Lectrices, lecteurs, passionnés de musique comme nous le sommes, nous avons de grandes nouvelles pour vous.
Après cinq ans passés à promouvoir la scène locale et émergente de Québec, après plus de 1 500 articles sur la musique d’ici et d’ailleurs, nous sommes fin prêts à élargir nos horizons. C’est pourquoi, à l’occasion de notre anniversaire, l’équipe vous propose deux projets d’envergure. Le tout est organisé en collaboration avec plusieurs autres acteurs de la scène locale (merci au Pantoum, tout particulièrement, qui s’implique activement dans le processus).
Pour en apprendre plus sur ce qu’on vous réserve, on vous invite à vous joindre à nous le jeudi 20 avril prochain au disquaire Le Knock-Out (832 St-Joseph Est, Québec) à 11h. Sur place, nul autre que Jacques Boivin (notre big boss/chef bienveillant) sera là pour vous expliquer plus en détails notre projet. Il y aura même une surprise musicale pour régaler vos oreilles! Vous pouvez confirmer votre présence sur l’évènement Facebook.
Un grand merci à tous ceux qui nous suivent, de près ou de loin, depuis longtemps ou depuis tout récemment. Restez à l’affût pour la suite des choses!
Le Festival OFF de Québec dévoilait sa programmation aujourd’hui au Knock-Out devant quelques médias et invités. L’édition de cette année (6 au 9 juillet), qui a pour slogan «Tout est possible», nous réserve à première vue plusieurs surprises, de nouvelles découvertes et du fun en barre. La présentation était accompagnée de la performance de trois artistes de la programmation aux registres variés.
Avec une programmation locale à 50%, pari que l’équipe du festival tient année après année, le festival OFF 2016 promet des soirées hautes en couleur. Pour n’en nommer que quelques-uns, Robbob, Jérôme St-Kant, La fête et Charles Garant sont autant d’artistes de Québec qu’on pourra voir sur les différentes scènes du OFF.
Côté inusité, déjà, la soirée d’ouverture commence avec une prestation «à la frontière des genres», tel que nous l’explique Sophie Bernier, directrice de la programmation : dans Anthropologies imaginaires, entre le théâtre et la musique, Gabriel Dharmoo présentera des peuples imaginaires et leur culture. Pour faire lever le party, le OFF a aussi organisé un gros Karaoké le même soir, où l’on nous promet «du kitsch au deuxième degré». Suivra Bad Dylan, un groupe prometteur et festif que vous avez peut-être découvert dans la liste de Noël Poulet-Neige de cette année. Définitivement, cette soirée promet de rivaliser avec le succès de l’année dernière.
Le reste de la programmation n’a d’ailleurs rien à envier à cette soirée d’ouverture ou encore à l’édition précédente. On nous promet autant de spectacles plus «intellos», comme la musique électro-contemporaine d’Anoush Moazenni avec son piano modifié, que de prestations qui font bouger, comme celle de Les voyageurs nus avec leur musique festive et engagée. La dernière soirée, quant à elle, est réservée à l’univers du rock : Les Goules y feront leur apparition, ce que Sophie Bernier nous annonce avec émotion en se remémorant leur passage au festival en 2012, alors que le groupe était considéré comme cliniquement mort.
On aura encore droit à beaucoup de primeurs cette année, mais aussi à différents spectacles montés tout spécialement à l’occasion du OFF comme le trio Andrew, Jean-Michel et Fabien, où se rencontrent trois membres actifs de la scène québécoise pour un événement inédit, inimitable. C’est ce qui caractérise ce festival rempli de premières fois et de découvertes pour chacun, ce que le directeur général du OFF, Guillaume Sirois, appelle «les soirées signature».
Ce festival, «incubateur pour la relève de la région» selon le DG, est une occasion en or de découvrir les artistes émergents de demain, de trouver quelques perles rares avant tout le monde. Ce n’est pas un festival qui attire avec des noms connus, mais bien par le côté énigmatique de sa programmation. On vous invite par ailleurs à la découvrir par vous via le site web du OFF. Une compilation regroupant des chansons des différents artistes sera aussi disponible sur le même site, ainsi que les passes (ridiculement abordables) qui sont aussi en vente à différents endroits dès maintenant. On nous a même appris que ceux qui achèteront les leurs dans les points de vente physique (Knock-Out, Sacrilège, Ninkasi, etc.) auront droit à une petite surprise.
En janvier dernier est apparu une image de jambes féminines sur un fond bleu cyan et une inscription toute discrète annonçant le nouvel album Vaginite pour un dur à cuire de Brun Citron. C’est ce samedi qu’avait lieu le lancement de cette magnifique cassette, dans un lieu tout aussi beau : Le Knock-out. Punch, sourires, enfants et parties de baby-foot étaient au rendez-vous.
C’est accompagné de Nicolas Girard (Grand Morne) et David Cimon que notre Brun Citron a joué l’intégral de cette nouvelle publication : 12 pièces, 11 minutes. Aussi rapide et simple que ça ! T’as pas le temps d’aller te chercher une réglisse au comptoir caisse, que déjà on est rendu à la moitié de la performance. Quelques blagues par-ci, par là, deux pièces jouées de façon plus acoustique, le tout à la bonne franquette et parfait pour cet après-midi ensoleillé. Petite chanson bonus-rappel à la fin : Vomir dans mes ch’veux, tirée du premier album. J’écris tout ça, mais en fait, c’est que j’en ai profité pour faire une petite entrevue avec Jonathan Boisvert. Je te la présente ici, accompagnée de quelques photos de cette journée.
On sait que Brun citron, c’est un projet solo entre un ukulélé et toi, sauf qu’aujourd’hui, tu étais avec Nicolas et David. Sur ce nouvel album, on parle aussi de la participation de Benoit Pinette (Tire le coyote), Dan Santos (Scream Elliot) et Benoit Poirier (Jesuslesfilles, Le monde dans le feu). Peux-tu m’en dire un peu plus sur leur implication et le procédé derrière sa création ?
J’avais fait le premier seul. Je ne jouais pas de batterie, je m’étais pratiqué et j’avais tout fait. Rendu au deuxième, bien, ça ne me tentait pas de tout faire ! J’étais un peu… un peu fatigué de tout faire ! Comme j’avais plein d’amis, je m’étais dit : « Ah, bien, je vais engager plein de drummers que je connais et j’ai le goût de travailler avec eux. » Puis c’est ça, avec David, je lui avais dit : « Ah, viens faire la basse, ça serait cool. » Je ne sais pas c’est quoi mon processus, mais c’était comme : « Ah, bien, on va l’essayer avec celle‑là, si ça vous tente. » En général, ils ont dit oui, et Benoît Pinette est venu taper des mains et faire des back vocals.
Tu as tout enregistré chez toi, donc tout ce beau monde s’est pointé dans ta maison?
Oui, tout le monde est arrivé chez nous, on a fait ça à peu près dans le même mois.
Comme on vient d’en parler, ton deuxième album présente des pièces un peu plus élaborées musicalement, qu’est-ce qui t’a mené vers ce choix ?
Puisque j’ai fait le premier album ainsi que les spectacles seul, ça augmente le niveau de stress beaucoup. En travaillant avec des gens, je m’assurais qu’ils étaient droits et j’ai rajouté de le basse, qu’il n’y avait pas dans le premier. Je trouvais ça le fun aussi de faire jouer mes tounes par d’autres… même si c’est des drôles de sujets !
Sur le bandcamp de ton premier album, il y a des citations diverses de gens qui expriment leur appréciation, dont une de ta mère qui dit : « Ouin… c’est thérapeutique ton orchestre! » Il serait écrit quoi pour celui-ci ?
Ma mère a encore raison pour celui‑là ! Elle ne me l’a pas dit, mais… oui, c’est ça, c’est thérapeutique comme album, encore un peu.
Avec la venue de Vaginite pour un dur à cuir, tu comptes faire évoluer Brun citron de quelle façon dans les prochains mois, tu as des spectacles à venir ?
Je vais faire d’autres choses bientôt, mais c’est complètement différent. Ça va être encore Brun Citron, parce que c’est encore moi qui monte toute la patente, mais ça sonne quand même très différent. Cet album‑là, ça fait un petit bout quand même qu’il est enregistré, donc je suis passé à autre chose. Mon but avec Brun Citron, c’est vraiment de sortir ce que j’ai le goût de sortir et de faire un album différent à chaque fois. Celui‑là se rapproche vraiment du premier, mais le prochain, on va pogner une débarque. Si les gens aiment ça, bien qu’ils l’écoutent, puis sinon, qu’ils ne l’écoutent pas et qu’ils attendent le prochain qui va peut‑être être à leur goût !
L’idée derrière la pièce Belle Perruche vient du film pas mal culte La cloche et l’idiot, est-ce que tu as d’autres inspirations particulières du genre ?
Souvent les chansons, quand je les écris, elles sont vraiment plus longues. Je les rapetisse puis je les brunis. Comme par exemple, Le beurre, c’était une relation amoureuse qui n’avait pas vraiment marché avec moi, parce que la fille était vraiment différente. Je me rappelle qu’une fois, elle m’avait obstiné à l’épicerie, que ça serait mieux que j’achète de le la margarine : le beurre, c’est gras, puis c’était vraiment… « regarde, moi, je prend du beurre, puis je pense qu’on n’est pas fait pour s’entendre. » Donc, c’est ça, Le beurre, c’était une relation vouée à l’échec déjà à l’épicerie !
Maintenant on passe aux questions thématiques !
Question Groupie :
Dernièrement on a pu t’entendre sur l’album de Beat Sexü, Open House et sur une collaboration avec le Rock dans le feu. Avec qui d’autre aimerais-tu collaborer ? Un artiste de Québec ou d’ailleurs, et pourquoi ?
Bien, en fait, j’ai tout le temps voulu… là, eille, je te dévoile des affaires! C’est bizarre, je ne lui ai jamais dit en plus et je lui parle souvent, mais j’ai toujours voulu travailler avec Gab Paquet. J’aime beaucoup ce qu’il fait, et il a souvent une twist que j’aimerais lui donner pour voir qu’est‑ce que ça ferait. Je trouve qu’il écrit super bien et il a une voix incroyable, mais je ne lui ai jamais dit, dis‑lui pas !
Question Passe-temps :
J’en profite pour mentionner que la cassette est, de loin, dans les plus belles que j’ai vues, et tu l’as d’ailleurs presque entièrement réalisée. On sait que tu es derrière la compagnie Moustache moutarde, où tu y fais du graphisme et de la sérigraphie, en plus de faire de la photographie et des gâteaux de fête. As-tu d’autres talents cachés tels que de l’escrime ou le pouvoir d’arrêter le sang de couler ? Sinon, quel serait ton prochain défi ou quel pouvoir tu aimerais acquérir ?
Non, c’est pas mal ça. Je suis bien curieux. Quand je découvre quelque chose et que je tripe, j’aime ça savoir comment c’est fait et essayer ! C’est un peu comme ça que j’ai commencé la sérigraphie. On était parti quatre gars à Chicago voir le Pitchfork, et il y avait full de flatstock et beaucoup d’affiches de shows en sérigraphie. Je capotais, t’sais ! En revenant on est passé par Toronto et dans le char, je me disais : « Moi, je veux faire de la sérigraphie. » On est arrêté dans une librairie et il y avait un livre, Faites de la sérigraphie à la maison. Je l’ai acheté, j’ai commencé à essayer ça, puis c’est ça ! Mon nouveau pouvoir serait de vivre éternellement pour être capable de faire tout ce que je veux faire !
Question Alimentaire :
Si tu tappes Brun Citron sur Google, outre ton Bandcamp et compagnie, on tombe sur un lot de recettes à base de citron et de rhum brun. Ça serait quoi les autres aliments qui formeraient la recette pour représenter le band ?
Je l’ai déjà tapé, oui ! Le rhum ! Ce serait un peu dans la même optique, beaucoup des fruits colorés, mais qui sont passés date un peu. Ils sont tout beaux, mais ils baignent dans le rhum.
Question Film :
Quand on écoute tes pièces, on a tout de suite plusieurs images qui nous viennent en tête. Es-tu quelqu’un qui écoute beaucoup de films, et as-tu un réalisateur favori ?
Oui ! Il y a plein de réalisateurs que j’aime, mais je n’en ai pas de préféré parce que je ne les connais pas tous non plus. J’aime ceux‑là qui poussent, qui essaient des affaires, qui n’ont pas peur de se planter, comme Alejandro González Iñárritu par exemple. J’ai regardé le Making off de Birdman, et il disait : « T’sais, la trame sonore, ça va juste être du drum. » Sur papier, c’est un plan foiré, là, ça ne marche pas, mais moi, j’ai vraiment trippé en écoutant le film. Après, il a fait Le Revenant en disant : « On va filmer seulement avec de la lumière naturelle. » Je trouve que c’est comme ça qu’on avance. Ce n’est pas en reproduisant tout ce qui se fait. C’est un peu ce que je fais aussi, c’est ennuyant, sinon. Il faut essayer au risque de se planter.
Dernière question : thématique de ton choix
Bien, c’est écrit le mot Doloréanne sur le mur en arrière (cc : le mur du Knock-out avec toutes les signatures des bands qui sont passés dans la boutique).
O.K., alors, qu’est‑ce que tu ferais avec la machine de Back to the Future ?
J’irais faire de la musique dans les années trente, quarante. J’ai vraiment un kick là‑dessus. On dirait que dans le temps, l’industrie du disque n’existait pas. La musique, c’était un divertissement, ce n’était pas un produit qu’il fallait pousser, c’était juste ludique. C’est arrivé dans les années cinquante, qu’on produisait des albums pour faire de l’argent avec ça. Oui, c’était encore pur et beau dans ce temps‑là. Ça avait l’air, en tout cas !
Vous pouvez écouter le très divertissant nouvel album de Brun Citron en direct de son Bandcamp et/ou y acheter une cassette. Elles sont aussi en vente au Knock-out, et si vous êtes chanceux, vous allez même repartir avec un T-shirt pour le même prix !
Merci à Tatiana Picard pour la transcription de l’entrevue.
Après des concerts remarqués sur la route québécoise des festivals, avec chaque fois une solide dose de décibels et un paquet de gueules tombantes, le duo Prieur & Landry a su attirer les faveurs des mélomanes et des médias. C’est d’abord grâce à la boîte Sexy Sloth que j’ai eu la chance de les voir, lors d’un mini festival qui se déroulait à la mi-juillet. Avec de bons souvenirs de la performance, j’avais d’assez hautes attentes avant d’écouter l’album et je n’ai pas vraiment été déçu par ce que j’ai pu y entendre.
Quand tu décides de prendre les planches d’assaut comme duo, il faut que tu saches travailler avec ce que t’as à ta disposition pour en tirer le maximum de jus. Ce serait difficile de dire que les gars n’ont pas relevé le défi. Les riffs en béton armé et le set-up de Gab Prieur amènent une dose assez satisfaisante de basses fréquences pour que le duo soit dispensé de faire appel à un bassiste. La présence du vocal est juste assez bien dosée sur l’album, qui fait plutôt la part belle au hochage de tête en bonne et due forme avec des longs segments instrumentaux. Le style vocal peut le rapprocher d’Ozzy parfois ou de certains groupes rock typiques des années 90 à d’autres moments. Eliot Landry s’occupe quant à lui de la batterie, qui est tout à fait appropriée pour le genre, avec une belle lourdeur et un bon groove, que ce soit dans les passages plus lents ou plus rapides. Toutefois, la batterie n’est que rarement le point focal, étant plutôt le parfait complément pour la guitare.
Les pièces se suivent et un certain motif se dessine dans l’alternance entre celles qui, rapides et énergiques, en mettent plein la gueule, celles qui, plus tranquilles sur le tempo, révèlent un certain blues et celle qui répètent cette même alternance à plus petite échelle. Étrangement, le tout semble familier. L’originalité n’est pas nécessairement le point fort du groupe autant que leur efficacité, qui se décline de deux manières. D’abord, tous les morceaux de l’album se défendent bien dans leur genre, souvent très rock du sud des États-Unis, pouvant rappeler aussi bien Slayer et Queens of the Stone Age/Kyuss que Pearl Jam ou les Black Keys, selon les moments. Les premiers morceaux frappent fort et la cadence ne diminue pas énormément, bien qu’une certaine redondance s’installe. L’efficacité du groupe, c’est aussi parce qu’ils sonnent autant avec si peu qu’ils en font preuve, parce qu’on a souvent l’impression qu’on a affaire à un band alors que c’est juste deux gars qui font tout.
Quand la dixième et dernière pièce prend fin, on se rend compte qu’on vient quand même de traverser quelque chose d’assez épique, avec une belle intensité. L’album est d’ailleurs une belle carte de visite pour annoncer leurs performances scéniques. Les deux expériences s’alimentent mutuellement, mais c’est vraiment en concert qu’on comprend comment et pourquoi c’est unique. Sur disque, on a affaire à dix chansons très solides, sans qu’elles aient eu à réinventer le genre. Par contre, si vous avez envie d’une bonne dose de rock garage pesant, ces dix titres, dont certains auraient pu procurer bien du plaisir à des guitaristes du dimanche dans Guitar Hero, pourront allègrement satisfaire votre appétit.
Ce jeudi au Knock-out avait lieu le lancement d’album du duo en formule 5 à 7: grignotines, mélomanes et petite performance était au rendez-vous ! Je m’y suis rendue afin d’y prendre quelques photos à défaut de pouvoir me rendre au Coup de grâce musical ce vendredi !
L’année 2015 fut chargée en émotions et en contenu pour les membres de Mort Aux Pourris (MAP). En plus des quelques concerts (dont quatre encore à venir) qu’ils ont donnés au Québec, trois membres du groupe ont trouvé le temps de faire revivre un de leurs autres groupes : Achigan. Pour faire suite à leur premier opus Au fond des toilettes du monde paru en 2010, le trio nous offre La Société du Mépris en exclusivité sur Bandcamp.
Qui est ce fameux trio? À la voix et à la basse, Christian Jacques est présent avec une voix déchirée et des textes mordants. Guillaume Guité et Simon Vivier sont respectivement à la guitare et à la batterie. Bien que La Société du Mépris soit produit de façon indépendante, un quatrième joueur s’est joint au trio initiale pour bien ficeler l’album. Jef Fortin, connu pour son travail avec Mute et Anonymus, réalise l’album.
Qu’est-ce que La Société Du Mépris? Une bonne dose de punk d’une trentaine de minutes qui vient ridiculiser les méprisants qui composent notre société. L’ouverture sur Minou gentil prouve tout de suite qu’Achigan est dans une sonorité beaucoup plus lourde que Mort Aux Pourris. Les paroles crues écorchent pratiquement tous les mieux nantis de la Capitale-Nationale et même de la province. Aux travers des onze pièces de l’album, Richard Martineau, les gouvernements provincial, fédéral et municipal, le port de Québec et le magasine Prestige se feront tous un par un ridiculiser. C’est d’ailleurs la plus grande force de cet album. Les textes, les métaphores, les comparaisons et les sujets abordés sont tous bien choisis. La lecture des paroles vient ajouter une deuxième dimension à cet album, car la sonorité peut parfois être trop divergente par moment. Je conseille, d’ailleurs, vivement de faire une écoute active avec le livret de parole.
En effet, la sonorité peut parfois faire sursauter. Je pense à la (courte) pièce Personne ne mérite d’être adulé, où l’on se rapproche parfois d’une sonorité métal, autant au niveau instrumental qu’au niveau du registre vocal de Christian Jacques. Les paroles sont dignes des meilleurs albums punk qui ont vu le jour depuis les heures glorieuses du genre. Le côté musical vient parfois, par contre, nous perdre. Malgré tout, il y a de magnifiques perles sur cet nouvel effort d’Achigan. Je pense, entre autres, à La Pêche Miraculeuse, qui vient nous faire rire avec ces magnifiques comparaisons et métaphore relié au monde de la pêche et aux communicateurs de notre province.
Sans toujours dénoncer des problèmes politiques directement, le groupe nous envoie de magnifiques compositions qui font réfléchir sur divers problèmes de société comme le suicide et notre réaction face à la mort. Je vous conseille vivement d’écouter, et de lire, les pièces M’étendre sur une glace et Moïse, la bonne nouvelle.
Malgré les textes très intéressants, il n’y a aucune révolution au niveau de la sonorité punk/métal, qui d’ailleurs, se confond parfois. Le contenu propre au Québec, mais aussi à la région de Québec, ce qui peut, et devrait, conscientiser plusieurs d’entre nous sur divers sujets. Le manque de cohérence musicale au rythme de l’album peut venir déranger, nous sentons que ce disque est un amalgame de simples sans lien entre eux. Par contre, l’écoute fut très agréable et les textes irrévérencieux des gars d’Achigan sont magnifiques. Après quelques écoutes, on se rend compte qu’il y a de nombreux vers d’oreille qui pourraient décidément devenir des pièces cultes de la musique punk québécoise. L’écoute en vaut la chandelle, et je n’ose imaginer ce que ça aura l’air sur scène.
Le lancement officiel de l’album La Société du Mépris aura lieu au Knock-Out (832 Rue Saint-Joseph Est) le 10 septembre 2015 en formule 5 à 7 en ouverture d’Envol et Macadam. Le groupe ouvrira ensuite pour MAP à Montréal lors du festival POP Montréal le 18 septembre prochain ainsi qu’à Rouyn et Sherbrooke les 19 et 26 septembre. Pleins de bonnes occasions de voir un bon shows de punk à roulette francophone!
Ce soir, direction l’Impérial Bell pour la dernière journée du Festival d’Été de Québec 2015. Avec trois groupes punks gonflés à bloc, la soirée ne pouvait qu’être excellente. En tête d’affiche, nul autre que le fameux groupe punk Mort Aux Pourris (MAP)! Les révoltés de Québec fêtaient leur 20ème anniversaire sur la scène de l’Impérial de Québec. En amuse-gueule, deux groupes d’ici, soit Cobrateens et Carotté. Retour sur une soirée survoltée dans un Impérial trop peu rempli.
Le coup d’envoi est donné avec quelques minutes de retard par le groupe de Québec Cobrateens. Le groupe de Rox Arcand (du Knock-Out) a offert la deuxième performance la plus courte du festival avec environ 25 minutes. Par contre, tout comme les champions en titre de la plus courte prestation (les Foo Fighters avec vingt minutes), le trio a donné tout ce qu’il avait. C’était éclaté, énergique et un coup de départ sans faute pour cette soirée punk. Ne prenant pas de pause entre les chansons, les membres du groupes alternent leur tour de chant. Corde de guitare brisée, ce n’est pas un problème, le show continue avec la même fougue. S’amusant sur scène, car oui l’alcool se buvait à la bouteille même, la chanteuse décide de changer les paroles d’une chanson pour «Guillaume Guité à la jambe cassée!» en référence à la tête d’affiche de la soirée. À un moment, deux hommes sont montés sur scène pour cracher de l’eau sur Rox Arcand. L’ambiance était là, la prestation était digne d’un concert punk des plus classiques, c’est réussi de A à Z pour le groupe de Québec.
Dès 20h45, nous changeons de registre complètement avec le folk-traditionnel-punk du groupe Carotté. Qu’est-ce que c’est Carotté? C’est un mélange de Fred Pellerin, de Mes Aïeux et d’un groupe punk classique de votre choix. Ajouté des habits de fermiers et un chanteur des plus énergiques et vous avez la recette gagnante. En effet, dès leur arrivée sur scène, le public découvre l’univers éclaté du groupe de Neuville. Ils sont tous vêtus comme nos ancêtres, mais ils sont prêts à nous livrer une belle leçon de folklore remis à la sauce punk. Le leader du groupe, Éric Roberge, est tout simplement incroyable. Il a une énergie contagieuse qui sait faire lever une foule.
Entre les chansons, nous avons eu droit à quelques leçons d’histoire (souvent tournées en blague).
«Nos ancêtres nous ont dit de cultiver nos terres, d’en prendre soin et de les protéger… pas de se faire enculer par des pipelines!».
C’est le genre de leçons «historiques» auxquelles le public à eu droit pendant les 45 minutes de la prestation.
Avec du violon, des cuillères et du banjo, tout était en place pour quelques numéros de danses carrées au parterre qui se sont vite transformées en mosh pit. Quelques chansons avant de nous quitter, les gars de Carotté ont invité un de leurs précieux collaborateurs et ami Vincent Peake (Grimskunk, Groovy Aardvark) à prendre part au spectacle. Nous avons eu droit à une reprise de « Tape la Bizoune » d’Oscar Thiffault. Sommes toute, c’était très intéressant de voir ce spectacle, même si parfois cela peut paraître redondant du côté musical.
Le clou de la soirée était attendu dès 21h50. Je parle ici du 20ème anniversaire de MAP! Pour l’occasion, le gars de MAP ont décidé de mettre le paquet. En ouverture, Guillaume Guité, qui s’est malencontreusement cassé une jambe ce printemps, est arrivé dans un trône à la Dave Grohl! Le ton était donné : nous étions bel et bien dans un concert de MAP. Dès les premières notes de La Tête dans le Cul, le fans ont tout de suite débuté les mosh pit et les intrusions sur scène pour faire du crowd surfing. L’action était située au parterre, car malheureusement, le balcon était fermé. Par contre, cela n’a pas refroidi les gars de MAP qui ont donnée tout un concert.
Il y a sept personnes sur scène. Simon Vivier à la batterie, Jasmin Robitaille à la basse, Patrice Boudreault et Guillaume Guité à la guitare, Guillaume Tardif au saxophone et deux trompettistes.
Alternant entre du plus vieux matériel et leur plus récent opus datant de 2006, le show est très bien dosé. Le concert a pris un virage bien différent, encore plus survolté qu’il l’était déjà lors de la pièce À la vie comme à la guerre. Jouant avec une énergie qui rappelle les plus grands noms du mouvement punk, les membres de MAP sont déchainé. Le saxophoniste Guillaume Tardif, qui était le leader du concert, vivait littéralement un des plus beaux moments de sa carrière. Il était si heureux de jouer devant le public de Québec. Il a joué, et je le cite, avec «l’énergie du désespoir».
En 2008, MAP a joué son dernier concert ici, à l’Impérial de Québec. Oui, il y a eu le Rockfest, mais c’était important de rejouer ici, à Québec, pendant le festival, devant nos amis, notre famille et devant vous, les fans! – Guillaume Tardif
On nous annonce un invité de choix pour la prochaine pièce. Les lumières s’éteignent et laissent place aux projections de Stephen Harper qui joue du piano. Les huées sont énormes, mais elle se taisent dès le début de la performance du groupe. Les membres de MAP lancent, comme une tonne de brique, leur succès Harpeur. Chaque album du groupe a eu droit à quelques pièces en concert. C’était réellement un cadeau pour les fans et un retour sur une discographie de 20 ans de métier. C’est le point important de ce concert je crois. Voir, après 20 ans, des passionnées de musique revenir sur scène et trippé comme jamais. C’était si beau à voir. Rox Arcand vient rejoindre le groupe pour interpréter une pièce du premier album de MAP, datant de 1999, Injustice for All. Les fans sont très nombreux à être heureux d’entendre du vieux matériel.
Guillaume Tardif demande aux spectateurs de se rapprocher et de faire des mosh pit, car c’est leur dernière occasion d’avoir autant de plaisir devant un show de MAP, car ce sera visiblement le dernier. Les admirateurs du groupe s’exécutent et vivent un moment incroyable sur la J’en ai du bon, qui était très attendue du public. Les membres de Carotté viennent même faire un tour sur scène pour chanter avec Mort Aux Pourris.
Nous avons eu droit à un moment de tendresse et d’émotion pendant ce concert. Oui, dans la musique punk, c’est violent, dénonciateur, politisé, mais il y a aussi des émotions, des humains derrière cela. En formule trio, Simon Vivier quitte sa batterie et lance un message à sa fille qui est maintenant en âge de comprendre la prochain chanson. Il lui la dédie, et nous apprend que ce sera le premier, et le dernier, concert de MAP auquel elle assiste. À mes filles est lancés avec un écoute attentive des spectateurs. C’était un magnifique moment.
Après 600 concerts, jouées entre 1995 et 2008, le groupe était au top de sa forme. C’était le meilleur retour que le groupe et les fans pouvaient espérer. Nous quittons après No Logo, mais quelque magnifiques pièces furent jouées, comme vous pouvez le voir dans la grille de chansons. Merci à tous les artisans qui ont fait en sorte que ce retour se réalise. Merci aux membres du groupe de s’être donnée comme jamais sur scène. On se revoit dans 20 ans?
Grille des chansons (MAP):
La Tête dans le Cul
Effort de Guerre
La bourse ou la vie
Carbone 14
À la vie comme à la guerre
Harpeur
For I’m Dead
Tel père, tel fils
Chacun pour soi
J’en ai du bon
26 décembre dans un centre d’achat
L’éden des cennes
À mes filles
No Logo
Malocervo
Yannick est mort
Repose en paix
All You’ve Got To Ask Yourself
Un Grain de Sable dans l’engrenage
testostérone
Jésus Ben Laden
Ya Basta
Les chansons en italique ont été jouées au rappel.
C’est au Knock-Out que la programmation du Festival OFF de Québec nous a été dévoilée ce matin. En entrée, on a eu droit à deux pièces de la charmante Sarahjane Johnston, qui s’occupera du spectacle d’ouverture le mercredi 8 juillet prochain. Puis le directeur général, Guillaume Sirois, et la directrice de la programmation, Sophie Bernier, nous ont révélé quelques détails croustillants sur la prog et le festival en tant que tel.
Toujours en accord avec la mission qu’ils se sont donnée il y a quelques années, les membres du festival nous offrent cette année une programmation à 50% locale locale. C’est-à-dire que la moitié des artistes présentés viennent non seulement de notre province, mais aussi de notre belle ville où, comme ils l’ont mentionné, on sent de plus en plus d’effervescence dans le milieu musical. C’est ainsi que performeront Nimbes, Medora et Tous Azimuts, qui font partie de ce que Mme Bernier a appelé la «jeunesse d’or» d’ici, ainsi que de nombreux autres.
Autre chose, ne vous inquiétez pas si vous ne connaissez pas beaucoup de noms cette année, c’est prévu ! L’équipe du OFF au aussi voulu que la moitié des spectacles soient des «premières fois», en accord avec le slogan de 2015 : «C’est toujours la première fois!». Différents artistes n’ayant jamais mis les pieds à Labeaumeville pourront donc venir nous émerveiller les oreilles. Pour ne donner que quelques noms, seront de passage Paupière, Fonkyson, Felix Dyotte et She Serpent. Et de ce que Mme Bernier en a dit, il y en aura pour tous les goûts: du disco funk au shoegaze en passant, oui, par la musique classique contemporaine.
Cette dernière est d’ailleurs le fruit d’un projet qui titillait l’équipe du OFF depuis longtemps. Le public de ce festival étant pour la plupart des mélomanes, ils ont voulu aller chercher la richesse musicale du classique et se rapprocher de la faculté de musique de l’Université Laval. Résultat : en guise de spectacle d’ouverture du soir, on nous présentera Music for 18 musicians de Steve Reich, suivi d’un spectacle de Burlesque (oui oui) !
Bref, beaucoup de bonne musique est au rendez-vous; vous pourrez le constater par vous-même ici, sur le site du festival. Il faut aussi savoir que ce festival, en plus de présenter de nombreux futurs grands talents – vous seriez surpris de voir quels étaient les artistes présentés il y a de cela quelques années, à leurs débuts, et qui sont maintenant assez établis – met de l’avant l’expérience en soi. Plus de 40 spectacles en 4 jours, du 8 au 11 juillet, c’est de l’intensité !
Pour bien terminer la présentation, SYZZORS, un groupe de Montréal, a fait son agace et nous a laissé l’eau à la bouche après leur unique chanson, qui groovait déjà pas mal. Chose certaine, je ne manquerai pas leur show. En espérant donc vous croiser là-bas, à l’une des différentes scènes du festival, en train d’apprécier de la bonne musique, une bonne bière ou une bonne sieste entre deux spectacles(recommandée par l’équipe pour une meilleure expérience) !
PS : Si vous êtes intéressés à entendre encore parler un peu du OFF, Jacques et Mathieu de notre équipe aborderont le sujet plus en profondeur dans une balado qui devrait sortir d’ici la semaine prochaine.