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    [ENTREVUE] Safia Nolin
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    Crédit: Marion Desjardins

    Safia Nolin vient à peine de lancer un des albums les plus attendus de l’automne. Un maudit bel album, en plus. Mélancolique à fond, Limoilou est la trame sonore parfaite d’un lundi pluvieux de septembre. Gros contraste avec la jeune femme dynamique, enjouée, aux yeux brillants qu’on a rencontré un mardi ensoleillé!

    _DSC7465Safia arrive à peine de Rouyn-Noranda, où elle a participé au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, un des plus beaux festivals de musique au Québec. « C’était fou! Je suis vraiment une grande fan de FME. Pour vrai! Je suis arrivée jeudi puis je suis partie lundi. Je suis restée un bout. » C’était son deuxième séjour au FME, son premier en tant qu’artiste sur l’affiche. « À chaque fois à la fin, je braille, ça n’a pas de sens parce que c’est trop nice puis c’est triste que ça finisse aussi vite. Ça pourrait bien durer deux semaines, le FME! »

    Safia Nolin Limoilou (Bonsound)
    Safia Nolin
    Limoilou (Bonsound)

    Je lui demande si c’était pour elle une façon de décompresser un peu avant la semaine de fou qui s’en venait. « C’est quand même stressant parce que j’avais de la promo puis j’avais des perfos tous les jours, mais j’aurais pété au frette dans un autre contexte. Mettons, cette semaine‑là dans un autre festival ou bien, comme, ailleurs, là, genre à Montréal, j’aurais pété au frette. Mais là, à Rouyn, ils savent tellement comment accueillir les gens, ça n’a pas de sens! » Entrée en scène de Marion, venue prendre quelques photos. Avant d’aller plus loin, les deux filles s’échangent d’autres anecdotes du FME (pendant que j’assiste à tout ça, en bon spectateur).

    _DSC7440La première fois que j’ai vu Safia, c’était il y a près de deux ans, au Cercle, en première partie de Groenland. Le spectacle était à guichets fermés. La fille qui est montée sur scène ce soir-là était plutôt nerveuse. « Oui, sacrement que j’étais nerveuse. » En plus, le public avait été particulièrement difficile ce soir-là. Ça parlait sans arrêt. Qu’est-ce qu’on fait dans ce temps-là? Safia me raconte qu’il lui était arrivé la même chose à Trois-Rivières, encore avec Groenland. C’était un party de grande brasserie, la bière coulait à flots, « ils les ramenaient, puis là, ils sont arrivés au show. J’étais comme what the fuck?« , mais tu sais, en même temps, c’est un genre d’exercice. Il faut que je me concentre pis que je joue pour la personne en avant qui m’écoute. »

    Pour les 3-4 qui ne le savaient pas encore, Safia vient de Québec. D’où, au juste? C’est dur à dire tellement elle a habité partout : « Je suis née à Sainte-Foy, j’ai vécu à Duberger, à Charlesbourg, je suis retournée à Sainte-Foy, on est allés à Montcalm, la haute-ville, les portes, Limoilou… » Puis Saint-Férréol-les-Neiges. Mais comme on peut le constater par le titre de l’album, Limoilou l’a marquée : « C’est là que j’ai commencé à écrire. C’est pour ça que je suis comme… c’est pour ça que mon album s’appelle Limoilou aussi, puis… fuck, c’est un beau quartier, là, c’est fucking un beau quartier. » À Montréal, elle se fait souvent demander ce que Limoilou veut dire. « C’est vrai que c’est un esti de mot weird. »

    _DSC6954Safia en profite pour nous révéler un secret : « Je suis tellement perdue à Québec, je ne me souviens de rien. C’est vraiment fucké, parce que les noms de rue sont pareils à Montréal. » Elle habite la métropole depuis deux ans. « À Montréal, tu es comme obligé de connaître les rues parce que c’est vraiment fait en quadrilatère. Ici, pas vraiment, tu sais, ça fait que… tu es un peu perdu. »

    L’album. Réalisé par Philippe Brault, aussi efficace qu’effacé. « Il est vraiment slacker. Ben, il n’est pas slacker, mais il est vraiment… il y va avec le flow, puis il s’adapte super bien aux artistes avec qui il travaille, tu sais. Phil pis moi, on se connaît vraiment bien. Il m’appuie depuis le début. Il savait ce que je voulais. Il sait ce que j’écoute, il sait ce que j’aime, il sait ce que je fais. Ça fait qu’on n’a pas tant eu besoin de se parler. On n’a pas fait de pré‑prod, on est allé en studio, puis on s’est assis puis on s’est dit : « Moi, je veux ça. » Moi, c’était juste, comme, le plus petit possible, tu sais, ce n’était pas… le moins d’instruments, là. »

    _DSC7438Ça a donné un album cru, minimaliste, mais rempli d’étincelles. Safia ne cache pas ses influences. Les marées sonne comme du Bon Iver. « Moi, la première influence que j’ai dit à Phil,  c’était genre, je veux que ça sonne comme For Emma, Forever Ago, le premier album de Bon Iver, parce que lui, il a eu la mononucléose puis il s’est enfermé dans un chalet pendant deux mois. J’étais comme : « je veux que ça sonne raw comme ça ». » Difficile de faire plus cru. On entend parfaitement les doigts glisser sur les cordes. Safia ajoute qu’on entend des trucs qui tombent. Même le chat s’en mêle!

    L’album a été enregistré live, de la façon la plus naturelle possible. Safia jouait, assise sur le divan, sans écouteurs. « Ça coulait, c’était vraiment hot! » Contrairement à l’album de Bon Iver, Limoilou a été enregistré en cinq petites journées. On parle de la durée de l’album : 43 minutes. « J’avais peur qu’il soit super long! » Au contraire, on a l’impression d’en avoir que pour une demi-heure.

    _DSC6937Les prochaines chansons pourraient être un brin différentes. « Quand je suis toute seule chez nous, je pense que là, en ce moment, je ne suis vraiment pas comme il y a trois ans, parce qu’à l’époque, j’étais au bout. J’étais vraiment… j’avais touché le fond, mettons, puis faire de la musique, ça m’a fait remonter. Je n’ai pas l’impression que mon deuxième album va être aussi dark. Peut-être que oui, mais d’une autre manière, tu sais. Il va falloir que je puise un petit peu plus loin, je pense. C’est juste que là, tu sais, ça, ça m’a comme guérie, de faire ça. »

    Mercredi, Safia retourne au Cercle, cette fois avec une bien plus grande confiance en elle et un spectacle qu’on dit solide. Ce sera son premier spectacle comme tête d’affiche! Comme au FME, elle sera accompagnée de Joseph Marchand (« mon pref’! »). Et c’est une de ses meilleures amies, Laura Sauvage (Vivianne Roy, des Hay Babies), qui assurera la première partie. « Elle est fucking bonne pis elle écrit crissement bien! Pour vrai. Moi, elle m’impressionne, pis j’ai hâte à ce show-là! » Un beau contraste entre Safia, dont les chansons sont d’une grande douceur, et Laura, qui est la rockeuse des Hay Babies, est à prévoir.

    On va être là.

    Safia Nolin sera au Cercle mercredi le 16 septembre à 20 heures (portes 19 h). Première partie : Laura Sauvage. Billets en vente au Cercle et sur lepointdevente.com.

    CONCOURS : Nous faisons tirer une paire de billets pour le spectacle de mercredi au Cercle. Plus de détails sur notre page Facebook!

    (Photos : Marion Desjardins)

    Jacques Boivin

    15 septembre 2015
    Entrevues
    Bonsound, Laura Sauvage, Le Cercle, Limoilou, Philippe Brault, Safia Nolin
  • [ALBUM] Safia Nolin – « Limoilou »

    [ALBUM] Safia Nolin – « Limoilou »
    Safia Nolin Limoilou (Bonsound)
    Safia Nolin
    Limoilou (Bonsound)

    On ne se le cachera pas, Limoilou était, de loin, l’album le plus attendu de cette rentrée automnale. C’est qu’on la voyait venir de loin, cette Safia Nolin, récipiendaire du prix SOCAN à Granby, repêchée par l’étiquette Bonsound et vantée par tout ce qui grouille, grenouille et scribouille du côté de la scène culturelle montréalaise. On avait déjà entendu quelques chansons, dont la bouleversante Igloo, on savait que Safia était capable du meilleur. On ne savait juste pas encore si elle était capable d’offrir le meilleur de façon soutenue.

    Alors voilà, Limoilou est maintenant disponible partout. Déjà, le buzz est énorme, les critiques sont positives, tout le monde souligne le talent de la jeune femme et malgré ses quelques défauts (qui agacent plus ou moins, selon le critique qui en parle), l’album fait partie de bien des listes de recommandations cette semaine.

    Personnellement, je ne sais pas pourquoi, mais je me suis senti interpellé par ce projet. Bon, je l’avoue, j’aime les albums folk un brin minimalistes, j’aime le froid et j’adore l’hiver. C’est donc avec un grand intérêt que j’ai lancé l’album aussitôt que je l’ai eu en mains.

    On a beau être en pleine vague de chaleur, dès les premières mesures de Les excuses, la chair de poule m’envahit. Il y a ce piano, à peine effleuré, et cette voix qui nous captive, nous envoûte. Il y a ces mots, bouleversants. Dans le petit coeur de Safia, il fait frette, comme disait Fortin il y a très longtemps. Suit La laideur, une chanson qui nous donne déjà le goût de distribuer des câlins à tous les gens tristes de la Terre.

    Avec Philippe Brault, qui joue encore une fois les réalisateurs effacés, mais diablement efficaces, Safia a réussi son pari : un album minimaliste, le plus live possible, qui se rapproche beaucoup de l’esprit de For Emma, Forever Ago, le célèbre album de Bon Iver. Les marées font d’ailleurs un peu penser à notre homme d’Eau Claire (WI).

    Certains pourraient trouver l’album un brin linéaire. Il est vrai que les chansons se succèdent et ont une certaine ressemblance, surtout qu’elles ne sont pas ce qu’il y a de plus enjoué. Mais on passe tellement de temps à se plaindre de nos jours que les albums ne sont plus que des collections de pièces hétéroclites, vous me pardonnerez de trouver que la présence d’un fil de conducteur fait du bien.

    Côté plume, Safia brille. On sent que la solitude a beaucoup pesé sur la jeune Safia. La solitude qui s’installe après une rupture. Celle qui nous envahit quand on quitte un lieu pour en investir un autre. Celle qu’on ressent quand on se cherche. Celle qu’on cherche quand on se construit un Igloo. Safia se met littéralement à nu devant nous et elle y met le paquet. Les textes sont magnifiques, superbement imagés, tout en demeurant criants de vérité.

    Musicalement, les arrangements dépouillés sont au service de la voix et (surtout) des mots de Safia. On écoute, on ferme les yeux, on se concentre aisément sur les images proposées par l’auteure-compositrice interprète. Les chansons les plus complexes sont loin d’être mauvaises, en passant. Le goût du ciment est de toute beauté et, comme on le disait, Les marées a ce petit côté Bon Iver qui vient un peu briser le rythme lent de l’album et apporter un peu de chaleur qui fait du bien après avoir passé 20 minutes dans la glace.

    Ce premier album de Safia Nolin était attendu avec raison. Pour utiliser une métaphore du baseball, avec Limoilou, Safia a frappé la première balle qui lui a été lancée hors du terrain. Ce mélange doux/amer, tendre/intense, livré avec une sobriété qui laisse toute la place aux mots et aux émotions tout en étant « fucking » mélodieux est la plus belle carte de visite que Safia pouvait laisser aux mélomanes québécois.

    Album coup de poing, album coup de coeur. 43 minutes qui semblent en durer 20.

    L’album Limoilou est disponible chez votre disquaire préféré.

    Safia se produira au Cercle le 16 septembre prochain à 20 heures. Première partie : Laura Sauvage (Vivianne Roy des Hay Babies). Les billets sont en vente, notamment sur lepointdevente.com

    Nous nous sommes entretenus avec Safia cette semaine. L’entrevue sera présentée ce week-end.

    Jacques Boivin

    11 septembre 2015
    Albums
    Bonsound, Limoilou, Safia Nolin
  • Safia Nolin au Cercle le 16 septembre

    Safia Nolin au Cercle le 16 septembre

    Safia(Photo : LePetitRusse) On vient d’apprendre que l’auteure-compositrice-interprète Safia Nolin viendra faire un tour dans sa ville natale pour un spectacle qui aura lieu au Cercle le 16 septembre prochain à 20 heures. Les billets, au coût de 12 $, sont déjà en vente au Knock-Out, à la billetterie du Cercle et sur lepointdevente.com.

    Safia nous présentera les chansons de son premier album réalisé par Philippe Brault. Si vous l’avez déjà entendue, vous savez que vous allez ressortir du Cercle avec la chair de poule et les yeux bouffis!

    Vous ne me croyez pas? Résistez à Igloo, voir.

    (une autre présentation District 7 production + Le Cercle : Lab vivant)

    Jacques Boivin

    1 juin 2015
    Nouvelles
    Bonsound, District 7 production, Le Cercle, Safia Nolin
  • [ALBUM] Boogat – « Neo-Reconquista »

    [ALBUM] Boogat – « Neo-Reconquista »
    Boogat - « Neo-Reconquista» (Bonsound)
    Boogat – « Neo-Reconquista»
    (Maisonette)

    L’été est à nos portes, et Boogat nous le rappelle avec son nouvel opus Neo-Reconquista. Entièrement en espagnol, ce nouvel album du MC sera vous ouvrir sur le monde d’une façon que peu d’artistes savent le faire. C’est la deuxième fois que le chanteur lance un album entièrement en espagnol. Neo-Reconquista fait suite à El Dorado Sunset, paru en 2013.  Avant de me lancer dans la critique, je me dois d’être honnête : je ne parle pas espagnol. Je ne peux donc pas critiquer d’une façon objective les textes du chanteur. Par contre, dans une entrevue avec nos collègues du Voir, Boogat indique aborder plusieurs enjeux sociaux criants d’actualité, comme l’indépendance du Québec et la corruption des leaders politiques. Je vous invite donc fortement à lire cette entrevue pour mieux comprendre les textes de l’album. Elle est disponible en ligne ici.

    Malgré ce détail, j’ai écouté attentivement cet album et j’en suis devenu accro. Les rythmes derrière les paroles du chanteur sont d’une beauté indescriptible. Les percussions et les instruments à vent sont tous bien mis en commun pour créer un amalgame incroyable. Nous avons ici de la musique qui fait voyager l’esprit et l’imaginaire. La voix du chanteur est sensuelle et elle a un rythme incroyable. Nous sommes très près du rap dans le style de voix qu’adopte Boogat dans cet opus. C’est très très bon, car il sait contrôler son débit face à divers rythmes différents.

    [bandcamp width=100% height=120 album=1688660739 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=193523988]

    La force de cet album réside aussi dans les collaborateurs du chanteur. Parlons d’abord des musiciens. Pour moi, qui ne connais rien de l’espagnol, j’entends donc de prime abord les rythmes derrière les paroles. J’ai découvert de nouveaux sons qui font du bien au paysage musical québécois. Il y a une multitude d’instruments différents qui s’enchainent sans cesse. Je lève mon chapeau à l’équipe de musiciens qui a accompagné Boogat lors de l’enregistrement de l’album. Boogat s’accompagne de son fidèle compagnon encore une fois sur Neo-Reconquista, je parle ici de Poirier. Figure importante de la musique électronique du Québec, Poirier a réalisé l’album en collaboration avec le chanteur lui-même. L’équilibre est magnifique, car il n’y a pas surproduction. Nous sentons énormément l’influence latine sur l’album, mais aussi le son électro de Poirier sur certaines pièces.

    Finalement, en termes de collaborateur, je ne peux passer sous silence les artistes invités. Il y a trois pièces incluant des artistes invités sur l’album. Il n’y avait aucune chance que les deux visages québécois de la musique du monde ne se rencontrent pas sur une pièce. Je parle, vous l’aurez deviné, de Pierre Kwenders. Le chanteur se retrouve sur la chanson Londres. C’est une pièce moins forte en instruments afin de laisser place aux talents incontestables des deux chanteurs. La troupe Heavy Soundz est aussi du voyage sur l’excellente pièce Los Presidente.  Finalement, Boogat nous a fait connaitre une voix féminine sur Una Cita. La Yegros , une artiste venue directement d’Argentine, vient apporter une touche féminine à cet album. C’est du bonbon!

    [bandcamp width=100% height=120 track=2175068942 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

    En conclusion, Neo-reconquista est un album si puissant en rythmes et instruments puissants. La voix de Boogat est si accrocheuse. Les amateurs de musique du monde seront comblés, mais tous les mélomanes pourront y trouver leurs comptes. En effet, cet album est si bien fait qu’il saura accrocher n’importe lequel des mélomanes ouverts à écouter de la musique d’une langue étrangère.

    Il est essentiel de voir comment Boogat va transporter cet album sur scène. Vous êtes de Montréal? Le spectacle sera présenté au Théâtre Fairmount le 5 mai prochain. Pour les gens de Québec, l’artiste sera du Festival d’Été de Québec le 13 juillet prochain en ouverture du très talentueux Charles Bradley! Un duo à ne pas manquer.

    Matthieu Paquet-Chabot

    4 mai 2015
    Albums
    Bonsound, Boogat, Festival d’été de Québec, Musique du monde, Neo-Reconquista, Pierre Kwenders
  • [ALBUM] PONCTUATION – « LA RÉALITÉ NOUS SUFFIT »

    [ALBUM] PONCTUATION – « LA RÉALITÉ NOUS SUFFIT »
    poncutoi
    PONCTUATION La réalité nous suffit (Bonsound)

    Dès les premières secondes de leur nouvel opus, le duo fraternel originaire de Québec révèle qu’il a pris de la maturité sans toutefois perdre l’aplomb qu’on lui connaît. La poésie empreinte d’une sagesse urbaine plutôt décalée proposée par le compositeur et parolier Guillaume Chiasson prend le dessus sur l’urgence de dire, des réflexions existentielles et sentimentales avec des pointes de surréalisme nourrissent les textes, alors que la nervosité des rythmes et des mélodies du 27 Club ne se retrouve ici que parcimonieusement. Si on constate que la cadence est souvent diminuée par rapport à ce qu’elle a pu être sur leurs parutions précédentes, qui incluent, outre le premier album susmentionné, une cassette et un 7″, on ne s’ennuie toutefois pas à l’écoute des dix titres proposés ici. Rapidement, on constate que les rythmes proposés par Maxime Chiasson se diversifient, d’autres types de grooves s’y installent et le tout est mieux à même de servir les nouvelles avenues sonores explorées dans leurs compositions.

    Guillaume (guitare et vocaux) et Maxime (batteries et percussions)
    Guillaume (guitare et vocaux)                                                            et Maxime (batterie et percussions)

    Peu après sa création, le duo PONCTUATION s’est mis à attirer l’attention et à savoir quoi en faire. L’arrivée des deux premiers titres dans les bacs des radios communautaires et étudiantes a été accueillie comme une bouffée d’air frais que, semble-t-il, l’on attendait depuis belle lurette. Rapidement, les performances se sont multipliées et sont rapidement devenues des incontournables partys à Québec. Le duo a tout pour conquérir les mélomanes aguerris et faire danser les néophytes, leurs chansons sont comme du plaisir en barre et portent une grande richesse malgré leur dépouillement habituel. Le son rock garage à ascendance psychédélique, les constructions accrocheuses mais bien fignolées qui nous restent en tête après qu’elles nous aient fait réfléchir et danser, tout ça a bien entendu contribué à leur succès critique et populaire. Toute l’expérience acquise a manifestement porté fruit: la complicité et le professionnalisme des deux frères leur ont permis d’enregistrer par eux-mêmes l’album au Pantoum, ce fameux studio-local-salle de concert-appartement situé à cheval entre St-Roch et St-Sauveur à Québec. On se doute que pas mal d’heures de studio ont pu rendre possible cette évolution du son du duo, grâce entre autres à l’aide des de Jean-Etienne et Jean-Michel du Pantoum, qui ont pu conseiller les frères lorsqu’ils ont décidé de faire pour La réalité nous suffit ce que Howard Bilerman et Greg Smith du mythique studio Hotel 2 Tango avaient fait pour 27 Club. Cette fois, pour tout faire eux-mêmes, ils ont dû se présenter beaucoup de fois au studio sur une période de six mois afin de composer et enregistrer ce nouvel opus.

    Côté sonorité, on se retrouve en terrain connu mais avec une cartographie plus révélatrice. Les avenues pop et psychédélique sont empruntées avec plus de concision, le lo-fi cède tranquillement la place à la recherche de diverses tonalités de guitare qui contribuent chacune à leur manière à cette courte-pointe musicale (et visuelle, gracieuseté de Louis-Alexandre Beauregard qui s’est occupé des illustrations sur la pochette et de Thomas B. Martin qui a orchestré la présentation). L’exploration sonore s’articule autour de nouveaux outils aussi, utilisés avec modération mais venant chaque fois ajouter des variantes subtiles et témoigner d’un souci du détail. Des percussions, du synthétiseur pour créer entre autre un son de marimba : autant d’éléments qui étaient étrangers à l’univers sonore des frères Chiasson mais qui raffinent les pièces avec cohérence et constituent des ajouts logiques à leur éventail. Une pièce instrumentale placée vers la fin du disque ainsi que la pièce qui lui succède sont en quelque sorte l’apogée de cette évolution créatrice.

    L’album a toutefois le défaut de ses qualités : les titres sont variés et constants, mais aucun d’entre eux ne se démarque du lot autant que sur les efforts précédents, qui semblaient plutôt construits autour de pièces phares qui servaient de noyau dur et de cartes de visite aux parutions. Quelques pièces excellentes restent en tête davantage que les autres, comme la chanson titre notamment, mais elles ne sont pas le type de compositions que l’on a nécessairement envie de mettre sur repeat, tant la tentation est forte de réécouter à nouveau l’album dans son intégralité.

    Des formations qui proposent du rock aussi cool que substantiel, disons qu’il n’y en a pas des masses pas dans le paysage musical québécois, surtout en français, ce qui fait qu’on apprécie doublement la présence de ce duo qui compte parmi les fleurons du rock à Québec. Nourrie par le passé et tournée vers le futur, la formation n’a probablement pas fini de nous transmettre l’énergie contagieuse qu’on trouve dans leur musique. Avec cette oeuvre aboutie qu’est La réalité nous suffit, PONCTUATION prouvent encore une fois qu’ils méritent leur place parmi les grands du rock francophone actuel au Québec, leur place sur scène dans le cadre des principaux festivals de la province et leur place dans le catalogue Bonsound.

    Le disque, pré-lancé au Knock-Out à Québec dans le cadre du record store day, (et disponible en quantité limitée chez d’autres disquaires de la province) devrait arriver officiellement dans les bacs le 28 avril et a été précédé d’un mois par le clip de l’extrait « Météo ». Une demie-douzaine de dates à travers le Québec sont à prévoir d’ici le 30 mai et une place dans une des meilleures soirées du FEQ 2015, aux côtés de Black Lips et Metz à l’Impérial le 12 juillet leur est réservée, vous avez donc des inscriptions à faire dans vos agendas avec des gros points d’exclamation à côté.

    [bandcamp width=100% height=120 album=2742787708 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

    http://www.bonsound.com/

    François-Samuel Fortin

    21 avril 2015
    Albums
    Bonsound, EnVedette, La réalité nous suffit, Ponctuation
  • [ALBUM] Shash’U – « Thru Da Night & PWRFNK »

    [ALBUM] Shash’U – « Thru Da Night & PWRFNK »

    Shash’U a toute une année 2015. En plus de son EP Thru Da Night, lancé en janvier dernier, et d’un passage fort acclamé à SXSW, il nous propose son premier album complet PWRFNK. Ce DJ et producteur  montréalais est signé sur nul autre que l’étiquette de disques new-yorkaise Fool’s Gold Records. Eh oui, vous avez bien lu, il est signé par A-Trak lui-même. Il a donc une pression folle sur cet album, car être signé sous Fools Gold, c’est du lourd.

    Avant d’entrer dans le vif du sujet, revenons un peu sur l’aventure Thru Da Night présentée en début d’année. C’est important de comprendre que les deux oeuvres vont de pair, elles sont soeurs. L’un ne va pas sans l’autre. Thru Da Night est l’épilogue de PWRFNK. Analysons donc, pièce par pièce, ce magnifique EP de Shash’U.

    1. Don’t Fight It

    Shash'U Thru Da Night (Fool's Gold Record)
    Shash’U
    Thru Da Night (Fool’s Gold Record)

    L’ouverture du EP se fait en grande pompe. Shash’U joue avec les rythmes, les textures, les bruits et les instruments. Il aime accélérer le rythme de la pièce et brusquement l’interrompre pour incorporer du bruitage et des instruments variés. Nous avons l’impression d’écouter une pièce de trame sonore ou encore de générique de film d’action. On ressent bien l’influence de Daft Punk et sa trame sonore Tron.

    2. Thru Da Night

    La seule invitée du EP, Mimo LaFunk entre en scène. Sa voix très singulière est de la partie avec les sonorités beaucoup plus violentes du DJ montréalais. La pièce titre du EP se vit en accéléré et avec d’énormes répétitions, qui, malgré l’aspect négatif que ça occasionne habituellement, est très apprécié. La voix est très utile en électro, et ça vient modifier l’électro instrumentale de Shash’U.

    3. One More Ride

    La machine à remonter dans le temps du DJ montréalais nous transporte dans les années 80 avec One More Ride. Nous sommes ici dans le funk éclaté parsemé du fameux BOUM BOUM, marmonné par un enfant, qui revient sans cesse dans la pièce. Nous tapons du pied durant l’entièreté de la chanson, la mission de Shash’U est réussie.

    4. LOL XOX

    Nous sommes de retour dans le temps présent. L’ambiance de la pièce évolue chaque seconde. Nous changeons constamment de cap, nous passons parfois par des sonorités hip-hop, et à d’autres moments nous sommes dans de l’électronique ambiant beaucoup plus classique qui pourrait rappeler le style plus classique du spinning de vinyle à la Kid Koala. Les instruments s’enchaînent et se répètent. En arrière-fond, nous tentons, en vain, de décrypter une conversation téléphonique entre un homme et une femme. Nous sentons la finesse de la réalisation de Shash’U dans LOL XOX.

    5. Skyline

    Skyline est, sans aucun doute, la pièce la plus impressionnante de l’EP. Nous sommes ici dans un endroit sombre et mystérieux. C’est de l’électro cinématographique à son meilleur. Il y a un je ne sais quoi d’orchestral dans cette pièce qui nous fait vivre une panoplie d’émotions. Chapeau Shash’U.

    Maintenant, que réserve le premier album complet de Shash’U… La suite à la page 2.

    Matthieu Paquet-Chabot

    31 mars 2015
    Albums
    A-trak, Bonsound, Coyote Records, District 7 production, électro, Fools Gold Records, Karim Ouellet, King Abid, Le Cercle, Le cercle – lab vivant, PWRFNK, Rymz, Shash’u, techno, Thru Da Night
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