C’est au Cercle ce samedi que le groupe de Québec Ponctuation a eu la lourde tâche de faire suite à l’excellent 27 Club. Leur nouvel album, La Réalité Nous Suffit, paru partout le 28 Avril via Bonsound suit les traces fortement garage rock du premier opus, mais amène une couche de fuzz psychédélique et d’expérimentation plaisant fortement à mon oreille!
Pour l’occasion, il semblerait que les frères Chiasson ait recrutés. En effet, on apercevait sur scène, derrière synthétiseurs et guitare basse, la silhouette d’une certaine Laurence Gauthier-Brown. Et quel ajout ce fut! La nouvelle membre venait étoffer d’une main confiante le rock garage à tendance psychédélique du duo-devenu-trio à merveille, laissant plus d’espace créatif au guitare-héros local Guillaume Chiasson. On peut maintenant voir d’autant plus l’étendue du talent de ce dernier, qui avait d’ailleurs revêti ses plus belles pédales pour plaire au son plus psychédélique et fuzzy du nouvel album.
Les nouvelles chansons d’ailleurs laissent passer une merveilleuse maturité pour le groupe de Québec. Alliant rythmiques motoriques, puissance garage et une œuvre de design sonore haute en couleurs, Ponctuation a mis la pédale double et a tiré de ses influences un franc succès musical.
Non pas sans se faire attendre, Ponctuation a prit la scène sous les clameurs d’une foule gagnée d’avance. Sans s’asseoir sur ses lauriers, le trio a débuté la soirée avec plusieurs pièces énergiques du nouvel album, que je ne me lancerai pas à tenter de nommer, mais qui était toutes exécutées à la quasi-perfection. On a eu droit à quelques balades, à quelques plus vieilles pièces, à un cover du Monde Dans le Feu, et pour clore la soirée, au hit intersidéral du groupe, Ciao Bye. Une excellente brochette de pièces!
Après un spectacle plus que satisfaisant, le groupe a pu se laisser tomber dans une foule encore plus convaincue qu’au début de la soirée, qui buvait les interventions drôles et quelques peu maladroites de Guillaume, qui, aux dires d’un patron de P572, devrait parler plus. Et je dois admettre que je suis du même avis, le groupe avait un visible plaisir sur scène et était franchement beau à voir, émanant un charisme impressionnant, qu’il soit accidentel ou pas!
La soirée au Cercle était agrémentée des projections psychédéliques de Tania B. Lacasse, une des plus fidèles résidentes de la scène underground de Québec. Elle a aussi poursuivi la soirée avec un DJ set énergique pour mettre un sourire à la bouche de tous ceux qui devaient quitter, vinyle ou CD en main, avec la solide impression d’avoir fait une très très bonne affaire.
Dès les premières secondes de leur nouvel opus, le duo fraternel originaire de Québec révèle qu’il a pris de la maturité sans toutefois perdre l’aplomb qu’on lui connaît. La poésie empreinte d’une sagesse urbaine plutôt décalée proposée par le compositeur et parolier Guillaume Chiasson prend le dessus sur l’urgence de dire, des réflexions existentielles et sentimentales avec des pointes de surréalisme nourrissent les textes, alors que la nervosité des rythmes et des mélodies du 27 Club ne se retrouve ici que parcimonieusement. Si on constate que la cadence est souvent diminuée par rapport à ce qu’elle a pu être sur leurs parutions précédentes, qui incluent, outre le premier album susmentionné, une cassette et un 7″, on ne s’ennuie toutefois pas à l’écoute des dix titres proposés ici. Rapidement, on constate que les rythmes proposés par Maxime Chiasson se diversifient, d’autres types de grooves s’y installent et le tout est mieux à même de servir les nouvelles avenues sonores explorées dans leurs compositions.
Peu après sa création, le duo PONCTUATION s’est mis à attirer l’attention et à savoir quoi en faire. L’arrivée des deux premiers titres dans les bacs des radios communautaires et étudiantes a été accueillie comme une bouffée d’air frais que, semble-t-il, l’on attendait depuis belle lurette. Rapidement, les performances se sont multipliées et sont rapidement devenues des incontournables partys à Québec. Le duo a tout pour conquérir les mélomanes aguerris et faire danser les néophytes, leurs chansons sont comme du plaisir en barre et portent une grande richesse malgré leur dépouillement habituel. Le son rock garage à ascendance psychédélique, les constructions accrocheuses mais bien fignolées qui nous restent en tête après qu’elles nous aient fait réfléchir et danser, tout ça a bien entendu contribué à leur succès critique et populaire. Toute l’expérience acquise a manifestement porté fruit: la complicité et le professionnalisme des deux frères leur ont permis d’enregistrer par eux-mêmes l’album au Pantoum, ce fameux studio-local-salle de concert-appartement situé à cheval entre St-Roch et St-Sauveur à Québec. On se doute que pas mal d’heures de studio ont pu rendre possible cette évolution du son du duo, grâce entre autres à l’aide des de Jean-Etienne et Jean-Michel du Pantoum, qui ont pu conseiller les frères lorsqu’ils ont décidé de faire pour La réalité nous suffit ce que Howard Bilerman et Greg Smith du mythique studio Hotel 2 Tango avaient fait pour 27 Club. Cette fois, pour tout faire eux-mêmes, ils ont dû se présenter beaucoup de fois au studio sur une période de six mois afin de composer et enregistrer ce nouvel opus.
Côté sonorité, on se retrouve en terrain connu mais avec une cartographie plus révélatrice. Les avenues pop et psychédélique sont empruntées avec plus de concision, le lo-fi cède tranquillement la place à la recherche de diverses tonalités de guitare qui contribuent chacune à leur manière à cette courte-pointe musicale (et visuelle, gracieuseté de Louis-Alexandre Beauregard qui s’est occupé des illustrations sur la pochette et de Thomas B. Martin qui a orchestré la présentation). L’exploration sonore s’articule autour de nouveaux outils aussi, utilisés avec modération mais venant chaque fois ajouter des variantes subtiles et témoigner d’un souci du détail. Des percussions, du synthétiseur pour créer entre autre un son de marimba : autant d’éléments qui étaient étrangers à l’univers sonore des frères Chiasson mais qui raffinent les pièces avec cohérence et constituent des ajouts logiques à leur éventail. Une pièce instrumentale placée vers la fin du disque ainsi que la pièce qui lui succède sont en quelque sorte l’apogée de cette évolution créatrice.
L’album a toutefois le défaut de ses qualités : les titres sont variés et constants, mais aucun d’entre eux ne se démarque du lot autant que sur les efforts précédents, qui semblaient plutôt construits autour de pièces phares qui servaient de noyau dur et de cartes de visite aux parutions. Quelques pièces excellentes restent en tête davantage que les autres, comme la chanson titre notamment, mais elles ne sont pas le type de compositions que l’on a nécessairement envie de mettre sur repeat, tant la tentation est forte de réécouter à nouveau l’album dans son intégralité.
Des formations qui proposent du rock aussi cool que substantiel, disons qu’il n’y en a pas des masses pas dans le paysage musical québécois, surtout en français, ce qui fait qu’on apprécie doublement la présence de ce duo qui compte parmi les fleurons du rock à Québec. Nourrie par le passé et tournée vers le futur, la formation n’a probablement pas fini de nous transmettre l’énergie contagieuse qu’on trouve dans leur musique. Avec cette oeuvre aboutie qu’est La réalité noussuffit, PONCTUATION prouvent encore une fois qu’ils méritent leur place parmi les grands du rock francophone actuel au Québec, leur place sur scène dans le cadre des principaux festivals de la province et leur place dans le catalogue Bonsound.
Le disque, pré-lancé au Knock-Out à Québec dans le cadre du record store day, (et disponible en quantité limitée chez d’autres disquaires de la province) devrait arriver officiellement dans les bacs le 28 avril et a été précédé d’un mois par le clip de l’extrait « Météo ». Une demie-douzaine de dates à travers le Québec sont à prévoir d’ici le 30 mai et une place dans une des meilleures soirées du FEQ 2015, aux côtés de Black Lips et Metz à l’Impérial le 12 juillet leur est réservée, vous avez donc des inscriptions à faire dans vos agendas avec des gros points d’exclamation à côté.