Le 15 avril dernier, un spectacle son et lumière assez unique a été offert par Dany Janvier (sous son nom d’artiste de Biobazar) et ses comparses Christian Laflamme (percussions) et Dominik Gagnon (ordinateur et synthétiseur).
L’ambiance pré-spectacle de la salle du Centre culturel Pauline-Julien de Trois-Rivières (secteur Cap-de-la-Madeleine) est plutôt unique. L’exposition des étudiantes et étudiants en arts de l’UQTR accompagnant la salle, les matelas remplis de sables et la décoration donnaient l’impression d’une fête dans un jardin de cour arrière pendant une journée de fin d’été. Ainsi, bien installé sur un des matelas, j’ai pu me laisser aller pour un léger roupillon. Avant le spectacle, bien entendu ! Les gens présents semblent déjà en terrain conquis, puisque plusieurs d’entre eux connaissent l’œuvre de Biobazar et/ou l’ont déjà vu en prestation sur scène.
Le début du spectacle se fait tout doucement, avec des sons d’oiseaux et le bruit d’une cloche asiatique formée par deux pièces d’automobile. Devant la scène se trouve un assemblage de toiles blanches semi-opaques servant d’écran projecteur, dont les images sont diffusées par Daniel Delisle, responsable également du montage vidéo. Sur les toiles sont projetées en premier lieu ce qui semble être des gouttes d’eau/molécules.
Au fur et à mesure que le spectacle progresse, de nombreuses images se défilent, reviennent, surviennent, surgissent, surprennent, épatent : pylônes électriques tournant à haute vitesse, figurines évoquant un champ de bataille, poisson dans un aquarium, arbres, etc. servent de trame visuelle. Quant à la musique, dont plusieurs pièces sont issues de la discographie de Biobazar (notamment de son dernier album, l’excellent Paréidolie), elle se complexifie au fur et à mesure que la soirée avance. Les notes électroniques, allant vers le trip hop, l’industriel ou l’electronica par exemple, font équipe avec des sons plus organiques, comme une batterie présente sur scène ou des cris tribaux.
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Le duo musique/projection est efficace. Il permet au spectateur/spectatrice de prendre part à un voyage assez inusité. L’univers peut sembler très étrange tel que décrit ci-haut. Toutefois, les images diffusées évoquent tantôt l’émerveillement, la nostalgie ou l’étonnement. La musique, qui n’aurait pu être ici qu’une banale trame sonore, amplifie l’immersion et possède son identité propre. Ainsi, les images et les sons se nourrissent mutuellement (et non se cannibalisent, nuance !).
Bien que Dany Janvier admet en fin de spectacle que lui et son équipe ne « [savaient] pas dans quoi [le groupe] s’en allait », on peut dire qu’ils ont réussi à mener la barque à un projet complexe. Une proposition qui aurait pu être incohérent et trop éclaté si le talent et l’effort n’y étaient pas.
Les photos sont une gracieuseté de Véronique Bouchard