Philippe Brach, c’est un artiste de talent qui a sa teinte particulière, son petit côté fucké et plein de passions bizarres. Pour le mettre à l’aise, on lui a concocté une entrevue et une performance à la bonne franquette, avec un petit brin de fantaisie. De son bord, il nous a souhaité une Bonne journée à sa façon.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Philippe Brach en est depuis tout récemment à son deuxième album, intitulé Portraits de famine (dont on a fait la critique). Il s’est dit très content de la réception de celui-ci par le public et la critique, majoritairement positive à son égard : « J’suis content, très content. D’ailleurs hier il y a Claude Rajotte qui a donné un 9 sur 10 à l’album. J’tais très très très, très heureux». C’est un résultat auquel il fallait s’attendre, puisque l’artiste s’était déjà dit satisfait du travail mis sur son album au cours de notre dernière entrevue avec lui. Lorsqu’en plus on travaille avec Louis-Jean Cormier (qui réalisait l’album), pas le choix d’y aller à fond : «avec Louis-Jean tu sais ben que ça finit en fanfare pis toute,» explique-t-il en riant. «Scuse, c’est quand même assez difficile de faire une entrevue quand il y a un python royal», s’exclame déjà Philippe Brach, qui a tenu Mouton le serpent tout au long de notre entretien. Oui, vous avez bien lu: pour lui changer les idées, on a apporté un python royal à notre invité. Des fois, un brin de folie rajoute de beaux moments aux entrevues.
Bref. Nous n’avons pas trop parlé de son travail avec Louis-Jean, question qu’il avoue s’être fait poser sans relâche depuis la parution de l’album. On lui a plutôt demandé comment s’était passée sa collaboration avec Klô Pelgag, qu’on peut entendre sur une des chansons de l’album et qui a fait une apparition dans un des spectacles de Brach : « Klô c’est une bonne amie ; elle est super ouverte, super cool…Elle est venue nous voir en studio, elle a fait les tracks qu’elle avait à faire pis après ça on est allés boire de la bière. J’étais content de travailler avec elle. Je l’ai connue au festival en chanson de Petite-Vallée, dans les rencontres qui chantent, il y a comme sept ans… Ouais, ça fait un boutte qu’on se connaît…» Et là, Mouton a fait son capricieux, ce qui a interrompu sa réponse, avant qu’il ajoute : «Bref ça faisait un boutte que je voulais travailler avec elle, pis c’était comme l’occasion parfaite finalement.» Le résultat est plus qu’intéressant, surtout du fait que leurs deux univers se recoupent parfois, tous les deux bizarres à leur façon. «Ouais, elle est capable d’être fuckée », réplique Brach en riant lorsque je le lui fais remarquer.
Dans Portraits de famine, on touche à des sujets très variés, passant de l’avortement à la taxidermie. C’est que Brach a des sources d’inspiration aussi multiples pour ses textes que pour sa musique : «Des fois c’est très personnel, des fois c’est super fictif. Parfois, je m’inspire des gens qui m’entourent. Ça dépend vraiment tout le temps. » Né pour être sauvage, notamment, raconte l’histoire d’un animal… du point de vue de l’animal. Cependant, Brach nous avoue y mettre du sien dans toutes les histoires qu’il raconte, et même celle-là : « J’essaie souvent de faire un rapport à moi-même ou une espèce d’analogie à quelque chose d’autre dans mes chansons. Par exemple quand je parle de taxidermie.» Brouillant les cartes, on ne sait donc jamais quand Brach parle de faits purement fictifs ou quand il chante sa vie en sous-entendus. C’est peut-être ce qui rend ses chansons touchantes.
Toujours est-il qu’il est convaincant même lorsque ses chansons parlent d’une situation qu’il n’a pas vécue, comme c’est le cas dans L’Amour aux temps du cancer. Cela nécessite un certain travail, explique-t-il : «C’est ça qui est tough aussi, de parler du cancer quand tu ne l’as jamais eu et d’essayer d’être le plus juste possible pour que ce soit vrai, senti… C’est tough en criss. Mais parler avec des gens qui ont vécu de près ou de loin le cancer ça aide.» Avec un bagage de 14 ans en improvisation théâtrale, il est normal que ce type de recherche, la construction de personnage, soit intéressant pour Brach. Il explore donc des horizons qui lui sont inconnus pour s’y immerger le temps d’une chanson: «En ce moment je suis en train d’écrire un texte sur la transsexualité, et il me manque de jus. Je n’aurai pas le choix d’aller voir des transsexuels ; va falloir que j’en parle avec eux pour bien les cerner parce que sinon je vais me mettre à dire n’importe quoi et ça ne sera pas très vrai.»
En plus de ses talents d’improvisateur, Philippe Brach incorpore beaucoup d’éléments de ses autres passions dans sa musique. Notamment, on a pu constater qu’il aimait les animaux et les costumes grâce aux pochettes de ses deux albums. En outre, ayant une passion avouée pour le cinéma, il est normal que certaines de ses chansons soient «des histoires inventées vraiment de toutes parts, plus cinématographiques, comme des scènes de cinéma, littéralement». Ce goût de la mise en scène se retrouve aussi dans les spectacles de Brach, qui aime en mettre plein la vue. «Klô c’est pas la personne qui va le plus upstager, qui va être la plus show off», m’avait-il dit lorsqu’on parlait de sa collaboratrice. Elle a pourtant son genre sur scène, sa folie à elle, mais elle n’est pas le showman que Brach cherche à être.
Ainsi, en plus du contenu, Philippe Brach soigne le contenant, le concept dans lequel il offre sa musique. C’est ce qui frappe lorsqu’il parle de son troisième album (l’autre est sorti il y a quelques semaines seulement !) : «Je suis déjà en train de penser au troisième album…J’y pense, mais j’ai juste quelques phrases de griffonnées. Je n’ai vraiment pas grand-chose au fond, mais je pense déjà au visuel de la pochette. Je commence déjà à ramasser des images que j’aime bien pour ça.» Il voit aussi cet opus éventuel comme étant le moyen d’explorer jusqu’au bout un autre de ses buzz, comme il les appelle : les chorales d’églises et les chants gospel. C’est un intérêt qu’il avait déjà manifesté dans sa première entrevue avec nous : «Ouin, je sais. J’veux pousser à bout cette idée-là, j’ai pas encore décroché de mon buzz. Donc j’ai l’impression que le troisième album ne sera vraiment pas pop ; plus soul, pas mal moins accessible, plus chorale, église… le genre de truc que j’me pète un buzz,» dit-il en ajoutant qu’il ne se soucie pas trop du fait que ça vende ou non avec cette formule.
Brach aura bien le temps de changer d’idée ou d’approfondir son buzz, puisqu’il sera en tournée pour la prochaine année afin de présenter Portraits de famine. Avant qu’il prenne place pour la performance live, on lui a posé une dernière question. Comme, au fil des entrevues, Brach dévoile toujours de nouveaux passe-temps plus inusités les uns que les autres, on s’est demandé s’il n’avait pas une autre passion saugrenue à nous partager. En riant, mais quand même un peu sérieux, il nous avoue : «C’est un peu cave c’que je vais dire, mais je caresse le désir de tourner la roue à la Roue de fortune chez vous. J’achète pas de gratteux dans la vie… à part des Roues de fortune… Parce que mon rêve c’est d’être sélectionné pour tourner la roue,» dit-il avec un sourire en coin. «J’aimerais ça inviter tous mes amis, les costumer en gens un peu BS, pis jouer un personnage… Mais pour ça, il faut que j’en achète en crisse parce que si un jour j’deviens trop connu, ça va être moins possible. C’est ça. J’en achète en tournée, j’peux en acheter un shitload des p’tits gratteux de même.» On le croit, parce qu’il en avait même un avec lui pendant l’entrevue ! «Pis c’est vraiment juste pour le stunt. Le montant que je gagnerais, je pourrais le donner à une fondation. Quand je gagne de l’argent avec ces gratteux-là, je les crisse à la dompe pareil, j’vais même pas les échanger. C’est sûr que ma passion pour les animaux est pas mal plus forte que ma passion pour les Roues de fortune chez vous, mais ouais.»
Alors, fans finis de Philippe Brach, vous saurez quoi lui pitcher à son prochain spectacle !