En avril 2014, on apprenait à connaître Arthur Comeau (Alexandre Bilodeau de son vrai nom), le « beatmaker » derrière les hits de Radio Radio avec son premier album solo, 3/4. Ce fut le début du cheminement qui l’a mené, le 21 août dernier, à son dernier projet, de style hip-hop expérimental, Prospare.
Prospare se veut un retour aux sources expérimental qui mènera à la finalité du voyage musical avec l’album Planète Clare en 2016.
À premier abord, l’album, parue sous l’étiquette P572, les « beats » sont très accrocheurs, quoi que plus lourds et souvent plus lents que sur le premier album, mais il ne faut pas s’arrêter là. Les sujets abordés vont au gré du vent et nous font osciller entre les ambiances de la Nouvelle-Écosse et Montréal (lieux d’enregistrements). Ce n’est qu’à la seconde écoute qu’on les remarques véritablement. Mis à part un peu trop d’auto-tune sur quelques morceaux, l’album s’écoute bien d’un bout à l’autre en auto, au travail ou sur la « beach ».
C’est un retour aux sources qui fait du bien et qu’on aurait bien aimé avoir dans nos oreilles en début d’été !
C’est lors d’un vendredi pluvieux du mois d’avril que le célèbre rappeur Big Sean s’amène à Québec pour la première fois de sa carrière. C’est grâce à l’équipe de District 7 Production que ce concert a lieu. Il est important de le souligner, car cette entreprise de booking de la région est très active depuis quelque temps, au plus grand plaisir des mélomanes de la Capitale.
Big Sean est connu depuis plusieurs années comme étant un des protégés du rappeur le plus controversé des derniers temps : le seul et unique Kanye West. Signée sous l’étiquette de disque G.O.O.D Music, Big Sean vient nous présenté son dernier album, succès critique et populaire, Dark Sky Paradise.
Il est 22h00 moins le quart. Après plus de deux heures d’un DJ set de Darril Masih que le public présent à l’impérial Bell à pus voir à l’oeuvre le rappeur Big Sean. Émergeant d’une plateforme dissimulée derrière trois grands écrans, le rappeur entame la pièce Paradise, tirée de son dernier album. Tout de blanc vêtu, le rappeur s’active sur la scène avec son DJ en enchainant quelques pièces de Dark Sky Paradise. Les projections sur les écrans sont superbes. Elles viennent améliorer grandement l’expérience du concert. Le public à droit à un spectacle de calibre d’aréna côté scénique. Les lumières et les images sont de toutes beautés… le tout dans une salle de moins de 900 personnes. C’est impressionnant. Malgré quelques problèmes de son, le public, enflammé, chante les paroles de la très belle pièce Mercy, crée en collaboration avec Kanye West.
Peu bavard, le rappeur se permet quand même un discours inspirant pour ses fans. Le bonheur, les buts, l’amour sont à l’honneur. C’était cliché, simple, mais réussi. Le public a applaudi le rappeur et s’est tout de suite remis au rap avec la chanson High. Parlant de high, il y en avait du monde high à l’Impérial hier soir. Une forte odeur de printemps se faisait ressentir. Plusieurs pièces du rappeur font allusion aux drogues illicites et à l’alcool.
À mi-parcours, le rappeur débute le premier couplet de Mula, une de ses pièces fortes. Un des se amis, inconnu du public, vient le rejoindre sur scène. Quelques pièces plus tard, l’Impérial Bell s’est transformé en cabaret de danseurs érotiques… Big Sean enlève son chandail. Les femmes sont en extases. Les téléphones sont au rendez-vous pour prendre des selfies avec le rappeur… Moment étrange du concert que nous tentons d’effacer de notre mémoire.
Enchainant les pièces de tous ses albums et mixtapes, Big Sean fait son concert à un rythme soutenu. C’est vers la fin du concert que le rappeur de Détroit nous sort ses grands hits : Marvin & Chardonnay, Guap, Clique et Don’t like (rebaptiser Do Like Québec pour l’occasion). Nous ressentons que les fans adorent les pièces de son album en collaboration avec Kanye West. Les réactions sont fortes. Les admirateurs du rappeur dansaient, sautaient et chantaient à tu tête les paroles de Big Sean. Une mascotte, arborant le logo des Red Wings de Détroit, sa ville natale, s’est jointe à nous lors de la pièce Guap. L’ambiance était à son paroxysme.
Sean Michael, de son vrai nom, a terminé sa performance, de près d’une heure quinze, avec IDFWU. Il a même osé se payer un bain de foule, au grand désarroi des agents de sécurité de la salle. Il fut bref, mais très apprécier. Malgré les cris de la foule, le rappeur ne se reportera pas le bout du nez sur scène. C’est terminer, les lumières se rallument. Quelques fans, qui ont acheté de la marchandise, rencontreront l’artiste en coulisse plus tard dans la soirée.
Ce concert rap répondait à tous les clichés du milieu : DJ beuglant dans le micro, les bruits typiques (sonnette) du même DJ, un rappeur torse nu, des phrases clichées (Put your hands up! WHATS UP QUÉBEC?) à répétition, des chanson joué à moitié, une odeur de printemps, des faux freestyles… Est-ce nécessairement négatif? Pas du tout. Sans ces aspects, le concert aurait été d’un ennui mortel. Que serait un concert de Big Sean, c’est ma deuxième expérience en deux ans, sans les FINALLY FAMOUS à répétition dans les hauts parleurs? Un concert rap du genre se doit d’avoir tous ses clichés pour faire vivre un concert qui vient divertir la foule. Il faut comprendre que Big Sean n’a pas le matériel de Kanye West ou encore Kendrick Lamar. Il attire les foules plutôt commerciales et typiques du rap plus accessibles.
Petit bémol (personnel) : Big Sean à délaissé, à ma plus grande tristesse, son deuxième album Hall Of Fame. Sur les 25 pièces jouées, seules 3 étaient de cet album. Selon moi, Hall Of Fame est son meilleur opus à ce jour.
Bref, malgré le manque d’auditoire (le balcon était fermé), Big Sean a su enflammer la Capitale-Nationale pour sa première visite en carrière. Merci District 7 production de prendre des risques du genre et j’ose espérer que la population répondra à l’appel lors d’un prochain concert rap, ici à Québec!
Action Bronson, connu pour ses frasques lors de ses concerts, lance son premier album issu d’une compagnie de disque majeure. Attendu depuis quelques années maintenant, Mr. Wonderful est enfin chez les disquaires. Pour comprendre l’univers de Bronson, il faut connaitre les archives du rappeur. Ancien chef cuisinier de renom, il se transforme en rappeur au début de la décennie. Il se démarque spécialement sur scène. Chaque concert est différent, et il y a toujours des surprises. Une de ses frasques les plus célèbres s’est déroulée près d’ici, au RBCOttawa Bluesfest en 2014. Le rappeur s’était éclipsé de la scène pour aller aux toilettes… sans arrêter de chanter. La scène est rapidement devenu virale sur les réseaux sociaux. Cet univers excentrique se retrouve dans les 13 pièces de Mr.Wonderful, totalisant près de 50 minutes.
C’est avec la pièce Brand New Car que monsieur Bronson nous fait découvrir son univers très chaotique. On a ici une chanson décousue, qui ressemble à un démo.. Et c’est voulu. Pourquoi? Parce que c’est du Bronson. Il n’a rien de structuré avec ce rappeur. Tout est improvisé, selon ces envies… pour le meilleur et pour le pire. Les rythmes jazzés de Brand New Car sont excellent et c’est une excellente entré en matière.
Cette admiration pour Mr. Wonderful ne sera pas d’une très longue durée. Nous enchainons avec The Rising. Une pièce inutilement vulgaire, ce qui, soit dit en passant, sera très récurrent tout au long de l’album. Alcool, drogue, sex et argent seront au rendez-vous tout au long de notre écoute. Tous les clichés que nous sommes habitués d’entendre sur le milieu du rap sont tous au rendez-vous, et ce, en très grands nombres. C’est dommage, car de nombreux rappeurs (Jay Z, Kendrick Lamar, Macklemore) font tout en leur possible pour nous faire oublier ces mauvaises langues, mais Action Bronson vient gâcher leur travail.
Mis à part l’écart de langage du chanteur, les rythmes de l’album sont plutôt réussis. La pièce Actin’ Crazy est bien rythmée et la voix de Bronson est plutôt agressive. C’est aux antipodes du ton indifférent du rappeur sur la grande majorité des 13 pièces de l’album. On enchaine avec la sublime Flaconry, en duo avec Meyhem Lauren. On assiste a du rap beaucoup plus classique, dans la même veine que ce que le Wu Tang Clan ont su nous livrer il y a de sa quelques décennies.
On quitte le rap pour un interlude, Thug Love Story 2017, de plus de deux minutes qui est composée d’une conversion entre Bronson et un inconnu. Ils sont à l’extérieur et Bronson se met à chanter a capella. J’ai bien dit chanter. Nous ne sommes plus dans le rap. C’est très intéressant, car ça vient brasser les cartes du rythme plutôt fade de l’album. Nous délaissons brusquement l’interlude pour la magnifique City Boy Blues. Les rythmes et harmonies de cette pièce sont tout simplement incroyables. Plusieurs instruments s’enchaînent. Action Bronson est dans une forme herculéenne. Nous ne sommes pas vraiment dans le rap, nous sommes définitivement dans du blues. Oui, du blues chanté par Action Bronson en personne! La production est à son meilleur. Nous écoutons, sans le savoir à ce moment-là, une des meilleures pièces de l’album.
L’effet de contraste se fait ressentir. Les prochaines pièces sont beaucoup plus difficiles à apprécier maintenant que nous avons vu le plein potentiel de l’artiste. Par contre, il s’en tire bien, car il nous présente deux fortes chansons. A Light In The Addict, pièce très sombre et mystérieuse suit. L’atmosphère est très réussie. La pluie qui tombe, les sirènes en arrière-plan, le piano très présent. Nous entendons très peu, voire moins d’une minute, la voix de Bronson. Nous sommes dans du bon vieux rap mélodique du Queens. Chance The Rapper vient pointé son nez sur Baby Blue. Il était très attendu. Rappeur très en vogue, il a modifié le rap avec son Acid Rap en 2013. Il est donc l’invité principal de Mr. Wonderful. Baby Blue est donc bien ficelée, très rythmée et sérieuse. Nous avons ici de belles paroles, une belle plume de la part des deux rappeurs. Les voix s’harmonisent à merveille et nous voyons de quoi est capable Bronson.
Nous continuons avec une pièce très américaine, voire patriotique par moment, avec Only In America. La guitare est présente pour nous jouer en boucles les mêmes 3 notes. Nous flirtons entre le rap et le rock. C’est une expérience douteuse, peu réussie. Nous retrouvons le ton peu sympathique et indifférent du chanteur. Il y a clairement un manque de cohésion. Bronson nous a donné du rap, du jazz, du blues, de l’expérimental, de l’a capella et maintenant du rock. C’est trop en 50 minutes.
Nous passons maintenant avec la pièce The Passage tirée d’un concert à Prague. Étrange moment sur cet album, car nous n’entendons absolument aucun mot de la bouche de Bronson. Nous ne comprenons rien, le groupe qui l’accompagne est beaucoup trop fort, quoique très talentueux. La foule est en délire, ce qui est douteux, car nous, sur l’album, nous sommes plutôt confus. Je le disais plus tôt, Action Bronson est délirant sur scène. Par contre, il faut le voir pour le croire… l’entendre ne suffit pas. Cette pièce dite live est un raté de A à Z.
Revenons sur les paroles de Bronson. Malgré qu’elles soient vulgaires inutilement, ce qui colle au personnage qu’est Bronson, elles ont un côté positif. Je parle ici de l’humour du rappeur. En effet, encore encré dans son personnage, Action Bronson nous fait rire sur chaque pièce. Parfois dans l’humour traditionnel, parfois avec de savoureuses références culturelles, il maitrise l’art de faire sourire son auditoire. C’est ce qui nous devons retenir de cet album, l’humour. Il faut tout prendre à la légère avec un recul et avec de l’autodérision.
Nous terminons (enfin) notre écoute avec Easy Rider. Nous avons une pièce violente, avec une trop grande production. Les bruits sont sur l’avant-plan et ils sont trop présents… c’est très irritant. Nous sommes contents que l’écoute soit terminée.
En conclusion, après plus de 50 minutes, je ne sais pas quoi pensé de cet album. Les rythmes sont parfois excellents, parfois plutôt fades. L’humour du rappeur est à son meilleure, mais la vulgarité inutile vient gâcher le tout. Le rythme de la voix de Bronson est trop souvent sur l’autopilote. Il y a un je-m’en-foutisme très récurrent dans sa voix. À l’opposé, dans certaines pièces, le rythme déchainé du rappeur vient brouiller les cartes. Il est tout un personnage ce Mr.Wonderful. Il a tout fait pour transposer ça sur un album, mais je ne suis pas convaincu du résultat. En spectacle, sur le web, sur vidéo, Bronson est un personnage très divertissant et talentueux. Par contre, cette transposition sur album n’est pas à la hauteur des attentes. Mr.Wonderful fait partie des albums qui s’écoutent à la pièce. Il manque tellement de cohésion qu’il faut seulement écouter quelques pièces pour apprécier…
Action Bronson sera en spectacle au festival Osheaga présenté du 30 juillet au 2 août 2015 au parc Jean-Drapeau à Montréal. Les laissez-passez sont disponible ici.