Faire la critique du nouveau Father John Misty, c’est plutôt intimidant : le pseudonyme que s’est donné Josh Tillman est celui de son alter-ego-qui-n’en-n’est-pas-un, un moyen de pouvoir jouer le dandy désabusé et prétentieux et, paradoxalement, d’impudiquement dévoiler sa pensée la plus personnelle, ce qui fait en sorte que ses paroles sont souvent teintées de pseudo-supériorité intellectuelle. Rien de bien nouveau, alors! Ses deux précédents albums, tous deux magnifiques, nous avaient déjà introduits au personnage. Complexe univers qu’est celui de Father John Misty…
Pure Comedy, son dernier opus, est toute une expérience. De tous ses albums, c’est probablement le plus grandiloquent de l’artiste. Le thème majeur est l’humanité avec un grand H, ce qui est autant savoureusement immodeste qu’approprié pour un projet de Father John Misty. En ce sens, c’est un album-concept, comme les derniers. Dans une entrevue, le chanteur et multi-instrumentaliste a expliqué que son premier disque, Fear Fun, se voulait une introduction à Father John Misty, que son deuxième, I Love You Honeybear, était une exploration de ses sentiments romantiques et viscéraux à l’occasion de son récent mariage et que ce troisième serait une profonde réflexion sur l’humanité et tout ce que cela implique. Ceci dit, je dois évidemment paraphraser les mots du maestro, car ses dires sont infiniment plus obtus.
Cyniques tout en étant étrangement touchantes, les paroles de Misty, bien que poétiques, ont toujours eu un petit manque de nuance attachant (et maintenant caractéristique) qui surprend toujours. Cette «pure comedy», c’est l’absurde d’ici-bas, et Misty connaît son Camus. L’album regorge de personnages pathétiques, de questionnements politiques, de critiques acerbes et d’observations nihilistes. Dans un des moments les plus émouvants, Misty chante :
My first memory of music’s from
The time at JCPenney’s with my mom
The watermelon candy I was choking on
Barbara screaming, « Someone help my son! »
I relive it most times the radio’s on
That « tell me lies, sweet little white lies » song
That’s when I first saw the comedy won’t stop for
Even little boys dying in department stores
Ces vers, chantés avec une sincérité assez désarmante, sont les plus personnels que Misty n’aie jamais chantés. Comme quoi le personnage s’efface peu à peu à chaque album… Mais Misty n’est pas prêt de se départir de ses tics : il y a encore un peu de provoc’ dans les paroles, ça va de soi, mais celle-ci est toujours traitée avec humour. Cet humour, souvent kaufmanien et sardonique à souhait, fait partie intégrante de l’expérience.
Sur le plan musical, on a droit à du folk doux agrémenté d’arrangements symphoniques toujours captivants (on pense ici à la splendide «Leaving L.A.», qui dure 13 minutes!) des bribes d’Americana, des passages plus atmosphériques… et beaucoup de fétichisme de piano-rock de années soixante-dix. Les rythmes sont particulièrement lents, chose plus ou moins inhabituelle pour Misty, sans doute pour mettre davantage l’emphase sur les paroles. On ne s’en plaint pas. Toutefois, la variété prend un peu le bord : exit les rythmes rock, les guitares grunge et les éclectismes électro de ses meilleurs chansons.
Bien qu’I Love You Honeybear reste mon préféré, ce nouvel album de Father John Misty n’en demeure pas moins excellent. Quand la personnalité d’un artiste est si forte, si singulière, et que la musique qui l’accompagne est à ce point efficace, il est difficile de ne pas tomber sous le charme.
Ecoutedonc.ca s’embarque dans une bien belle aventure au cours des prochains jours : on devient international ! Comme certains d’entre vous l’ont remarqué, notre saison des festivals 2015 se terminera au Iceland Airwaves Music Festival. Je tenterai donc de vous faire un petit compte rendu de cette fête du 4 au 8 novembre qui s’annonce plus que chargée !
Vu l’ampleur de l’évènement je vais débuter par un tour d’horizon de la ville de Reykjavík que j’ai pu visiter en mai dernier afin de vous familiariser avec le lieu. La capitale de l’Islande regroupe pas moins du 2/3 des habitants du pays, c’est à dire 120 000 personnes pour une superficie de la moitié de la ville de Québec. Ce dernier fait, qui pour moi, était plus complexe à visualiser avec une simple carte google ! Une fois sur les lieux, on s’aperçoit rapidement que tout est à proximité en plus d’être entouré de montagnes.
Charmant non ?
Parmi ces petites maisons colorées se trouvent plusieurs commerces à vocation autant vestimentaire qu’alimentaire. Bien sûr, ce qui nous concerne spécifiquement, ce sont les salles de spectacles ainsi que les quelques disquaires de la ville qui accueilleront des artistes pendant le festival.
Dillon
Avant de faire ma première visite dans la ville, je cherchais des endroits où je pourrais voir quelques spectacles sans avoir à trop débourser. La réponse à ma question, en partie, était au Dillon. Sympathique bar à Whisky dont le 2e étage, aux allures de chalet de luxe en bois, se transforme en étroite salle de concert chaque semaine. Situé sur la rue principale nommé Laugavegur, il feront partie de plusieurs itinéraires de festivaliers en présentant près de 60 spectacles différents de la section « Off-venue » entièrement gratuite. J’y serai probablement pour Milkhouse, Bellstop ou Futuregrapher.
Gaukurinn
Croyant dur comme fer que j’étais au « Húrra » je suis atterrie dans cette salle aux allures de grotte après m’être trompée de porte. En fait, pour y accéder on arrive dans un hall un peu étrange avec des gardes qui n’ont aucune idée de ce qui se passe à l’étage. Une fois au 2e, on se retrouve dans une salle avec des plafonds pas très hauts, il fait noir, ça semble un bar normal dans le style un peu « crad ». Au fond, on y aperçoit finalement, un stage plutôt grand et ma foi très bien équipé contrairement à la première impression que j’avais eu de la place. Des sofas, assez d’espace pour bien des spectateurs, des salles de bains colorées; c’est un peu comme un Pantoum version plus officielle. J’essaierai entre autre d’y voir Hinds, Chastity Belt, Weaves, Bo Ningen et The OBGMs.
Harpa
Sans doute une des bâtisses les plus connues de la ville. Il s’agit d’une salle de concert énorme couverte de panneaux de verre colorés. Je suis tombée en amour avec son architecture mais aussi son lieu, tout juste à côté du « petit » océan atlantique avec vue imprenable sur le vertigineux massif Esjan. Le festival aura lieu dans 4 salles différentes de cette imposante structure. J’ai bien hâte de la visiter plus amplement et avec mes oreilles pour cette fois ! À noter qu’ Emilie & Ogden: une artistes d’ici, y sera le 5 novembre en plus de la panoplie de gros noms tel que Father John Misty, Mercury Rev, The Pop Group, Ariel Pink, Perfume Genius, Beach House et j’en passe !
Húrra
J’ai tout de même réussi à m’y rendre à deux reprises, sans compter la fois où je m’étais trompée de porte ! Une autre petite salle absolument charmante, un peu comme un labyrinthe sur deux étages incluant le sous-sol fait de pierres. Des petites lumières au plafond, une boule disco et des spectacles souvent dansants auxquels les Islandais embarquent à fond. Des portes séparent la section spectacle du bar situé au même niveau. J’ai bien hâte de m’y retrouver pour FM Belfast, Wesen et Dream Wife.
12 Tónar
J’en ai parlé à plusieurs, 12 Tónar est sans contredit un de mes endroits favoris de cette ville. C’est lors de ma deuxième journée dans ce pays que je suis allée y faire une petite visite. La boutique est située sur une autre grande artère, Skólavörðustígur, cette rue qui mène tout droit à la très reconnue église Hallgrímskirkja. J’y ai rencontré un dénommé Johannes Agústsson: un des fondateurs de ce commerce qui est aussi un label de musique indépendante. Ce dernier m’avait suggéré quelques groupes à écouter, autour d’un petit café, me disant que je pouvais rester aussi longtemps que je voulais, lorsque je me suis inquiétée du fait qu’il ne restait que 10 minutes avant la fermeture. Je suis repartie avec le dernier album de Low Roar qui a été ma trame sonore durant tout le voyage. Ce dernier est d’ailleurs présent à 4 répétitions pendant le festival. On peut être certain que je ne le manquerai pas ! Non seulement l’endroit est plus qu’accueillant, les conseils pleuvent et sont tous intéressants. Comble de tout, ils organisent des spectacles certains vendredis du mois durant l’année. Pendant l’Iceland Airwaves on pourra y voir quelques excellents groupes tel que les Pink Street boys, Mr. Silla et Singapore Sling.
Évidemment, ces différents lieux ne sont qu’une minime partie de tout ce qu’il y a en lien avec la musique dans la ville. Ici j’ai choisi de décrire les endroits que j’ai eu la chance de visiter, mais fait à considérer, c’est qu’il y a tout près de 60 salles différentes où se tiendront les prestations du festival. On y retrouve entre autres le disquaire Lucky Records ainsi que le prestigieux label Bad Taste Records.
Un petit bonus, deux autres endroits que j’ai eu la chance de visiter qui ne sont pas trop en lien avec l’évènement mais qui le sont totalement musicalement:
Dead
Il s’agit de la boutique/galerie d’art de Jón Sæmundur, aussi membre de l’excellent groupe Dead Skeletons. La très pertinente Tania B. Lacasse, que vous pouvez voir de temps au temps chez le Knock-out, m’avait fortement recommandé d’aller y jeter un oeil, ce que j’ai fait. Cachée derrière les imposantes boutiques de la rue principale, dans un semblant de ruelle, on y retrouve cette intrigante vitrine. Lorsqu’on entre par cette porte rouge, l’odeur d’encens dans nos narines fait qu’on se sent paisible, malgré le léger stress qui nous habite, à l’idée de rencontrer l’homme en question . À l’intérieur, des t-shirts, des affiches et une énorme chaise devant un bureau. C’est à ce moment que Jón Sæmundur apparaît, en sortant de son atelier situé derrière la boutique. Une belle rencontre s’est suivie, je vous invite à consulter son site web par ici.
Bedroom Community – Greenhouse Studio
Ces noms sont sans doute communs à tout ceux qui s’intéressent à la musique provenant de l’Islande, de près ou de loin. On retrouve sous le même toit: le Bedroom community étant un label et collectif formé au départ par Valgeir Sigurðsson, Nico Muhly et Ben Frost ainsi que le Greenhouse Studio qui, comme le nom l’indique, est un studio d’enregistrement. Au départ, l’idée d’aller les visiter ne m’était pas venue, mais suite à une autre suggestion je me suis dit: « Bien pourquoi ne pas essayer? ». Ce genre de demande ne semblait pas du tout commune, mais a été acceptée ! C’est avec hâte que je m’y suis rendue. Vu mon grand fanatisme envers tout les artistes qui s’y sont retrouvés, j’en ai même perdu mon anglais ! Vous pouvez en apprendre plus sur le studio par ici et sur label juste ici.
Bedroom Community présenteront toutefois un des spectacles de la section « Off-venue » au Iceland Airwaves: Liam Byrne and Jodie Landau with Valgeir Sigurðsson que je tenterai aussi d’aller voir.
Voici donc cette mini exploration de la ville et ses attractions musicales, je vous conseille fortement de tendre une oreille à ces groupes mentionnés et de porter une attention à ces labels !
À suivre dans les prochains jours: une courte exploration du festival Iceland Airwaves, pendant que je tenterai d’établir mon itinéraire pour ces 5 journées intenses. Ce ne sera pas une tâche facile, sachant qu’on compte pas moins de 240 groupes présents pendant ce court évènement ! J’ai donc réussi l’impossible pendant cette période de « rush » extrême avant un voyage: écouter les artistes que je ne connaissais pas et qui avait du matériel de disponible sur internet afin de savoir où je m’en vais ! Je vous reviendrai donc avec mes coups de coeurs, les incontournables et un semblant de planification de journées !
Après cette deuxième journée très chargée, nous sommes de retour sur l’île Sainte-Hélène pour le troisième jour du festival Osheaga. Voici un petit itinéraire de notre journée de concerts très chargée.
C’est déjà le dernier jour d’un des plus grands festivals de musique du Canada. Nous allons commencer les festivités avec les gars de X Ambassadors. Faisant dans l’indie-rock plutôt commercial, le groupe saura peut-être piquer notre curiosité. Je dois avouer que la dernière fois que je l’ai ai vu, je n’avais pas trop apprécié. Par contre, leur dernier album a montré une évolution sonore pour les Américains et j’ai bien hâte de voir si cette progression sera visible sur scène.
L’après-midi sera consacré à faire des découvertes un peu partout sur le site, sans itinéraire précis. Par contre, dès 15h45, Father John Misty sera en vedette sur la scène principale pour quarante-cinq minutes d’un excellent folk. Son dernier album I Love You, Honeybear est très accrocheur et la présence scénique du chanteur est toujours sans faille. Par contre, est-ce que la grande scène est faite pour lui? On verra….
Suivra un de nos coup de coeur du Festival d’Été de Québec 2015Future Islands. La voix unique de Samuel T. Herring fera raisonner les hauts-parleurs du festival Osheaga. Avec ses pas de danses loufoques, je suis convaincu que la foule sera sans voix devant ce groupe si talentueux.
J’adorerais voir le rock du groupe The War on Drugs, mais les deux suédoises de First Aid Kit m’attireront sur la scène de la Vallée. Leur folk-country est si accrocheur que je vais, sans aucun doute, être charmé par les deux artistes. Je vous conseille vivement leur dernier album Stay Gold.
Après une petite dose de punk avec Brand New et une échappée pop avec Broods, je n’ai toujours pas décidé si le rock alternatif des excellents Alt-J allait réussir à me priver de Tove Lo et de Klô Pelgag. La présence scénique des britanniques d’ALt-J ne m’a jamais accroché malgré leur grand talent sur album. Ce qui est certain, c’est que nous allons finir avec le rap de Tyler, The Creator à 21h30 sur la scène Verte. C’est avec cet excentrique artiste que nous allons conclure notre périple dans le 514 pendant que d’autre iront voir The Black Keys sur la scène principale.
L’été, synonyme d’euphorie des festivals, est aussi une période généralement tranquille côté sorties de disque. Si quelques groupes (Tame Impala, Ratatat, Mac DeMarco, Iron & Wine en duo Ben Bridwell pour un album de reprises) sortiront des albums pendant la saison chaude, il faudra généralement attendre l’automne pour être à nouveau aspiré dans le tourbillon de nouvelles offrandes. En attendant, le mélomane averti pourra faire du rattrapage avec quelques suggestions bien personnelles.
Sufjan Stevens – Carrie & Lowell (Asthmatic Kitty, 2015) : Splendide album qui ramène Sufjan sur un terrain folk, cette fois plus intimiste. Si certains pourraient qualifier cet album de retour aux sources, d’autres conviendront qu’il s’agit d’un grand pas en avant. L’album est beaucoup plus concis que ce à quoi il nous avait habitué et sa donne un des albums les plus remarquables de ce début d’année.
Elvis Perkins – I Aubade (MIR recording, 2015) : Certains albums semblent parfois complètement ignorés par la presse spécialisée comme ce I Aubade d’Elvis Perkins. Ce nouveau disque sort après 6 longues années de gestation. C’est un album délicat, exigeant et tout à fait magnifique qui mérite une écoute soutenue. Voici un folk complexe, enregistré avec sobriété, mais comportant beaucoup de subtilités. Superbe prestation dans une station de radio de Seattle ici.
Bjork – Vulnicura (One Little Indian, 2015) : Bjork s’est servie de la musique comme exutoire pour passer à travers une séparation avec son conjoint de longue date. Ça donne un album fragile et beau; un retour réussi pour une artiste talentueuse qui a aussi le don de bien s’entourer (Haxan Cloak et Arca). Si le poil ne nous dresse pas sur les bras comme à l’époque d’Homogenic ou de Vespertine, force est d’admettre que l’Islandaise est toujours pertinente à l’aube de ses 50 ans.
Built To Spill – Untethered Moon (Warner Bros, 2015) : Groupe pionnier de la mouvance Indie-rock américaine dans les années 90, le groupe de Doug Martsch revient à la charge avec un excellent album en phase avec le reste de leur discographie, mais diablement efficace. Les riffs solides et la voix singulière de Martsch sont particulièrement efficaces en début et en fin d’album. À voir au Club Soda dans le cadre de Pop Montréal le 19 septembre prochain.
Father John Misty – I Love You, Honeybear (Subpop, 2015) : Un autre disque folk grandiloquent pour Joshua Tillman (alias Father John Misty). C’est un second album fort pertinent pour l’artiste qui nous convie à l’intérieur de sa curieuse psyché; et que dire de cette voix… C’est foisonnant et on aime.
Fontarabie – Éclipses (Grosse Boite, 2015) : Ep de 5 chansons faisant suite à l’excellent disque éponyme paru en 2014. Julien Mineau présente de délicates chansons assez mélancoliques. La pièce d’ouverture Vent Blanc est particulièrement sublime. L’instrumentale Éclipses rappelle quant à elle les élans rock de Malajube. On reconnait le style de Mineau, mais l’instrumentation utilisée pour son projet Fontarabie est plus variée et poussée. C’est parfait en attendant le prochain disque (Malajube ou Fontarabie?) du clan Mineau.
Viet Cong – Viet Cong (Jagjaguwar, 2015) : Des ex-membres du groupe de Calgary, Women ont sorti en janvier un album habillé de post-punk et de rock fuzzé fort pertinent. La voix n’est pas spécialement puissante et elle est souvent enterrée par un mur de guitares. 7 pièces seulement, dont la dernière, Death; 11 minutes de défoulements jubilatoires. À voir en première partie d’Interpol le 17 juillet au FEQ.
Wand – Golem (In the Red, 2015) : Le premier disque avait été produit par Ty Segallet même s’il n’a pas collaboré à ce deuxième effort, son spectre plane pas trop loin. On se retrouve ici avec un bijou de rock garage aux tendances psychélisantes, voire stoner. Le plaisir de ce disque croit avec l’usage puisqu’on en vient éventuellement à ne plus entendre les influences qui peuvent être dérangeantes à la première écoute. On profite alors de chansons très bien ficelées, agrémentées de riffs absolument addictifs.
Moriarty – Epitaph (Air Rytmo, 2015) : Moriarty est un groupe folk de France mené par la Franco-américaine Rosemary Standley. Ils sortent cette année leur 4e long jeu. S’ils ne révolutionnent rien ici (le groupe à longtemps fait de nombreuses reprises blues) le mélange des genres est intéressant et ce disque est un bel ajout à leur discographie. L’album semble être passé complètement sous le radar de ce côté de l’Atlantique et c’est bien dommage.
Corridor – Corridor (Indépendant, 2015) ; Le quatuor montréalais fait preuve de beaucoup d’audace sur ce premier album complet. (la formation avait un EP en poche sorti l’an dernier) Globalement, c’est rock (certaines pièces évoquent Deerhunter ou My Bloody Valentine, mais ce n’est pas si aisé à catégoriser et c’est bien tant mieux). C’est aussi et surtout bien des variations de ce rock et tout ça se fait en français. Dans cette mer de folk et de synth-pop, ça fait du bien de voir de nouveaux visages franco-rock pour appuyer les Ponctuation et autres Jesuslesfilles de ce monde. Le disque est bon, le potentiel lui est énorme.
En rétrospective, 2015 a fort bien débuté et nous avons plusieurs raisons de trépigner d’impatience pour la suite. Bonne mélomanie!
Finalement, le voyage à Toronto en a valu la chandelle : Field Trip Music and Arts, le festival organisé par l’étiquette torontoise Arts & Crafts, est juste parfait : savant mélange de découvertes et de valeurs sûres, prix raisonnables, mais surtout, une dimension humaine que certains grands festivals semblent avoir oubliée. À notre arrivée samedi, l’ambiance était bon enfant, les gens entraient lentement, sans se presser et quelques groupes avaient déjà investi les deux scènes du site.
Première constatation : Field Trip est un festival apportez votre couverture. On vient passer la journée ici, mais c’est pour apprécier la musique, pas pour se tuer les pieds en restant debout toute la soirée. Les gens se lèvent selon le groupe ou la chanson, l’ambiance est vraiment, mais vraiment conviviale. On vient en famille, on installe les couvertures, on se bourre la face de bouffe de rue (y’a même quelques poutines dignes de ce nom) et on veille tard.
Field Trip a été mis sur pied au départ pour célébrer le 10e anniversaire d’Arts & Crafts. Pour la troisième édition, on a moins fait appel à la galaxie Broken Social Scene et on est allé chercher de solides têtes d’affiche (My Morning Jacket, Alabama Shakes, Marina and the Diamonds, De la Soul). En fait, toute la programmation de la fin de semaine était de qualité, même si certains artistes avaient parfois une drôle de place sur l’horaire. Mais bon, ça, c’est le propre de pas mal tous les festivals…
Nous sommes arrivés juste à temps pour la prestation du groupe dark popThe Belle Game. La formation vancouvéroise, qui est déjà venue au Festival d’été de Québec en 2013, avait du nouveau matériel à proposer et on comprend pourquoi Kevin Drew les a invités à participer au festival. Y’a du BSS chez ces jeunes musiciens là!
Nous avons malheureusement manqué la prestation des monstres de De La Soul, qui étaient là, de leur propre aveu, pour faire lever le party avant une magnifique soirée de rock.
Tout d’abord, il y a eu The War on Drugs et son rock hyper atmosphérique qui a dû confondre de nombreux sceptiques. Adam Granduciel n’a pas eu besoin de parler beaucoup entre les chansons, celles-ci suffisaient pour que le courant passe jusqu’à l’arrière. Prestation assise très solidement sur l’excellent Lost in the Dream (c’est tant mieux). Des premières notes de Burning à la fin de l’émouvante In Reverse, la foule s’est laissée transporter par le War on Drugs Express.
Granduciel et sa bande ont été suivi des cols bleus Arkells et leur Canadiana proudly made in Hamilton. Si je trouve parfois leur pop facile, il faut avouer que sur scène, c’est beaucoup plus efficace, surtout après un bon repas et quelques petites canettes bien froides. Disons que ça manquait quand même un peu de panache après le rock planant des War on Drugs.
Puis arriva le dessert lorsque Britanny Howard et Alabama Shakes sont entrés en scène. Voilà un groupe que j’avais hâte de mieux voir après les avoir entendus à Bonnaroo en 2012. En plus, Sound & Color est venu ajouter un peu de complexité à la rétro-soul du groupe. Je n’étais pas dur à convaincre, mais Howard voulait s’assurer de tous nous avoir dans sa petite poche avec Future People. À la quatrième chanson, l’entraînante Shoegaze, il ne restait plus personne assis sur les couvertures : tout le monde dansait et tapait des mains avec en affichant un sourire béat. La chair de poule s’intensifie avec les Gimme All Your Love et autres Be Mine (un moment fort de la fin de semaine… waou!). En fait, on dirait bien que les gens n’ont remarqué l’absence de Hold On au programme que le lendemain! Quand tu te permets de ne pas jouer la chanson qui t’a fait connaître et que personne ne s’en plaint, c’est bon signe…
Pour la journée du dimanche, nous sommes arrivés à temps pour voir Absolutely Free. Simon en avait dit tellement de bien lorsqu’il les a vus au Pantoum il y a à peine 2 semaines, mes attentes étaient élevées. Mais bon, difficile pour le groupe de se mettre en valeur à 14 heures devant plein de petites familles de la même manière qu’il le fait dans une petite salle sombre. Le groupe a su s’adapter et offrir un programme mieux adapté au festival. Mais quand même, le petit côté psychédélique et Krautrock dont parlait Simon dans sa couverture du spectacle au Pantoum, ça déstabilise quand t’es encore en train de digérer ton Cora!
Suivait le chanteur soul Lee Fields et ses Expressions. Ce qu’on a raté en ratant De La Soul, on allait l’avoir au centuple avec Lee Fields. Ce jeune homme de 64 ans ne roule pas sa bosse depuis plus de 43 ans pour rien! Les tout-petits s’en sont donné à coeur joie, leurs parents se trémoussaient le pompon en sirotant lentement leur cidre et les jeunes qui attendaient la suite du programme étaient déjà comblés!
Après l’avoir vu l’an dernier en solo au FEQ, j’avais très hâte de voir J. Tillman redevenir Father John Misty, bête de scène sexy et assumée. Le cynisme et l’autodérision sont toujours très forts chez ce jeune homme, mais il fallait le voir se dandiner comme une vraie rock star (parfois un peu à la Mick Jagger) pour comprendre à quel point le personnage envahit l’homme. À une fan qui lui a crié qu’elle l’aimait, il lui répond qu’il l’aimait lui aussi, mais que son amour était plutôt égoïste. Personnage de rock star, qu’on vous disait! Et cette voix d’ange, toujours parfaite, que de nombreux chanteurs plus à voix qu’à textes doivent envier… Évidemment, on a pleuré… de rire sur Bored in the USA et ses rires en canne là où ça fait très mal. Un autre clou à un festival qui en a compté plusieurs en deux petites journées.
Dan Mangan avait la lourde tâche de suivre FJM et ça n’a pas été facile au début. Mangan avait l’air plutôt dans sa bulle alors qu’on le connaît un peu plus loquace et animé. La foule et Mangan se sont réveillés un peu en même temps, dès les premiers accords de Mouthpiece, une des chansons les plus entraînantes de Club Meds. On vous avoue qu’avec les attentes qu’on avait, on était un brin déçu. Peut-être que si on avait inversé Mangan et Misty… On aura la chance de se reprendre, mon Dan, je sais que t’es capable de mieux.
La pluie a commencé à tomber de façon intermittente, juste assez pour en envoyer quelques-uns se cacher sous les arbres. C’était l’ouverture qu’on attendait pour se rapprocher de la scène. Et nous n’étions qu’à quelques mètres lorsque la magnifique Marina and the Diamonds est montée sur scène dans son costume noir pour entonner Bubblegum Bitch. Magnifique prestation sur mesure pour un festival : même s’il y a eu quelques moments plus calmes, ceux-ci étaient juste assez courts pour reprendre notre souffle et nous remettre à danser sans penser à demain. Avec des pièces comme Froot et Primadonna, dansé sans penser à demain nous avons volontiers!
Le plus beau dans tout ça, c’est que ces jeunes ont abandonné l’avant-scène aux plus vieux pour le clou du week-end, le groupe que moi j’allais voir sans aucune possibilité de compromis : My Morning Jacket. Une amie est allée voir Rhye, mon autre copain est allé plus sagement à l’arrière. Mes voisins se sont fait jouer le même tour par leurs amis, nous étions une bande de superfans supersolitaires ensemble. Dès les premières notes de Believe (Nobody Knows), nous n’étions plus qu’un, le sourire accroché au visage jusqu’au dodo dans l’autobus. Jim James et sa bande avaient un plaisir fou à jouer leur rock brillant digne des plus grandes scènes (quand je vous disais que The Waterfall était un album fait sur mesure pour les gros shows…) et nous, nous étions là, la gueule grande ouverte, à en demander encore plus! Quand les gars se sont lancés sur Wordless Chorus (un excellent morceau de Z), on savait qu’on allait en avoir pour notre argent. Même si les retours vers les vieux albums étaient appréciés, les fans torontois semblaient surtout apprécier le matériel tiré des deux plus récents, comme les cris de joie le montraient si bien pendant le trio Spring (Among the Living) – Circuital – In its Infancy (The Waterfall). La prestation s’est terminé par une One Big Holiday endiablée qui a permis à tous les membres du groupe de montrer tout ce qu’ils avaient encore dans le ventre. De loin la meilleure prestation que j’ai vue depuis le début de l’année (désolé, Patrick). Une expérience incroyable, une leçon de rock comme il s’en fait trop peu de nos jours.
Pendant que Muse fait du mauvais Queen, il est rassurant de voir que des groupes comme My Morning Jacket sont là pour garantir que le rock a un bel avenir.
Apothéose mémorable d’un festival qui a trouvé la formule parfaite pour plaire à un public qui n’a pas nécessairement envie de se défoncer toute la fin de semaine (Bonnaroo, je te vise, là). On va sûrement y retourner les prochaines années. Peut-être même en famille, qui sait!
Prochain festival : Festival de la chanson de Tadoussac. À ton tour, Marie-Ève!
En juin prochain, j’irai au festival de musique Field Trip à Toronto pour couvrir une fin de semaine de célébrations musicales qui devraient rester gravées longtemps dans ma mémoire. Ce sera pour moi le début d’une saison des festivals complètement folle. Un voyage « scolaire » pas comme les autres dans la capitale de l’Ontario!
En 2013, les gens de la compagnie de disques Arts and Crafts voulaient souligner leur dixième anniversaire en frappant un grand coup. Le label, qu’on connaît surtout en raison du groupe de son cofondateur Kevin Drew (Broken Social Scene), voulait mettre en vedette ses artistes. En cette décennie des festivals, on n’a pas eu l’idée la plus originale, mais l’exécution, elle, était parfaite.
Faut dire qu’organiser un festival est toujours plus facile quand on compte Stars, Feist, Bloc Party, Hayden et Zeus dans son écurie.
Mais bon, avec Broken Social Scene en tête d’affiche, le premier Field Trip organisé à Fort York (en plein coeur de Toronto) a connu un grand succès et les organisateurs ont voulu répéter l’exploit l’année suivante : il y avait déjà plus de viande autour de l’os – Interpol, Austra, Half Moon Run, A Tribe Called Red, un certain Vance Joy, un retour de Broken Social Scene, Constantines, Chvrches, Fucked Up et Badbadnotgood, entre autres, ont convaincu les gens d’Arts and Crafts qu’ils tenaient là un bon filon à exploiter.
Pour sa troisième édition qui aura lieu les 6 et 7 juin prochains, les organisateurs du festival ont invité Alabama Shakes et My Morning Jacket (deux soirées comptant sur de grands générateurs de frissons) à assurer la tête d’une affiche qui prend beaucoup d’ampleur. Ces deux groupes importants (on aimerait les voir à Québec un jour) partageront la scène avec Marina & The Diamonds, Arkells, The War on Drugs (Granduciel live dans ma face… rien à ajouter, votre Honneur), Father John Misty, Dan Mangan, Hayden et the Belle Game, entre autres. Une programmation bien équilibrée sur deux jours qui devrait donner des moments inoubliables aux spectateurs présents.
Field Trip, ce n’est pas que la musique : c’est aussi un festival familial où des tonnes d’activités attendent vos petits monstres (si, comme moi, vous avez encore le coeur jeune et mélomane après avoir fait votre part pour le renouvellement de la population). Votre progéniture pourra participer à des ateliers avec des artistes du jour. C’est aussi un festival où la bouffe torontoise sera mise en valeur avec de nombreux camions de rue présents sur place (comment peut-on se tromper avec une entreprise comme Fidel Gastro?).
Il reste encore des billets quotidiens et des laissez-passer pour le week-end. Pour plus de détails consultez http://fieldtriplife.com. Si vous ne faites pas le voyage dans la ville-reine, ne vous inquiétez pas, nous vous tiendrons informés toute la fin de semaine.
C’est aujourd’hui qu’evenko a levé le voile sur la programmation du 10e anniversaire d’Osheaga. Se déroulant du 31 juillet au 2 août au parc Jean-Drapeau de Montréal, le festival saura plaire aux amateurs d’indie-rock. Le festival s’étant bâti une solide réputation au courant des 10 dernières années avec des invités de renom, tels que Eminem et Jack White, il fallait s’attendre à une programmation solide pour leur dixième anniversaire.
On connaissait déjà plusieurs des noms de la programmation 2015 grâce à l’application En Route Vers Osheaga lancé le 18 mars dernier. Aujourd’hui, les têtes d’affiche et quelques autres noms ont été dévoilés. Analysons, en quelques points, cette magnifique programmation anniversaire d’Osheaga.
Les belles prises
Kendrick Lamar
Kendrick Lamar est le rappeur de l’année sans contredit. Il est la coqueluche des médias et des festivaliers de partout dans le monde. Il est en tête d’affiche de Boonaroo et du WayHome festival. Il n’est pas étonnant qu’il soit de passage pour une deuxième fois au parc Jean-Drapeau. Sa dernière performance remonte à 2013, qui est, soit dit en passant, sa seule performance en carrière à Montréal. Son dernier album, To Pimp A Butterfly, ne reçoit que des critiques dithyrambiques. Écoute donc ça ne fait pas exception, son dernier album à reçu une note de 94%! C’est à ne pas manquer!
Viet Cong
C’est au début de l’année 2015 que d’anciens membres du groupe canadien Women ont lancés leur premier album éponyme en temps que Viet Cong. Osheaga, ce n’est pas seulement de grandes têtes d’affiche, c’est aussi la crème de la relève. Viet Cong et leur indie-rock expérimental seront vous ramener aux racines du festival : du rock alternatif à son meilleur.
Florence + The Machine
C’est en 2012 que le public du festival a pu admirer la charmante Florence Welsh pour la première fois sur les planches du festival. Elle avait attiré la plus grande foule du week-end. C’était une performance énergique, généreuse et survoltée. Avec son troisième album qui paraîtra le 2 juin prochain, nous attendons rien de moins qu’une performance enflammée de la chanteuse
St. Vincent
St.Vincent est au sommet de sa forme. 2015 représente la deuxième année de sa tournée promotionnelle de son album éponyme lancé l’an dernier. Son passage au Festival d’Été de Québec l’an dernier avait marqué l’équipe d’Écoute donc ça. Nous sommes don très fébrile de la revoir au Québec! Mettons-nous l’eau à la bouche en nous remémorant son passage à l’Impérial l’été dernier.
Le grain de sel de Jacques : Tout à fait d’accord pour St. Vincent. À l’heure actuelle, elle est dans un état de grâce que peu d’artistes atteignent dans une carrière. Son spectacle est rodé au quart de tour et avouons-le, son petit air de guitar goddess un peu intello est vachement sexy. Je n’ai pas eu la chance de voir Florence + The Machine en 2012. Si je monte à Montréal, je vais avoir la chance de me reprendre. Oh, et ça faisait un petit bout qu’on n’avait pas entendu parler d’Edward Sharpe and the Magnetic Zeros. Je sais qu’il y a eu quelques projets solos, mais on dirait bien qu’Alex Ebert a pris un break bien mérité. Jade Castrinos, elle, n’est toujours pas de retour avec le groupe. Curiosité. Et Stromae. Il a beaucoup de succès chez nos amis anglophones, mais ils vont capoter quand ils vont voir l’accueil que Montréal lui réserve.
Pas besoin de vous dire que je suis heureux pour les Stone (Angus et Julia), les Avett (frères), War on Drugs, Father John Misty, Future Islands, Decemberists, Rural Alberta Advantage et autres, mais ils font presque tous les festivals indie cette année, alors il n’y a pas vraiment de surprise ni de gros coup ici. Mais on va être content pareil.
Les coups de gueule
The Black Keys
Probablement le groupe que l’on souhaitait le moins voir sur la programmation. En même temps, c’était prévisible qu’ils soient sur l’affiche, car ils ont participé à trois éditions d’Osheaga, soit 2008, 2010 et 2012. Pourquoi The Black Keys est un coup de gueule? Parce que le duo est trop souvent de passage au Québec! Sans compter leurs trois passages au parc Jean-Drapeau, il ont fait 3 concerts au Centre Bell (2011, 2012, 2014), deux apparitions au Festival d’Été de Québec (2011, 2013) et un concert à Laval en 2013. Il est grand temps que ça cesse.
MilkyChance
Directement venu d’Allemagne, le buzz Milky Chance à envie l’Amérique en entier avec leur vers d’oreilles Stolen Dance. En réalité, ce ne sont que des chansons plutôt fades et sans intérêt… Leur performance en concert semble statique et l’on se demande vraiment ce que ce groupe pop fait sur une programmation indie-rock. Certes, ils sont très populaires, mais très peu talentueux. Ils auraient eu leurs places aux défunts Virgin Radio Festival.
GeorgeEzra
C’est dans le même optique que Milky Chance que nous insérons le nom de George Ezra dans les coups de gueule. Ayant un hit radio à son actif, le chanteur de Budapest saura attirer une foule directement tiré du 96,9 CKOI. Osheaga prend un virage pop depuis 2012, et nous ne constatons pas ce principe. Par contre, il ne faut pas perdre de vue l’aspect alternatif de l’évènement. George Ezra est beaucoup trop radiophonique pour l’événement, un peu comme Vance Joy l’an dernier.
Robin Schulz
Attendons-nous, l’électro à sa place à Osheaga. Par contre, ce n’est pas tous les artistes électros qui devraient pouvoir être sur l’affiche. Au départ, l’électro du festival était composé d’artistes de style PiknicÉlectronic. Robin Schulz est un de ces artistes EDM de style Beachclub ou New City Gas…. Il aurait été beaucoup plus approprié de le signer pour IleSoniq.
Le grain de sel de Jacques : Les Black Keys. Sept fois en cinq ans à Montréal (et Laval). Deux fois à Québec. Mais à chaque fois, il y a du monde. Good for them, qu’on dit. J’ai des gros doutes sur Patrick Watson, qui aura d’ailleurs un nouvel album à défendre. Peut-être parce que je l’ai vu si souvent dans des conditions parfaites et que ça m’étonnerait qu’il s’exécute à la Scène des arbres devant ses 100 plus grands fans. Mais je ne sais pas quelle scène pourrait lui rendre justice à Osheaga.
Les surprises
Nas
Nas est un des artistes qu’on avait rayé de la liste. Depuis quelques années, ses tournées sautaient Montréal systématiquement. Son dernier passage dans le 514 remonte à 2008. Récemment, il a joué Illmatic en entier, sans même penser à venir à Montréal. Il a fait la tournée des festivals l’an dernier (il a même fait Lollapalooza!) et il n’a pas posé le pied au parc Jean-Drapeau. En 2015, il n’a que trois concerts de programmés, dont un à Montréal! En espérant qu’il jouera son album Illmatic en entier, un classique de sa discographie.
Philip Selway
À défaut d’avoir Radiohead sur l’affiche (noté que l’organisation essaie chaque année de les signer), Philip Selway s’y retrouve! En effet, le célèbre batteur du groupe viendra nous présenter son plus récent opus, Weatherhouse. On se voit déjà, sur la scène des arbres, en fin d’après-midi avec un beau soleil. C’est à faire rêver. Petite déception… aucune pièce de Radiohead ne sera jouée s’il l’on se fie à ses concerts antérieurs.
Tyler The Creator
Le célèbre rappeur du collectif Odd Future revient à Montréal après son passage au Métropolis l’été dernier. Habitué de faire des concerts courts, énergiques et surprenants (souvenons nous l’incident de SXSW 2014), le rappeur fera vibrer l’Île Sainte-Hélène et, du même coup, fera saigner les oreilles des habitants de Saint-Lambert avec ses paroles explicites. Un incontournable de l’édition 2015 pour tous les fans de musique rap.
Patrick Watson
Patrick Watson, que dire de plus. Il y a très peu d’artistes locaux sur les diverses programmations d’Osheaga. Nous sommes donc très heureux de voir un talentueux québécois sur l’affiche 2015. Très peu de concert sont programmés à son agenda (il sera à l’anglicane de Lévis en avril, nous y serons!), Patrick Watson viendra présenter ses succès et quelques nouvelles pièces lors du festival !
Christine & The Queens
Les francophones d’outremer seront bien représentés cette année. En plus de Stromae, Christine & The Queens seront au festival. Son passage à Montréal en lumière cet hiver fut un succès sur toute la ligne. Le Métropolis était plein à craquer et sa scénique était impressionnante. Il est plutôt rare de voir des artistes francophones hors Québec présenter leurs efforts à Osheaga. Cette année est donc très novatrice sur ce plan…et personne ne va s’en plaindre.
Le grain de sel de Jacques :Excellente prise, Christine and the Queens. Excellente prise. Et Iron & Wine + Ben Bridwell? Mon chum Sam, ça serait super!
Et bravo pour les artistes d’ici. Klô Pelgag, Bernhari, Kwenders… entre autres. Ça donne le goût de rester à l’ombre de la scène des arbres toute la fin de semaine.
Les omissions
ATTENTION! Il est important de noter ici que l’équipe d’Écoute donc ça ne connait pas les conditions de négociation du festival Osheaga. Il est fort probable que l’équipe de programmation, dirigée par Nick Farkas, se soit penchée sur plusieurs de ces artistes, mais que les ententes ne se soient pas conclu. Voyez cette section comme étant nos déceptions personnelles, ou encore des espoirs qui ne se sont pas réalisés.
Alabama Shakes
Le groupe est sur beaucoup d’affiche et saute Montréal dans sa présente tournée. Il est dommage de ne pas les voir au festival cette année.
Belle and Sebastien
Encore une fois, nous sommes surpris de ne pas voir le collectif anglais sur l’affiche. Par contre, il ne serait pas étonnant de les voir au Festival de Jazz de Montréal.
Blur
Ils sont de retour! BLUR! Mais pas à Montréal, ce qui nous attriste beaucoup.
Death From Above 1979
Le groupe canadien est au Squamish Festival la semaine d’après, pourquoi ne pas faire un arrêt à Montréal? Ce sera pour une prochaine fois.
Björk
Les têtes d’affiche de 2015 sont vraiment d’un calibre inférieur. Björk aurait vraiment rehausser cette programmation, mais elle est en Europe.
Jacques : En effet. Où est Björk? Pas besoin de me répondre qu’elle est en Europe, je le sais! Quant à Blur… est-ce qu’on nous garde une surprise? Pour le Québec, où sont les Deuxluxes? Y’a tellement de petits bands qui pourraient profiter de l’occasion, comme Motel Raphaël l’an dernier!
Parlant d’omissions, on n’a pas parlé d’Interpol. C’est voulu? 😉
En conclusion, le festival Osheaga frappe très fort pour sa 10e édition, sauf pour ces têtes d’affiches. Elles sont clairement trop faible pour cette édition. Florence + The Machine et Kendrick Lamar sont d’excellents groupes, mais pas en têtes d’affiche. En ce que concerne The Black Keys, il est temps que ça cesse. Il y a de belles prises, comme FKA Twigs, NAS, The War On Drugs. Il y a beaucoup de contenu québécois aussi (comparé aux éditions précédentes). Bernhari, Klo Pelgag, Pierre Kwenders, Milk & Bone, Patrick Watson, The Franklin Electric et plusieurs autres y seront. Nous y serons! Et vous, que pensez-vous de cette 10e édition ?
On va se souhaiter une autre année bien remplie. En tout cas, si on regarde les calendriers de lancement de nos artistes et groupes préférés, si on ajoute les calendriers de tournée de tout ce beau monde-là et si on va voir quelques spectacles et festivals, nous n’aurons pas le temps de nous ennuyer. D’ailleurs, ça commence dès cette semaine avec Dan Mangan.
Pour commencer l’année du bon pied, ecoutedonc.ca vous invite à surveiller les albums de la liste ci-dessous, qui seront tous libérés cet hiver. Pendant que nous y sommes, dites donc, quels albums attendez-vous avec impatience? Faites-nous en part dans les commentaires.
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13 janvier
Dan Mangan + Blacksmith Club Meds (Arts & Crafts)
Un album qui surprend à la première écoute (surtout si on n’a pas écouté les extraits lancés à la fin de l’année dernière) tellement il est différent des propositions précédentes de l’auteur-compositeur-interprète de la Colombie-Britannique. Un album plus rock que folk, plus atmosphérique que dans les dents, qui devrait plaire aux amateurs d’indie pop canadienne.
[youtube http://youtu.be/3dAWPsrraBk&w=360]
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20 janvier
Belle & Sebastian Girls in Peacetime Want to Dance (Matador)
Oh, un nouvel album de mon groupe écossais préféré! Stuart Murdoch et sa bande ne nous avaient pas offert de matériel original depuis Write About Love en 2010. Certains s’attendaient à un gros changement de son de la part du collectif, mais il semble que l’album est plutôt signé sous le signe de la continuité. On a beaucoup hâte ici.
[youtube http://youtu.be/3vS1Hf3CVGs&w=360]
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The Decemberists What a Terrible World, What a Beautiful World (Capitol)
The King is Dead a connu un grand succès commercial, mais les critiques avaient été durs à l’endroit du groupe. Sur ce nouvel album, le groupe américain garde le cap, mais il a aussi pensé aux fans de la première heure.
[youtube http://youtu.be/98XFrVREkm8&w=360]
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27 janvier
Tire le coyote Panorama (La tribu)
Le premier extrait, Ma révolution tranquille, est un blues à la sauce coyote du marchand d’émotions Tire le coyote. L’auteur-compositeur-interprète figure sur de nombreuses listes d’artistes à surveiller cette année au Québec. Ceux qui ont déjà entendu ses magnifiques chansons remplies d’humour et d’amour ne sont pas surpris. On a bien hâte d’entendre.
[youtube http://youtu.be/n8_W02dYkUo&w=360]
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The Lone Bellow Then Came the Morning (Descendant)
Le trio de Brooklyn a fait tourner quelques têtes avec son excellent premier album. Celui-ci promet la même intensité de la part de Zach Williams et de ses acolytes, mais dans une enveloppe un peu plus middle of the road. Les premiers extraits étaient solides, on a hâte d’entendre la suite.
[youtube http://youtu.be/rq4maPzyeCM&w=360]
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3 février
Jean Leloup À Paradis City (Grosse boîte)
Mais que nous manigance Leloup? Willie, le premier extrait de ce nouvel album, ne donne pas beaucoup d’indices. C’est le genre de chanson qu’on commence en se disant bof et qu’on termine dans l’enthousiasme. Si la suite est comme ça, on a du bon stock pour le prochain voyage.
[youtube http://youtu.be/DBWRQAIRQQo&w=360]
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10 février
Father John Misty I Love You, Honeybear (Sub Pop)
Que ce soit avec Fleet Foxes ou en solo, alors qu’il pratique un genre qui s’y adonne bien, il est étonnant de constater que Father John Misty n’a jamais écrit à proprement parler de chanson d’amour. Avec le grand cynisme qu’on lui connaît, se dit-on… Eh ben voilà, un album d’amour au grand complet! Concept. Autour d’une histoire inventée.
[youtube http://youtu.be/A6NuYJ0RzRg&w=360]
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17 février
Marie-Pierre Arthur Si l’aurore (Simone Records)
Oh qu’on a hâte de l’entendre, celui-là. Si Aux alentours ne nous a pas trahis, cette jeune femme devrait proposer une bombe comme troisième album. Ce qu’on en a entendu jusqu’à maintenant est prometteur. François Lafontaine est aux commandes derrière la console. Va y avoir du clavier. Le premier simple semble avoir été fortement influencé par Fleetwood Mac. En sera-t-il ainsi pour la suite?
Olivier Langevin a vendu son âme pour le rock. Zulu, nouvel album de son band Galaxie, devrait déchausser. En tout cas, ça promet.
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3 mars
Julie Blanche Julie Blanche (Coyote Records)
De grandes attentes pour cette jeune auteure-compositrice-interprète finaliste aux Francouvertes et qu’on a vue auprès d’Antoine Corriveau, qui a d’ailleurs participé activement à l’album. Si vous aimez l’univers de ce dernier, vous devriez être là l’aise dans l’univers de Julie Blanche.
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10 mars
Ariane Moffatt 22 h 22 (Simone Records)
On sait peu de choses sur 22 h 22, à part le fait qu’il y aura un choeur magique et que certaines pièces auront beaucoup de groove. Mais bon, c’est Ariane. Souhaitons juste qu’elle chante en français.
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17 mars
Milk & Bone
(Bonsound)
La paire a beaucoup fait parler d’elle avec uniquement deux extraits. Faut dire que ces deux chansons d’électropop minimaliste avaient de quoi faire jaser. Vous devriez souvent voir les noms de Laurence Lafond-Beaulne et Camille Poliquin cette année.
[youtube http://youtu.be/BPb3j7Dkn5o&w=360]
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24 mars
Laura Marling Short Movie (Ribbon Music)
« It’s a short fuckin’ movie, man! » La jeune auteure-compositrice-interprète britannique lancera son cinquième album juste à temps pour les premiers jours du printemps. Ses quatre premiers disques étaient excellents. On ne peut que souhaiter une suite à cette série de succès.
[youtube http://youtu.be/DdCdT_dcmUI&w=360]
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Louis-Jean Cormier à déterminer
Le successeur du 13e étage devrait être lancé à la fin du mois de mars. On a eu la chance d’en entendre quelques extraits choisis lors de la série de concerts à l’OSQ et les fans devraient être servis, une fois de plus.
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Bien sûr, il ne s’agit que d’un avant-goût, des centaines d’albums seront lancés d’ici le 31 mars. C’est pour ça que nous aimerions que vous nous disiez quels albums VOUS attendez cet hiver. Allez-y, les commentaires sont juste en-dessous!
(Photos : ecoutedonc.ca, sauf celle de Father John Misty – Crédit : Sébastien Dion, Festival d’été de Québec)
Comme ça, Queens of the Stone Age, c’était bon? Meilleur show du festival jusqu’à maintenant? Et j’ai manqué ça? Baaaaah, je n’ai pas manqué ce que je voulais absolument voir, c’est tout ce qui compte.
La fatigue commence à s’installer. Le vilain rhume qui m’a magané cette semaine a eu pour effet de saper mes énergies, que je conservais savamment pour être capable de couvrir le festival du début à la fin… surtout que les soirées finissent tard quand on a un coyote dans les parages.
Remarque : j’étais avec un ami (un vrai, qui existe en chair et en os – ça fait changement de Siri), alors je n’ai pas pros beaucoup de notes. Pardonnez-m’en à l’avance!
Dead Obies, scène Loto-Québec
Oh, ce que j’avais hâte de faire le voyage à Montréal $ud avec ce groupe de post-rap qui bouscule tout sur son passage depuis la parution de son album! C’est la basse dans le tapis que la bande a ouvert sa prestation, entonnant une Trafic déchaînée qui a fait un grand plaisir aux fans, mais qui a mis mon stabilisateur d’image à rude épreuve.
Les membres du collectif, qui ont le groove solide et le verbe rapide, sont vraiment à l’aise sur scène et balancent leurs chansons avec un enthousiasme contagieux, faisant les cent pas en couvrant la totalité de la scène. Il est juste dommage que la foule, visiblement là pour Cypress Hill, ait été si peu attentive, quoique la pièce Montréal $ud, qui est à mon avis la plus solide de leur répertoire, a réussi à attirer leur attention.
De la grande qualité.
Manu militari, scène Loto-Québec
Le rappeur de Québec avait de nombreux fans sur les lieux! Perso, je ne le connaissais pas, mais son rap engagé et un brin enragé vaut le détour. Manu s’est promené dans son répertoire, offrant des pièces des ses vieux albums en plus de tester de nouvelles compositions.
Mon ami, qui n’a absolument rien compris au franglais de Dead Obies, était bien content de pouvoir savourer les paroles du jeune homme.
Découverte intéressante. On va écouter les albums.
Bon, ça sentait trop la marijuana sur le site du Pigeonnier. Comme vous le savez, je n’ai absolument rien contre, bien au contraire, mais là, j’étais en fonction et ça ne pouvait qu’empirer avec Cypress Hill. Qu’est-ce qu’on fait quand on veut prendre un bon break de fumée secondaire de pot? On va voir du reggae!
Tiken Jah Fakoly, scène Hydro-Québec
Déjà une légende du reggae alors qu’il est âgé d’à peine 45 ans, on pouvait s’attendre à ce que la place d’Youville soit bondée, et c’était le cas. Dès l’entrée en scène du chanteur, accompagné d’un nombre assez impressionnant de musiciens et de choristes, les festivaliers massés un peu partout (à l’avant, à l’arrière, sur les côtés et sur St-Jean) se sont mis à chanter et à danser.
Mélangeant la revendication et la danse, Fakoly ne s’est pas gêné pour demander à la foule présente de chanter avec lui pour l’Afrique, ce que la foule a fait sans hésitation. Belle communion entre l’artiste, plus grand que nature, et son public.
Malheureusement, nous n’avons pas vu la prestation complète car nous nous sommes dépêchés d’aller à l’Impérial dès que nous avons appris qu’il y avait de la place pour voir le folkster fantaisiste Father John Misty. Pour une fois que les astres étaient alignés et que j’avais une chance de voir Tillman en personne…
Father John Misty, Impérial de Québec
Quand nous sommes arrivés, Josh Tillman jouait déjà depuis une bonne demi-heure et avait déjà charmé les nombreuses personnes présentes pour l’écouter. On n’entendait d’ailleurs que lui et sa guitare. L’écoute était religieuse, on n’arrêtait d’écouter que pour rire un petit instant.
Father John Misty a interprété de nombreuses pièces de son album Fear Fun, dont la toujours jolie Funtimes in Babylon. Il a profité du contexte très intimiste (seul à la guitare) pour interpréter de nouvelles chansons, qui devraient figurer sur son prochain album.
Mon ami était content. Lui qui m’avait proposé d’aller voir du hip-hop constatait qu’il préférait cet espèce de version génétiquement modifiée de Cat Stevens (en plus drôle).
Moi aussi, j’étais content. Après plusieurs rendez-vous ratés, j’avais enfin la chance d’entendre ce troubadour des temps modernes. Je ne sais pas si ça valait la peine de manquer Queens of the Stone Age pour le voir, mais personnellement, je ne regrette pas. Un homme si fin, si drôle, tout en demeurant si simple, dans un contexte si intimiste, je suis comblé. Et je n’ai même pas vu tout le spectacle. Imaginez!
Tire le coyote, Le petit Impérial
Pour sa première prestation d’une série de trois, Benoit Pinette a invité l’auteur-compositeur-interprète Éric Goulet (solo, Les chiens, Possession simple) à venir chanter avec lui dans une formule americana acoustique. Trois guitares, une lap-steel/une pedal-steel/un banjo, une contrebasse et une batterie. C’était magique.
Tire le coyote n’a pas perdu de temps : c’est avec Jésus qu’il a commencé sa prestation. Vous essaierez, vous, de prendre des photos, la larme à l’oeil, tout en récitant « parfois l’amour est comme un dépotoir, une montagne de merde qui pue en ciboire », vous autres! Ne voulant pas être en reste, Goulet suit immédiatement avec Comme un cave, pièce d’une autre époque où il était un moins gentil garçon.
Les deux auteurs-compositeurs-interprètes se sont ainsi échangé les pièces de leurs répertoires respectifs, toujours dans le plaisir et dans la bonne humeur, Pinette offrant une version un peu bluegrass de Confetti, Goulet calmant un peu Le trou de ma guitare. Évidemment, Tire le coyote a repris une toune de Neil Young tandis qu’Éric Goulet s’est amusé avec du Bob Dylan.
Fin de soirée magnifique pour une soirée particulièrement chaude.
Le coyote est de retour au même endroit ce soir et demain, avec d’autres invités spéciaux. On va très probablement retourner y faire un tour!