En ce début de saison des sorties d’albums, Nicolet arrive comme une bombe avec une proposition remarquable. Il s’inscrit très bien dans la synthwave moderne avec une esthétique brillante très 80’s pourtant très actuelle. On y trouve une bonne recherche dans la forme ainsi que dans les sons utilisés tout au long de l’album. Plusieurs titres nous incitent à la danse sous la boule disco alors que d’autres nous permettent de prendre le temps d’apprécier la voix et de savourer les compositions d’Étienne Hamel, initiateur du projet. Hochelaga, lancé le 25 août 2017, promet beaucoup. On vous en parle en détail.
La pièce d’ouverture de l’album, éponyme au titre de l’opus est un gros morceau. Un beau sept minutes qui donne bien le ton à l’album. Les synthétiseurs, le son de guitare brillant, la voix noyée dans la réverbération… Le style est bien énoncé et on sait déjà à quoi s’attendre, bien que le reste de l’oeuvre nous réserve de belles surprises. Le thème joué sur un synthé donne tout de suite envie de danser et d’apprendre les paroles pour les chanter à tue-tête. Chanson très brillante, elle apporte tout de suite du bonheur à l’auditeur.
Dans la frénétique Ratio, nous pouvons mieux entendre et apprécier la voix de Halmel sortie du lac des réverbérations. Une série d’arpèges très rapides sont joués aux synthétiseurs tout au long de la pièce ainsi que la batterie agitée nous laisse sur le bout de notre chaise (si on n’est pas debout en train de danser) tout au long de la chanson. On a droit à une finale qui nous rappelle vaguement Arcade Fire.
La Fontaine se veut davantage une chanson réconfortante avec un soupçon de style latin aux arrangements de cuivres efficaces et rythmés. Après cette balade aux accents tropicaux, Doppelgänger est certainement le titre le plus fort de l’album en nous laissant un vers d’oreille immanquable. Dès les premières notes de guitare fouettée et le groove bien rock de la batterie et de la basse, on a envie de se déhancher. Le multi-instrumentiste qu’est Hamel a exploité un thème unique pour en faire une chanson remarquable, franchement bien construite. Ce titre devrait le faire remarquer sur les radios québécoises cette année. Si ce n’est pas le cas, l’industrie de la musique est sérieusement malade…
Le sixième titre de l’album me laisse perplexe. Maintenant je pense à mon argent est à la fois un vers d’oreille, mais à la fois une des compositions les plus faibles de l’album. Les formes trop longues nous perdent et le texte est un peu banal, basé sur des actions de la vie quotidienne sans rebondissement ou angle d’approche spécifique. Cette chanson est toutefois bien «défoulante». Je suis certain que plusieurs spectateurs ou auditeurs pourront y trouver leur compte dans l’énergie enivrante de cette pièce.
Après La Mystification qui se veut comme un trip de synthés un peu rétrofuturiste, s’enchaînent les magnifiques Tempérance et Un genre de Dieu qui présentent toutes les deux de la guitare acoustique pour des compositions de type balade au son plus actuel, tout en gardant les synthétiseurs en arrière-plan. Les arrangements sont magnifiques, bien que j’aurais pris un peu moins d’électronique pour mieux entendre les très beaux textes de ces chansons. Dans certaines parties de l’album, quelques décisions de mixage noient la voix dans l’écho et les synthés alors que dans certains cas, on aurait dû la pousser à l’avant-plan.
L’album se termine en beauté avec Il est tombé toute la nuit une neige étincelante sur Hochelaga-Maisoneuve, une chanson instrumentale rêveuse qui nous plonge dans une longue soirée de décembre où nous nous promenons dans la rue Nicolet du quartier-thème de l’album en observant la neige lentement se déposer sur notre visage raidit par le léger souffle de l’hiver. Les lampadaires aux ampoules orange illuminent la scène alors que nos pas s’impriment dans la neige fraîche sur la rue déserte. Nous espérons sincèrement que l’album pourra durer dans le temps et ne se fera pas oublier par l’automne qui s’annonce chargé en sortie d’albums.
Cet opus est un très bon coup et démontre bien le sérieux de l’artiste depuis qu’il est signé avec Chivi Chivi. La production de l’album est nettement supérieure à son premier EP sorti en 2014, même si quelques choix de mixage auraient mieux fait d’avantager le texte ainsi que la voix d’Étienne Hamel. Après ce très beau long jeu, j’ai bien hâte de voir son spectacle cette année pour danser et même chanter les textes qui, déjà, commencent à s’imprimer dans mon oreille.
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