Une ambiance festive règne toujours à la shop du Trou du Diable – Wabasso, alors que les habitués se réunissent pour venir profiter de spectacles de qualité et de bonnes bières brassées sur place. En ce début de saison automnale, nous avions droit à une programmation très colorée pour la soirée.
C’est l’Ontarien Friendly Rich, déjà venu à Shawinigan l’an dernier, qui a ouvert le bal en cassant son français, mais en y allant de compliments pour charmer le public. « Que vous êtes beaux », disait-il, et voilà, j’étais conquise. Il a récemment lancé son 11e album studio en carrière, The Great Blue Heron, qu’il trimbale en petite tournée pour 6 dates au Québec et en Ontario. Dans une entrevue accordée au Huffington Post, il disait qu’en spectacle, sa grande force est au niveau du lien avec l’audience, ce que j’ai pu remarquer durant sa prestation. Toujours prêt à faire une petite blague pour présenter ses chansons, faisant participer le public de manière humoristique (ex.: le faire claquer des doigts entre les différentes chansons, le faire répéter des bouts de chansons impossibles, le faire siffler, etc.) il s’amusait tout autant que les gens présents à la shop.
Il veut également partager le meilleur de sa musique et encore une fois, mission accomplie! Ne connaissant aucunement ce qu’il faisait, j’ai été captivée par les mélodies folkloriques, aux sonorités de bluegrass par moment, et même de country. Que ce soit par le biais du talent de Steve Ward au trombone, le son impressionnant de la guitare de Phil Miles et le rythme endiablé de Joe Sorbara aux tambours. Friendly Rich s’est entouré de musiciens brillants. Les 4 parties de Terry Fox Suite ont été particulièrement intéressantes. Je pouvais imaginer l’athlète pendant son marathon de l’espoir être accompagné de cette trame musicale. Une belle surprise de découvrir cet artiste qui accumule les projets intéressants (il a notamment fait la musique du Tom Green Show) et qui ne cesse de surprendre.
S’ensuit alors les majestueux Jardin Mécanique, que j’ai vu il y moins d’un an au regretté Cabaret Satyre. À ce moment-là, je les découvrais avec un plaisir incommensurable, lors de la journée de l’Halloween. C’était le moment opportun pour un tel spectacle! Cette fois, je savais que j’appréciais déjà l’univers qu’ils proposent: un opéra rock d’horreur qui valse autour des thèmes de la révolution, de l’apocalypse et du pouvoir. Les trois personnages, Augustache, Camélius et Edwidge, sont tous affublés de costumes et de personnalités caricaturales que l’on comprend rapidement. De plus, leur talent fait tôt de captiver l’audience et de la faire sauter à pieds joints dans le sombre monde du sinistre Théâtre Tintamarre.
À nouveau, ils m’ont impressionnée de par leur justesse incroyable, l’efficacité des différentes interventions théâtrales entre les chansons et l’évolution de l’opéra. J’ai également confirmé ma passion pour la rythmique des tambours de Philippe Coulombe et du côté dramatique intense qu’elle apporte aux chansons. Chacun des membres du trio macabre utilise autant ses forces vocales qu’instrumentales. Francis Gagnon, Philippe Coulombe et Sylvain de Carufel sont magistraux dans leur interprétation du déviant Augustache, du narcissique Edwidge et du tourmenté Camélius. Je le répète, mais un spectacle de Jardin Mécanique dans une ambiance automnale, lorsque ça refroidit tranquillement à l’extérieur, c’est immanquablement parfait. Seule petite déception: j’ai vu deux fois le même épisode, mais j’aurais adoré découvrir quelque chose de nouveau, ou alors voir le premier épisode!
Crédit photo : Adrien Le Toux