Olivier Langevin est un homme passablement occupé. Dieu québécois de la guitare, il dégaine sa six-cordes sur les albums d’un nombre assez incroyable d’artistes québécois, tel un Rick Haworth des temps modernes. Mais il ne fait pas qu’améliorer les albums des autres, il participe aussi à toutes sortes de projets (dont Gros Mené, autre groupe-phare de la « gang de Saint-Prime »). Et il mène la barque de Galaxie, projet rock qui s’est raffiné depuis la parution de Tigre et diesel en 2011. Murs de claviers derrière un mur de guitares, rythmes dansants, sex-appeal certain, l’album a été encensé par la critique (dont nous, qui l’avons placé au cinquième rang de nos albums préférés de 2011 derrière Feist, Wilco, My Morning Jacket et Portugal. The Man). Dire que la suite était attendue relève donc de l’euphémisme.
Arrive donc cette suite de Tigre et diesel, le bien nommé Zulu. Langevin avait promis un album plus organique, moins fignolé, et le mot d’ordre en studio était « Plus de zoulou ». C’est donc sur des sonorités très blues rock africain que s’ouvre ce nouvel album. Les cartes sont jouées, ça va être viril et animal! De son côté, le premier simple, Robot Lynx, promettait une certaine continuité avec Tigre et diesel. La stabilité dans le changement, quoi!
Plus sérieusement, le virage entrepris sur l’album précédent se poursuit sur Zulu. Les guitares ont beau être omniprésentes, lourdes et sales, les claviers, les boucles et les échantillons donnent une saveur très pop. Des chansons comme Dragon sont de vrais hameçons, qui bénéficient vraiment de la Frank Touch (les claviers de François Lafontaine – ainsi que ceux de Dan Thouin), pendant que Pierre Fortin nous fait hocher de la tête avec son beat de métronome. Sont aussi omniprésents Élage Diouf aux percussions, ainsi que Karine Pion et Fanny Bloom aux choeurs.
La réalisation, juste assez sale, est signée Langevin, Pierre Fortin et Pierre Girard. Alors qu’on aurait pu beurrer encore plus épais que sur Tigre et diesel, c’est plutôt l’inverse qui se produit : malgré la distorsion et les divers effets, on sait qu’une pièce atmosphérique comme Champ de mine (une autre très zulu) ne devrait pas être trop difficile à reproduire sur scène.
On ne se fera pas de cachette, Olivier Langevin n’est pas le plus grand des poètes de l’histoire de l’humanité, loin s’en faut. Il n’en demeure pas moins qu’il a su se créer un univers simple, mais très efficace, très masculin, et les paroles de ses chansons servent très bien la musique qui les accompagne. On nage dans les instincts primaires, ce n’est pas le temps de disserter sur le sexe des anges.
Les temps morts sont très rares (est-ce qu’on peut considérer Tank comme un temps mort?) et on rocke du début à la fin. C’est un album qui s’écoute dans le piton, sur le bord du Lac (avec une majuscule, il n’y en a qu’un seul…), avec une grosse bière de Sainte-Guidoune. Pis autre chose, si vous êtes de ce genre-là!
En bref, Olivier Langevin et ses complices nous ont servi tout une galette avec ce Zulu, qui devrait en tenir plusieurs éveillés pendant de nombreuses écoutes. Du rock solide, qui ne marque pas une grande évolution par rapport à Tigre et diesel, malgré un son plus brut, plus live, moins fignolé, mais dont on ne se tanne pas. Du rock comme on aimerait en voir sur une scène immense un soir de pleine lune sur les Plaines un de ces quatre. Avec des lasers. Et des hurlements de loup. Et des flammes.
Un dispositif scénique à la mesure de la Bête.
Galaxie sera à l’Impérial Bell le 27 mars prochain dans le cadre des Nuits FEQ. Seulement 15 $! Billets en vente ici.
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