, et l’album est un mélange original d’influences eighties, ce qui est rare quand on examine toutes les références aux années 1980 qu’on a vues passer ces dernières années.

    [vimeo http://vimeo.com/79619547]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    22 novembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Lover Lover, novembre 2013, There is a Place
  • Critique : Jake Bugg – « Shangri La »

    Jake Bugg - Shangri La

    Tiens, tiens, juste au moment où on allait fermer les livres et préparer les rétrospectives de fin d’année, voilà que le jeune Bugg nous arriver avec un deuxième album ma foi fort divertissant! Son premier album, qui nous a fait découvrir un jeune virtuose du folk-rock qui a conservé juste assez de naïveté pour nous être sympathique, a connu un immense succès en Europe. Et il s’est plutôt bien vendu de ce côté-ci de l’Atlantique! Faut dire que le fait d’être encensé par le frère Gallagher talentueux, ça aide.

    Enregistré aux États-Unis en compagnie du réalisateur Rick Rubin, Shangri La offre un son beaucoup plus près de Nashville que du Nottingham natal de Bugg. Les pièces rock rockent plus, les pièces folk folkent plus et la voix nasillarde de Bugg n’a jamais été aussi pertinente.

    Quand Bugg bouge, il ne fait pas les choses à moitié : Que ce soit dans la rock n’ roll There’s a Beast and We All Feed It, dans l’ultrarapide Slumville Sunrise ou dans la punkette What Doesn’t Kill You, on tape joyeusement du pied. C’est sec, c’est cru, on voit que Rubin s’est concentré sur l’essentiel. Jake Bugg n’a pas besoin d’artifices pour déplacer de l’air et on lui a laissé tout l’espace nécessaire. Et Kingpin. Celle-là, les frères Gallagher auraient certainement aimé l’écrire.

    Même s’il rocke bien, il faut admettre que Bugg est à son meilleur quand il chante le folk. Il y a encore de la graine de Dylan chez ce jeune homme. Qui plus est, il a gagné en maturité, ce qui paraît dans ses ritournelles. Me and You est simplement magnifique. A Song About Love est une superbe chanson tout en douceur qui aurait toutefois mérité que Bugg s’efforce de ne pas trop mâcher ses mots.

    Alors qu’on craignait que le jeune Bugg se ferait bouffer par la machine ou que la tête se mettrait à enfler, il semble que rien de tout ça ne s’est produit. Au contraire, le jeune homme, qui n’a que 19 ans, nous propose un maudit bon album bien ficelé qui ne réinvente peut-être pas la roue, mais qui est composé d’excellentes pièces mises en valeur par un ordre judicieusement choisi. Qu’il joue du rock ou du folk, qu’ils ose un peu de folk ou un brin de punk, tout ce qu’il touche est tout simplement réussi.

    Beau cadeau de fin d’année.

    [youtube http://youtu.be/p4wTRbW0aos&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    20 novembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Jake Bugg, novembre 2013, Shangri La
  • Critique : Dead Obies – « Montréal $ud »

    Dead Obies - Montréal SudVous avez probablement remarqué, les albums de hip hop et de rap sont rares sur ce blogue. On a tous un ou deux genres musicaux qu’on aime un peu moins que les autres. Pour certains, c’est le country. Pour d’autres, c’est la musique dite classique. Moi, j’ai du mal avec deux genres : le métal et le hip hop.

    Certains artistes réussissent à me tirer hors de ma zone de confort. Par exemple, j’ai un petit faible pour The Roots, que j’ai particulièrement apprécié à Bonnaroo en 2012. Cargo Culte m’est apparu fort sympathique. Vous pouvez maintenant ajouter Dead Obies à cette courte liste.

    Le collectif composé de cinq MC spécialistes des battle raps et d’un producteur vient de faire paraître Montréal $ud, un album au rap métissé à un point tel qu’il arrive parfois qu’on ne comprend plus les paroles balancées dans un franglais qui sert plus la musique que l’inverse. Oui, ça a ses défauts, on perd parfois le fil, mais c’est tellement rythmé!

    Montréal $ud, c’est surtout un album de moods, d’ambiances, un album bien de son temps, très sombre, qui sonne beaucoup plus américain qu’européen (dans mon cas, c’est tant mieux). La production est impeccable, chaque sonorité a un rôle à jouer dans un ensemble réfléchi, peaufiné. C’est comme le débit des rappeurs, le flow, comme ils disent. Chacun apporte son style, sa voix, son attitude. Cette variété permet au groupe de nous offrir un album de près de 80 minutes sans redite apparente.

    L’album est divisé en trois « mouvements » : la banlieue sale, que nos comparses ont hâte de quitter, le party en ville, puis le lendemain de veille. Chaque mouvement a son son, son ambiance. La transition entre chaque mouvement est sans faille, surtout sur D.O.E. (Dead Obies Epress), qui se trouve entre Runnin’ et l’irrésistible Montréal $ud, une pièce cool et mollo qui met en lumière tout le talent qui se trouve chez les membres du collectif.

    D’autres pièces sont remarquables. Je pense entre autres à In America, avec son rythme langoureux et ses échantillons de guitare hypnotique. Une autre pièce sans faille parmi tant d’autres.

    Paraît que leurs shows sont impeccables. En tout cas, leur lancement a été ze talk of the town. Pas de mal à comprendre après avoir écouté l’album.

    Si vous croyez encore que le rap, c’est pas de la musique, écoutez cet album. Vous en ressortirez transformés.

    [youtube http://youtu.be/ZLgsSG_jSC0&w=480]

    Site Web : http://www.deadobies.com

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    16 novembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Dead Obies, Montréal $ud, novembre 2013
  • Critique : Arcade Fire – « Reflektor »

    arcade-fire-reflektorOh, ce qu’on avait hâte d’entendre le successeur de The Suburbs, ce disque qui a propulsé le collectif montréalais Arcade Fire dans la stratosphère du rock. Les attentes étaient stratosphériques et le rouleau compresseur marketing qui a précédé la sortie de l’album en a énervé plus d’un.

    Bon, vous l’avez sûrement lu quelque part, James Murphy, du très dansant LCD Soundsystem, a coréalisé l’album. De plus, vous avez sûrement entendu parler des voyages du groupe en Haïti, autant sur le plan humanitaire que culturel. Ce genre d’association influence son homme, on savait donc que le groupe avait évolué et qu’on n’aurait pas droit à un Suburbs, deuxième partie.

    Si vous avez entendu le premier extrait, Reflektor, vous avez déjà une petite idée de l’orientation qu’ont pris les membres du collectif. Mais vraiment, une toune de huit minutes ne rend pas justice à cet album double de 76 minutes qui passe allègrement d’un genre à l’autre tout en gardant un fil conducteur (la légende d’Orphée).

    L’album s’ouvre avec la pièce titre, Reflektor, longue, langoureuse, dansante à souhait. Après une We Exist qui respecte une forme plus traditionnelle se succèdent Flashbulb Eyes et Here Comes the Night Time, deux chansons irrésistiblement inspirées des Caraïbes. Dans Normal Person, Win Butler se prend à la fois pour Elvis et Mick Jagger. You Already Know est probablement la plus suburbienne des pièces de Reflektor, mais elle prépare bien la petite bombe Joan of Arc où Régine Chassagne rend Jeanne d’Arc sexy. C’est sur cette note que se termine le disque 1.

    Le deuxième disque s’ouvre sur une reprise de Here Comes the Night Time toute en douceur, qui prépare bien le duo Awful Sound (Oh Eurydice) et It’s Never Over (Oh Orpheus). Vous aurez compris que des chansons qui semblent plus faibles à première vue ont leur utilité : elles mettent la table à de petites bombes qui explosent dans nos oreilles au grand plaisir de l’auditeur. Celle d’Awful Sound est de loin ma préférée. Les guitares sont sublimes, ça tape sur les tambours avec frénésie, Butler chante doucement et tout à coup, PAF! Refrain incroyablement accrocheur, mélodie beatlesque et deuxième couplet au mur du son qui rappelle A Day in the Life. À la fin, on dirait même que George est revenu d’entre les morts pour jouer de la guitare pendant des na na na (qui ne durent qu’une trentaine de secondes, tout de même…). Les Beatles rencontrent Edward Sharpe? Ouais!

    Porno, qui suit ce duo, a ce petit côté ballade sombre des années 1980 qui devrait plaire aux gens de ma génération, surtout qu’elle permet à Win Butler de se la jouer un peu crooner, avant de retomber dans l’ambiance carnavalesque avec une Afterlife qui va faire danser bien des gens lors de la prochaine saison des festivals. L’album se termine avec une Supersymmetry en guise de bonne nuit et de générique de fin.

    On pourra reprocher bien des choses à Arcade Fire, dont le côté un peu inégal de cette offrande, qui, outre le fait que certaines chansons ne semblent servir qu’à mettre la table pour les suivantes, comporte tout de même quelques longueurs. Neuf chansons sur treize dépassent les cinq minutes. Dans un monde où on s’est vraiment habitué aux chansons de moins de quatre minutes, c’est beaucoup.

    Par contre, ça a permis aux membres du groupe d’expérimenter. De prendre leur temps. D’installer leurs personnages, leurs histoires. Jouer avec les rythmes comme d’autres jouent avec les émotions. Si The Suburbs était un album cérébral qui s’adressait à la tête, Reflektor est un album animal qui s’adresse à l’ensemble du corps.

    Même si ce n’est pas l’album de l’année, ni même le meilleur album d’Arcade Fire, il s’agit d’un quatrième excellent album pour le groupe de Montréal. Une belle évolution pour un groupe qui refuse de faire du surplace. Les autres albums ont bien vieilli, celui-ci devrait également être meilleur avec le temps.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=r75BFcH4u2k]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    3 novembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Arcade Fire, Octobre 2013, Reflektor
  • Critique : Paul McCartney – « New »

    paul-mccartney-new-hbnt-10On reproche souvent à Paul McCartney son total manque de constance. On le sait capable de nous donner le meilleur comme le pire (Où est le soleil quelqu’un?).

    Son dernier album pop, Memory Almost Full, faisait partie du bon stock et comptait d’excellents moments. Son album de reprises jazz en comptait de moins bons.

    On était donc en droit de se demander dans quelle catégorie tomberait New, surtout qu’il y avait certains faits inquiétants, comme ce besoin de s’entourer de quatre réalisateurs différents et cette sensation d’entendre Penny Lane quand on entend la pièce-titre.

    Eh ben voilà, rien à craindre, c’est à un McCartney particulièrement en forme qu’on a droit sur New, un album aux influences diverses où le prolifique Beatle semble plus actuel que jamais tout en multipliant les clins d’oeil à ses créations passées. Surtout, jamais on n’a l’impression d’avoir affaire à un homme de 71 ans.

    L’album s’ouvre sur Save Us, un vrai rock n’ roll qui rappellera Only Mama Knows (Memory Almost Full). On dirait que Sir Paul voulait montrer à Alex Kapranos (Franz Ferdinand) qu’il était capable lui aussi de faire danser les jeunes filles… et les moins jeunes! Alligator aurait été approprié sur n’importe quel album de Paul et des Wings des années 1970.

    Queenie Eye a un petit côté coloré que n’auraient pas détesté les autres membres des Beatles. Early Days fait un peu penser à Mother Nature’s Son.

    Après New, la chanson qui n’a rien de nouveau (si on écoute les paroles, c’est voulu), se trouve ze extra-terrestre de l’album, qui a fait reculer plus d’un critique jusqu’à maintenant, mais qui, à mon avis, est le morceau le plus intéressant de cette offrande : Appreciate. C’est un peu comme si Sir Paul avait écouté du Beta Band avant de se rendre en studio. C’est hypnotique, ultra-atmosphérique, c’est complexe, c’est cool sans jamais être froid et le refrain donne le goût de hocher la tête avec une énergie contagieuse. Seul hic : la pièce détonne un peu sur un album sympa, mais assez conventionnel. Mais franchement, peut-on reprocher à McCartney de se promener champ gauche une fois de temps en temps?

    Everybody Out There est un autre de ces airs typiquement McCartney, très pop et entraînant. Hosanna est une jolie ballade, mais elle ne passera pas à l’histoire.

    I Can Bet est du pur Wings. C’est rythmé, c’est cool et le refrain est accrocheur. Et le pont mène direct à un petit solo… de clavier! Looking at Her est une autre de ces chansons un peu champ gauche par son instrumentation (très lourde en synthés), mais qu’on reconnaîtrait de toute façon par sa mélodie.

    Road, qui clôt l’album, est une autre ballade, mais celle-ci est riche et complexe et semble montrer que McCartney a encore plein de choses à nous dire… et qu’il refuse de vieillir. Tant mieux.

    En gros, New constitue un autre excellent album pour Paul McCartney dans une discographie qui en compte plusieurs (tout en comptant quelques trucs beaucoup moins intéressants). Les jeunes qui souhaitent faire de la musique devraient tendre l’oreille.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=fv3syIA5AYM&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    15 octobre 2013
    Albums
    8/10, Albums, New, Octobre 2013, Paul McCartney
  • Critique : Chvrches – The Bones of What You Believe

    CHVRCHES Debut

    Avec son EP Recover, Chvrches arrivait en trois morceaux (et un remix) à piquer notre curiosité, ainsi que celle de la BBC, qui a placé le groupe en cinquième position de sa liste Sound of 2013 (artistes les plus prometteurs). On attendait donc avec impatience ce premier vrai album pour savoir si le trio synthpop écossais formé de Lauren Mayberry, Iain Cook et Martin Doherty allait nous électriser.

    Dès les premières secondes, l’album joue au ping-pong avec nos oreilles, et on se dit que ça a déjà de l’allure. Puis Miss Mayberry entre en scène, et le groupe nous donne une (gentille) claque musicale : en effet, la myriade de sons et cette voix à la fois enfantine et puissante, loin de se faire concurrence, entrent en symbiose. Sur un pied d’égalité dans certaines pièces, ces deux trames s’écartent avec grande justesse dans d’autres, où la voix vole haut, très haut au dessus des notes. Un seul album, et Chvrches a déjà « un son ».

    On a droit à plusieurs morceaux de bravoure, dont «The Mother We Share », qui ouvre l’album en beauté, suivie d’un « We Sink » accrocheur, où les deux gars de la formation ajoutent leur voix à l’harmonie. Puis soudain, le choc, avec « Gun » : les pièces du puzzle s’ajustent parfaitement pour nous donner un petit bijou pop, rythmé et enlevant, qui démontre une maîtrise surprenante chez un groupe vieux d’à peine deux ans.

    Les bonnes surprises continuent avec « Tether », pièce mélancolique qui décolle ensuite comme une fusée, « Under the Tide », qui laisse la parole à Martin Doherty, et « Recover », le gros point fort de l’EP. À noter également, « Night Sky » et ses accents rock et « Science/Visions », hypnotique et majestueuse. Quid du reste? Malgré une petite baisse de régime vers la fin de l’album, on ne déplore aucun morceau raté ou expédié.

    Vous l’aurez compris, cet album est très, très solide. On sent que Chvrches a voulu faire fort pour son premier opus en livrant un produit léché, ce qui augure bien pour la suite!

    Ma note : offset_8

    Géraud Le Carduner

    9 octobre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Chvrches, septembre 2013
  • Critique : Random Recipe – « Kill the Hook »

    Random Recipe Kill The HookLa question se pose : Y a-t-il plus montréalais que Random Recipe? Un peu de bordel, beaucoup de métissage, tout en demeurant accrocheur et rassembleur. Exactement le genre de mélange qu’on aime. Après un premier album qui les a fait connaître, nous étions tous très curieux d’entendre où le quatuor mené par Frannie la chanteuse et Fab la rappeuse allait nous mener.

    Eh ben voilà, le deuxième album de Random Recipe, Kill The Hook est maintenant disponible chez votre disquaire préféré et si vous attendiez ma bénédiction pour l’acheter, aussi bien vous le dire sans détour : cessez de lire et garrochez-vous.

    L’album commence très tranquillement avec une Pen and Ink lente et un brin féérique. Un genre de trip psychédélique en total contraste avec Hamburg, qui saura plaire aux fans de la première heure. Le flow des couplets s’harmonise à la voix tendre des refrains. Nos amis sont en forme et c’est tant mieux.

    Mais c’est une fois les dernières notes d’Hamburg passées que le fun commence vraiment. Au métissage entre le folk et le rap s’ajoutent des claviers d’une grande richesse et des rythmes dansants (Dimples), une attitude amusante à la Santigold (Big Girl), des déluges de mots (Beautiful Connection), des collaborations fructueuses (Sultan et Traffic) et beaucoup de fun (Joy).

    L’enrobage de claviers n’enlève rien à la voix chaude de Fran, ni au débit cool de Fab. Au contraire, cette petite touche additionnelle ajoute de la valeur aux chansons. Les refrains gagnent en profondeur, les raps gagnent en rythme, et nos oreilles en sortent grandes gagnantes.

    Le titre Kill the Hook pourrait nous laisser croire que Random Recipe allait se faire moins accrocheur, moins pop. Pourtant, c’est exactement le contraire qui arrive. Après quelques écoutes, on en redemande. On devient accro. Cet album crée une grave dépendance.

    Et Suave… Suave… c’est trois minutes d’été à emporter!

    À entendre. Pis à voir (notamment au Cercle, le 18 octobre prochain). Pis à réentendre.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=Zf8mniGkFLo&w=480]
    Site Web : http://www.randomrecipe.ca/

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    7 octobre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Kill The Hook, Octobre 2013, Random Recipe
  • Critique : Jimmy Hunt – « Maladie d’amour »

    jimmy hunt maladie d'amourY’a pas à dire, la première écoute de cette nouvelle offrande de Jimmy Hunt est plutôt déroutante. On s’était habitués à des pièces folk légères comme Motocross, une pièce comme Antilope, sombre, électrique et atmosphérique, a de quoi sortir l’auditeur de sa zone de confort.

    C’est ça, Maladie d’amour. Un album qui nous amène là où on ne s’y attendait pas, qui laisse tomber la facilité des petites ritournelles pour nous offrir un son nettement plus recherché. Même si Hunt a encore sa voix et son attitude de jeune voyou lorsqu’il chante l’amour à Denise ou à Marie-Marthe, la musique, de son côté, nous fait voyager loin. Les guitares et les synthés ont du mordant et du groove (écoutez Nos corps, savoureuse et sensuelle), les rythmes sont envoûtants ou dansants (on se laisse aller allègrement sur Rêver souvent), sérieux, on prend son pied. Emmanuel Éthier et Christophe Lamarche-Ledoux, sur qui Hunt comptait pour mettre de la viande autour de son délicieux os, ont accompli leur mission.

    Seul reproche : un petit creux de vague au milieu de l’album, avant de terminer en beauté en nous faisant presque pleurer avec une superbe Maladie d’amour, une guitare-voix formidable, et en nous faisant littéralement lancer nos vestes pour danser sous la boule en miroir avec Christian Bobin, morceau délectable aux accents disco.

    Avec Maladie d’amour, Jimmy Hunt a vraisemblablement voulu surprendre. On aurait pu ne pas vouloir suivre tellement ce virage était prononcé. Pourtant, c’est exactement le contraire qui se passe. À la surprise de la première écoute succède une envie de goûter plus longuement cette galette. De la grande classe.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=FxpUzKRLSYo&w=480]
    Site Web : http://jimmyhunt.bandcamp.com/

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    5 octobre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Jimmy Hunt, Maladie d’amour, Octobre 2013
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