À peine deux semaines après avoir fait la première partie d’Avec pas d’casque au Petit-Champlain et à L’Anti, voilà Marie-Eve Roy (Vulgaires Machins) de retour dans la petite salle de la rue Dorchester, cette fois accompagnée de Manuel Gasse, pour nous présenter les chansons de Bleu Nelson, son album solo aux antipodes de sa vie précédente.
Même si on avait bien aimé les prestations en solo de Roy, il faut admettre que la seule présence d’un autre musicien avec elle ajoutait beaucoup de piquant à ses chansons. Elles étaient toujours aussi douces, mais les petits riffs de Gasse et les harmonies vocales ajoutaient beaucoup aux chansons qu’on avait entendu toutes nues à peine quelques jours plus tôt. On a eu quelques frissons pendant la toute douce Pleure dans mon cou. Et on s’est senti un peu vieux en reconnaissant immédiatement Simply the Best, reprise d’une chanson de… Tina Turner. Ajoutons à cela une petite chanson d’Indochine en rappel (Le baiser) et on a eu une jolie petite prestation.
La seule ombre au tableau : il n’y avait pas énormément de spectateurs dans la salle… Malgré cela, il faut admettre que les spectateurs présents, eux, avaient vraiment envie d’être là et écoutaient religieusement Roy et Gasse. Personnellement, c’est tout ce qui compte pour passer une fichue belle soirée.
Mathieu Bérubé
Lui, on l’avait déjà vu en formation complète au Festif cet été. Bérubé nous a offert plus tôt cet année le magnifique album Saudade, et on avoue avoir été charmés quand on l’a vu en prestation cet été. Cette fois, il devait défendre ses chansons tout seul, comme un grand. Avec sa voix grave et ses chansons douces, il n’a pas besoin de bouger d’un bord à l’autre de la scène pour attirer l’attention. Il s’est même permis de nous présenter un petit bout de chanson en préparation… et de prendre une demande spéciale en fin de prestation.
Mathieu m’a annoncé qu’il serait de retour cet hiver. Dès qu’on a une annonce officielle, on va vous en parler. Promis!
Une foule de personnes de tous âges et en tout genre s’était massée devant la scène de l’Anti hier soir pour accueillir Avec pas d’casque. Précédé de Marie-Ève Roy, le groupe a su installer une ambiance féérique autant par sa musique que par ses interventions sur scène.
Avec pas d’casque
Avec pas d’casque, c’est cinq (bons) musiciens et une ribambelle d’instruments dont les sons, mélangés, offrent une richesse de couleurs musicales ; lap steel, cor, synthétiseurs et les traditionnelles guitares, basse, batterie contribuent à créer une atmosphère tantôt énergique, tantôt très introspective. Le tout est accompagné des textes humbles et poétiques de Stéphane Lafleur qui, en une économie de mots, nous livre tant de belles images.
Le groupe a commencé avec quelques pièces plus récentes tirées d’Effets spéciaux, leur dernier album sorti en septembre. La qualité du son (merci David au son) et la maîtrise des musiciens leur ont permis non seulement d’atteindre un résultat comparable à celui de l’album, ils le bonifiaient d’une ambiance et d’une force qu’on ne connaissait pas aux chansons. L’effet était visible sur les spectateurs, comme si leurs âmes resurgissaient sur leurs visages tandis qu’ils se balançaient de gauche à droite sur leurs pieds. Derviches tourneurs avait particulièrement du mordant en live, surtout qu’elle était bonifiée d’un solo de guitare de Simon Trottier, qui a intégré le groupe cet été et qui savait se démarquer sur scène.
Stéphane Lafleur et les autres musiciens ont aussi beaucoup interagi avec l’auditoire au cours de la soirée sur un ton chaleureux et blagueur. Le chanteur s’est même levé pendant une bonne partie du spectacle pour voir et être vu par les spectateurs à l’arrière, lui qui joue habituellement assis. On a pu fredonner Hu-hum tous en chœur avec le groupe, rire en leur compagnie. L’attitude des musiciens sied bien leur musique qui, même quand elle est triste, reste pleine de lumière.
Les amateurs du groupe n’ont pas été laissés sans reste. Comme c’était le dixième anniversaire de leur album intitulé Trois chaudières de sang, Avec pas d’casque l’a dépoussiéré pour nous jouer En attendant que ça paye, au plus grand plaisir des fans de longue date. Plusieurs chansons phares des autres albums ont aussi été jouées, que ce soit Talent, La journée qui s’en vient est flambant neuve, ou encore L’amour passe à travers le linge. Ces pièces ont toutes en commun leur énergie contagieuse, qui a rapidement investi la foule pour lui commander de sautiller, de sourire et de danser.
D’autres titres, comme Walkie-Talkie ou Joël, nous ont fait chanter ensemble. À la demande du groupe, on a même dansé un slow sur Nos corps (en ré mineur). J’ai moi-même eu pour compagne Marie-Ève Roy, et ce fut l’occasion de plusieurs fous rires !
Marie-Ève Roy
Après 20 ans de tournée avec les Vulgaires Machins, Marie-Ève Roy était prête pour autre chose. C’est ce qu’elle est venue nous montrer en nous offrant les premières chansons de sa carrière solo.
Tantôt au piano, tantôt à la guitare, elle nous a fait découvrir une musique sobre, pleine de tendresse et teintée de mélancolie. Ses chansons étaient entrecoupées d’interventions comiques ou à cœur ouvert sur son passé punk dans son «groupe de gars». Sa prestation a permis de commencer le spectacle tout en douceur.
Sorti le 4 mars dernier, l’album solo de Marie-Ève Roy, Bleu Nelson, propose un univers totalement différent de celui des Vulgaires Machins.
Le projet d’album solo ne date pas d’hier. En effet, lors d’un voyage en Nouvelle-Zélande en 2010, Marie-Ève Roy a commencé à écrire son propre matériel.
Le changement d’univers musical auquel nous étions habitués avec les Vulgaires Machins s’entend dès la première pièce « Dis-moi tout ». Roy a fait appel au multi-instrumentiste Julien Mineau (Malajube, Fontarbie) pour l’appuyer à la réalisation et à l’enregistrement de l’album. Ce faisant une ambiance feutrée berce les pièces de Marie-Ève Roy.
Le style indie-pop va à ravir à l’auteure-compositrice-interprète. L’instrumentation laisse place à la voix de Roy. Elle est feutrée et sous le son d’un Wurlitzer, mais pas trop. Inspirée de The XX et de Julian Casablancas, elle fait son propre monde. On se sent caressé par la musique de Marie-Ève Roy.
Golden Bay, c’est un de mes coups de cœur sur l’album. On sent malgré le rythme de la chanson la douleur vécue par l’artiste. La suite la très touchante et intimiste Pleure dans mon cou. On sent la vulnérabilité de l’artiste.
Un autre de mes coups de cœur personnels Qu’allons nous faire. Le son vaguement seventy se porte bien aux textes de Marie-Ève Roy. La dernière pièce Sans manteau, est tout en douceur, qui contraste avec son texte aigre-doux.