Ah, Jean Leloup. Artiste génial qui nous a montré qu’il était capable du meilleur (Le Dôme est sans contredit un des cinq albums les plus influents de l’histoire au Québec) comme du pire (Vous vous souvenez de cet album paru sous son vrai nom, Jean Leclerc, vous?). Capable de donner des shows historiques (j’ai quelques souvenirs mémorables de Leloup au défunt Spectrum de Montréal… et au D’Auteuil à Québec) et de nous faire regretter de nous être déplacés (concert décevant au FEQ 2001, débâcle au Colisée en 2008). Après une tournée en 2013 qui lui a permis de remonter dans les bonnes grâces d’à peu près tout le monde (dont votre humble serviteur), revoilà Leloup avec une nouvelle galette!
Un certain buzz entourait l’album, composé de chansons écrites un peu partout sur la planète au cours des dix dernières années. Certains prétendaient qu’À Paradis City était son meilleur album depuis Le dôme. J’avais donc très hâte de pouvoir me faire une idée par moi-même.
Alors?
Ben alors, si À Paradis City n’est pas Le dôme, il est aussi très loin de figurer au bas de la liste. En tout cas, c’est une nette amélioration par rapport à Mille excuses Milady (qui, avec le recul, n’est pas vilain du tout). Leloup nous attend là où on s’y attendait, avec une proposition d’inspiration folk-rock qui ne réinvente certes pas la roue, mais qui est ô combien efficace!
Il y a longtemps que Leloup nous avait autant donné le temps de chanter avec lui tout en tapant du pied. Notre ami a manifestement toujours le sens de la mélodie et du rythme, et on lui connaissait déjà une sensibilité pop qui lui permet de nous accrocher quand il le souhaite. Le groove de la pièce titre, Paradis City, est imparable. Ajoutez à cela des textes magnifiques écrits par un gars qui a énormément gagné en sagesse ces dernières années.
C’est encore sombre, les histoires sont encore macabres, mais on comprend beaucoup mieux ce qui se cache derrière les éternelles métaphores du roi ponpon. Et il y a cet espoir, cette lumière qui continue de briller dans toutes ces chansons! Si maître Edgar est mort dans Le dôme, ici, Jean Leloup et ses personnages survivent. Et s’ils n’y arrivent pas, le cycle de la vie, lui, continue. Ainsi va la vie qui va, quoi.
Il vieillit, notre Jean Leloup national. Quand il chante une chanson comme Petit Papillon, il est aussi sage qu’un Thomas Fersen! Il y a 25 ans, il n’aurait pas été aussi philosophe que sur Les bateaux et sa superbe finale où Leloup est accompagné de violons.
Je répète : LELOUP EST ACCOMPAGNÉ DE VIOLONS.
Et c’est bien ainsi. D’ailleurs, côté cordes, Leloup s’est payé la totale sur Le roi se meurt. Que vous allez adorer!
On ne peut qu’être content de retrouver ce bon vieux Jean Leloup qu’on aime, qui fait ses propres choeurs et qui a manifestement retrouvé le plaisir d’écrire des chansons. Et on ne peut qu’attendre avec impatience un retour sur scène pour mettre ces nouvelles chansons à l’épreuve.
Zone zéro, l’endroit où t’as peur
et où tu penses que tu pries.
[bandcamp width=100% height=120 album=965475926 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=377939625]