SOIR, c’est un pop-up festival d’un soir qui est diffusé dans divers arrondissements de Montréal. Leur but est de faire rayonner des artistes émergents au sein d’espaces alternatifs, tout en favorisant la création d’un réseau multidisciplinaire au sein de la relève. C’était un bel amalgame de disciplines artistiques que nous présentait la programmation de SOIR ce vendredi, pour l’édition dans Rosemont-La Petite-Patrie. C’est pourquoi nous sommes partis à la découverte d’expériences musicales dans les différents lieux de diffusion de la rue Beaubien.
Église Saint-Édouard partie 1
Le Havre – 18h00
Lorsqu’on écoute la musique de Le Havre dans le confort de notre salon, nous comptons les instruments et pouvons très bien imaginer quatre ou cinq musiciens. Pourtant, la formation se compose de deux musiciens très polyvalents et inventifs qui réussissent le pari de sonner fort et complets en si petite formation. Leur secret? Les séquences actionnées par David Dubé et Oli Bernatchez donnent l’impression d’avoir plusieurs musiciens jouant en temps réel. La mauvaise utilisation des séquences est souvent remarquée au sein de plusieurs formations qui essaient de sonner «full band», hélas, de manière non-concluante. Dans leur cas, c’est avec brio qu’ils assument ce son électro très lourd qui fait hocher plus d’une tête. En plus des séquences, Oli Bernatchez à la batterie s’occupe aussi de la basse à l’aide d’un clavier qui assoit leur musique sur un tapis de basses fréquences bien confortable. Tout au long du spectacle, le duo s’amuse avec les rythmiques pour créer des groove déstabilisants et enlevants. Lorsqu’ils jouent, ils maintiennent notre attention grâce à leur énergie unique et contagieuse. On pouvait difficilement mieux demander comme début de soirée. -Louis-Solem Pérot
Julien Sagot – 18h45
L’atmosphère de rock lourd s’est poursuivie avec le spectacle de Julien Sagot. Ses chansons rock expérimental partent dans tous les sens tout en conservant une esthétique commune. Ce qui m’impressionne de cet artiste, c’est sa grande recherche sonore, alors qu’il aborde plusieurs styles différents, parfois même lors d’une seule chanson. Sa voix un peu nonchalante à la Stefie Shock récite ses poèmes de manière plus ou moins chantée. Il nous semblait un peu détaché du lieu où nous étions, comme dans un autre univers. Plus on l’écoute et plus on pense au personnage de Gainsbourg. Il propose une musique expérimentale avec une certaine esthétique qui fait très France, années 60-70. L’octaver sur sa voix ajoute encore plus à la lourdeur de ses textes et à l’ambiance générale de ses chansons. Nous reconnaissons bien les influences de recherche sonore qu’il a pu laisser à Karkwa à l’époque. La foule, grandissante au fur et à mesure de la prestation, s’est laissée emporter par le rock pesant de Julien Sagot. -Louis-Solem Pérot
Scène CISM
Mort Rose – 19h30
J’ai un faible pour les gars de Mort Rose. Leur musique appelle aux rapprochements ainsi qu’aux déhanchements. Une petite foule de fans s’était amassée devant la scène pour chanter avec enthousiasme leurs paroles racontant des histoires d’amours torrides et sexy. La jeune formation de Montréal a sorti son premier album au début de l’été et leur single La Femme Flamme s’est maintenant frayé un chemin jusqu’au #1 du Palmarès Franco CISM. J’ai tellement aimé leur album que j’en ai fait une critique que vous pouvez retrouver ici. En prestation, ils conservent leur son très rock et réussissent très bien à faire lever la foule. Les compositions solides et les très énergiques interprètes forment une recette gagnante pour un bon spectacle. On a tout d’abord chanté (pour ne pas dire crié) les paroles de leur premier EP (sérieux les gars, on ne pourra pas attendre trop longtemps avant le prochain!) avant de se laisser charmer par quelques nouvelles chansons qui nous ont fait danser. On le répète, on a très hâte de les voir à Québec (avec Beat Sexü, Anatole ou Gab Paquet, please) et si vous n’avez pas encore écouté leur album, allez-y maintenant! -Louis-Solem Pérot
Brasserie Beaubien
Les Louanges – 20h
Pour Les Louanges, ce finaliste des Francouvertes 2017, la scène, c’est comme une deuxième maison. Les Louanges a une aisance incroyable et un charisme qui lui permet de dire à peu près ce qu’il veut, et le public est conquis. La soirée à la Brasserie n’a pas fait exception, alors qu’Étienne Dupré, bassiste de talent qui est de tous les projets, accompagnait Vincent Roberge. C’est Gabriel Morin-Béland qui se chargeait des percussions avec un bras cassé, alors que les Louanges a invité le public à donner généreusement à la « Fondation des batteurs qui font du skate ». Après quelques concerts en solo, Vincent était très heureux d’enfin partager la scène « pour que ça sonne », comme il disait. Et pour sonner, ça a sonné! Son rock francophone est vraiment bien ficelé, que se soit un peu plus doux ou vraiment rythmé comme le »hit de l’été » La Bombe Atomichaëlle. En chantant les paroles »fait jamais trop chaud » j’avais envie de lui dire que ça s’peut, des fois, qu’il fasse légèrement trop chaud, comme dans la Brasserie Beaubien, au moment où je dansais au-travers de la foule attroupée devant la scène. J’aime beaucoup le projet de Vincent Roberge et j’ai bien hâte que le natif de Lévis nous offre un album complet! – Caroline Filion
Laurence-Anne – 20h45
Ils avaient déjà pris un peu de retard quand Laurence-Anne a pris d’assaut la scène de la brasserie. L’ayant déjà vu à la finale des Francouvertes 2017, je m’attendais au personnage un peu awkward qu’elle est sur scène. Plutôt discrète cette soirée-là, elle a misé sur sa musique pop-rock-alternative lors de sa prestation. Le son n’était peut-être pas à la hauteur de la qualité instrumentale, mais on a pu découvrir ses pièces, dont deux se retrouvent sur Session live, disponible sur son bandcamp. Elle a toutefois semblé couper court à son set qui m’a semblé beaucoup plus bref que celui de Les Louanges, peut-être en raison du retard accumulé plus tôt. – Caroline Filion
Violett Pi – 21h30
La foule s’est compactée à l’avant. Les gens étaient prêt à accueillir Karl Gagnon et ses acolytes sur la scène de la Brasserie. Étrangement, dès la première chanson, j’ai été étonnée que ça sonne bien en maudit, qu’on comprenne les paroles et qu’on puisse les crier en chœur. Manifeste contre la peur, sorti il y a un peu plus d’un an, est aussi efficace en live que dans mes écouteurs. De l’électro-alternatif-rock qui déménage et un leader qui sait capter l’attention. Sur plusieurs pièces, il marmonne à toute vitesse des mots autant poétiques qu’explicites, et ce sont ces moments que je préfère. La foule danse, saute et se bouscule sous les notes des musiciens et les cris intenses de Karl Gagnon alias Violett Pi. Je l’avais déjà vu dans un contexte assez différent, et je dois dire que le phénomène est souvent le même. Les gens présents perdent le contrôle d’eux-même lors d’un concert de Violett Pi! C’est probablement les sonorités qui se rapprochent parfois du punk-rock qui font cet effet. Bien que les spectacles à la Brasserie duraient en moyenne 45 minutes, ils ont joués plus d’une heure pour les fans présents qui n’ont visiblement pas été déçus. – Caroline Filion
L’Hémisphère Gauche
LaF – 22h
La dernière fois que LaF était à l’Hémisphère Gauche, c’était en novembre 2016 pour leur lancement d’album Monsieur-Madame qui a fait beaucoup jaser cette année dans le milieu du hip-hop montréalais. Le principal thème récurrent dans leurs chansons: le parcours d’un jeune dans la vingtaine à Montréal. Plusieurs jeunes de la métropole s’identifient à leurs textes, qui font la part belle aux questionnements du parcours, du travail, des relations sociales. Sur scène, ils exécutent leurs chansons irréprochablement, une rime n’attendant pas l’autre. Ils ont chacun leur style distinctif: Jah Maaz avec son rap français au débit en général très posé, nous laissant le temps de bien assimiler les subtilités de son texte. BK, c’est le rap franc, sans détour. Il a un son bien à lui tout en s’inscrivant dans une voix rap bien montréalaise. Quand à Mantisse, c’est le musicien. Il chante des backs vocals tout au long du spectacle de sa voix de ténor quasi soul et très expressive en plus de rapper à son tour en y ajoutant des contours mélodiques originaux. Ensemble, c’est LaF (La Famille). Ils ont donné un très bon spectacle devant une bonne foule qui prenait plaisir à chanter quelques bribes de textes. -Louis-Solem Pérot
Église Saint-Édouard partie 2
L’ambiance au sous-sol de l’église Saint-Édouard de Rosemont- La Petite-Patrie était synonyme de disjonctée en nous présentant trois groupes rock et des projections psychédéliques. On s’est laissés emporter par les sonorités de Renard Blanc, de Zen Bamboo et de Corridor qui n’ont fait qu’amplifier l’écho que permet ce type de salle.
Renard Blanc – 23h
C’est Renard Blanc qui a débuté cette soirée aux tonalités psychédéliques. Leur son plus planant était une belle entrée à la soirée puisque qu’il laissait un effet délassant sur la foule. J’ai effectivement abandonné tout ce que j’avais en tête, car c’était eux qui nous guidaient. Pour ma part, j’étais une auditrice vulnérable à me laisser emporter dans leur création, car la formation nous a présenté de nouvelles pièces que l’on retrouve seulement sur format cassette. Cet opus comprend trois pièces avec lesquelles ils ont terminé le spectacle, dont Hôtel qui prend la totalité du SIDE B de la cassette avec 9 minutes 26 secondes de musique. Voilà une bonne raison d’aller assister à l’un de leur spectacle. Marianne Chartier-Boulanger
Zen Bamboo – 23H45
La formation était solidaire envers leur guitariste blessé à la clavicule en jouant le jeu des malades eux aussi. Seulement vêtu d’une robe d’hôpital, le chanteur s’est pris soit pour un fou ou il nous a simplement livré tout ce qu’il pouvait donner. Zen Bamboo, c’est d’abord un groupe de musique, mais aussi un trip de gang. Je dis ça parce que le lien amical passe non seulement entre les membres, mais également avec leur public qui est là à chaque spectacle pour chanter les compositions du groupe par cœur, ainsi que pour se déchaîner sur le devant de la scène. Somme toute, c’est un groupe qui résume bien les influences musicales de la jeune relève artistique. Marianne Chartier-Boulanger
Corridor – 00H30
C’est le style de Corridor qui m’a le plus accroché pour la maturité de leur création et leur expérience de scène. C’est également un style rock qui se démarque de ce que l’on peut entendre sur la scène émergente ces jours-ci. C’est la subtilité surf rock qui se mélange au progressif qui les différencient. On peut très bien l’entendre sur la pièce Coup d’épée sur leur dernier et troisième album Supermercado qui se prend bien un soir d’été. Marianne Chartier-Boulanger
Ne manquez pas également la prochaine itération du festival, qui sera annoncée au mois d’août et qui aura lieu le 6 octobre, sur les rues Ontario et Sainte-Catherine ! Pour en savoir plus sur SOIR MTL, rendez-vous sur leur page Facebook.
Photo : Alicia Lemieux