Il était parti en tournée en Italie pour presque tout le mois de février, et c’était le premier concert depuis son retour, qui avait lieu au mythique Magasin général Le Brun de Maskinongé le 22 avril dernier.
Comme pour la plupart des gens présents dans la salle, mes connaissances sur l’auteur-compositeur-interprète s’arrêtaient à son dernier album Volcano sorti en février 2016. Bien qu’il semblerait que dernièrement, les nouvelles compositions de Jason Bajada sont majoritairement en anglais, ses deux derniers albums sont en français (Volcano et Le résultat de mes bêtises) alors que ses deux premiers, Loveshit et The Sound Your Life Make, sont visiblement en anglais.
C’est toujours agréable de constater que le Magasin général Le Brun attire des amateurs de découvertes musicales. Bien que j’aie constaté rapidement la présence de fans de l’artiste, la majeure partie de l’assistance le voyait pour la première fois. En embarquant sur la scène, en solo avec sa guitare (et parfois son harmonica), il semblait gêné, mais cela n’a pas duré longtemps. Très farceur, il a su mettre le public dans sa poche assez rapidement.
D’entrée de jeu, il a joué une nouvelle chanson, Collision, présentant un peu ce sur quoi il travaillait présentement. Sans aucun setlist, il surfait sur la vague du public et de ses envies. « Si vous avez des demandes spéciales, gênez-vous pas, je vais les faire… si je m’en souviens! », a lancé Bajada en début de soirée. Quelqu’un n’a pas manqué de lui demander Jean-François, une chanson de Volcano qu’il a dit n’avoir jamais faite en spectacle.
Après une bonne coupe de vin, plusieurs demandes spéciales du public, dont Pékin, qui tourne beaucoup à la radio (et qui, semble-il, est une chanson parfaite pour courir!), la gêne s’était complètement envolée. J’ai trouvé super intéressant de découvrir les chansons, qui sont très rock alternatif avec des accents indie sur disque, alors qu’en live, l’indie ressortait beaucoup plus. La couleur était différente, et j’ai beaucoup apprécié cet aspect.
La soirée en était une de première. Autant pour Bajada, qui jouait plusieurs nouveautés, que pour le public, qui découvrait l’artiste. La pièce Jojo, celle dont il est le plus fier et qui sera sur le prochain album (scoop : il s’intitulera Loveshit 2) , a été l’une des plus marquantes de la soirée. À plusieurs reprises, il a remercié les gens présents d’être autant attentifs, car c’est vrai, personne ne faisait un bruit lors des chansons, ce qui rendait le moment d’autant plus magique. La seule chose qu’on entendait, c’était le plancher du magasin craquer.
Jason Bajada est allé se cacher trente secondes derrière le bar (il n’y a pas de backstage à Maskinongé) pour revenir faire l’un des rappels les plus longs auxquels il m’a été donné d’assister, soit près de dix chansons. J’ai eu l’impression qu’il nous présentait son nouvel album en entier durant la soirée tellement il a été généreux et semblait avoir du plaisir. La seule reprise a été There is a Light That Never Goes Out, de The Smiths. Il a conclu avec Painkilling, une nouvelle chanson, et a invité les gens à chanter avec lui pour se laisser sur une fin digne de Springsteen, d’après ses mots.
J’ai beaucoup apprécié découvrir à quel point l’auteur-compositeur-interprète est polyvalent, autant avec sa voix qu’avec ses guitares. Lorsqu’il chantait en anglais, j’avais l’impression qu’il allait dans des notes très basses, en contraste avec ses chansons en français. Il a également utilisé le loop à plusieurs reprises comme il était en solo, ce qui est toujours impressionnant à entendre et à voir en live. En résumé, et encore une fois, Jason Bajada a été une belle découverte, autant pour l’humain que l’artiste qu’il est.
Photo : Marion Desjardins; pour l’entrevue avec l’artiste, c’est ici (février 2016)
Ce matin, c’est avec fierté que le directeur général Thomas Grégoire nous a présenté le travail accompli qui entoure la programmation 2017 du FestiVoix de Trois-Rivières.
Devant les efforts déployés par l’équipe du FestiVoix pour rassembler le meilleur de la musique populaire québécoise, nous ne sommes pas surpris de constater une programmation aussi complète.
Nul doute, la population mauricienne sera charmée par les artistes qui interpréteront leurs pièces sur la scène Loto-Québec. Parmi eux, l’équipe d’ecoutedonc.ca tient à souligner la présence d’artistes qui prennent de plus en plus de place sur la scène musicale québécoise tels que Les Trois Accords et le groupe électro Valaire, entre autres. À ne pas manquer également en plateau double, Karim Ouellet et Alex Nevsky le jeudi 6 juillet.
Grégoire a ensuite enchaîné avec ce que l’équipe du FestiVoix appelle leur « joyau », soit la programmation des Voix multiples sur la scène Bell Fibe. L’objectif était de rendre honneur à l’importance historique et culturelle de la cour du Monastère des Ursulines où figurera cette scène. C’est en offrant des spectacles intimistes, faisant référence à la poésie de Louis-Jean Cormier, à la sensibilité des Sœurs Boulay et aux harmonies de The Franklin Electric, qu’ils atteindront cet objectif.
Autrement, nous sommes heureux de retrouver des artistes qui nous sont familiers et qui ont attiré foule dans les salles de la Mauricie au cours des dernières années. Évidemment, nous serons présents au café-bar le Zénob, au bar Le Trèfle, à l’Embuscade et au Temps d’une Pinte pour vous parler des prestations de nos favoris.
Le Zénob accueillera le cher Gab Paquet le vendredi 30 juin, Crabe le jeudi 6 juillet, Antoine Corriveau le vendredi 7 juillet et les fameux Deuxluxes le samedi 8 juillet.
Ce jeudi 1er septembre, après avoir sillonné la magnifique route pour se rendre à Rouyn-Noranda, l’équipe s’est dispersée pour aller couvrir les spectacles de la première journée du FME ! Voici donc l’expérience de l’équipe en mots et en photos :
C’est dans l’air plus que frisquet que je suis débarquée de l’autobus hier matin, regrettant immédiatement d’avoir paqueté mon linge de fille du Sud qui sait pas qu’en Abitibi, même si on annonce beau et chaud, le matin, t’es quand même au mois de septembre. Mais le soleil s’est pointé en même temps que le lancement de cette 14e édition du Festival de Musique Émergente et tout Rouyn-Noranda s’est rassemblé au 5 à 7 d’ouverture pour manger du méchoui sur une 7e rue transformée en une véritable Place des festivals conviviale et champêtre. Avec ses lounges sur pelouse, son tourniquet géant pour les enfants et sa grande installation-couloir d’entrée psychédélique-rétro-terroir (oui oui), l’équipe s’est encore une fois donnée pour que le FME prenne des allures de grand happening qui n’a rien à envier aux manifestations culturelles au sud de la 117. Mes co-marathonniennes vous reviendront avec leurs impressions des premiers spectacles de la soirée et je vous ferai un compte-rendu de ma rencontre avec les trois (pas si méchants) loups de We are Wolves (texte à venir), mais si j’ai quelques lignes pour vous parler de ce jour 1 du FME 2016, ces lignes se doivent d’être monopolisées par ce coup de coeur que j’ai eu pour Partner, qui jouait hier à minuit au Cabaret de la Dernière Chance. (Sarah Bélanger-Martel)
Quebec Redneck Bluegrass Project
On part en grand avec Québec Redneck Bluegrass Project, ça sent le whiskey, les épinettes et la poussière de gravier soulevée par les pick-ups. Le grand vent frais de Rouyn-Noranda nous fouette la face juste assez fort pour bien se réveiller d’une bonne sieste… Après une très longue journée passée dans le bus assis sur ses fesses, je peux vous dire qu’on avait besoin d’aller se déniaiser les jambes! Dès les premières notes attaquées énergiquement au violon, le party lève et nos pieds aussi. L’énergie du groupe se communique rapidement à la foule qui danse déjà, tape des mains en rythme et tourne et chante en choeur. Il faut dire que le groupe est réputé pour trimbaler dans ses valises tout ce qu’il faut de joie, d’énergie et de talent pour garantir à chaque fois un beau dancefloor explosif! Les coudes se lèvent allègrement, on finit sa bière avant d’aller sauter dans le slam, parce que t’sais, on est tous ben plus cools su’a brosse. (Arielle Galarneau)
Marie-Pierre Arthur et Galaxie
Le délire continue avec Galaxie et la chanteuse Marie-Pierre Arthur en invitée. C’est la première fois que je les vois sur scène, mes attentes étaient grandes après avoir trippé longtemps sur Tigre et Diesel et je peux vous dire que je n’ai pas été déçue! Les gens sont réchauffés après le joyeux bûchage de QRBP et sont fin prêts pour du plus lourd. La machine se met en marche, « ça chie des briques ». Ils commencent avec des pièces de leur dernier album Zulu et invitent Marie-Pierre à reprendre des choeurs et refrains, mais la voix de la chanteuse se perd rapidement dans la symphonie rock qui est trop chargée pour laisser sa place à son petit gabarit vocal. Malgré ceci, sa contribution au très musclé Camouflar est excellente, en faisant un des moments forts de la soirée. La basse puissante fait littéralement vibrer le sol et le cœur des spectateurs. (Arielle Galarneau)
Charlotte Cardin
Après le passage de Jason Bajada sur la magnifique scène de l’Agora des arts, impossible de rester insensible au charme de la voix de Charlotte Cardin. Lorsqu’elle chante, ça vient te prendre au cœur et tu as juste envie de fermer les yeux et de vivre le moment. Bien que je commence le spectacle dans le cadre de porte puisque la salle est trop pleine, je peux tout de même apprécier l’essence de chaque note et des paroles de la belle et ses musiciens. Vers le milieu du spectacle, j’entre dans la salle pour contempler de plus près la simplicité des arrangements qui laisse toute la place pour contempler le talent énorme qu’il y a sur la scène. Le public semble envoûté et j’avoue que j’oublie que j’ai chaud ou froid, mal à la tête ou que je suis fatiguée l’instant de quelques chansons. (Karina Tardif)
Groenland
La pétillante Sabrina Halde et sa bande se sont présenté sur la scène de l’Agora des arts fébriles et énergiques puisqu’ils présentaient au public plusieurs de leurs nouvelles chansons de leur album à paraître le 16 septembre. Cela n’aura toutefois pris que quelques chansons avant que la foule se lève de sa chaise pour profiter du spectacle en dansant et en tapant des mains. Les chansons de l’album The Chase ont plus que ravis les fans dans la place et j’avais plus que hâte de me faire aller les hanches sur des airs connus. L’avant-goût que nous avons eu du nouvel album me laisse encore plus excitée pour la sortie dans deux semaines! (Karina Tardif)
Rouge Pompier
Sous l’Espace Lounge Hydro-Québec, les gars de Rouge Pompier, qui ont un solide public en Abitibi-Témiscamingue, ont tout donné. Fidèles à eux-mêmes, ils étaient très énergiques, divertissants et complices entre eux, mais surtout avec le public. C’est d’ailleurs toujours étonnant de voir à quel point les gens se ruent vers la table de marchandise après chaque spectacle de Rouge Pompier, et c’était encore le cas hier soir.
Vers la fin du spectacle, Jessy Fuchs a tenté de démarrer un « circle pit » sur Autobus autour d’une gigantesque table tournante en décor fabriqué pour le FME, mais la technique n’a pas suivi… pour une fois que je me décidais à y participer ! Qu’à cela ne tienne, on s’en est tous retourné devant la scène pour continuer de chanter fort en reprenant le « mosh pit ». C’était un début de fin de soirée essoufflant, mais tellement satisfaisant. On s’est fait gâter avec plusieurs pièces du premier album comme Anne Dorval, Paquet d’choses et Paul, entre autres et je terminerai en citant Jessy juste avant le « wall of death », « Mesdames et messieurs, voici un show de rock » ! (Karina Tardif)
Partner
L’anticipation était palpable pour ce spectacle du jeune duo de Sackville composé de Josée Caron et Lucy Niles. Connaissant actuellement une belle “émergence” sur la scène musicale anglophone, Partner était à sa place au FME, où les attendaient d’ailleurs toute la délégation torontoise des médias, et plusieurs coeurs déjà conquis, de Rouyn et d’ailleurs. On m’avait prévenue que c’était bon, mais on ne m’avait pas prévenue que je n’aurais PAS le choix d’adorer ça.
Tomber en amour avec Partner se fait naturellement et littéralement personne n’y résiste. C’est que Parter propose du véritable bonbon (un bonbon suret, sucré et addictif, on s’entend) avec ses hymnes punk-rock aux saveurs années 90 qui, s’ils avaient existé durant notre adolescence, auraient alors été la trame sonore de nos vies. Avec beaucoup d’humour, les deux complices Josée et Lucy nous livrent des chansons qui parlent des petites épiphanies de la vie quotidienne : comme quand tu fouilles dans le tiroir d’un coloc et que tu trouves un objet qui s’avère être un accessoire d’aquarium et non un jouet sexuel ou quand tu réalises que, lesbienne et avec un accent des Maritimes, toi et Ellen Page, vous êtes pas mal sur la même page. Expressive et attendrissante, Josée Caron a un charme à tout casser et la voix parfaite pour se faire donner la réplique par Lucy Niles, dont la désinvolture et le charisme boyish ramène l’ensemble vers quelque chose de plus garage, de plus grunge. Leur sincérité est désarmante, leur complicité et leur plaisir à être sur scène, contagieuse. Et c’est probablement cette authenticité qui fait de Partner un petit joyau dans l’univers des bands qui se prennent trop au sérieux : les filles rockent avec une énergie juvénile qui souffle et décoiffe comme un véritable vent de fraîcheur.
Si on a eu droit au “segment lesbien de la soirée”, comme disait Josée, il y a quelque chose de profondément réjouissant et libérateur pour toutes et tous à écouter Partner revendiquer son identité lesbienne. Outre lignée musicale (et la lutte sociale) au sein de laquelle le groupe s’insère ainsi, Partner se sert du punk-rock dans son esprit d’origine: libre, revendicateur, avec une énergie brute qui envoie promener les conventions et qui agit en quelque sorte comme une communion entre un paquet d’individus uniques et différents qui se retrouvent dans la musique. Amen. (Sarah Bélanger-Martel)
We are wolves
L’album, qui sortira le 30 septembre, est déjà décrit comme étant un album qui ose, et je pense qu’avec la performance qu’on a eue au FME, oser est vraiment le mot qui décrit leur univers. Se foutre des conventions comme ils le font, eux seuls peuvent le faire avec autant d’assurance. Les lumières, l’habillement, les voix et les pièces qui s’imposent comme un coup de poing dans la face, je vous jure que c’était la parfaite combinaison pour terminer la première soirée du FME en beauté. (Karina Tardif)
Voici l’album photo de Marie-Clarys Taillon et Sébastien Ouellet:
Trois ans après son premier album en français (le très bien reçu par la critique « Le résultat de mes bêtises»), Jason Bajada a proposé sa deuxième offre complètement en français en février dernier. Le résultat est vaguement rétro et très riche musicalement.
Suite à un voyage en Islande et à des épreuves particulièrement difficiles pour lui, Bajada a écrit un album aux sons lumineux, malgré ce qu’il se passait dans sa vie. L’auteur-compositeur-interprète s’est allié aux musiciens Jocelyn Tellier (Dumas), Olivier Langevin (Galaxie) et François Lafontaine pour faire cet album. On sent l’apport de ces derniers sur le premier extrait «Pékin (les amitiés)».
«J’ai beau rêvé, mais mon sommeil n’est pas paisible, mon cœur de pierre fait l’imbécile pour toi» , ainsi amorce « Demain vendredi », la deuxième pièce de l’album. Les voix féminines de Marie-Pierre Arthur et de Camille Poliquin (Milk and Bone) qui font le chœur, les guitares d’Olivier Langevin et de Jocelyn Tellier, se couplent à un refrain accrocheur, signal que la chanson est une belle réussite.
Sur « Si je craque », c’est la plume de Jason Bajada qui ressort. Il présente un folk à la Dumas ou qui ressemble à Louis-Jean Cormier dans certaines tournures de phrases. Le thème des relations amoureuses épineuses est présent, comme tout au long de l’album. On ne réinvente pas le style musical, mais Bajada sait y mettre sa couleur.
Les ballades «Je ne termine jamais l’histoire» et «Alors on recommence» vont bien avec le timbre chaleureux de voix de l’artiste. «Jean-François» fait partie des moments forts de l’album, tant par la fragilité que l’on ressent que par le thème de la chanson, soit le suicide d’un ami du chanteur.
On tape du pied sur «Tiens le coup» et la tension monte sur «Des grenades dans les yeux» par le biais des guitares d’Olivier Langevin et de Jocelyn Tellier.
Bref, l’album a plusieurs moments forts et en mérite largement l’écoute, malgré le fait qu’on ne réinvente pas le style musical de Jason Bajada.
Un extrait de «Demain vendredi». [bandcamp width=100% height=42 album=2278824401 size=small bgcol=ffffff linkcol=0687f5 track=1996031835]
Le mois passé, Jason Bajada sortait Volcano au centre Phi, à Montréal. Personnel, l’album se veut le témoignage d’une histoire d’amour, des débuts lover aux épisodes tourmentés qui mèneront à la rupture. C’est à la Ninkasi rue Saint-Jean que j’ai eu le plaisir de rencontrer l’auteur-compositeur-interprète qui était de passage à Québec pour présenter un spectacle à l’occasion du Off-Rideau.
Précédé de Le résultat de mes bêtises (2013), Volcano est le deuxième album francophone en carrière pour Bajada. Oscillant entre l’anglais et le français, il croit qu’il est extrêmement difficile ou extrêmement facile d’écrire dans les deux langues: «Il y a des périodes de 5 mois pendant lesquelles je n’écris pas du tout alors qu’il y a des chansons sur l’album qui ont été écrites en un après-midi. Ce n’est jamais la même chose. Ça dépend du moment.» Il reconnait toutefois que c’est un Art d’écrire et qu’il a hésité longtemps avant de le faire en français, croyant qu’il ne le maîtrisait pas assez bien. «Pour chaque Leonard Cohen, il y a un Alain Bashung», dit-il. Au départ, il avoue avoir souffert du syndrome de l’imposteur jusqu’à ce qu’on le rassure sur la qualité de ses textes et qu’on lui rappelle qu’il a passé 50% de sa vie en français puisque c’est la langue maternelle de son père et qu’il a fréquenté les écoles francophones. Bajada a vite réalisé que les mécanismes étaient les mêmes dans les deux langues et qu’il suffisait de ne pas over thinker l’exercice.
Inside the volcano
L’album Volcano a été écrit, en partie, dans des circonstances difficiles où Bajada baignait dans l’anxiété pour la première fois. Comment est-il arrivé à transformer ce sentiment paralysant en un outil de création? L’artiste raconte qu’il était en période d’écriture lorsque les moments difficiles ont commencé: « Volcano est un peu comme Loveshit (2008). C’est un document sur une relation amoureuse principalement. En revisitant l’album, je réalise qu’il y a des chansons super positives, lover et belles.» dit-il. «Ensuite ça se gâte au milieu de l’album avec la chanson Tiens le coup.» Cette pièce a d’ailleurs été composée le soir même où les véritables troubles anxieux ont fait leur apparition dans sa vie. Profondément ébranlé par l’expérience, il avoue n’avoir pas eu le choix de traiter le sujet: «Quand ça va pas bien, j’écris. C’est ce que je fais dans la vie.»
L’anxiété n’a pas seulement teinté la relation amoureuse qu’il entretenait avec son ex-copine. Elle a également fauché son meilleur ami atteint de troubles anxieux. La chanson Jean-François lui est d’ailleurs dédiée et raconte l’histoire d’un homme qui semble heureux et en possession de ses moyens alors qu’il est sur le bord de l’éruption, comme un volcan. Forcement, l’année 2014-2015 a été un annus horribilis pour Bajada qui a finalement trouvé la sérénité au fond d’un volcan lors d’un voyage salutaire en Islande. «Je suis parti en voyage en Islande après que l’album soit terminé. Tous les parallèles ont été faits dans le cœur d’un volcan que j’ai exploré lors d’une activité à Reykjavik qui s’appelle Inside the Volcano. C’est dans le fond de ce volcan que je me suis senti le plus serein pendant mon année, même si c’est une situation qui pourrait être désastreuse. La métaphore était puissante. C’est là que j’ai trouvé le titre de l’album et la photo de la pochette qui est une photo prise avec mon iPhone au début du voyage», confie-t-il.
Les influences musicales
Pendant l’écriture de Volcano, Bajada raconte qu’il écoutait beaucoup l’album de The War on Drugs, Lost in a Dream : « J’avais envie de ce genre de train Bruce Springsteen-là, comme justement le premier extrait, Pékin, et la chanson Tiens le coup. Ce sont des chansons qui, pendant 6 minutes, avancent comme un train à 160 bpm». Il tenait quand même à conserver son range de voix et le côté mélancolique qui lui ressemble et qui traduisait la période qu’il traversait. Selon lui, changer le rythme stimule la créativité et l’écriture. «Je me sens hyper bien de chanter Pékin, même que j’ai l’impression que c’est mon vieux stock. Pourtant, je n’ai jamais composé des chansons aussi rapides», dit-il. Bajada ajoute qu’il a également beaucoup écouté l’album Are We There Yet de Sharon Van Etten : «Je ne sais pas, elle m’a saisi avec son album et son EP I Don’t Want to Let You Down».
En studio avec de grosses pointures
Jason Bajada était très bien entouré lors de l’enregistrement de Volcano. Il a pu compter sur Samuel Joly à la réalisation et à la batterie, sur Alexandre Lapointe à la basse (The Brooks), sur Oliver Langevin à la guitare (Galaxie), sur Joss Tellier à la guitare également, sur François Plante et sur François Lafontaine au clavier (Galaxie, Patrick Watson). Marie-Pierre Arthur et Stéphanie Lapointe ont également prêté leur voix. «Il y avait de quoi faire de la magie avec les musiciens qui étaient dans la pièce!», affirme Bajada. Il a eu cependant quelques difficultés à se détacher de ce qu’il avait composé sur les maquettes. Le propos de l’album était très personnel : «Je suis arrivé au studio avec des maquettes sur lesquelles il y avait du drum, de la basse et de la guitare électrique. J’en ai beurré épais, il y avait du stock!». Or, il a vite fait de laisser beaucoup de place aux musiciens : «C’était le bout le fun, le bout hors de mon control. Même si c’était difficile et que je devenais insécure parce que je ne reconnaissais plus mes maquettes. On a jamé, on a exploré. Je savais que je pouvais leur faire confiance».
Jason Bajada s’est livré au questionnaire musical avec enthousiasme et on a découvert des réponses surprenantes.
Qu’est-ce que tu écoutes dans ton char?
Ça varie, mais cet après-midi, dans mon char, j’écoutais The Replacements.
Quels sont tes classiques?
Its a Wonderful Life de Sparklehorse est mon album île déserte. Je vais dire XO d’Elliott Smith aussi. N’importe quel album des Lemonheads. Doolittle des Pixies. The Hour of Bewilderbeast de Badly Drawn Boy. Il y en a tellement! N’importe quel album de Kanye West.
CD ou Vinyle?
Vinyle! Je ne vois pas l’utilité du CD. Avec l’achat d’un vinyle, t’as un download code. La relation physique avec l’objet (vinyle) est plus importante qu’une playliste.
Plaisir coupable?
C’est vraiment des trucs que j’assume et que j’adore, qui ont été des influences pour moi. Ce sont des trucs qui ne sont pas cool d’aimer, mais je ne ferais pas de musique aujourd’hui s’ils n’avaient pas existé. Counting Crows, August and Everything After. C’est le plus bel album ever! J’ai adoré les Goo Goo Dolls aussi. Ces temps-ci je dois t’avouer que j’écoute beaucoup de Drake.