J’allais commencer cette critique en vous parlant de la machine Québecor qui a été mise à contribution pour la promotion du nouvel album d’Alex Nevsky. Puis, pendant que j’écoutais l’album, je me suis dit que Nevsky méritait beaucoup, beaucoup, beaucoup mieux que de se faire traiter de saveur du mois.
Himalaya mon amour is that good, qu’on dirait chez nos voisins. Si vous êtes de nature aventurière, arrêtez de lire maintenant et garrochez-vous chez votre disquaire pour acheter l’album. Aucun regret possible. Si vous avez besoin d’être convaincu, poursuivez…
Tout à fait de son temps, référentiel à souhait, le deuxième opus d’Alex Nevsky chante l’amour de façon magistrale, avec des refrains remplis de ooooh et de aaaah, tout en gardant un savant équilibre parmi les ingrédients. On y reconnaît les clins d’oeil à Edward Sharpe & The Magnetic Zeros, Arcade Fire, Patrick Watson, Karkwa, Perreau, Dumas et tous les autres, mais ceux-ci inspirent l’artiste au lieu de le pousser vers le plagiat.
Himalaya mon amour, la pièce-titre au piano prédominant, constitue une entrée en matière langoureuse qui prépare l’auditeur à sa suite, Mieux vaut vivre pauvre, avec ses oooh et ses aaah obligatoires sur la scène indie pop en 2013. Les coloriés suit. Il s’agit d’une superbe chanson qui donne envie de danser, de taper dans les mains et de faire tournoyer sa partenaire. Cette chanson-là va tourner encore plus à la radio qu’On leur a fait croire, premier simple et premier clip de l’album, qui suit et qui est aussi magistrale. Nevsky est ludique, joue avec les mots et les sentiments, et il nous fait croire à l’amour. De son côté, La bête lumineuse, également uptempo, ajoute une touche de synthés, qu’on n’avait presque pas entendus depuis le début de l’album. La finale, d’une intensité incroyable, donne la chair de poule.
Puis J’aurai des mains arrive. Le rythme de l’album ralentit et la mélancolie débarque. On pourrait croire que ce ralentissement de tempo, qui dure pas mal toute la deuxième partie de l’album, va nous ennuyer, mais c’est plutôt le contraire. Alors qu’on avait tendance à s’attarder au rythme et aux mélodies des cinq premières chansons, on s’intéresse tout à coup aux très belles paroles de Nevsky, qui fait mouche avec une chanson triste, mais pleine d’espoir. « L’homme est le plus beau des monuments quand il se tient debout ». Savoureux. Si tu restes est une chanson douce piano-voix qu’on écoute attentivement pour découvrir qu’il rend hommage à sa grand-mère.
Tuer le désir est une de ces bombes qui commencent en douceur pour gagner en intensité au fil des secondes. Les choeurs donnent des frissons incroyables. On appelle ça des émotions, les amis. Pour Katharina et Je te quitterais, Nevsky troque son piano pour une guitare et se prête à un exercice de sobriété qui mettent une fois de plus sa plume en valeur. Disons que Nevsky semble avoir des ex pas très gentilles.
Loin, à laquelle participent les voix d’anges des soeurs Boulay, est une belle chanson triste. Koh Tao, la seule pièce dans la langue de Cohen, ferme l’album en douceur en ne nous donnant qu’une seule envie : recommencer l’écoute de ce disque.
Himalaya mon amour est d’une grande profondeur et méritera de nombreuses écoutes. Tassez-vous en haut, Nevsky est bien déterminé à prendre sa place parmi les meilleurs auteurs-compositeurs-interprètes du Québec. Ce deuxième album est un argument assez convaincant.
Le buzz est tout à fait justifié.
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Ma note :