Ouf! Il faisait chaud samedi dernier pour le dernier spectacle de la saison du Pantoum! Si je me demandais pourquoi la petite salle ne présentait pas de shows l’été, j’ai eu une réponse à ma question! N’empêche, même si on avait notre semaine dans le corps, on ne pouvait pas manquer la venue de l’excellent groupe Corridor, venu présenter les chansons de l’excellent Supermercado au public de Québec!
Mais avant de passer au dessert, il fallait apprécier le menu quatre services concoctés par nos amis pantoumiens… un menu solide qui n’allait laisser personne sur son appétit, malgré la sueur qui perlait sur nos front.
Tout d’abord, nous avons eu droit à quelques chansons du groupe Holy Data, qui vient tout juste de lancer un album de 11 titres. Une pop psychédélique aérienne, mais fougueuse, semble être ce qui caractérise ce groupe qui a balancé une tonne de briques après l’autre. L’ensemble est bien structuré, les mélodies sont accrocheuses, l’envie de taper du pied, ou mieux, de se déhancher, devient rapidement irrésistible.
La formation suivante, Laps, était dans un registre différent, bien que lui aussi savoureux. On demeure dans la pop, mais là, au lieu d’y trouver des accents psychédélique, on trouve une énergie un brin post-punk. Paraît que les jeunes appellent ça du math rock. J’en perds mes étiquettes! Les rythmes se font beaucoup plus saccadés (d’ailleurs, la rythmique travaille très fort dans ce groupe!), les mélodies peuvent parfois surprendre, mais on a écouté avec beaucoup d’attention et de satisfaction. À redécouvrir!
Pour les lecteurs d’ecoutedonc.ca, La Fête n’a besoin d’aucune présentation. Et c’est sans surprise que le post-punk déjanté, mais réfléchi, de la formation de Québec a eu l’effet d’une dynamo sur le public déjà très festif. Les membres du groupes sont toujours aussi diablement efficaces lorsque vient le temps de nous en mettre plein les oreilles.
Enfin, la tête d’affiche, Corridor, est venu lancer avec nous Supermercado dans une ambiance qui ressemblait plus à celle d’un sauna qu’à une salle de spectacles. D’ailleurs, un des membres du groupe a trouvé approprié de jouer en bédaine, question de ne pas trop souffrir. Musicalement, on a pu apprécier les mélodies enveloppantes du groupe qui, comme sur leur disque, propose un rock psychédélique un brin garage qui va plus loin que le mur sonore auquel on pourrait s’attendre du genre. Ça fait rêver tout en nous faisant garder les deux pieds sur terre. Dur à expliquer comme feeling, ça doit être l’accumulation de cidre…
En sortant du Pantoum, on avait encore les oreilles qui buzzaient un peu, mais on n’a pas à se plaindre. On a tapé du pied et hoché joyeusement la tête toute la soirée.
Pour une deuxième soirée d’affilée, je me suis ramassé pogné dans un pain avec une tonne de mélomanes permettant aux salles de spectacle de présenter le concert à guichets fermés. La soirée, même si elle avait en commun de présenter un groupe rock psychédélique au pedigree impressionnant et aux performances vantées de part et d’autre, différait du tout au tout. D’abord, il y a eu une première partie, et donc une entracte, deux choses absentes la veille, mais aussi, les shows des deux artistes ont passé très vite avec peu d’attente entre les chansons. Le premier de ces bands, c’est la formation Holy Data, qui a eu la chance d’obtenir le spot en ouverture des hyperactifs King Gizzard & The Lizard Wizard, tous droit venus d’Australie pour présenter leur nouvel opus. Par ailleurs, le show s’est déroulé dans un petit bar sympa, le Ritz PDB, au lieu d’une grande salle. Mais c’est pas parce que tout s’est passé très vite et que la batterie était généralement frénétique et implacable qu’on va sauter des étapes et traverser la description de la soirée à bride déployée.
Comme mentionnés précédemment, c’est Holy Data, un groupe de Montréal où on retrouve Alexis Dionne (Leafer, La Nature, Mom Jeans) qui ouvrait la soirée avec son synthpop psychédélique bien confectionné grâce à deux synthés, une guitare et une batterie. Le côté psychédélique vient parfois du rythme, parfois des touches et parfois de la guitare, qui se met de temps à autre aux effets. La performance est plutôt sentie, les pièces sont bonnes, mais la foule ne semble pas capter l’énergie transmise tout à fait, ménageant peut-être ses forces pour le groupe suivant, à tort ou à raison. Quoiqu’il en soit, ce set varié et cohérent présentait une musique de qualité, plutôt créative, et parfois inspirée, comme une pièce bien assumée qui rappelait Tame Impala. La vaste majorité du concert était dynamique et captivante, avec des rythmes inépuisables qui en font du bon rock de route, des mélodies intéressantes et un équilibre assez réussi entre les deux synthés et la guitare, point de vue sonorités. La dernière pièce avec un début un peu trop molo est venue ralentir la cadence en fin de concert, brisant un peu mon trip pendant un moment, avant que je comprenne que le table se mettait tranquillement pour un build-up très réussi qui a complètement sauvé la mise. Un mur de son assourdissant a progressivement mis un terme au spectacle de Holy Data, juste avant qu’un «merci beaucoup» robotique vienne officialiser le tout. Côté visuel, la performance était accompagné de projections multicolores s’apparentant à des reflets de soleil dans une piscine remplie d’eau couleur RGB variable. Ce fût donc somme toute une très belle expérience et une aussi belle découverte avec cette première partie dont je n’attendais rien et qui avait été annoncée très peu de temps avant la tenue du concert des lézards supersoniques.
Montés sur scène sur le coup de 23h, King Gizzard & The Lizard Wizard avait le matos et l’énergie nécessaire pour brasser la cage à tout le monde et faire lever le niveau d’intensité d’un bon cran. La performance défie un peu toute tentative de la décrire fidèlement, je vais quand même tenter un petit truc et tenter de vous faire comprendre que, la prochaine fois, vous devriez y aller, me dispensant de tenter de décrire une boule d’énergie. Il faut dire que leur plus récent opus, l’excellent Nonagon Infinity, y va vraiment à fond de train et se prête très très bien à la transposition sur scène. Du rock psyché angulaire, rapide, groovy, frénétique, énergique, varié, créatif, c’est assez fou ce que ces lézards là font et surtout au rythme auquel ils le font, ayant publié 7 albums plutôt excellents depuis 2013. Leur plus récent a eu la part belle dans le set list de ce show qui s’est par ailleurs déroulé pour la plupart dans la pénombre des modestes éclairages, sans aucune projection, ce qui devait changer la mise pour le groupe qui vient de tourner avec l’incroyable Lance Gordon et son projet visuel Mad Alchemy, qui a fourni les images pour la soirée du 15 avril aux Nuits Psychédéliques de Québec et qui avait épaté la galerie. Cet aspect plutôt sobre permettait de se concentrer sur la musique, fort spectaculaire et bien sélectionnée.
Les quatre premiers titres du nouvel album se sont enchaînés sans transition, de «Robot Stop» à «People-Vultures», les chansons empiétant presque l’une sur l’autre et le thème nonagonesque du premier titre a pointé son nez un peu partout et servi de leitmotiv pendant la majorité du show. Délaissant leur nouveau répertoire un moment, ils y sont revenus plus tard, interprétant la majorité sinon la totalité de ses titres, ils ont entre temps passé au plus vieux matériel, vieux étant utilisé à la légère. Ils ont d’abord sorti la flûte traversière et fait l’excellente «Trapdoor», qui n’a, contre toutes attentes, pas été la seule pièce de leur album précédent, Paper Mâché Dream Balloon, puis enchaîné avec « I’m in your mind », qui ouvre l’album du quasi même nom, I’m in your mind fuzz. La pièce « Cellophane » du même album a également eu droit au traitement succès-souvenir. Le groupe ponctuait son set très électrisant de pièces plus jazzées qui peuplent aussi son répertoire, comme celle qui ouvre Quarters et qui est intitulée «The River».
Le groupe semblait interpréter les chansons très fidèlement avant de s’adonner à des jams, de prolonger des thèmes, de modifier des transitions, de chambouler un truc ou deux, pour leur plus grand plaisir et le nôtre. Tout le monde semblait ravi par la performance, qui s’est toutefois terminée un peu abruptement, encourageant les gens à réclamer un rappel pendant de longues minutes après la fin du show. Le show avait peut-être duré la moitié de la durée de celui de BJM la veille, mais au moins autant de notes y avaient été jouées, tant le rythme était plus prononcé. L’absence d’interruptions entre les pièces a également permis à la soirée de garder sa dynamique effrénée, faisant paraître l’heure et demie passée en leur compagnie et les deux heures et demie depuis mon arrivée sur place en un claquement de doigts. Vous comprenez donc que la prochaine fois, vous devriez aller les voir s’ils passent près de chez vous, parce que le roi gésier et son magicien lézard a tout ce qu’il faut pour vous faire vivre une expérience enlevante et énergisante à souhait. Y a juste si vous voulez un rappel que vos prières ne seront pas exaucées, parce que sinon, le groupe livre une performance impeccable techniquement, mais en même temps spectaculaire et captivante de A à ZZ.
Arrivée vers 22h40 après le dernier spectacle du Parvis, j’espérais attraper au passage quelques chansons de Nimbes, un groupe de shoegaze d’ici en plein essor. Cependant, ils avaient déjà terminé : ce soir-là, on avait visiblement décidé de mieux respecter les horaires que la veille. Les autres spectacles, toutefois, m’ont réconfortée malgré ma déception d’être arrivée en retard. Cette fois, le public était plus nombreux encore et un peu plus de party (c’est ça le vendredi, vous me direz !). Me ressaisissant, je me suis dirigée vers le prochain spectacle.
23h – SYZZORS
Avec deux figures féminines fortes, une à la voix et une à la batterie,SYZZORS semble avoir plu au public avec leur électro assumé et énergique. Les quatre musiciens ont joué plusieurs pièces de leur nouvel EP Leo (qui n’est pas le nom d’un garçon, la chanteuse a-t-elle assuré), mais aussi quelques chansons plus anciennes, notamment Rain et Love Triangle. Encore une fois, le public du OFF m’a surprise. Un peu gêné au début, il a fini, après quelques efforts, par se rapprocher pour se déhancher au son des dernières chansons du groupe. Un beau moment qui, me semble-t-il, a été partagé par les musiciens aussi.
0h – Paupière
Belle découverte ce soir, Paupière nous offrait son tout premier spectacle à vie ! Par contre, on ne pourrait pas dire que les musiciens étaient des novices. Composé de Julia Daigle, d’Éliane Préfontaine et du plus connu Pierre-Luc Bégin (vous savez, le batteur de We Are Wolves ?), qui chantent tous et qui jouent tous du synthétiseur, le trio est parvenu à capter l’attention du public avec sa pop très particulière. Leur musique assez joyeuse et dansante, en effet, se déroulait toujours sur un fond inquiétant ou dark. Je ne sais si c’était le drum machine qui jouait en deux temps, les sons graves presque constants, les timbres choisis pour les synthés ou les effets dans les voix, mais vraiment, ça venait donner un côté électro-industriel à leur pop sinon «fruitée», telle que décrite dans la programmation. Avec un ensemble de pièces variées dans un style circonscrit, sans parler ou presque entre les chansons, le groupe nous a lentement amenés au bout de l’heure sans que le public s’en rende compte. C’est avec surprise qu’il s’est fait livrer (déjà ?) la dernière chanson.
1h – Holy Data
Voix parfois aiguës, parfois graves, sons planants/futuristes et accords difficiles à discerner, style tout aussi difficile à définir, vague ressemblance avec Tame Impala, dissonances et effets impressionnants, c’est ainsi que je pourrais résumer la musique de Holy Data. Malgré leur bel enthousiasme et les chorégraphies singulières d’un des deux claviéristes, j’ai malheureusement moins accroché. Je mettrai pourtant cela sur le dos de la fatigue, car le public autour de moi prenait son pied et bougeait allègrement sur la musique.
2h – Fonkyson
Mes attentes étaient assez hautes envers Fonkynson. Je voulais finir la soirée en grand et en dansant. Et au départ, ça commençait bien : avec un visuel de FOU (composé d’alliages ingénieux et psychédéliques de femmes, de chats, de dauphins, de bouffe, d’argent et de mille autres choses, les images qui défilaient à une vitesse folle étaient captivantes) et un beat pas pire (plus house que je pensais, moins disco), quelques personnes ont commencé à se dandiner, toujours avec une certaine gêne. Après quelque temps, cependant, la salle a été prise d’assaut par de grands enthousiastes quelque peu intoxiqués et qui incitaient peut-être trop ouvertement les autres à sauter partout comme eux. Ça, et le style musical un peu trop répétitif pour moi m’ont convaincue de partir avant la fin, comme une partie du public. Il n’est quand même pas trop tard pour aller découvrir l’artiste par vous même si son genre vous intéresse. Quant à moi, je m’en tiendrai au disco original.
En somme, une belle soirée au Méduse ; j’ai dansé plus que je pensais en début de soirée, et moins en fin de soirée. J’ai aimé la participation du public, son écoute et l’enthousiasme des groupes qui, comme la veille, se sont montrés très reconnaissants de pouvoir participer à un événement de la trempe du OFF. Bien hâte à demain, déjà le dernier jour !