Le dernier article que j’ai publié grâce à Écoutedonc.ca avait pour sujet le contemplatif spectacle de Rosie Valland dans cet antre de la contreculture que représente le Zénob de Troi-Rivières. L’ambiance générale s’annonçait fort différente pour le prochain spectacle, puisque je me rendais à l’Embuscade pour aller voir les Marinellis, groupe de Montréal qui fait de plus en plus jaser.
On annonçait le spectacle pour 22 heures, ainsi, connaissant bien l’endroit, je me suis pointé à l’Embuscade vers 23 heures, question d’arriver quand même un peu d’avance pour ce show qui, évidemment, ne commencerait que non-loin de minuit. C’est que, vous le savez peut-être déjà si vous résidez à Trois-Rivières, l’Embuscade représente le bar de fin de soirée du jeune trifluvien modèle. Sur sa terrasse en été, se lancent des projets entre trop de verres vides qui, au final, ne verront jamais le jour, et c’est comme ça qu’on l’aime.
De toute façon, étant un peu au fait du groupe de ce soir-là, on ne pouvait s’attendre à rien d’autre qu’une tardive représentation.
Malgré tout, il faut l’avouer, je m’attendais à voir un peu plus de gens se rendre au spectacle des Marinellis en ce déjà lointain 2 décembre. Reste que le mince public, tout comme les musiciens, savait déplacer de l’air.
La bande de Cedric Marinellis (voilà, vous connaissez l’origine du nom de la formation), commence par s’introduire à l’aide de quelques blagues à caractère phallique qui, tout au long du spectacle, se feront les assises de l’unité entre le public et l’excentrique chanteur.
Pieds nus, gros manteau de fourrure et chapeau au large bord nous démontrent que c’est entre autres à l’aide de la performance scénique que les Marinellis viennent se distinguer sans cette mer de garage surf rock que nous offre Internet ces temps-ci. En effet, quand on voit la formation interpréter des pièces de son plus récent opus Île de Rêve, on ne peut s’empêcher de penser à l’excellent groupe The Growlers ou encore aux plus déjantés Black Lips en ce qui a trait à l’attitude générale et la nonchalance de la formation montréalaise.
Reste qu’il est une chose qui surprend le plus avec le Marinellis, et c’est d’ailleurs ce qui les démarque réellement du lot : le chant en français. Effectivement, les voix grinçantes et les duos guitares percussives et éthérées que l’on aime tant entendre dans ce néo-surf rock psychédélique restent davantage exploitées par des artistes en grande partie anglophone. Par contre, Les Marinellis, en plongeant dans le kitsch allégrement et en assumant le passé yé-yé de la pop québécoise en ce qui a trait au chant, parviennent à convaincre l’auditoire qu’il est possible de se laisser aller complètement dans ce type de musique, même dans une langue qui ne semble pas lui être prédestinée.
Parlant de laisser aller, il faut aussi mentionner que c’est probablement le modus operandi que s’est donné Cédric Marinellis lorsqu’il a, bien naturellement, évoqué l’idée de faire la moitié de sa performance vêtu de rien d’autre qu’une culotte à paillettes et d’une proéminente moustache. Armé de ses maracas ou de sa tambourine, il s’est plus d’une fois retrouvé à quatre pattes sur le parterre de l’Embuscade où, de toute évidence, il prêchait à une poignée de convertis, qui, à eux-seuls, parvenaient à faire croire au groupe qu’ils jouaient dans une grande salle comble
Je garde donc un souvenir fort agréable de ce spectacle qui, malgré un manque d’équilibre entre la voix et les instruments, constitue une des bonnes performances scéniques que j’ai pu voir sur la scène émergente cette année.
Joyeux Noël et bonne année à tous!