C’est le lancement du nouvel album du vétéran de la scène électronique de Québec Millimetrik qui m’a donné l’occasion de me rendre au Maëlstrom pour la première fois, alors que le café/bar est ouvert depuis quelques mois dans le local de l’ancien Babylone. Manifestement pas tout à fait adapté pour les concerts, mais élégamment décoré et plutôt chaleureux malgré un style sobre, l’endroit est parsemé de tables, et elles étaient toutes occupées pour le set. Certains terminent un repas alors que l’artiste prend la parole pour se présenter et procéder aux habituels remerciements. On lui cède le silence avec courtoisie et il annonce que le set qui allait commencer incessamment comporterait exclusivement des pièces tirées de son plus récent album, Fog Dreams. L’album qui succède à Lonely Lights, lauréat électronique au GAMIQ, a été dévoilé au public il y a près de deux mois mais le lancement était l’occasion d’un contact privilégié avec le nouveau matériel.
Le setlist avait de toute façon été annoncé la veille et la prestation offerte s’est grosso modo déroulée comme annoncée, pour le plus grands plaisir des gens qui étaient là pour l’écouter. Les pièces sélectionnées étant les plus rythmées en général, elles se transformaient lorsque présentées devant public en « bangers », qui incitaient à hocher de la tête allègrement. Le style de Millimetrik, qui a généralement incorporé des sonorités électro-ambiantes et hip-hop-instru, on le trouve encore plus raffiné sur ces plus récentes compositions, qui adoptent des rythmes variés. La batterie a toujours fait partie du son et des performances de l’artiste, qui bat également les peaux au sein du quatuor stoner rock de Québec Les Indiens, mais il n’avait pas trimballé ses tambours pour l’occasion. Le style plus électro presque house qui s’incorpore parfois aux pièces du nouvel album justifiait la performance qui était donc somme toute plus standard pour un artiste électronique.
Les pièces du nouvel album sont parfois le fruit de collaborations avec des artistes d’ici et c’est une de ces collaborations qui a quasiment ouvert le set, la première partie de «Peninsula Mist», qui a été présentée juste après la seconde et qui mise sur la voix et les rimes de King Abid, son partenaire d’étiquette de disques chez la boîte de Québec Coyote Records, à qui on doit aussi les albums de Karim Ouellet, Claude Bégin et, tout récemment, D-Track et Rednext Level, entre autres. Millimetrik a toujours eu un côté hip hop, plus ou moins central selon les albums, et celui-ci y a encore recours comme sur cette excellente pièce. Avec le titre plus électro qui a terminé la performance en beauté, «Port Ellen Bass», où l’on peut entendre la voix éthérée de Maude Audet, il s’agissait à mon sens des deux moments les plus forts du set, ce qui n’est pas étranger au fait que ce sont aussi mes deux titres préférés sur le nouvel album.
Des applaudissements nourris sont venus conclure la performance et l’artiste a invité les convives à déguster un drink que le Maëlstrom avait eu l’amabilité de préparer en l’honneur du nouvel album, qui partageait son nom. Ce fût aussi l’occasion pour quelques uns d’entre nous de se procurer la magnifique galette sur vinyle. On avait quatre bonnes raisons de les imiter: l’album est excellent, probablement le meilleur de l’artiste ; nous n’avons pu entendre que la moitié de l’album en question ; les pièces interprétées lors du lancement gagnent à être écoutées avec des écouteurs ; le disque comme tel est magnifiquement orné de teintes de bleu qui lui donnent une belle surface marbrée.
Pour les gens de Montréal, l’artiste répètera l’expérience au Bleury-Bar à vinyles le 10 mai prochain, en 6 à 8 plutôt qu’en 5 à 9. Ce sera pour eux aussi l’occasion de mettre un petit 20 sur un 33.