Le spectacle de Senaya que j’ai couvert, le mercredi 20 juillet dernier, était la première d’une série de trois intitulés Les Étoiles Nuits d’Afrique avec Senaya. Le concept : inviter deux autres artistes que la chanteuse apprécie selon une thématique précise. Dans ce cas-ci, les artistes invités étaient Drê-D et Élété pour la soirée « Groove urbain ». Un spectacle bien sympathique et semblant avoir convaincu les oiseaux de nuit présents au Club Balattou (le spectacle ayant débuté à 23h30).
L’auteure-compositrice-interprète et ses amis étaient entourés de trois musiciens aux énergies différentes et complémentaires, soit la bassiste plutôt relax Guy Langué, l’énergique guitariste Assane Seck et le trèèèèèès énergique batteur Donald Dogbo. Ce dernier était tellement énergique qu’on a dû reculer au moins trois fois le tapis sous son instrument ! Il a sans doute compris littéralement l’expression « mettre la musique sur le tapis… » Cela lui a valu les taquineries complices et amicales de Senaya, qui trouvait qu’il y avait beaucoup de testostérone sur scène ! Malgré tout, les musiciens savaient très bien quand prendre leur place au bon moment. Personne n’a volé la vedette aux dépens d’un autre. Tout s’est fait plutôt dans la collégialité et le plaisir du travail en groupe.
Senaya est une artiste et musicienne à part entière qui sait écrire efficacement des chansons qui parlent de spiritualité, d’espoir et de fraternité sans tomber dans le fanatisme ou la guimauve puant le sucre industriel. En raison de son enthousiasme et de sa générosité, elle parvient à insuffler son univers, toutefois ponctué de quelques reprises (I Feel Good de James Brown ou encore un medley de Bob Marley). Ainsi, il a été possible d’entendre ses succès issus de son album Garder la tête haut : soit la pièce-titre, Soul Créole (chantée avec Élété) ou encore On s’en fout. Qu’elle soit entourée ou seule avec sa guitare, Senaya offre ses chansons avec conviction.
Quant aux artistes invités, ils semblent avoir réussi à obtenir l’adhésion du public. Toutefois, cela n’a pas semblé au début évident pour Élété, dont les appels à bouger et à chanter avec le public n’ont pas semblé concluants. Toutefois, les spectateurs ont apprécié l’artiste, puisque lorsque Senaya le réinvite sur scène pour un duo, la foule applaudit chaleureusement. À l’usure, la nonchalance énergique et le sourire ravageur de Élété ont fini par convaincre. Son univers musical sur scène évoquait Alpha Blondy ou Tiken Jah Fakoly. De plus, il a un agréable timbre de voix.
Quant à Drê-D et sa voix riche faisant parfois penser au chanteur Seal, il a su montrer qu’il était une bête de scène. Les deux pièces présentées et s’étant succédé en fondue enchaînée, soit Jah et No Man, ont un rythme beaucoup plus dynamique sur scène. La deuxième chanson étant même chantée comme un rap tellement il y avait une accélération dans le débit ! Les gens chantaient même avec lui les No Man du refrain !
Au fur et à mesure du spectacle, Senaya et ses artistes, musiciens et choristes invités ont fini par séduire de plus en plus la foule qui hésitait de moins en moins à applaudir chaleureusement et qui ne voulait pas que ça se termine, malgré la nuit qui avançait. Les différents univers (gospel, funk, reggae, soul, folk) présentés pour n’en former qu’un seul m’ont permis de faire oublier que j’avais une heure et demie de route à faire à la fin du show, soit à 1h30 de la nuit.
Crédits photos : Peter et Élaine Graham, André Rival