Aujourd’hui, je vous emmène au cinéma avec le premier album solo d’Hubert Lenoir, qu’on connaît mieux (du moins jusqu’à maintenant) sous le nom d’Hubert Chiasson, chanteur de The Seasons. Intitulé Darlène, cet album presque entièrement dans la langue de Leloup pourrait bien se retrouver dans les listes de fin d’année (kin, vlà le punch, on a aimé, mais là, on va vous dire pourquoi).
Darlène, c’est un gros morceau d’une oeuvre multi qui comprend également un roman de Noémie D. Leclerc, ainsi que des illustrations et un moyen-métrage de Gabriel Lapointe. Sauf que cet album, ce n’est pas une simple piste musicale, oh que non! C’est une oeuvre cinématographique complète qu’on peut facilement voir en fermant les yeux et en ouvrant grand les oreilles.
Premier constat : la pochette. On croirait l’affiche d’un film de Xavier Dolan.
Écrit, composé et interprété par HUBERT LENOIR
OK, c’est clair, on est aux vues. Ou devant une comédie musicale.
On appuie sur PLAY. En guise de lever de rideau, une pièce en trois parties intitulée Fille de personne. Ça commence doucement, avec un air de piano un brin introspectif. Une touche de jazz. Qui ne nous prépare pas du tout à ce qui va suivre. Fille de personne II est un bijou de pop teinté de soul.
J’ai déjà vu des films d’amour surexposés
T’es le plus beau des films que j’ai regardés
Difficile de dire si c’est la mélodie trop irrésistible, les paroles – simples mais efficaces, l’omniprésence du saxophone et de la cloche à vaches ou la voix particulière de Lenoir, qui garde son petit côté britpop qui fonctionnait si bien avec The Seasons. Et ça marche toujours en français : Lenoir a réussi à trouver le bon niveau et le bon débit et à bien les transposer dans un genre fait sur mesure pour une autre langue sans négliger les textes eux-mêmes.
La suite de l’album nous permet de voir Lenoir frayer avec le prog (Fille de personne III) et l’indie pop (Recommencer), nous chanter la pomme (et la liberté) sur Wild and Free, se donner des airs de Prince de Beauport (Ton hôtel, jouissive), servir un excitant trio de morceaux instrumentaux faisant la part belle au saxophone (Darlène, Darling, colorée et entraînante, Momo, cérébrale, et Cent-treizième rue, festive), ajouter de nombreuses couches de blues sur Si on s’y mettait (oui, oui, de Jean-Pierre Ferland) et nous faire verser une larme en terminant avec le piano-voix Noémie.
On est tout simplement bombardé de sonorités, de textures et d’émotions différentes! Heureusement, le fil conducteur est très fort et les pièces du puzzle tombent facilement en place. On suit cet ode à la liberté, à l’émancipation et à l’amour avec intérêt, en se demandant où diable Lenoir va nous emmener à la chanson suivante. Ça a permis au jeune auteur-compositeur-interprète (on l’oublie, mais il n’a que 23 ans!) de nous préparer un tracé digne des plus belles montagnes russes.
Une douzaine de musiciens a collaboré à l’enregistrement de l’album, qui a été coréalisé par Lenoir et Alexandre Martel. Une collaboration fructueuse pour le Beauportois qui a trouvé en Martel la personne idéale pour libérer le Bowie en lui.
Darlène fait partie de ces albums qui nous font voyager dans un univers cinématographique. On n’a pas besoin de forcer très fort pour s’imaginer dans cet univers, pour sentir cette soif d’émancipation qui a tant inspiré Lenoir et son amoureuse Noémie. Darlène, c’est un cri du coeur qui s’adresse à toute une génération, un appel à prendre son destin en main et à être tout ce qu’on veut. C’est une plateforme où Lenoir prend des risques et sort des sentiers battus tout en restant extrêmement accessible.
Cet album va faire beaucoup de bruit. Et, avec un peu de chance, faire plein de bébés.
À se mettre entre les oreilles au plus pressé.
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