Radio Radio : ce groupe qui perd un membre par album (environ). Pas cette fois-ci : Jacques « Jacobus » Doucet s’éloigne du projet, mais sans s’en séparer. Une réunion avec Maleco et Alexandre Bilodeau (aka Arthur Comeau) aux Francos et hop! Jacobus est de retour, mais pas tout à fait. Le retour de Jacques Jacobus se veut une synthèse de l’artiste, une démonstration de la dualité qui l’habite entre le Jacques Alphonse Doucet actuel et le Jacobus de son passé.
C’est un peu le problème global de cet album : ce mélange, ce désir de vouloir montrer deux facettes. Ce désir fait en sorte que l’appréciation de l’album dépend beaucoup de l’auditeur : veut-il retrouver le bon vieux Radio Radio, ou peut-il découvrir le passé et être plongé dans l’univers de Jacobus? J’ose croire que c’est ce que voulait créer Jacques Jacobus dans son premier opus.
Je vais avouer que, d’emblée, Arthur Comeau me manquait. Il est responsable en grande partie du charme des premiers albums de Radio Radio. Un son que l’on entendait nulle part ailleurs dans la francophonie (et au-delà). Avec À la longue, on installe les bases du projet et on clarifie les thèmes, le ton. Tel qu’indiqué plus haut, l’appréciation des premiers titres de l’albums dépend beaucoup de ce que l’on veut rechercher du projet. De mon point de vue personnel, le désir de plaire à tout prix et de ne pas brusquer les auditeurs domine et altère la qualité des pistes. Malgré que Ma vie s’t’un movie est une recette efficace, on ne change pas la donne (s/o à Luc Langevin sur Magie contemporaine, tho).
Par contre, Robot mécanique est un point tournant pour moi : l’auditeur s’est rendu là et maintenant, il devra accepter ce qui s’en vient. Un beat plus qu’intéressant de Bilodeau. Un titre qui semble écrit autour dudit beat, où Jacobus le ride à la perfection. Les pistes suivantes suscitent un intérêt avec des thématiques plus définies, comme So Lovely, qui explore l’ouverture d’esprit, l’acceptation des différences. Le concept de la dualité est exploité à son maximum sur Dr. Jacobus & Mr. Doucet, où chaque couplet est une confrontation entre les deux personnalités de Jacques Alphonse Doucet, une sorte de confrontation entre l’ignorance et la conscience : deux concepts très opposés dans la communauté hip-hop et qui semblent s’opposer aussi chez lui.
Comme je l’ai mentionné plus haut, c’est un album qui s’apprécie selon vos attentes. Si vous vouliez une extension du projet Radio Radio, vous serez comblés par les diverses sonorités qu’Arthur Comeau vous aura concoctées puisqu’elles ne vous dépaysent pas trop, avec des beats très créatif, dansant. Une version accessible de ses projets solo et de ce qu’offre son label TIDE School. Jacques Jacobus semble, à travers ses textes, être conscient de cet intéressant clash, de ce conflit de personnalité, et fait un effort afin de définir sa propre identité. Ce n’est pas parfait mais c’est honnête, et le tout rend légitime Jacques Jacobus comme artiste solo et surtout, pour moi, comme un rappeur de qualité.
Récemment le hip-hop a su capter l’attention sur la scène musicale québécoise. Plusieurs des artistes les plus en vue se réunissent d’ailleurs dans une superbe tournée qui se déplace dans plus d’une dizaine d’endroits à travers la belle province du 12 novembre 2016 au 4 février 2017 !
Effectivement, l’Osstidtour était de passage à Trois-Rivières le 24 Novembre dernier. Disques 7ième Ciel nous a concocté une belle brochette d’artistes et l’Université du Québec à Trois-Rivières accueillait à bras ouverts Brown, Koriass et Alaclair Ensemble. Je tiens à souligner et remercier la belle organisation de l’équipe de CFOU qui a permis cet arrêt de l’Osstidtour à l’UQTR. Nous avions même la chance de goûter à la délicieuse bière de la microbrasserie le Trou du Diable servie sur place… WOW !
La soirée débute avec un chaleureux accueil pour la formation Montréalaise Brown. Ils ont su bien réchauffer l’atmosphère du fameux 1012 du Pavillon Nérée-Beauchemin. Sur scène, les deux frères, Snail Kid (Dead Obies) et Jam (K6A) sont accompagnés de leur père Robin Kerr (Uprising) pour la performance. Le paternel emboîte le pas à la guitare acoustique puis fait vibrer le 1012 de sa voix chaleureuse. Le groupe se démarque actuellement sur la scène québécoise par leur touche personnelle et très fraternelle. Brown nous offre une douzaine de morceaux mélangeant le roots-reggae, le dancehall, le rap old school et celui de la nouvelle garde. Cette mixité réconcilie les extrêmes, célébrant les notions d’hybridité de la langue pour nous faire danser !
Le spectacle se poursuit avec l’énergie foudroyante de Koriass. « Êtes-vous prêts à TOUTE virer sul top ma gang de Trifluviens ? » nous demande le chanteur. Comme de fait, Trois-Rivières était prêt ! Koriass a un style un peu plus sauvage et brut ce qui est tout aussi agréable à vivre en spectacle. Sur scène, il est accompagné de ses musiciens et j’avoue que le batteur est assez impressionnant. On peut dire que Koriass est considéré comme l’une des stars montantes du hip-hop et un brillant rappeur québécois. Lors du Gala de l’industrie ainsi que du Premier Gala de l’ADISQ qui ont eu lieu le 27 octobre dernier, Koriass est fièrement reparti avec deux statuettes pour son plus récent album Love Suprême paru plus tôt en 2016. Toutes nos félicitations pour ces acquisitions, soit « Pochette de l’année » et « Album hip-hop de l’année » ! Spécifions qu’il s’agit du 5e album de Koriass depuis 2008. Vous pouvez vous procurer tous les albums via le site internet : http://www.koriass.com/
La cerise sur le sundae (ouais ouais); ce fût Alaclair Ensemble ! Originaire de Montréal et de Québec, le groupe est un collectif de hip-hop composé d’anciens membres d’Accrophone (Eman et Claude Bégin), Ogden (a.k.a. Robert Nelson), Maybe Watson, KenLo, Mash et Vlooper. La formation a fait paraître à ce jour quatre albums officiels en plus de quelques mixtapes. La foule du 1012 était ravie de les voir prendre place sur scène et scandait haut et fort les paroles ! L’ambiance était à la fête. Je vous conseille de prendre le temps d’aller voir leur tout nouveau clip (que je trouve extra soit dit en passant) ! Voici un extrait de Ça que c’tait tirée de leur quatrième album Les Frères cueilleurs, paru en septembre dernier.
C’est en effet l’album le plus rap d’Alaclair jusqu’à maintenant. Fait cocasse, Ogden s’identifie souvent comme étant Robert Nelson, président de la République libre du Bas-Canada. Ils sont bien connus pour leurs paroles plutôt satiriques, même absurdes. Également, ils mêlent l’anglais et le français, qui prédomine tout de même dans l’ensemble de leur musique. Chose intéressante; ils mettent de l’avant leur musique afin de la rendre la plus accessible possible, disponible gratuitement sur « les Internets », mais en nous proposant d’offrir une contribution volontaire. Des gars novateurs et brillants !
C’était une soirée epic et haute en couleurs qui représentait bien la scène hip-hop québécoise ! À ne pas manquer si vous êtes amateurs de rap également. L’Osstidtour n’a pas dit son dernier mot et voici les prochains arrêts de cette belle brochette d’artistes :
16 décembre // Val-d’Or // Billets
17 décembre // Rouyn-Noranda // Billets
14 janvier 2017 // Saguenay // Billets
25 janvier 2017 // St-Hyacinthe // Billets
27 janvier 2017 // Québec // Billets
28 janvier 2017 // Montréal // Billets
3 février 2017 // Victoriaville // Billets
4 février 2017// Montréal (supplémentaire) // Billets
C’est le lancement du nouvel album du vétéran de la scène électronique de Québec Millimetrik qui m’a donné l’occasion de me rendre au Maëlstrom pour la première fois, alors que le café/bar est ouvert depuis quelques mois dans le local de l’ancien Babylone. Manifestement pas tout à fait adapté pour les concerts, mais élégamment décoré et plutôt chaleureux malgré un style sobre, l’endroit est parsemé de tables, et elles étaient toutes occupées pour le set. Certains terminent un repas alors que l’artiste prend la parole pour se présenter et procéder aux habituels remerciements. On lui cède le silence avec courtoisie et il annonce que le set qui allait commencer incessamment comporterait exclusivement des pièces tirées de son plus récent album, Fog Dreams. L’album qui succède à Lonely Lights, lauréat électronique au GAMIQ, a été dévoilé au public il y a près de deux mois mais le lancement était l’occasion d’un contact privilégié avec le nouveau matériel.
Le setlist avait de toute façon été annoncé la veille et la prestation offerte s’est grosso modo déroulée comme annoncée, pour le plus grands plaisir des gens qui étaient là pour l’écouter. Les pièces sélectionnées étant les plus rythmées en général, elles se transformaient lorsque présentées devant public en « bangers », qui incitaient à hocher de la tête allègrement. Le style de Millimetrik, qui a généralement incorporé des sonorités électro-ambiantes et hip-hop-instru, on le trouve encore plus raffiné sur ces plus récentes compositions, qui adoptent des rythmes variés. La batterie a toujours fait partie du son et des performances de l’artiste, qui bat également les peaux au sein du quatuor stoner rock de Québec Les Indiens, mais il n’avait pas trimballé ses tambours pour l’occasion. Le style plus électro presque house qui s’incorpore parfois aux pièces du nouvel album justifiait la performance qui était donc somme toute plus standard pour un artiste électronique.
Les pièces du nouvel album sont parfois le fruit de collaborations avec des artistes d’ici et c’est une de ces collaborations qui a quasiment ouvert le set, la première partie de «Peninsula Mist», qui a été présentée juste après la seconde et qui mise sur la voix et les rimes de King Abid, son partenaire d’étiquette de disques chez la boîte de Québec Coyote Records, à qui on doit aussi les albums de Karim Ouellet, Claude Bégin et, tout récemment, D-Track et Rednext Level, entre autres. Millimetrik a toujours eu un côté hip hop, plus ou moins central selon les albums, et celui-ci y a encore recours comme sur cette excellente pièce. Avec le titre plus électro qui a terminé la performance en beauté, «Port Ellen Bass», où l’on peut entendre la voix éthérée de Maude Audet, il s’agissait à mon sens des deux moments les plus forts du set, ce qui n’est pas étranger au fait que ce sont aussi mes deux titres préférés sur le nouvel album.
Des applaudissements nourris sont venus conclure la performance et l’artiste a invité les convives à déguster un drink que le Maëlstrom avait eu l’amabilité de préparer en l’honneur du nouvel album, qui partageait son nom. Ce fût aussi l’occasion pour quelques uns d’entre nous de se procurer la magnifique galette sur vinyle. On avait quatre bonnes raisons de les imiter: l’album est excellent, probablement le meilleur de l’artiste ; nous n’avons pu entendre que la moitié de l’album en question ; les pièces interprétées lors du lancement gagnent à être écoutées avec des écouteurs ; le disque comme tel est magnifiquement orné de teintes de bleu qui lui donnent une belle surface marbrée.
Le hip-hop underground était à l’honneur vendredi soir dernier à l’Industrie, à Trois-Rivières, alors que le rappeur vancouvérois Madchild était de passage dans le cadre de sa tournée Night Time Kill. Plusieurs autres MCs étaient présents pour remplir cette soirée.
La soirée à début par la performance du duo sherbrookois Northern Cannibals. On a ensuite pu voir se succéder Status (New York), MC Therapist (Philadelphie), Pimpton (Regina), Swagg Jones (Colombie-Britanique) de même que d’autres rappeurs canadiens qui n’étaient pas annoncés, dont les noms m’échappent. Armés de leurs instrus à saveur eastcoast underground leur mission était de donner de l’énergie à cette foule. Certains remplissaient mieux ce rôle que d’autres. Il a fallu attendre longtemps avant de pouvoir voir se produire le principal intéressé.
Quand Madchild s’est finalement présenté sur scène, dans les alentours de 1h45 du matin, plusieurs personnes avaient déjà quitté, probablement d’impatience. Dès les premiers instants de sa pièce d’ouverture, Prefontaine, les gens présents se sont rués vers la scène de l’Industrie pour celui qu’elle attendait depuis très longtemps déjà. Après cet échauffement, le moshpit s’est mis en branle. Accompagné sur scène, entre autres, par son ami Yough Kazh, Madchild a aussi interprété la pièce, très hardcore, Warrior de son groupe Swollen Members.
Alors que le volume fut amené à un autre niveau pour sa prestation, la scène semblait accessoire pour le membre des Swollen Members alors qu’il s’est permis de rapper en plein cœur de la foule au grand plaisir de celle-ci. Cela a semblé étourdir la sécurité alors que les bousculades continuaient autour de Madchild. Ce dernier, visiblement ivre, bouteille de Baileys à la main à son arrivée, répéta à mainte reprise que la province qu’il préférait le plus était le Québec et qu’il adorait venir dans la belle province. Il y avait d’ailleurs de longs dialogues entre lui et la foule entre chacun de ses blocs musicaux.
Plus le spectacle avançait, plus on sentait la foule devenir agressive et plus la tension semblait monter dans la salle. On voyait sans cesse des gens tombés par terre et être renversés. En fin de compte, ce qui semblait devoir arriver s’est produit… Une bagarre presque générale s’est mise à éclater dans le public où plusieurs coups étaient lancés tandis que le spectacle suivait son cours normal. Il faut condamner une telle violence qui n’a pas sa place dans un concert de musique. Il a moyen d’être intense dans le respect comme on le voit dans les spectacles de métal. Une fois les multiples trouble-fêtes expulsés, Madchild a demandé aux spectateurs s’ils préféraient se battre ou si l’on continuait le spectacle. Finalement, la soirée s’est poursuivie et s’est terminée sur une note plus calme et les fans étaient ravis.
Ce vendredi 12 février à 20h, ne manquez pas le passage à Trois-Rivières du rapper, plutôt hardcore, Madchild. Ce dernier est présentement plein dans sa tournée Night Time Kill avec Pimpton et Yough Kazh. Ceux-ci sont passés par plusieurs villes au Québec et au Canada.
L’Industrie pub moderne de Trois-Rivières s’avère à être l’avant-dernier arrêt au Québec pour Madchild! C’est votre chance Mauricie! Ce n’est pas tous les jours qu’un rapper anglophone de cette ampleur s’arrête dans notre cour.
Madchild avait commencé le rap à San Francisco avant de retourner s’établir à Vancouver et fondé son groupe bien connu, les Swollen Membres et l’étiquette Battleaxe Records au milieu des années 90. Son plus récent album, Silver Tongue Devil, est paru en 2015.
Jeudi le 3 décembre dernier, Les Soirées Cachées CFOU ont fait vivre un moment unique aux spectateurs. Après avoir parlé avec plusieurs d’entre eux et après avoir espionné plusieurs conversations, j’ai vite constaté que la majorité des gens présents ne connaissaient pas le groupe qui se produisait devant eux, ce qui n’est pas une mauvaise chose puisque c’est le but premier de ce genre de soirée, c’est-à-dire, de faire découvrir des nouveaux artistes. Certains sont venus par curiosité, après avoir écouté deux ou trois chansons sur le web. D’autres étaient présents au test de sons par hasard et ont décidé de rester parce qu’ils avaient adoré les bribes de chansons qu’ils avaient entendues. Quand les gens applaudissent après chaque morceau de chanson lors du test de son, c’est signe que la soirée sera bonne.
En effet, la salle était remplie pour le dernier spectacle de la série Les Soirées Cachées CFOU. Après seulement 10 minutes de spectacle, on ne voyait que des têtes qui sautaient dans la salle et les gars sur scène transmettaient leur plaisir fou à jouer ensemble.
Ce qui est remarquable avec ce jeune groupe, composé de 9 membres, c’est qu’ils font tout ensemble.
« On écrit tous les chansons ensemble. Il y a beaucoup d’influence et on met tout ça ensemble », me disait Éric lors de mon entrevue avec lui.
À chaque spectacle, ils invitent les gens à danser et on embarque rapidement dans l’ambiance de fête. On remarque tout de suite la chimie entre eux, qui est là depuis la première fois qu’ils ont jouée ensemble, lors d’un party à la première semaine d’école à l’Université de McGill.
Ce groupe, qu’on tente de définir le style par Electro soul/ hip-hop, faisait son dernier spectacle de la tournée avec nous à Trois-Rivières, avant de rentrer pour les fêtes et préparer leur premier album complet. Avec un record de vente de CD depuis le début des Soirées Cachées CFOU il y a cinq ans, on espère les revoir en Mauricie après la sortie de l’album. Vraiment, c’est un spectacle qui est resté gravé dans ma tête et c’était la meilleure façon de clore l’année 2015 avec Busty and the bass.
Vous pouvez écouter l’entrevue complète que j’ai réalisée avec la radio CFOU 89,1 juste ICI et écouter l’album ICI
Samedi 28 novembre dernier, c’était l’ouverture officielle de la toute nouvelle salle de spectacle, le Ti-Petac, à Trois-Rivières. Pour l’occasion, les propriétaires ont mis sur pied une soirée bien chargée. Au programme, soirée humoristique mettant en vedette les jeunes humoristes de la relève Jonathan Moreau Cormier, Samuel Tétreault, Olivier Roberge, Arnaud Soly et Julien Lacroix. Allait s’en suivre une jam-session de skate pour finalement boucler la boucle avec une prestation de la part d’une des figures de proue de la nouvelle vague de hip-hop québécois, Alaclair Ensemble.
Une fois la séance d’humour et de rouli-roulant terminé, l’heure était pour Alaclair Ensemble de monter sur les planches. Maybe Watson était absent pour ce spectacle, mais peu importe, car dès les premiers instants de cette veillée bas-canadienne, la foule réunie au Ti-Petac s’est mise à danser et à bouncer avec entrain. Ça n’a pas pris de temps à la foule pour se bousculer gaiement au son la pièce 3 point et de celles qui allaient suivre. Il faut dire que plus le public donne de l’énergie, plus les gars d’Alaclair en redonnent. On a donc assisté à une synergie énergétique entre les maîtres d’œuvre et leurs écoutants. Comme résultat, un spectacle intense où on aura vu le groupe et (certains spectateurs même) faire des pompes sur scène et un tour de file indienne au cœur de la foule.
Comme Alaclair Ensemble est fondé sur la valeur de l’amour, selon les dires de Robert Nelson, le Ti-Petac s’est transformé l’instant d’une chanson en une salle de bal où la plupart des individus y ont dansé un slow. La fin du spectacle s’est terminée sur une note très post-rigodon propre au style capoté et disjoncté du groupe.
En somme, on peut dire que le Ti-Petac a bien réussi son entrée en scène notamment par la solide performance d’Alaclair Ensemble de sa formule deux (ou trois) pour un.
C’est dans le contexte de la publication de son plus récent album, La Voie Lactée, que j’ai eu la chance de m’entretenir avec la légende du rap français qu’est Oxmo Puccino. L’artiste et parolier de renom a également pris le temps de répondre à nos questions sur l’ensemble de sa carrière, son rapport à la musique, la manière dont certaines pièces clés de son répertoire sont venues à jour, et sur ce à quoi on peut s’attendre pour la suite des choses. Vous avez donc la chance de lire à votre tour l’entretien généreux qui en résulte.
• Pourquoi êtes vous allé vers la musique? Est-ce davantage le besoin de dire, de s’exprimer, ou encore de monter sur scène et de donner un spectacle?
Autant que la musique, c’est tout un mouvement qui s’est imposé à moi. Ce fut un véritable flash culturel. Je suis passé par la danse, le graffiti, puis l’écriture et le rap.
• J’imagine que vous êtes non seulement musicien, mais mélomane. Les projets auxquels vous avez participé se sont raffinés et diversifiés avec le temps. Quelles étaient vos influences principales il y a 20 ans,lesquelles se sont ajoutées depuis?
Je ne crois pas que ma musique se soit raffinée. Elle s’est enrichie, s’est précisée mais j’ai toujours eu cette démarche. C’était la façon d’appréhender la musique que nous avions chez Time Bomb avec Mars et Sek. Dès le premier album j’ai travaillé avec Prince Charles Alexander(Notorious Big, Mary J. Blige…), sur le second il y avait la forte contribution de Ludovic Bource (The Artist). je n’ai jamais cessé de vouloir travailler avec des musiciens et des producteurs ayant une approche très musicale.
A la maison nous étions bercés entre musique africaine (Ami Koita..) et grande chanson française (Charles Aznavour…). Puis grâce au hip-hop, j’ai commencé à m’intéresser au jazz, à la Soul et aujourd’hui je continue d’écouter beaucoup de musique de Bach à London Grammar, de Boris Vian à J-Cole. Et comme depuis que j’ai 16 je me suis intéressé aux instruments et à la composition (Basse, MPC, Guitare et maintenant clavier), j’écoute beaucoup de grands instrumentistes comme Vincent Segal, Richar Bona, Avishai Cohen) etc… Comment faire de la musique sans en écouter? Comment écrire sans lire?
• Vous dénonciez déjà beaucoup de choses il y a vingt ans, est-ce que c’est mieux ou pire maintenant?
Je n’ai jamais rien dénoncé. Notre génération ne faisait que décrire une réalité qui était notre lot quotidien. Beaucoup n’ont pas souhaité l’entendre ou le voir. Notre jeunesse en paye encore aujourd’hui un lourd tribut.
• Le jazz a souvent eu une belle place dans votre répertoire, comme sur « Alias Jon Smoke » à la fin des années 90. Est-ce que le projet du Lipopette Bar avec les Jazz Bastards était comme la réalisation d’un fantasme artistique? Est-ce qu’on aura droit à une suite pour le 10e anniversaire?
Plus qu’un fantasme c’était un véritable rêve. Une chance incroyable s’est présentée à moi, le bon projet, au bon moment. Se retrouver sur le label Blue note, entouré de magnifiques musiciens, puis cette idée soudaine de rendre hommage à Billie Holiday. Une occasion fantastique de revenir sur scène autrement et de réunir des publics très différents. Lipopette Bar est un événement important. Pour ce qui est d’une suite? Je ne crois pas. En revanche, de lui donner une nouvelle vie dans le futur pourquoi pas.
• Sinon en parlant de collaboration, comment c’était de travailler avec Ibrahim Maalouf? Comment le projet est-il né? L’album est génial et vous me semblez être la personne appropriée pour penser à mettre en chansons le récit d’Alice, un récit assez philosophique avec de bons éléments de réflexion sur le langage.
Nous nous étions croisés à quelques reprises sur scènes. Ibrahim m’avait ensuite invité sur son album le temps d’un duo. C’était un moment magique. Par la suite, le Festival d’ile de France, l’a sollicité pour faire une création autour du merveilleux. Et il a eu l’intuition de me proposer d’écrire l’histoire. On était comme deux funambules car nous étions tous les deux en pleine promo et tournée de nos projets respectifs. Il travaillait la musique de son côté, j’écrivais de mon côté. Et un jour on s’est retrouvé en studio de répétition et la magie a opéré. Une aventure artistique fantastique, un luxe d’un autre temps.
• Était-ce intimidant de retourner écrire et composer après avoir publié un album que beaucoup de gens considèrent comme génial au niveau des textes?
A l’époque nous n’étions pas dans une réflexion de carrière. On faisait de la musique parce que c’est ce qu’on aimait et que c’est ce que nous savions faire de mieux. Le second, tout était écrit de manière mentale et aujourd’hui il fait parti des albums dont on me parle le plus avec des titres comme j’ai mal au mic, demain peut-être, souvenirs etc… Chaque album est un nouveau départ, une remise en question.
• La Voix Lactée est souvent plus électro, sans être trop moderne, car il conserve une belle touche old-school, et il est égalemenent plus pop. Est-ce que c’est un virage conscient, le désir d’essayer autre chose?
On avait en tous cas envie de continuer cette quête sonore, d’éviter de se répéter. On a utilisé peu d’éléments mais on a choisi chacun d’entre eux avec une grande exigence pour arriver un résultat qui est à la fois électronique mais avec une touche funky 70’s et surtout porté par une seule idée: se faire plaisir dans l’objectif de le partager à ceux qui voudront bien l’écouter.
• Parlant d’essayer autre chose, est-ce que l’idée de chanter les refrains sur la majorité des pièces est venue naturellement à un certain moment de votre carrière? Le titre « Demain peut-être » donnait une idée de ce dont vous étiez capable mais le chant était beaucoup plus rare dans les pièces qui faisaient généralement la part belle au rap et au spoken word. Cette fois, c’est plus présent et plus assumé, qu’est-ce qui a motivé ce choix?
Ce genre de choses ne sont pas préméditées. C’est l’artistique qui guide mes choix. Et puis vous savez le problème d’inviter des gens à faire vos refrains c’est comment vous faîtes lorsque vous êtes sur scène? Mon principal terrain d’expression c’est le live. Je veux pouvoir jouer les titres que je veux, quand je veux. C’est effectivement comme vous l’avez relevé quelque chose qui était présent dès mes débuts cette idée de chanter. J’ai fait des tentatives sur L’amour est mort, puis j’ai pris des cours au moment de « Cactus de Sibérie », ce n’est pas quelque chose de nouveau en fait mais quelque chose qui se précise. Enfin, aujourd’hui, les rappeurs chantent, les chanteurs rêvent de rapper, la musique évolue et c’est une excellente chose.
• On trouve toujours à l’oeuvre le même art de raconter et certaines thèmes sont récurrents et de nouveaux sont abordés. Ici on semble osciller entre la mélancolie et la nostalgie d’une part et d’autre part, on trouve des moments plus apaisés ou vous semblez plus réconcilié avec le monde et en apprécier les beaux côtés. Au lieu d’une histoire de fiction, on a plutôt affaire à un questionnement et des impressions, des impressions écrites au « je » plutôt qu’une narration d’évènements. Est-ce que la possibilité de vous exprimer à la première personne vous a manqué dans les projets comme Alice et Lipopette?
Effectivement sur ce nouvel album, nous étions dans une seule et unique quête celle du plaisir. Raison pour laquelle l’album est globalement plus lumineux, toujours positif mais quand j’aborde des sujets plus douloureux comme dans « un week-end sur deux » ou « gravir ce monde ». Sur la question du JE, c’est plus l’histoire qui est racontée que son auteur qui compte. Peu importe que l’histoire soit réelle ou fictive, ce qui compte c’est l’émotion qu’elle suscite. Une chanson, c’est une tranche de vie une photographie, une émotion dédiée à être partagée. Pas un acte égoïste qui ne concerne que son auteur.
• Vous pouvez aussi bien rapper sur des instrus purement hip hop plus élémentaires et sur des envolées lyriques jazz ou classiques. Est-ce que toutes les musiques sont bonnes lorsqu’on sait quoi dire? Est-ce que des genres facilitent la tâche d’écriture et inspirent plus que d’autre?
Je ne me pose pas la question en terme de genre. J’appréhende l’écriture comme la musique. Quel meilleur mot pour exprimer un sentiment, une situation. Pour la musique, c’est la même chose. Quelle meilleur musique pour porter un propos, une émotion. Si pour ça je dois aller chercher un accordéon aucun problème.
—
La Voie Lactée, septième album studio d’Oxmo Puccino, devrait maintenant être disponible partout où on achète de la musique.
La dernière fois qu’Eman & Vlooper sont venu à Trois-Rivières, c’était pendant le Dôme CFOU, pour la soirée hip-hop avec Alaclair ensemble et Loud Lary Ajust. En fait, Vlooper était absent, mais Eman a complètement assuré la première partie de cette soirée mémorable.
C’est donc vendredi le 6 novembre dernier que le bar L’embuscade a misé juste en faisant venir Eman & Vlooper, avec Yerly en première partie.
C’est certain qu’avec un spectacle qui commence à minuit, il faut s’attendre à ce que les gens soient déjà pas mal saouls. C’est aussi le genre de soirée où tu retrouves les artistes sur la terrasse en train de parler et boire avec tout le monde. Ce genre d’ambiance, même avant que le spectacle ne soit commencé, on ne voit pas ça partout et ça a donné le ton à la prestation d’Eman & Vlooper, amicale, énergique, respectueuse et éclatée à la fois.
On a eu droit aux chansons de l’album XXL, lancé il y a déjà plus d’un an, ainsi qu’à une nouvelle pièce, qui paraitra sur un futur album. Sur scène, les gars sont d’une humilité charmante et ont un plaisir fou à nous divertir et à s’amuser avec nous, autant Eman, qui chante et rap, que Vlooper, qui fait jouer ses beats. La place était remplie et je pense que les gens ont compris que nous sommes chanceux de les avoir avec nous parce que les gars sont sur une lancée incroyable dans le milieu du hip-hop québécois. D’ailleurs, ils viennent tout juste de remporter le Félix pour l’Album hip-hop de l’année et leur talent et leur professionnalisme les mènera certainement encore plus loin.
La soirée s’est terminée avec Eman qui est descendu de la scène pour chanter Back to me avec les gens dans la foule. Comme vous pouvez tenter de le voir sur cet vidéo maison, un peu sombre je m’en excuse, le public a été plus que ravi de cet initiative d’Eman.
Depuis la sortie de la programmation de la Maison de la culture de Trois-Rivières, j’ai mis le spectacle de Claude Bégin dans mon agenda. L’ayant vu dans les spectacles avec Alaclair ensemble, je pensais savoir à quoi m’attendre. Quelle surprise j’ai eue en me rendant compte que je me suis totalement trompé.
Dans la petite salle Louis-Philippe-Poisson, jeunes et moins jeunes étaient bien assis devant Claude et ses musiciens, dont faisait partie Karim Ouellet à la guitare et Élise Bégin, sa sœur, au clavier et au chant. Après une grande introduction instrumentale, Claude est arrivé sur scène, tout heureux et souriant d’être là. « Ça commence petit et bien » dit-il, puisque c’est sa première fois à Trois-Rivières. Visiblement, peu de gens connaissaient ses chansons, mais tous avaient le sourire et étaient attentifs comme j’ai rarement vu.
La première chanson qu’il a faite, Des cœurs par la tête, a mis la place pour un spectacle rempli d’amour et de chaleur. On a eu droit à un Claude Bégin qui a pris sa place sur scène, qui a mis de l’avant ses musiciens, tout en enlevant des pelures de vêtements (veston et tuque) au fur et à mesure que le spectacle avançait et que la salle se réchauffait.
En plus des pièces de son album Les magiciens, on a eu droit à Calinours et Montagnes russes de Alaclair ensemble ainsi que sa reprise, fait pour Pop the jam, de Les chinois, de Mitsou.
En plein milieu du spectacle, on a eu droit à quelques chansons acoustiques où Claude et ses musiciens étaient rassemblés autour de deux micros. Karim Ouellet a même fait sa chanson MariJo, avec le public qui faisait les harmonies vocales.
Je dois vous avouer que j’ai été plus que ravie d’assister à ce beau moment et il compte parmi les spectacles les plus diversifiés, complet et bien construit que j’ai vu depuis des mois.