Après un premier maxi qui a fait tourner quelques têtes, voici le premier album, fort attendu, de la jeune auteure-compositrice-interprète Rosie Valland, Partir avant. Une très belle carte de visite folk nuancée aux accents atmosphériques qui s’écoute sans trop de mal du début à la fin, si ce n’est de cette impression constante qu’on a déjà entendu cette musique quelque part.
Album de rupture, un brin mélancolique, résolument atmosphérique, Partir avant a toutes les caractéristiques d’un album longuement mûri, peaufiné, travaillé. Accompagnée de Jesse MacCormack et de Jean-Philippe Levac (Pandaléon), Valland nous sert une collection de neuf chansons folk-rock sages, mais pas trop, qui lui ressemblent.
On a toujours peur quand on écoute un premier album, surtout quand il est fort attendu comme celui-ci. On a peur de se retrouver avec des chansons un peu naïves, un peu trop premier degré, remplies de rimes faciles et de jeux de mots primaires. Valland évite ces écueils : les textes sont beaux et touchants, le vocabulaire est riche, Valland chante ses émotions comme elle nous parle, et nous, ben nous restons là, suspendus à ses lèvres.
En musique, le power trio composé de MacCormack, Levac et Valland a réussi à envelopper ces textes avec de fort jolies musiques. Comme on l’a dit, c’est très atmosphérique, souvent très feutré, mais on n’a pas peur de sortir les sonorités plus rugueuses et intenses au besoin. Ce ne sont pas des chansons qu’on risque d’entendre très souvent à la radio (bien que Olympe et St-Denis ont un petit côté pop piqué des vers), mais ça, c’est surtout la faute des diffuseurs.
Seul hic, et dans mon cas, il est assez gros : dès les premières notes d’Oublier, on a une grosse impression de déjà entendu. Voilà, Rosie Valland a un timbre de voix qui ressemble beaucoup à une autre auteure-compositrice-interprète qui fait dans le folk-rock (Salomé Leclerc, pour ne pas la nommer). Ajoutons à cette (belle) voix un univers musical qui ressemble un brin à celui de Leclerc, et nous voilà un brin agacés. J’imagine que cet agacement sera moins grand chez ceux qui connaissent moins bien le répertoire de Salomé. J’imagine aussi qu’au fil des écoutes, cet agacement laissera sa place au plaisir d’écouter de bonnes chansons. Est-ce le fruit du hasard? Quand on lui demande de nous parler de ses influences, Valland parle plutôt de Cat Power, de Feist et de James Blake. Des influences que nous reconnaissons dans ces chansons, certes, mais pas aussi clairement.
Est-ce suffisant pour bouder son plaisir? Naaaah. Partir avant est un très, très chouette album qui, à notre avis, n’a qu’un vilain défaut. Combien d’artistes auraient rêvé pouvoir lancer leur carrière avec un tel album? Combien d’artistes ont des chansons qui frappent droit au coeur comme Finalement ou Nucléaire? Il y en a plein qui n’y arriveront pas, même en s’essayant pendant des années et des années.
Sur ce plan, Partir avant est une réussite. Rosie Valland est lancée et rien ne pourra l’arrêter. À 23 ans, elle livre déjà des chansons magnifiques, émouvantes, parfois un brin troublantes, qui parlent autant au coeur qu’à la tête. Une écoute est de mise.
Rosie Valland sera au Pantoum le 24 septembre prochain. Détails : https://www.facebook.com/events/878489625571511/
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