J’avais hâte de renouer avec July Talk, véritables bêtes de scène, dans une salle plus intimiste, ayant découvert la formation par pur hasard lors d’une fin de soirée FEQ au Cercle en 2014. Découverte coup de cœur, faut-il mentionner.
Il va sans dire que leur dernière présence en ville lors de la plus récente édition du même festival sur les Plaines en ouverture des très attendus et courus Red Hot Chili Peppers a permis à July Talk de se faire connaitre et d’agrandir son public, expliquant certainement le spectacle complet de mardi soir au temple Bell.
D’entrée de jeu, la foule a acclamé bruyamment le groupe de Toronto qui semblait déjà en feu, les chanteurs Peter Dreimanis, déchainé, et Leah Fay en tête. Fort bien soutenus musicalement par les autres membres du quintette, les deux protagonistes principaux s’amusent follement ensemble et se la jouent en symbiose totale et en mouvement continu, empruntant souvent au théâtre et à la danse contemporaine dans leur prestation rock.
Venu présenter son nouvel album «Touch» sorti le 9 septembre au public québécois, ce dernier, chauffé à bloc et des plus énergiques et sympathiques vu depuis longtemps à l’Impérial, en redemande. July Talk, très généreux, ne se fait pas prier pour embraser encore plus le parterre survolté. C’est sans compter sur Leah Fay, tout en souplesse et des plus sensuelles, qui s’est offert un bain de foule s’improvisant funambule sur le muret central séparant les paliers de la salle avant d’entamer « Push + Pull» qui enflamma littéralement l’enceinte et distribuant même plus tard des gorgées de Jameson aux spectateurs en liesse.
Décidément, le Feu a pris sur St-Joseph un mardi soir pluvieux grâce à la flamboyante performance de July Talk, dont le retour à Québec, au dire du groupe, ne saurait tarder.
Kingswood
En première partie, le groupe d’Australie Kingswood avait la tâche de réchauffer la salle déjà compacte de l’Impérial, ce qui fut chose faite malgré le rock convenu aux sonorités des années 80 du quatuor. Néanmoins, la foule enthousiaste a semblé apprécier la musique des Australiens.
Vendredi dernier, c’était le grand retour d’une bête de scène : Yann Perreau, qui vient à peine de lancer son petit dernier Le fantastique des astres, est venu lancer sa tournée dans un Impérial Bell transformé immense piste de danse pour l’occasion.
À l’aise comme pas un sur les planches, Perreau n’a pas perdu une seule seconde en lançant sa prestation avec une Barcelone endiablée. C’est sans hésiter qu’on se laisse transporter par le train yaya de la nuit, train mené par un Perreau qui tape des mains, pose, fait le poulet ou l’avion; visiblement, il avait hâte de se retrouver dans son aquarium… qu’il a quitté aussitôt pour aller jouer des maracas dans la foule! Pendant ce temps, le public, assez éclectique, merci, dansait comme s’il n’y avait pas de lendemain.
Après quelques nouvelles chansons, Perreau fait un retour en arrière en proposant quelques-unes de ses pièces les plus connues (dont La vie n’est pas qu’une salope) et en changeant de costume selon les circonstances. À chacune de ses interventions, Perreau nous rappelle à quel point il est content d’être là. On te croit sur parole Yann! De retour au Fantastique… et à ses chansons festives, que ce soit avec la stromaesque Faut pas se fier aux apparences, que la foule semble déjà connaître par coeur, ou avec Momona, anecdote colorée et romancée sur une petite culotte oubliée… on n’en dit pas plus, faut quand même que vous écoutiez l’album! Comme son auteur, Le fantastique des astres est fait sur mesure pour la scène. Sur Baby boom, les spectateurs, jeunes et moins jeunes (oui, oui, on vous a vues, les têtes grises), font le pogo. La communion est totale, la bête a apprivoisé le maître, merci beaucoup, bonsoir.
Hé Yann, on n’est pas dupes! Reviens sur scène, mon snoreau!
Perreau ne se fait pas prier. Il commence à chanter Les deux pieds sur la terre. Les spectateurs savent ce qui les attend : on va faire les oiseaux! Ben sûr! Juste au bon moment, la foule s’y met… a capella! Il y avait tellement d’électricité dans l’air que mon téléphone s’est rechargé! Pas besoin de vous dire que le toit de l’Impérial Bell a explosé au refrain!
Allez, une petite dernière… Beau comme on s’aime termine un spectacle sans faille (pas pire pour une première, hein?) ou presque… le temps a passé tellement vite, on s’est regardés, l’air supris, à la fin du show : quoi, déjà?
On pourra revoir Yann Perreau au Festival de la chanson de Tadoussac le 11 juillet prochain, au Festif! de Baie-Saint-Paul le 23 juillet et le 3 décembre à la salle Anaïs-Allard-Rousseau de Trois-Rivières.
Charlotte Cardin
La jeune femme, qui s’est fait remarquer à l’émission La voix, a avoué souffrir d’une sinusite. On vous avoue qu’on ne s’en serait pas rendus compte. Voix très soul à la Amy Winehouse, ambiances électropop feutrées à la Milk & Bone, Charlotte Cardin est totalement dans l’air du temps. Elle a su attirer l’attention du public, qui a su faire preuve d’une écoute d’une qualité rare à l’Impérial et qui a aussi su montrer sa grande appréciation à la fin de chacune des chansons.
Cardin sera le 12 mai prochain à la Salle Anaïs-Allard-Rousseau de Trois-Rivières. On pourra aussi la voir au Festival d’été de Québec le 7 juillet.
Pandaléon
Aux NuitsFEQ, il y a souvent un ovni, un artiste ou un groupe qui nous sort de notre zone de confort. On pense aux Hôtesses d’Hilaire, le soir des Sheepdogs, ou de Félix Dyotte, le soir de Coeur de Pirate (pauvre, pauvre Félix…). Les frères Levac et Marc-André Labelle ont joué ce rôle, vendredi. Votre humble serviteur s’y attendait, connaissant assez bien la musique du groupe, mais je vous avoue que Pandaléon s’en est très bien sorti. Oui, ce début en chaton, tout en (relative) douceur, manquait un peu de pep par rapport au mur de son que le groupe nous a servi à la fin de la prestation, mais l’idée était bonne. S’ils y étaient allés à fond de train tout le long, le public aurait été un brin fatigué pour Yann. N’empêche, sur scène, les chansons déjà très fuzzées de Pandaléon s’allongent et prennent des accents progressifs pas piqués des vers. Beaucoup de nouveaux fans pour la formation est-ontarienne.
Pandaléon sera au Festival de la chanson de Tadoussac le 9 juin et Festival d’été de Québec le 14 juillet.
Samedi dernier, le Festival d’été de Québec présentait le spectacle des Trois Accords à l’Impérial Bell, à guichets fermés. Le groupe a complètement enflammé la salle ce soir-là.
Fidèles à leur humour, les membres du groupe ont introduit le spectacle avec leur chanson Les dauphins et les licornes comme s’il s’agissait du rappel. L’arrière-plan aux couleurs de l’arc-en-ciel rappelait très bien la chanson. Il y avait même un dauphin gonflable qui se lançait dans la foule. À la fin de la chanson, ils ont remercié le public et ils sont sortis de scène. Le public s’est alors empressé de crier et d’applaudir afin de les faire revenir. Ils sont remontés sur scène en enchainant avec Joie d’être gai, éponyme de leur nouvel album sorti en novembre dernier.
Les interactions du chanteur et guitariste Simon Proulx avec le public étaient exécutées de manière très habile et particulièrement humoristique. Après la troisième chanson, le groupe ne savait plus quelle chanson jouer, à ce qu’il parait, ils auraient épluché tout leur répertoire musical. Ce scénario servait en fait à introduire la chanson Dans mon corps. Idem avec Je me touche dans le parc ; le chanteur a même invité les spectateurs à leur écrire s’ils connaissaient une personne à qui c’était arrivé. À l’occasion de leur tournée, le groupe invite leurs fans à se joindre à eux afin de former une chorale. La Chorale de Québec, composé de personnes « très entrainées », à leur avis, est montée sur scène avec eux. Ils ont demandé au public de leur envoyer de l’amour et même d’enlever leurs vêtements pour que ces derniers soient plus à l’aise. Finalement, ils ont joué Tout nu sur la plage ! Leur amour pour la ville de Québec se retrouve dans leur top 50, environ à la 22e place. Leur top 1 est bien sûr St-Bruno, parce que selon eux, les habitants font pitié !
Les Trois Accords ont interprété plusieurs de leurs grands succès ce soir-là enchainé avec plusieurs chansons de leur dernier album et de J’aime ta grand-mère. On a eu droit à Lucille, Grand Champion, Tout nu sur la plage,St-Bruno et Bamboula, entre autres.
Superbe belle interprétation de la chanson Saskatchewan en version acoustique a capella. Les membres du groupe ont quitté la scène pour se rejoindre sur la mezzanine. Doux moment où d’ailleurs le chant du public enterrait le chanteur.
Enfin, en rappel, ils ont repris le thème du début de spectacle en disant : Bonsoir Québec !
Spectacle plus que réussi pour Les Trois Accords.
Une supplémentaire est prévue le 12 novembre 2016 à l’Impérial Bell pour ceux qui les auraient manqués.
Première partie
El Mariachi Los Trovadores s’est chargé de réchauffer la foule avant la tête d’affiche de la soirée. Le groupe a complètement séduit le public en jouant des chansons classiques mexicaines. Les spectateurs ont pris plaisir à danser et à chanter avec les trois Mariachis.
Le 10 mars dernier, nous avions le plaisir de renouer avec la formation saskatchewanaise The Sheepdogs, venue proposer à un parterre de l’Impérial Bell bien rempli un retour à une époque pas si lointaine où le rock, comme une bonne vieille paire de jeans, ne pouvait se démoder.
Ewan Currie et sa bande roulent leur bosse depuis une douzaine d’années. Douze années passées à peaufiner leur son, leur univers, leur équipement, leurs éclairages. Fallait voir Currie avec sa chemise fleurie chanter avec assurance ces chansons qui semblent avoir été composées dans les années 1970 accompagné de ses quatre comparses qui lui rendent la pareille en choeur.
Quel bonheur de chanter avec Currie les chansons de Future Nostalgia, le plus récent album du groupe! Les fans connaissaient visiblement les chansons par coeur et retournaient au groupe toute l’énergie que celui-ci dépensait. Belle communion. Le groupe n’a pas hésité non plus à puiser dans son répertoire ou celui de groupes qui l’ont influencé (belle reprise des Allman Brothers au rappel).
On a hâte à la prochaine visite du groupe.
Les Hôtesses d’Hilaire
Vous le savez, ici, on aime beaucoup Serge Brideau et sa bande de musiciens de feu. C’est donc en riant aux éclats qu’on a vu Brideau apparaître sur la scène avec deux belles lulus aux cheveux et une robe qui irait bien à une poupée de six pieds!
Malgré ces petites distractions désopilantes, c’est dans leur musique que Les Hôtesses d’Hilaire brillent le plus. Sur un fond de rock psychédélique et derrière un ton qui peut parfois sembler un peu enfantin, Brideau jette un regard très réaliste sur notre société. Les spectateurs qui ne connaissaient pas les Hôtesses semblent avoir énormément apprécié et les ventes de Touche-moi pas là ont dû être bonnes après le show. Tant mieux, on va être plus nombreux à les apprécier à L’Anti en avril prochain.
Beat Cops
La formation de Montréal a offert un 45 minutes de rock bien senti, extrêmement bien exécuté, mais qui semblait parfois faire un peu de surplace. Peut-être une question de goût parce que les spectateurs, eux, ont apprécié les prouesses du groupe composé de musiciens chevronnés. On retournera les voir pour une prestation complète à leur prochaine visite, question de se faire une meilleure idée de ce qu’ils ont dans le ventre.
Prochaine soirée
Les prochaines Nuits FEQ mettront en vedette Yann Perreau, qui viendra présenter son prochain album, Le fantastique des astres. La première partie est assurée par Charlotte Cardin et Pandaléon (qu’on a bien hâte de voir live). La date? 29 avril 2016. Le coût? Encore une fois, seulement 15 $. Billets
Québec avait de la grande visite vendredi et samedi soirs. Patrick Watson relançait sa tournée à l’Impérial Bell après avoir déjà conquis le monde une fois avec son magistral Love Songs for Robots.
Nous avions déjà eu le plaisir de voir le spectacle à quelques reprises l’été dernier et nous avions hâte de voir si les cartes avaient au moins été un peu brassées. Nous sommes arrivés dans un Impérial déjà bien garni de jeunes (et moins jeunes) mélomanes déjà tous souriants. La magie allait être dans l’air.
Et n’eut été d’un problème de son chronique qui a agacé Watson, ses musiciens et le public tout au long du spectacle, cette soirée aurait été presque parfaite.
C’est au son de la très feutrée Know That You Know que Watson et son groupe font leur entrée. Quelle entrée en matière, beaucoup plus énergique si on compare aux spectacles de l’année dernière alors que le concert commençait par Love Songs for Robots! Le Montréalais n’a pas perdu de temps et il a enchaîné avec Good Morning Mr. Wolf, Hearts et Bollywood. On remarque déjà que le son n’est pas tout à fait à la hauteur, ce qui semble agacer Watson pendant qu’à la console, on sue à grosses gouttes pour trouver le bobo. On fait son possible pour faire comme si de rien n’était, on se réchauffe le coeur avec Grace, langoureuse, chaude, pop baveuse, mélodieuse comme une chanson des Beach Boys.
Pendant qu’on est à chaud, aussi bien en profiter avec Mishka, Joe, Robbie, et les autres musiciens (dont une section de cuivres), pour nous jouer quelques vieilles chansons… en mode acoustique, tous autour du même micro! Words in the Fire, Wooden Arms et la déjà classique Into Giants ont su charmer des fans conquis d’avance. Malheureusement, les problèmes de son se sont montrés plus agaçants pendant cette période plus tranquille.
Visuellement, on avait droit une fois de plus à du bonbon grâce à des jeux de lumières savants basés sur ces fameuses lampes qui étaient installées au fond de la scène. On a même eu droit à un impressionnant jeu de lasers qui a ébloui autant le parterre que le balcon, qui ont lancé des « ooh » d’émerveillement. Réussite totale sur ce plan.
C’est une transition magnifique entre Love Songs for Robots et Places You Will Go qui a marqué le début du dernier droit du spectacle qui nous a donné une nouvelle occasion de nous émerveiller avec une Adventures in Your Own Backyard magistrale, épique et complète, trompette incluse. Turn into the Noise est venue clore ce plat de résistance dans une nouvelle immersion son et lumière qui s’est conclue sous un tonnerre d’applaudissements.
L’obligatoire rappel n’a pas déçu, alors que Watson a interprété Big Bird in a Small Cage et Step Out For a While avant de terminer tout en douceur avec Lighthouse. Beaucoup de chansons des deux derniers albums, ce qui n’a pas empêché Watson de piger quelques chansons des premières années de son répertoire.
Sérieux, si ce petit problème de son agaçant avait pu être réglé (une vraie badluck), on aurait eu droit à la totale. Comme les spectateurs du lendemain ont eu. Pas grave, on se reprendra.
Laura Sauvage
En septembre dernier, elle présentait ses chansons en solo devant public pour la première fois. Quelques mois plus tard, Laura Sauvage (Vivianne Roy) a beaucoup plus de matériel à présenter et franchement, c’est toujours aussi prometteur. Les pièces folk-rock se mélangent fort bien à l’attitude et à la voix de Sauvage, qui peut autant jouer en douceur que mordre à pleines dents dans la vie. Extraordinormal, le premier album complet de la jeune auteure-compositrice-interprète, sera lancé à la fin du mois sur Simone Records.
La saison 2015-2016 des Nuits FEQ se terminera par un concert marquant le retour attendu de Yann Perreau le 29 avril prochain à l’Impérial Bell. Perreau viendra présenter Le fantastique des astres, son cinquième album qui sortira au cours du même mois.
Il nous a d’ailleurs offert un premier extrait fort éclaté intitulé J’aime les oiseaux.
Avant le concert de l’auteur-compositeur-interprète, l’Impérial Bell accueillera deux autres Nuits FEQ : on pourra danser au son de Radio Radio le 26 février et rocker avec The Sheepdogs le 10 mars. Les billets pour tous ces concerts sont au coût de 15 $.
La vente de billets pour le concert de Radio Radio va d’ailleurs bon train. Le duo acadien présentera son premier album en anglais Light The Sky, qui sera lancé le 19 février prochain. Samito (révélation Radio-Canada 2015-2016) et Pierre Kwenders (Espoir FEQ 2015) assureront la première partie.
Quant aux Sheepdogs, ils seront sur scène pour la tournée Future Nostalgia, album sorti en octobre dernier. Les Hôtesses d’Hilaire et Beat Cops précéderont le groupe pour proposer une soirée 100 % rock !
On les avait entrevus il y a quelques années au Festival d’été de Québec alors qu’ils assuraient la première partie d’un show des Black Keys (j’y vais de mémoire, là). Puis ils sont revenus à la charge l’année dernière avec un album qui a connu beaucoup de succès. Mais bon, pas besoin de vous dire que le groupe est surtout connu pour avoir eu le malheur d’être au Bataclan le 13 novembre dernier au soir.
Quant à DFA 1979, leur passage au FEQ en 2011 avait été mémorable (les éléments s’étaient déchaînés pendant leur concert).
Eh ben voilà, les deux groupes viennent tout juste d’annoncer une tournée conjointe à travers les grands espaces canadiens et un arrêt est prévu à Québec le 8 mai prochain (à l’Impérial Bell).
La formation Yardlets sera chargée de réchauffer la foule. Leur rock qui décoiffe devrait se gagner quelques nouveaux fans.
Les billets sont en vente dès vendredi à midi. Si vous aimez votre rock énergique, dansant et contagieux, vous ne niaiserez pas.
Avons-nous besoin de vous dire que nous aimons bien Galaxie à ecoutedonc.ca? Avant ce soir, nous les avions vus quatre fois cette année aux quatre coins du Québec. À l’Impérial Bell en mars. Au sous-sol de l’église de Baie-Saint-Paul en juillet. À Rouyn-Noranda en septembre. Et dans la mythique Grange de Saint-Prime en octobre. Les quatre fois, nous en avions eu plein les oreilles (et les yeux). Restait cette soirée ultime pour un groupe qui est passé du statut de groupe culte pour amateurs de gros blues-rock juste assez sale à celui de plus grand groupe rock québécois à l’heure actuelle. Qu’ils soient devant 100 000 personnes en mode découverte ou devant 200 fans finis, Olivier Langevin et sa bande livrent la marchandise.
On a beau être des rock stars, quand on s’appelle Galaxie, on entre à l’heure. C’est ainsi qu’à 21 heures tapantes, les lumières se sont éteintes, les projecteurs se sont allumés et les boys (plus Karine Pion) sont entrés sur scène sous les acclamations de la foule. Évidemment, l’Impérial a explosé lorsque les premières notes de Zulu se sont fait entendre. Sur le parterre, ça tape joyeusement des mains. Après les mains, c’est la tête qui est mise à mal avec Camouflar. Pendant que le groupe, particulièrement en forme, rocke comme il le fait toujours, la foule, elle, se brise rageusement la nuque au son des solos endiablés de Langevin.
Ce show-là est rodé au quart de tour. Je ne compte plus les fois où j’ai entendu Camouflar live. Celle-là, c’était la meilleure. Mais je me questionne… où est donc rendue Dragon? Ils la gardent pour la fin? Ah ben non. La vlà. Ça crie tellement qu’on se croirait au Centre Bell après un but du Canadien. Frank Lafontaine s’amuse comme toujours aux claviers. La moitié de la salle danse, l’autre moitié se brasse dans un moshpit digne des plus fabuleux. Je suis content d’avoir laissé Jay prendre des photos ce soir. 🙂
Après un petit rafraîchissement (qui fait du bien pour tout le monde), Galaxie repart ça avec Baron, un autre moment malade du show avec ses chk, chk, chk, chk, chk, chk, chk, chk, houuuuuuuuuuuuuu si sexy! La section rythmique, menée de main de maître par un Pierre Fortin qui bûche comme un métronome sur le 220, aidé d’un Jonathan Bigras qui tape joyeusement sur tout ce qui lui passe par la main, nous incite à danser, à oublier tous nos problèmes. Ce soir, le rock, qui a été un peu malmené ces derniers jours avec les événements qu’on connaît, prend toute une revanche ce soir à Québec! Langevin charge à nouveau à fond de train : Portugal. Le parterre fait le pogo à l’unisson pendant que Fred Fortin, force tranquille du groupe, la casquette bien vissée sur la tête, s’amuse fermement.
Un petit coup d’oeil vers Frank Lafontaine qui, avec sa FRank Touch, transforme Galaxie en en groupe stoner qui inclut le trip de bouffe bien sucré. Il est à peine 21 h 37 et Frank a déjà envie de quelques cognacs. Ben sûr, c’est ce que Langevin a compris. On comprend pas toujours quand on parle d’une voix trafiquée. Mais ses claviers, ainsi que la voix de Karine Pion, apportent une petite touche de sucre à cette virilité qui suinte de partout. Ça plaît aux filles, nombreuses sur le bord de la scène, à s’exciter tout plein à l’approche de Langevin. Je dis « filles », mais je reconnais là de respectables mères de famille qui lâchent complètement leur fou après une journée de dur labeur!
Les projections sont toujours savoureuses. Les éclairages, toujours aussi apocalyptiques.
Le temps passe si vite quand Robot Lynx dure près de 10 jouissives minutes! Tellement qu’à 22 h 30, quand les lumières se rallument, on trouve que tout s’est déroulé trop vite. Le truck Galaxie, qu’on vient de prendre en plein dans la gueule, roulait à fond de train. De quoi créer une forte dépendance.
Va falloir qu’on y retourne, je pense bien. Ça tombe ben, on a appris le lendemain que le groupe mythique était de retour le 11 février prochain au Grand Salon de l’Université Laval, cette fois accompagné de deux autres machines de rock : Caravane et Gazoline seront aussi de la partie. La meilleure nouvelle? C’EST GRATUIT! Vite, allez récupérer vos billets à la CADEUL, à L’Anti ou chez EXO!
PONI
L’avantage d’ouvrir pour un groupe comme Galaxie, c’est que devant toi, t’as un parterre rempli de mélomanes, alors, tu fais ton truc pis les gens vont t’écouter. D’entrée de jeu, les gars de PONI annoncent que ça va être « relax » (symbole international du show qui va brasser en tabarslack). Je me frotte les mains de bonheur. Le groupe de Montréal originaire du Lac sonne tout à fait stoner bleuet. À la deuxième chanson, je regrette déjà d’avoir oublié mes bouchons dans mon sac photo. La foule, qui entre encore pendant la prestation, est littéralement enterrée par le groupe. YES, me dis-je! Un groupe qui IMPOSE le respect! À la troisième chanson, ceux qui racontaient leurs vies se taisent, écoutent et acclament les gars. Les têtes hochent dans toutes les directions et votre pas très humble serviteur est déjà content de son investissement. Et que le grand Cric me croque si ces gars-là n’ont pas un incroyable sens de la mélodie! Il a dû se vendre quelques vinyles à l’entracte! Formidable mise en bouche!
Passé un certain âge, la jeune génération semble perplexe quand on lui annonce, tout souriant, qu’on écoute du rap (ou du hip-hop, même affaire!). Il esquisse un sourire, pis toi tu vois ça et tu t’emballes : le cours d’histoire peut commencer. En vain : à la minute que tu namedroppes Grandmaster Flash, les kids décrochent. Loin de moi l’idée de me qualifier de puriste, mais j’aime bien savoir quelle route a été parcourue pour justifier que ma destination soit la plus populaire en 2015. C’est une fatalité : l’rap, c’est une musique de jeunes POUR les jeunes, point barre. Tout ça pour dire que je suis allé voir Loud Lary Ajust à l’Impérial Bell dans le cadre des NuitsFEQ.
Pendant qu’une odeur de post-puberté envahissait la salle et que le paysage qui se dressait devant moi devenait, lentement mais surement, un forêt de capuches su’a tête, ce cher Toast Dawg est monté sur la scène avec Monk.e pour commencer ce spectacle ‘drette à l’heure (une première, dans mon cas. Bravo!). En fait, le set de Toast Dawg était, dans mon cas, un livre d’histoire du « rapqueb » qui s’ouvrait devant moi. Une magnifique clash générationnel, avec des MCs de qualité qui se succédaient. Le fait que le public continuait d’entrer ou de vaquer à ses inutiles occupations me dérangeait, mais « Feeling Light » d’Egypto et Waahli m’a fait décrocher. Les MCs multipliaient les efforts afin de faire embarquer un public qui m’apparaissait irrespectueux. Les rappers louangeaient le légendaire producteur en se succédant sur diverses pièces des deux volumes de Brazivillain ainsi que quelques tracks plus personnelles (s/o à Ken’lo pour sa reprise de Sugar Hill Gang). Ce jeune public s’est fait entendre lorsque Yes McCan a interprété « Moi pis mes Homies », et à la venue de Koriass, qui conclut ce set en lion avec un « Sorry » très énergique.
Koriass ayant rendu la crowd hype (et quelques chants de « Olé » trés clichés), Eman est apparu, masque sur le visage, pour son set qui m’a déçu, dans l’ensemble. Pourtant, Eman et Vlooper sont une des forces tranquilles du rapquébécois : des productions soignées, soulful qu’Eman, un des meilleurs MCs bars-for-bars au Québec (son meilleur verse à vie est sur « Miracle Vivant », qu’il a fait), ride sans problème, avec une certaine désinvolture (presque). Mais ce duo manque de « charisme de scène » (ca existe tu, ça ), ce qui fait que je n’étais pas 100% dans leur performance. L’ajout de ModLee, pendant deux chansons, fut la bienvenue pour un « Back to Me » très senti. Eman s’est amusé avec ce jeune public assoiffé de meme en commençant un « Hotline Bling » qu’il a coupé court assez rapidement, sourire aux lèvres.
La foule devenait plus compacte : signe métaphorique pour moi de laisser la place à cette belle jeunesse qui voulait vénérer leur « rapqueb gods » : Loud Lary Ajust. C’est d’en haut, le sourire en coin que j’observais cette foule se dépêcher sur les nombreux hits de A-Justice, l’architecte du succès de LLA. L’énergie étais au rendez-vous : Loudmouth et Lary Kidd (et son dadbod) sautaient et s’appropriaient efficacement la scène de l’Impérial devant un public conquis d’avance. Leur performance puait l’assurance jusqu’au second étage : ils avaient la certitude que tout ce beau monde se sont déplacés pour eux et eux seulement. Les beats de A-Justice étais mis en grande valeur grâce à la batterie et la guitare (Elliot Maginot, by the way) afin que le tout soit à un autre niveau : celui de l’excellence. « Gruau » fut indécent (dans le bon sens du terme) et j’ai particulièrement apprécié l’implication d’A-Justice dans le spectacle, qui rendait le tout plus vivant et qui le valorisait comme membre du groupe à part entière (J’pas sûr, j’pense j’aime ben’ Ajust…). Loudmouth (qui as pris du galon au niveau charisme) et Lary Kidd n’ont pas pris leur public pour acquis et ont donné l’impression de tout donner pour le dernier tour de piste de leur Blue Volvo, tout en offrant deux nouvelles chansons de leur prochain projet, au passage.
Peu importe: mes élucubrations de old head qui sombre dans un certain élitisme, je souriais subtilement en regardant une scène vivante et éclectique à souhait, remuer la tête sur de la musique originale et actuelle. L’accessibilité de LLA permet de faire briller efficacement le « rapqueb ».
Jeudi soir, devant Petit impérial bien rempli, le duo 2Frères présentera son spectacle bâti autour des chansons de l’album Nous autres, qui connaît un joli succès populaire. Érik et Sonny Caouette ont voulu faire un album positif et familial, près de leurs valeurs et sur ce plan, ils ont bien réussi. J’ai eu l’occasion de m’entretenir quelques minutes en mai dernier. Qu’on aime ou pas leur musique, une chose est certaine : les frères Caouette sont des vrais. Des passionnés. Ça a donné une maudite belle discussion… et bien des préjugés dégommés!
Une autre entrevue-fleuve de votre humble serviteur.
J’avais écrit une question niaiseuse pour commencer.
Est-ce qu’on est vraiment deux frères?
Je le sais, ça, que vous êtes vraiment deux frères! Non, ma question est encore plus niaiseuse : Comment vous vous êtes rencontrés?
[Rires]
Comment est‑ce que vous en êtes arrivés à jouer de la musique, Chapais, c’est‑tu si plate que ça?
Comment ça, c’est un beau hobby, jouer de la musique!
Je veux dire… j’ai vu que vous avez commencé très jeunes, vos parents vous ont aidés, ainsi de suite!
Bien, nos parents jouaient de la musique dans un groupe pour des événements corporatifs, des mariages, des choses comme ça, puis nous, bien, dès notre plus jeune âge, on a baigné là‑dedans puis ça… on est quatre enfants chez nous, il faut le dire, puis nous, on est les deux du milieu. Mais la plus vieille… on a une soeur plus vieille puis un frère plus jeune, qui n’ont aucun intérêt pour la musique. Mais nous, on a commencé à jouer de la musique assez tôt dans notre vie, puis ça a été de soi. On s’est tout simplement lancé dans l’aventure ensemble.
Donc, une fois l’aventure lancée, je vois que vous avez commencé avec un duo de Soon et Caou. C’était quel genre de musique? Des compositions?
Sonny : Non, du tout. Les composition sont arrivées plus tard. Soon et Caou, dans le fond, c’était un nom qu’on s’est trouvé parce que bon, Éric s’est toujours fait appeler Caou, moi, Soon pour Sonny, Caou pour Caouette, en fait. Puis on faisait des événements corporatifs, des mariages, des trucs de même. On ne faisait pas de compositions, on faisait uniquement des covers, des chansons des autres, puis c’était assez varié parce que nous, quand on était jeunes, on a été bercés par toutes sortes de musiques, et surtout du Québécois… du bon vieux Québécois : Beau Dommage, Laurence Jalbert et compagnie. Donc, je te dirais que ça rôdait autour de ça, même si on a… parce qu’on gagne notre vie avec des covers dans les bars aussi depuis cinq ans, puis on essaie de toucher à tous les styles, là, que ça soit du rock, du pop, du pop‑rock plutôt.
Puis en cours, de parcours on a décidé de changer de nom parce que les gens nous débaptisaient toujours. Il ne savaient pas comment le prononcer, ils ne s’en rappelaient pas. Donc, à force de se faire débaptiser, on s’est penchés sur la question, puis finalement, on a opté pour 2Frères après une longue discussion.
Érik : On a « brainstormé » longtemps quand même pour en arriver à quelque chose d’aussi simple que 2Frères. Ça s’est imposé comme une évidence parce que 2Frères, ça nous représente bien. On est vraiment du monde qui a des valeurs familiales bien ancrées : la famille, les amis et tout ça, on est comme ça. Donc 2Frères, aussitôt qu’on a sorti l’idée, ça nous a tout de suite plu. On s’est tout de suite reconnus là‑dedans, puis on a décidé d’y aller pour ça.
Est‑ce qu’on risque de s’attendre à des déchirements à la Gallagher comme Oasis?
Érik : Il y a quelqu’un qui a fait une comparaison à Oasis ce matin aussi. Non.
Sonny : Mais, non, ça va… ça va très bien. On a une belle relation, puis le fait de partager… de partager une passion, aussi, ça nous rapproche, ça a tendance à nous rapprocher. Puis on est des personnes assez faciles… on a des caractères forts chacun, un et l’autre, mais on se complète bien dans la vie en général, puis on n’est pas rancunier, donc…
Érik : Ni l’un ni l’autre, oui, ça fait que ça donne une grosse chance, disons.
À part les collaborations puis les petits cadeaux sur votre album, les chansons sont souvent créditées « 2Frères ». Ça marche comment, votre processus de création?
Sonny : Il y a eu beaucoup de collaboration, comme tu disais, mais les pièces qui sont à nous autres sur l’album, il y a « Maudite promesse », qui a malgré tout été travaillée, parce que dans le fond, «Maudite promesse» , elle a été écrite par nous, mais elle a été retravaillée avec Stéphane Dussault (des Respectables) par la suite, puis il y a «M’aimerais‑tu pareil» qui est une toune entièrement de nous autres. Puis pour le processus de création, habituellement, j’envoie le premier jet, paroles et musique, après ça, même si elle n’est pas terminée, je la présente à Érik, puis si ça nous plaît à tous les deux, bien là, on la peaufine puis on la termine ensemble. Et donc, il y a aussi… on a collaboré sur «Démons du midi» aux paroles et à la musique. En fait, la musique, oui, on a collaboré aux paroles et à la musique, puis la chanson Pépé aussi, on a fait la musique et on a travaillé le texte avec Stéphane Dussault.
Érik : Il y a eu une collaboration dans Casseroles et clairons. On a fait une partie des paroles avec Steph Dussault et Jonathan Painchaud, et la musique est de Jonathan Painchaud et Stéphane Lévesque, un de nos amis de Sept‑Îles.
Puis j’ai remarqué aussi une collaboration avec Alexandre Poulin, aussi, qui est comme pas mal hot ces temps‑ci…
Sonny : Oui, c’est un artiste qu’on respecte depuis ses commencements, puis nous, ce qui nous plaît dans la musique, c’est surtout les paroles des chansons, quand il y a des histoires qui racontent quelque chose, finalement. Puis il y a comme… comme on avait un gros penchant pour Alexandre Poulin, bien, quand on a fait la rencontre de Mario, il nous a demandé s’il y avait des artistes qu’on aimerait voir écrire pour nous autres, puis nous autres, on a tout de suite pensé à Alexandre Poulin instantanément, puis il l’a contacté. On l’a rencontré, super swell le boy, vraiment fin. Puis il nous a envoyé une chanson qu’il avait déjà, qu’il n’avait jamais endisquée, mais qu’il avait déjà en banque.
Érik : Puis il a décidé de nous l’offrir. Ça nous plaisait, ça fait qu’on a décidé de la prendre, tout simplement.
Pour un gars comme moi qui a, bon, pas mal vécu son adolescence dans les années 1980, quand on entend Mario Pelchat, nous autres, on pense tout le temps Couleur passion, Pleure dans la pluie et compagnie. Bon, c’est sûr que je sais qu’il a beaucoup changé depuis. Même récemment, il a comme entrepris un gros virage plus country-folk. Comment c’est, travailler avec Mario?
Sonny : Mario, c’est quelqu’un d’extrêmement généreux. C’est quelqu’un de… tu sais, pour ma part, je trouvais ça intimidant un peu. Non, mais pour vrai, je trouvais ça intimidant un peu parce que c’est quand même quelqu’un qui est dans le métier depuis 34 ans. C’est quelqu’un qui a du pif, quelqu’un qui a du flair, ça fait que juste de savoir au départ qu’il s’intéressait à nous autres, c’était extrêmement motivant. Mais je te dirais qu’en règle générale, c’est facile, travailler avec Mario. C’est quelqu’un avec beaucoup de caractère, mais c’est… il est un peu comme nous autres, il n’est pas rancunier. C’est quelqu’un qui est capable de dire les vraies affaires. On sait à quoi s’attendre avec lui, il ne nous fait pas de fausses promesses…
Érik : On a toujours l’heure juste.
Sonny : C’est quelqu’un de très droit.
Érik : Ce qui est le plus important dans le domaine, je pense, quand tu travailles avec des gens, c’est d’avoir l’heure juste. Ce n’est pas un métier qui est facile, d’autant plus… plus que jamais en 2015, c’est difficile, mais ce qu’on veut, nous autres, c’est avoir l’heure juste, c’est avoir la vérité. Ce n’est pas… on ne veut pas qu’on nous dise ce qu’on veut entendre, on veut savoir ce qu’il en est réellement, puis c’est ce qu’on a avec Mario. C’est vraiment… il nous le dit toujours, tu sais. Ce n’est pas facile, même quand on a des bons coups. Il est toujours là pour nous rappeler que ça va bien, c’est le fun, tu sais…
Sonny : Mais il n’y a rien de gagné.
Érik : … c’est encourageant, mais il n’y a rien de gagné, il faut travailler fort, il faut continuer d’établir des stratégies puis de savoir ce qu’on fait puis où est‑ce qu’on s’en va, c’est super important pour lui. Il ne néglige absolument aucun détail. Il est minutieux, et puis il ne regarde pas les dépenses. Quand il sait que c’est important, go, on fonce, on le fait. Malgré l’industrie difficile qui bat de l’aile, lui, s’il sait que c’est important, il va mettre le budget nécessaire pour que ça fonctionne.
Parlant d’industrie difficile, quand on y entre, je connais des artistes émergents de la région qui ont deux, trois, quatre jobs en plus de la musique, comment voyez-vous votre avenir à moyen ou à long terme? Est‑ce que vous êtes assez optimistes? Pensez-vous pouvoir vivre de ça décemment?
Sonny : Bien, nous, ça fait déjà cinq ans qu’on vit de ça. On fait la tournée des bars aussi, il faut le dire, là, en chansonniers à deux, en faisant la tournée des bars, on a réussi à se bâtir un public qui est extrêmement fidèle, puis je pense que la proximité avec les gens, c’est le secret pour réussir dans l’industrie. Parce qu’aujourd’hui, la musique se pirate facilement, puis même si les gens l’achètent sur iTunes, bien souvent, ils vont acheter une toune, peut‑être deux. Dépendamment des chansons qu’ils aiment sur ton album. Donc, je pense vraiment que le secret, c’est la proximité avec les gens, puis on a la chance d’avoir un public qui n’est pas immense, mais qui est extrêmement fidèle.
Érik : Je pense qu’il y a deux choses qui font aussi qu’on peut être proche de notre public comme ça : les réseaux sociaux qui sont une arme d’une force incroyable en 2015. Je pense que c’est impossible pour un artiste émergent de rejoindre le public sans les réseaux sociaux. Ça doit se faire, mais tu sais, en partant, tu pars deux kilomètres en arrière de tout le monde. Donc, il y a deux choses qui nous aident beaucoup : les bars et les réseaux sociaux, parce qu’avec les bars, on va vraiment rencontrer les gens un peu partout en région. C’est facile d’y aller, on y va en formule duo, on ne fait pas exclusivement nos chansons, donc on fait des covers aussi. On en profite pour…
Pour glisser les vôtres?
Érik : … pour peaufiner nos chansons à travers des covers. Ça nous permet de nous faire connaître par les gens, puis tu sais, dans un bar, l’ambiance est propice à développer des amitiés puis des liens parce qu’on prend un verre puis, tu sais, on a du plaisir avec les gens. On est là trois soirs de suite, ça permet aux gens d’amener des amis le lendemain puis tout ça. Ce sont tous des gens qui s’ajoutent sur notre page Facebook puis qui nous suivent. Quand on sort quelque chose, ils sont les premiers à partager, ils sont les premiers à être là, à cliquer j’aime puis à commenter, à acheter l’album, à se prendre en photo avec, à nous donner leurs commentaires, ça fait que c’est vraiment un lien direct avec les gens partout au Québec.
J’ai noté les thèmes qui reviennent souvent dans vos chansons. Évidemment, il y a les traditionnelles relations amoureuses. Ça, je pense qu’en chanson, on ne s’en sauve pas. Mais la famille, vous disiez tantôt que c’était super important pour vous autres, c’est une grande… une valeur, je pourrais dire, fondamentale, le territoire, patriotisme, le hockey, même, une chanson sur les démons du midi, j’avais trouvé ça quand même bien drôle. Puis aussi cette chanson, « Les casseroles », ce sont quand même des mouvements sociaux… bon, j’imagine que vous allez chercher ça dans votre quotidien, cette inspiration‑là?
Bien, on a beaucoup de collaboration aussi, mais c’est sûr que la famille, c’est une chose primordiale. On a toujours la chanson Roadtrip qui parle de notre métier de chansonnier sur la route qu’on pratique depuis cinq (5) ans, puis c’est important pour nous la diversité des textes. C’était vraiment important… c’était important de toucher à l’amour, évidemment, parce qu’on ne peut pas… c’est ce qui touche le plus les gens, les chansons d’amour, c’est souvent les chansons auxquelles les gens vont le plus s’identifier, mais des chansons comme « Démon du midi », on trouvait ça le fun d’aborder le sujet parce que c’est très peu exploité en musique, mais c’est quand même intéressant parce qu’on connaît tous quelqu’un, tu sais… Le gars avec qui on l’a écrit, Stéphane Dussault, il a 45 ans, et sa conjointe a 32 ans, tu sais. Ça fait que déjà, ça le touchait plus personnellement. Ça nous a aidés à bâtir la chanson, il connaît un peu le phénomène.
Il y a 30 ans de différence entre mon père puis sa blonde. Je me suis dit en riant : « Heille, c’est mon père! » Mais le fait d’être personnel comme ça, j’en ai parlé avec d’autres artistes récemment puis ils me disaient : « Tu veux rejoindre le plus grand nombre de personnes possible, sois le plus personnel possible, parle de toi, parle de ce qui te touche, parle vraiment de tes émotions à toi, n’essaie pas de parler de celles des autres, tu n’es pas dans leurs souliers. » Vous autres, vous voyez ça comment, comme approche? J’imagine justement que vu que vous avez quand même un public qui est proche puis qui est fidèle…
Sonny : C’est difficile à répondre comme question. Par contre, moi, je te dirais que des chansons comme «Maudite promesse», qui a été écrite pour une vraie rupture que j’ai vraiment vécue, bien quand tu vis les choses que tu écris, c’est plus facile de les transmettre à quelqu’un qui les vit aussi. Bien, il y a eu beaucoup de gens qui nous ont écrit parce que «Maudite promesse», ça a été notre… ce n’est pas notre dernier single parce qu’il y en a un autre qui vient de sortir, mais c’est notre avant‑dernier single puis elle a beaucoup tourné, puis il y a des gens qui nous écrivaient : « Wow, moi puis ma copine, on vient de se laisser, puis j’écoute votre toune en boucle pour X, X raison parce que je me vois dedans. » Puis la raison est que quand je l’ai écrit, je vivais aussi une peine d’amour. Je ne l’ai pas juste écrit en m’imaginant une peine d’amour, ça fait que d’écrire des chansons qu’on vit personnellement, ça permet de mieux transmettre les émotions que les gens qui vivent la même chose peuvent ressentir plus facilement. Comprends‑tu ma réponse?
Érik : Je trouve ça… je trouve ça le fun pour un premier album d’avoir des chansons qui nous touchent personnellement.
Sonny : Je te donne un exemple. Steve Marin, le réalisateur et directeur artistique de l’album, trouvait ça important qu’on se reconnaisse dans nos propres chansons, tu sais, qu’on ne fasse pas trop d’interprétation, qu’on le vive, tu sais, qu’on vive les chansons qu’on chante. La chanson Trente‑trois tours qu’Alexandre Poulin nous a donnée était au départ écrite à la première personne. Pour faire une histoire courte, la chanson était chantée au « je ». Le chanteur, l’interprète de la chanson vivait personnellement ce qu’il chantait, mais c’était loin de nous parce que c’est un gars qui reste près du Mile‑End à Montréal. Il rencontre une fille dans le vieux magasin de disques où il travaille. Puis Steve a eu l’idée de la mettre à la deuxième personne, donc au lieu de « Je travaillais dans un magasin de disques », « Tu travaillais… », tu sais. Ça fait que c’est comme si on racontait l’histoire d’un chum.
Érik : Nous autres.
Sonny : C’est Steve Marin qui a écrit la pièce titre, «Nous autres», qui est notre plus récent extrait radio. Pas trop longtemps après qu’on se soit rencontrés, il a voulu écrire une chanson qui traitait de nos valeurs fondamentales : la famille, les amis, les enfants, vraiment tout ce qui est fondamental pour nous, finalement, là, puis il a écrit «Nous autres» qui parle du fait qu’on vient d’un petit village entre l’Abitibi puis le Lac‑Saint‑Jean, qu’on est devenu parents puis tout ça, puis ça nous a touchés beaucoup quand on a vu ça, on avait l’impression que c’était nous qui l’avions écrit. C’est ça que ça donne, l’impression, parce que quand tu vas sur une scène pour interpréter tes chansons, il faut que les gens à qui tu les chantes aient l’impression que c’est toi qui l’a écrit, même si ce n’est pas le cas. Céline est une grande interprète en ce sens‑là. Elle chante une chanson pareil comme si elle l’avait écrite.
Érik : Éric Lapointe aussi.
Sonny : Éric Lapointe.
Éric Lapointe chante les mots de Tabra la plupart du temps comme si…
Sonny : …comme si c’était les siens.
Érik : Même quand il reprend une toune de Ferland, si tu n’as jamais entendu la version de Ferland, jamais tu peux te douter que ce n’est pas Lapointe qui l’a écrit, là.
Sonny : Donc le fait d’avoir des chansons qui ont été écrites personnellement pour nous autres, ça nous permet de faire ça.
J’ai cru remarquer que vous êtes très influencés par la musique d’ici, mais avez‑vous des influences extérieures aussi?
Sonny : Moi, j’ai été beaucoup influencé par le rock quand j’étais jeune, le rock des années 1980. Je dis toujours que j’ai appris à jouer de la guitare sur du Ozzy Osbourne, puis c’était branché dans une DS2, full distorsion, l’overdrive dans le tapis, puis ça faisait saigner les oreilles. J’ai appris à jouer de la guitare là‑dessus, mais c’est sûr que j’ai été aussi beaucoup influencé par la musique québécoise. Moi, pour m’endormir le soir, j’ai une petite playlist, là, de vieilles tounes québécoises, du Laurence Jalbert, du France D’Amour, du Isabelle Boulay, du Beau Dommage, une playlist qui m’endort le soir parce que ça me rappelle des souvenirs quand j’étais jeune.
Mais il n’y a pas beaucoup de… on n’est pas très rock.
Érik : Pas très rock, mais dans l’avenir, on va… je pense qu’on va travailler un peu nos affaires, on va… parce que Sonny… Sonny, c’est un guitariste… un excellent guitariste, acoustique comme électrique. Puis je trouve personnellement que sur l’album, on n’a pas exploité encore, on n’a pas pas… puis c’est tant mieux, tu sais, c’est tant mieux qu’on n’ait pas tout fait sur le premier album
Sonny : On se garde des surprises pour des albums à venir. Mais il y a bien des choses qu’on pourrait faire puis qu’on veut travailler. On en a parlé justement avec Steve Marin qui va réaliser notre deuxième album aussi, sur lequel on va commencer à travailler bientôt, même. Donc, il nous reste encore plein de surprises, là, pour un deuxième puis même un troisième album. On a des idées en tête déjà, là.
Vous m’avez volé ma dernière question, justement. Vous parlez d’un éventuel deuxième album?
Sonny : Écoute, c’est sûr et certain que nous autres, si on nous demande d’en faire 40, on va en faire 40. On veut vivre de ce métier là depuis toujours. Mais je te dirais que si le premier marche bien, il n’y a rien qui va nous empêcher d’en faire un deuxième, ça, c’est sûr. Mais il reste encore à gagner le public pour le premier, il vient de sortir quand même, il faut se laisser un peu de… il faut se laisser un peu de temps, mais je te dirais que c’est sûr et certain que si on nous demande de faire un deuxième album, bien, on va le faire, c’est sûr et certain. Si les radios embarquent, ça ne devrait pas être trop difficile.
Érik : On espère que ça va bien aller, tu sais. Il n’y a jamais rien de gagné, même si ça va super bien, là.
C’est sur ces mots fort lucides que l’entrevue s’est terminée. Bien sûr, on a jasé encore un peu après, on a parlé de nos familles, de hockey, comme si on était entre chums. C’est un peu l’ambiance qui va régner le 15 octobre prochain au Petit Impérial. Le spectacle sera présenté à guichets fermés. Pour ceux qui manqueront les frères Caouette, ils seront de retour le 14 avril prochain à l’Impérial Bell.