Ne sait-on jamais quand un courant musical connaitra sa renaissance?
Les esthétiques et les sonorités peuvent varier, mais tous les revivals ont souvent un point en commun : l’enthousiasme. Un courant nait d’un enthousiasme général, une soif d’innover. Lorsque ce courant renait des cendres, ses nouveaux adeptes font également preuve d’enthousiasme, mais aussi de respect envers les traditions et principes établis. Toutefois, un groupe peut aussi bien avoir un côté irrévérencieux, souvent vu comme de la prétention, lorsqu’il puise son inspiration dans le passé.
Tout ça m’amène au nouvel album de Clay and Friends.
À première vue, leur son parait particulièrement éclectique : la bande de Clay n’a pas peur de mélanger tous les ingrédients du garde-manger. Ça goutera drôle, mais ce sera nouveau.
Est-ce que le groupe montréalais prône un certain revival, ou mille à la fois? Oui, il est vrai que Conformopolis saute un peu du coq à l’âne côté genre, mais reste que le projet est résolument original, excitant et moderne. Ce mélange des genres est habile et loin d’être prétentieux. En soi, ce nouveau disque rappelle surtout une époque où les artistes québécois n’avaient pas peur d’expérimenter avec les sonorités électros et exotiques dans leurs chansons (on pense ici à Daniel Bélanger circa Rêver Mieux, à Doba Caracol, à Stefie Shock…). L’histoire ce répète donc ici, en quelque sorte.
Dès la première chanson, l’excellente «TITO» (dont on a déjà parlé ici), on a l’impression d’être dans l’appart’ des musiciens : ça sent drôle, y’a des plantes et des guitares un peu partout, le studio est dans le salon et tous les gypsies jamment en souriant. Ce vibe s’installe dès le début de l’album et ne partira jamais, pour notre plus grand plaisir.
Les paroles sont généralement très imagées et cosmopolites : on a droit à un hymne au spleen urbain (l’excellente «DanS mA CITÉ»), des réflexions de cours de philo («BUDDhA ET MARX») et plusieurs moments d’introspection et de pure poésie.
Musicalement, c’est à l’image de notre métropole multiculturelle : les guitares manouches se frottent au hip hop, au jazz et agrémentent même des bouts de trap, les paroles empruntent aussi bien à l’anglais qu’au français, il y a du piano swing, du reggae au flow effréné… Bref, un beau melting-pot et plusieurs clins d’œil aux grands de chaque style.
Est-ce qu’on s’y perd? Pas du tout. Les chansons forment un tout cohérent et étonnamment accrocheur. Comme quoi il faudrait ajouter «pop» à la liste.
Clay and Friends, qu’on a eu l’occasion de voir au Show de la rentrée 2015 à l’Université Laval, ont lancé un troisième simple le 16 novembre dernier. Intitulée TITO, la chanson raconte une histoire d’amour déçu et de vol de guitare, apparemment basée sur des faits vécus. Le tout a été mis en images avec la collaboration de Karimi Lite, qui s’est occupé entre autres de l’animation.
https://www.youtube.com/watch?v=KGjN40ADBoQ
Avec TITO, qui suit Dans ma citéet Don’t Need, Clay and Friends montrent la variété dont ils sont capables en conservant malgré tout la touche qui leur est propre. Ces chansons, toutes accompagnées d’un vidéoclip, nous ont été dévoilées à plusieurs mois d’intervalle depuis avril dernier. Elles laissent entrevoir la vibe qu’aura le prochain album, sur lequel le groupe travaille actuellement en studio.
Pour ceux qui seraient à Montréal, on pourra y voir Clay and Friends en performance dans le cadre du GAMIQ ce dimanche.
Clay and Friends, qu’ecoutedonc.ca a découvert au Rock & Pabst, ont sorti un vidéoclip pour leur pièce intitulée Don’t Need le 11 avril dernier.
«Appuyée par une réalisation dynamique, la chanson Don’t Need dévoile la direction soulhop plus assumée de la formation, qui se permet également une incursion reggae», indique le groupe.
Tourné en Ukraine, ce clip produit par Chantale suit une trame narrative intéressante et qui va à l’essentiel. On retrouve dans la musique de Clay and Friends l’enthousiasme et le groove qu’on leur connaît. La pièce est accompagnée par la performance de Mounia Zahzam et de Simon Fournier. On a même droit à une chorégraphie de danse contemporaine qui ne laisse pas de glace.
Clay and Friends en spectacle :
28 avril à McGill, Montréal
4 mai au Bleury, Montréal
6 mai au ArtGang, Montréal
La scène festive était dans l’atrium du Pavillon Desjardins, une position centrale qui donnait le tempo du Show de La Rentrée avec une programmation prometteuse. Les projections des artistes en live sur les murs avec un effet coloré bicolore étaient vraiment cool en passant.
21h – Clay and friends
http://clayandfriends.bandcamp.com
Au début le son était trop fort, les basses très présentes ne nous permettaient pas d’apprécier la qualité du flow des chanteurs. La musique teintée de ska, de reggae, de soul et de rap nous a fait lever rapidement. Les deux chanteurs, qui rappelaient des joueurs d’impro par une attitude comique et nonchalante, avaient le souci d’introduire la plupart de leurs chansons en racontant leur histoire. On a eu celle du dimanche matin quand on cherche quelque chose à fumer, celle du douanier qui les avait retenus sans trouver quoi que ce soit, des dédicaces aussi « pour tous ceux et celles qui couchent avec des gangsters », etc. Le duo de Beat Box et de guitare était vraiment trippant ainsi que le solo d’harmonica. Le charisme du groupe est indéniable, mais il faudrait qui travaille davantage la partie musicale qui manque de solidité, notez qu’il y avait la moitié de la formation (six sur douze).
Cette formation funk est d’une richesse musicale surprenante. La voix indie de Nick Ferraro se mariait aussi bien avec les cuivres, plus groovy et sexy ; qu’avec des tonalités plus rock. A contrario, on passait à des titres qui rappelait l’énergie de Rage against the machine, mais avec le flow agressif d’Evan Crofton qui faisait penser à Eminem. Ça brassait pas mal en avant-scène, les premiers effets de la boisson faisait sûrement effet. Petite pause piano avec Eric Haynes dans un registre plus jazz à la Ray Charles, ses compères et le public ont fort apprécié. Busty & Bass ont fait un cover de I Try de Macy Gray, beaucoup plus festif avec les cuivres ; avant de finir par leur titre phare Tryna find Myself de leur EP Bustified.
Les influences séquelles et harmonieuse de cet artiste passe du hip-hop, de la funk ou du jazz promettant un beau party. Cependant, ça a mis un certain avant de décoller. Les sounds checks ont pris un cinq ou dix minutes de plus que les précédentes formations, le micro de la chanteuse ne fonctionnait guère, malgré cinq signes de SoCalled, l’écho des basses qui résonnent dans l’architecture circulaire commençait à peser pour certains. Refusant de pallier au désastre, SoCalled tente de mettre de l’ambiance en faisant participer le public et en faisant une prestation musicale exemplaire. Cela ne suffit pas encore. Il saute alors dans le public avec son accordéon avec un saxophoniste et un musicien avec un tambour. Il n’hésite pas à danser, à prendre des photos avec les étudiants. Une fois le public réveillé, la fête bat davantage son plein, même si on constatera que la foule se divise entre l’avant-scène et les gens souls qui font des mosh-pit et les plus timides en arrière.
01h – Beat Market
Officiellement le dernier spectacle de la soirée, Beat Market a fait se déhancher le public avec sa musique de party. À cette heure là, on pouvait constater l’ampleur de la soirée passée : nombres de déchets (vivants ou sous forme de canettes) jonchaient le sol, recrachant dans l’air une forte odeur de bière. Ça n’a pas eu l’air de déranger le public, de plus en plus hype devant le solide duo de synthés et de batterie. Bien que ce type de musique m’accroche moins, je dois lever mon chapeau à Beat Market pour le fait qu’ils jouent tout en live. Problème technique de plusieurs minutes à part, le spectacle s’est bien passé. Vers la fin, la salle était quasi hors de contrôle : les quelques personnes qui restaient montaient sur le stage, se lançaient dans la foule, dansaient (bien ou pas) dans tous les sens.
Encore une fois, l’équipe du Show de la rentrée nous présente une soirée qui promet. Cette année particulièrement, la variété est au rendez-vous: on nous offre une brochette d’artistes, connus ou moins connus, provenant d’autant de sphères musicales. Préparez-vous à faire des choix déchirants.
En guise d’entrée en matière, Des sourcils ouvrira le bal au 5 à 7 musical. Pas simplement un groupe de jazz, le trio se spécialise dans le manouche, un style jovial et dansant qui saura plaire autant aux amateurs de jazz qu’aux novices.
Suivra l’ouverture de la scène indie et de la terrasse. La première promet de belles surprises avec des groupes qui savent se démarquer. On est contents de constater qu’Harfang, un groupe local-local, se soit glissé dans la programmation. Il pourra vous impressionner avec ses chansons tantôt introspectives et tantôt intenses. Equse semble aussi prometteur, avec ses multiples inspirations musicales. Finalement, l’équipe du Show de la rentrée frappe fort en présentant Marie-Pierre Arthur, qui finira la soirée dans une ambiance vraisemblablement festive, vu la tournure plus groovy de son dernier album.
Et le terme «festif» ne s’appliquera pas qu’à ce spectacle-là ! Une nouvelle scène porte aussi ce titre, auquel elle correspond tout à fait. Que ce soit dans le Hip-Hop et dans le rap avec Clay and Friends et Socalled, ou encore dans l’électro avec Beat Market, ils n’ont programmé que des artistes réputés pour leur aptitude à faire lever le party. On a aussi bien hâte de découvrir Busty and the bass, qui complétera bien l’entrée tout en jazz avec leur musique soul et funky.
Les amateurs de rock ne seront pas déçus non plus, étant donné la programmation solide de la scène homonyme, mais aussi en raison de la saveur musicale des groupes de la terrasse. D’entrée de jeu sur celle-ci, la musique de Simon Kearney saura leur faire hocher la tête, mais aussi les remplir d’enthousiasme pour ses compositions. Suivra Raton Lover, un groupe de vrais gars et de vrai rock. Ensuite, Caravane saura achever le public avec leur rock-blues folk. Doit-on mentionner que ces trois excellents groupes viennent aussi de la ville de Québec ? Ainsi, malgré le fait qu’on ait retiré la scène de la relève, on a droit, dans cette programmation-ci, à beaucoup d’artistes émergents ou encore underground de la scène locale. Plus de 50% de la programmation serait composée de groupes de la ville de Québec !
Les artistes de la vraie scène rock, quant à eux, ne sont pas moins intéressants. Ils oscillent entre le rock sans compromis, lourd et viril (Sandveiss), le hard rock teinté de blues (Bronco) et même le punk. Et les amateurs de rock sont vraiment gâtés, parce que les horaires de la terrasse et de la scène rock sont décalés, leur permettant une double dose de leur musique préférée.
Pour terminer, la scène électro permettra aux gens qui veulent simplement danser de lâcher leur fou avec, notamment, un DJ set de King Abid et de Karim Ouellet. Étant moins férue de DJ sets, vous me trouverez probablement plutôt à la scène festive. On peut cependant dire que les goûts de tout le monde sont comblés.
Décidément, il sera difficile de décider quels spectacles aller voir cette année. Mais ça, c’est un beau problème et on félicite l’organisation du Show de la rentrée pour ça. Si j’ai un conseil pour vous, c’est de vous renseigner sur les noms que vous ne connaissez pas ; le 9 septembre prochain sera l’occasion parfaite de découvrir des groupes pleins de potentiel.
Tadoussac s’est mise toute belle vendredi pour accueillir le plus gros des festivaliers. Armée de mon calepin, de ma bonne humeur mais malheureusement pas de ma crème solaire j’ai, en un jour, exploré autant de spectacles que de styles différents.
Les chemins d’écriture – Bistro de la Baie
J’ai pu assister à quatre des huit performances offertes par les artistes présentés hier au spectacle gratuit à l’église. Cette fois sur une terrasse ensoleillée, j’ai entendu à tour de rôle Joanie Michaud, Jérôme Charrette-Pépin, Michel Robichaud et Chantale Archambault. J’ai été agréablement surprise par les quelques nouvelles chansons présentées. Cependant, je fus un peu déçue de voir que les artistes avaient tous décidé de rejouer les deux pièces déjà entendues hier soir. Dans un set de 20-25 minutes, cela constitue quand même un gros morceau de déjà-vu, sans compter les blagues d’hier qui ont été redites. Néanmoins, ça n’a pas suffi pour gâcher mon plaisir de réentendre les artistes. On a pu notamment découvrir, pour ceux qui ne les connaissaient pas, d’autres facettes de Jérôme Charrette-Pépin, qui a capté l’attention de l’auditoire tout particulièrement avec sa traduction d’une chanson de Bob Dylan : Penses-y pu, c’est ben chill. Dans la dernière chanson de son set, les autres artistes ont décidé spontanément de participer et ont formé un chœur : la complicité entre les différents membres des chemins d’écriture est palpable, ce qui a permis de créer une ambiance chaleureuse autant au Bistro de la Baie que la veille sur l’autre scène. Michel Robichaud a fasciné lui aussi le public avec ses pièces éclatées, «incongrues», comme il les qualifie lui-même dans une de ses chansons. Il a su faire réfléchir par le rire. Finalement, Chantale Archambault a traîné le «Toga» de Saratoga pour jouer, en plus de ses chansons, quelques-unes de leurs nouvelles pièces à eux, pour nous préparer à leur lancement de demain.
Benoit Paradis Trio – Salle Marie-Clarisse
Composé de la pianiste Chantale Morin, du contrebassiste Benoit Coulombe et bien sûr de Benoit Paradis, ce trio est personnellement une des bonnes raisons qui m’ont convaincue d’assister au festival. Leur trait particulier : ils accolent à un jazz classique et varié des textes à la fois comiques, crus et déprimants, d’un style assez déglingué, tout cela enrobé du brin de folie qui habite constamment le noyau du groupe. Benoit Paradis, en effet, est tout un personnage. D’abord, c’est lui qui chante/fait les percussions/joue de la guitare (debout sur une chaise)/joue les cuivres, tout en divertissant la foule par sa seule personnalité un peu débraillée, cynico-comique. On remarque quelques airs de ressemblance avec Bernard Adamus, de qui il est le tromboniste. Lorsqu’ils sont montés sur scène devant un public principalement quinquagénaire, j’étais curieuse de voir leur réaction. Un peu heurtés par Cul, la deuxième chanson, ils ont été pourtant séduits par la suite, après T’as-tu toute ?, pendant laquelle tous les musiciens ont prouvé leur talent. La salle devenant de plus en plus comble, nous nous sommes tous plongés dans cet univers hors du commun et avons pu apprécier différents types de jazz ainsi que des textes originaux frappants ou encore des adaptations plus que savoureuses. Notamment, on a pu entendre une traduction de Darn the dream : Fuck le rêve. Toutes les pièces mentionnées à date, ainsi que la majorité de celles qui furent jouées, se retrouvent sur le nouvel album de groupe, paru en février dernier. D’après moi, ils en vendront quelques-uns en fin de semaine, à voir comment ils ont su conquérir le public.
Jordan Officer – Site Belle Gueule
Si vous aimez le blues, le vrai, vous auriez adoré Jordan Officer. Avec ses airs de cowboy et ses favoris, il nous a joué, en anglais, des chansons évoquant soit Elvis, soit Chuck Berry, Ray Charles ou tout autre blues oldschool.
Bien sûr, on sentait aussi quelques accents tantôt rock, tantôt country, tantôt jazz, mais le cœur de chaque pièce restait du blues brut. C’est simple, les accords sont souvent les mêmes, les paroles se répètent sans cesse…mais maudit que c’est bon du blues ! L’artiste a d’ailleurs enivré la foule avec ses airs entraînants, mais il a surtout épaté tout le monde avec ses solos endiablés. Grattant sa guitare à une vitesse fulgurante et avec une précision impressionnante, il a su nous rappeler qu’en blues, c’est le talent technique qui permet de se distinguer. Les deux autres musiciens qui l’accompagnaient, un contrebassiste et un batteur, ont eux aussi pu faire preuve d’un peu de virtuosité sur scène, pour le plus grand plaisir de la foule, visiblement nostalgique des années où le blues était plus en vogue. Le groupe a terminé sur une chanson rapide du style de Mess Around, puis sur une chanson plus dansante en rappel.
Raton Lover – Site Belle Gueule
Juste après eux se produisait sur scène le groupe rock Raton Lover, que j’ai pu écouter pour quelque temps avant de partir pour Milk and Bone. Une gang de vrai gars aux cheveux longs, qui font du rock pour le plaisir, c’est visiblement un mélange gagnant. Malgré leurs airs tough, ils offrent pourtant une musique assez accessible (à l’opposé d’hermétique) et semblent avoir le cœur tendre. Se déclarant eux-mêmes «disciples de la non-violence» pendant le spectacle, ils se défoulent plutôt sur leurs instruments, ce qui ajoute une dose d’authenticité à leur musique. Ils ne se cassent pas la tête non plus pour tenter de complexifier une formule déjà gagnante, un rock plutôt épuré et qui fait triper les gars de rock. J’ai malheureusement dû filer après quelques chansons.
Milk & Bone – Salle Bord de l’eau
Projet fondé récemment et composé de Laurence Lafond-Beaulne et Camille Poliquin, Milk & Bone a sorti un premier album de huit pièces en mars dernier. Leur musique électro nous a rempli les oreilles hier soir au sous-sol de l’église. Leurs voix tantôt à l’unisson et tantôt à l’harmonie étaient vraiment ce qui faisait la touche particulière de leur musique : les deux artistes ont de fait une voix au timbre très clair, cristallin, en plus de se placer dans un registre aigu et suraigu. Le résultat, avec le reste de la musique électro, avait quelque chose de surréel. Les deux jeunes femmes, toutes de noir vêtues, ont présenté des pièces downbeat avec une basse simple et écrasante : une musique qui portait à se balancer doucement sinon à se laisser simplement submerger. À mon avis, le choix de salle était judicieux, parce que le son était vraiment bien diffusé, ce qui est nécessaire pour qu’un groupe électro sonne bien. Il faut aussi lever notre chapeau à l’éclairagiste, que je ne connais malheureusement pas, et qui a rajouté une couche de surréel à l’événement.
Clay and Friends – Site Belle Gueule
Après tout le plaisir partagé avec le groupe jeudi, je n’ai eu d’autre choix que de récidiver hier soir (ou plutôt ce matin) et d’aller assister au deuxième spectacle de Clay and Friends. Le chapiteau, situé devant l’auberge, était rempli à craquer. Ils nous ont encore livré une performance percutante, qui groovait à souhait. Leur talent : faire lever la foule. En liesse vers la fin du spectacle (à cause de la musique, mais peut-être aussi un peu à cause de l’alcool, qui sait), le public s’est mis à sauter partout, à danser et à crier à tue-tête au son des dernières chansons/impros/bouffonneries complices des musiciens. Le claviériste a d’ailleurs pris un peu plus de place ce soir-là que la veille, notamment parce qu’on l’entendait aussi plus dans les moniteurs. Visiblement, je serai tentée de récidiver encore demain, parce qu’avec Clay and Friends, chaque spectacle est unique, comme un party entre amis.
Après autant de musique (folk émergent, jazz, blues, rock, électro, Hip-Hop) et autant de fun, j’ai été me coucher à une heure plus que tardive, le soleil me souhaitant bonne nuit. Ce matin, en plus de se montrer encore plus belle que la veille, Tadoussac m’a accueilli avec un spectacle-surprise dans une église, où j’ai pu me réveiller en douceur au son des «tounes» de Paul Piché. Je vous conterai ça demain !
Dans le cadre de la 32e édition du Festival de la chanson de Tadoussac, j’ai eu la chance d’obtenir un passeport Découvertes qui me permettra, pour les jours à venir, de coucher sur papier quelques bribes de cet événement rocambolesque et tout en musique. Viendront aussi quelques entrevues à la bonne franquette avec quelques artistes qui sont au programme cette année. On commence ça avec un compte rendu de jeudi, la première journée du festival.
Après avoir fait mon petit bonhomme de chemin vers ce lieu charmant qu’est Tadoussac, je suis arrivée à la grosse pluie sur le site du festival. Ou plutôt l’accueil, car les différentes scènes sont disséminées un peu partout dans le village. On était trempés, c’était orageux, venteux comme pas possible, mais on s’est rapidement fait réchauffer le cœur grâce la bienveillance ambiante qui plane toujours sur l’endroit. Après avoir pris un bon dîner et piqué ma tente (tant bien que mal), j’ai pu me diriger vers le premier spectacle de ma liste.
Les chemins d’écriture – Scène Desjardins
Vers 22h30, on a fait entrer le public dans l’église. La salle était quasi pleine, surtout remplie de personnes un peu plus âgées. Elles étaient venues, comme moi, découvrir 8 artistes émergents ayant participé à une formation d’écriture de quatre jours offerte par le festival, et qui allaient présenter chacun deux pièces de leur répertoire. Ce spectacle, prévu surtout pour nous mettre l’eau à la bouche, est le prélude des deux prochains chemins d’écriture du festival, pendant lesquels les artistes auront plus de temps pour nous livrer leur musique. On nous a donc présenté Anthony Roussel et sa voix rauque accompagnée de folk-rock touchant et Rimo, un cousin de France, avec ses mélodies groovy et sensuelles. Joanie Michaud m’a surprise avec sa belle voix douce mais forte, autant qu’avec ses textes imagés, simples et bien choisis. Puis, la moins émergente Pascale Picard a suivi avec deux de ses chansons traduites en français par Gaël Tavernier. A suivi Jérôme Charrette-Pépin qui, avec une ou deux blagues d’entrées de jeu, a continué à faire rire le public avec ses chansons hors de l’ordinaire et aux accents country, bien qu’il m’ait semblé un peu incompris par ce public qui ne cherchait pas toujours à le prendre au sérieux. Samuele a ensuite pris la scène avec un sourire narquois accroché aux lèvres, nous jouant des mélodies aguicheuses et sincères, pour ensuite laisser la place à Chantale Archambault et sa voix pas si émergente aux teintes country sur une musique plus folk qui parlait d’amour. Pour terminer, Michel Robichaud a enchaîné rires et songes avec une pièce comique aux paroles semi-parlées à la Dédé Fortin, puis avec La Dose, une chanson à faire réfléchir. Tout au long du spectacle, on a senti une belle énergie au sein du groupe d’artistes, qui ont tous participé aux chansons des autres, chantant, claquant des doigts. On a eu droit à plusieurs bonnes (et moins bonnes) blagues de leur part pendant que leurs confrères ou consœurs accordaient leur guitare. Bref, une soirée pleine d’énergie devant un public plutôt attentif et bienveillant. Ça mettait bien la table pour le reste du festival, en espérant qu’on puisse couvrir quelques-unes des performances de ces artistes dans les prochains jours!
Mehdi Cayenne Club – Site Belle Gueule
Le ciel s’étant dégagé, on s’est dirigé tranquillement vers l’auberge de jeunesse de Tadoussac pour Mehdi Cayenne Club. Devant un public un peu moins garni mais tout aussi varié qu’aux chemins d’écriture, la formation simple, composée de trois musiciens, a livré une performance impressionnante. Avec leur petit effectif, ils parvenaient tout de même à faire lever la foule. Il faut d’ailleurs souligner le charisme et les expressions faciales variées du chanteur, toujours plus enthousiaste. La musique du groupe, assez inclassable, avait un petit côté fucké qu’on aime bien, créé par l’ambiance planante du synthé, les syncopes de la batterie et les rythmiques inhabituelles de la guitare. La voix et les paroles, un peu à la Xavier Caféine, m’ont moins marquée. Cependant, la dernière pièce ressortait du lot : le texte était un poème de Jacques Prévent qu’ils ont bien su mettre en musique.
Clay and Friends – Site Belle Gueule
Pendant le spectacle de Mehdi Cayenne Club, juste à côté, il y avait aussi Raton Lover, puis Dylan Perron et Élixir de Gumbo, là où les jeunes, plus absents à Mehdi, s’étaient concentrés en grande quantité. J’ai pu entendre une partie du deuxième spectacle : un bluegrass traditionnel et quelques hommages à Gilles Vignault qui donnaient le goût de sauter partout, mais qui ne sortaient pas de l’ordinaire. Puis ça a été le tour de Clay and Friends, et ils ont littéralement su mettre le feu à la foule, alors plus nombreuse. Je me suis moi-même départie de mon cahier de notes pour danser avec les autres au son de leur musique tantôt funk, tantôt reggae, toujours soul et avec un fond assumé de Hip-Hop. Le chanteur/rappeur, Clay, ainsi qu’Aydell, aux percussions de style beatbox, se sont adonnés à quelques improvisations plus que savoureuses, et nous en promettent davantage encore les prochains soirs, pendant lesquels ils joueront aussi. Leur solide performance était appuyée par d’autres musiciens de talent, deux guitaristes et un bassiste. La formation a d’ailleurs accueilli, pour la première fois, un nouveau claviériste, qui vient ajouter une touche jazzy qui, quoique légère, reste prometteuse. Bien hâte de retourner les voir dès demain !
Et c’est pas tout ça, mais il était déjà rendu 2h30 du matin, et j’ai dû me diriger vers ma tente pour me reposer, parce qu’une journée remplie m’attendait le lendemain. Elle m’a accueillie avec un beau soleil comme pour dire pardon, et s’annonce riche en expériences improbables et en musique. Je vous raconte ça demain !
Jeudi dernier avait lieu la dernière édition duRock & Pabst de l’année scolaire (ceux qui ne connaîtraient pas peuvent lire mon dernier article à ce sujet). Pour finir en beauté, ils sont sortis des sentiers battus pour nous présenter une soirée reggae et hip-hop avec Skanja, un groupe du Cégep Sainte-Foy, ainsi que Clay and Friends, un groupe de Montréal. Compte-rendu d’une soirée que j’ai pu rassembler entre mes (plus que nombreux) services de bière.
La soirée a commencé avec Skanja, majoritairement, si ce n’est entièrement, constitué de cégépiens. Ils nous ont servi un reggae surprenant, qui sortait un peu des sentiers battus. On a donc eu droit à des passes plus rock et même à du ska. Je dois avouer que j’ai été très surprise par la voix des chanteurs et des choristes, dans laquelle, avec la musique, on retrouvait en français tous les accents typiques du reggae. Avec une formation plus que complète (un chanteur, une chanteuse, deux guitares, une basse, une batterie, un saxophone et tant d’autres choses), ils en ont mis plein la vue à la salle. Un groupe à surveiller, assurément!
Mais parlons de la salle. Quelle salle, d’ailleurs ! Pour ceux qui n’auraient jamais expérimenté le phénomène Rock & Pabst, vous auriez de la difficulté à vous figurer l’énergie avec laquelle le public y danse, y sourit, y chante. C’était particulièrement le cas jeudi dernier, et il me semble qu’on peut aussi mettre cela sur le compte de l’énergie des deux groupes.
Clay and Friends, qui suivait, a d’ailleurs repris de plus belle avec leur hip-hop traditionnel qui restait dans la même «vibe» que le groupe précédent. Tirant souvent vers le soul et parfois même vers le funk, leur musique a rapidement fait se trémousser l’entièreté de la salle (et même nous, derrière le bar). Première rencontre avec du vrai hip-hop depuis longtemps, dans mon cas. Et j’ai été agréablement surprise par la musique autant que par l’attitude du groupe, qui donnait de l’amour à la pelletée à leur public du Café Wazo. Mention d’honneur au chanteur qui rappait avec une vitesse extrême et au beatbox qui était tout à fait réussi.
Malheureusement, toute bonne chose a une fin. La première fin fut celle de la bière. Ça n’a pas trop paru (oui ça a paru), mais on a dû pédaler pas mal derrière le bar pour fournir tout ce beau monde : c’est qu’ils étaient nombreux à venir célébrer cette dernière édition de l’année ! Après trois «refill» de frigo, on a même dû (grand Dieu) vendre autre chose que de la Pabst, une première ! Pour vous dire à quel point on était dans le besoin ! Et puis malheureusement le spectacle qui voulait se poursuivre a dû se terminer quand les lumières ont été allumées pour nous signifier qu’on avait dépassé l’heure. Facile, dans une ambiance pareille !
On va donc croiser les doigts très forts pour que l’an prochain accueille de nouveaux Rock & Pabsts, auxquels je vous encourage fortement à aller. Cégépien ou non, cela reste une expérience inoubliable, autant pour les groupes que pour le public.