Afin de fêter leur retour en terre natale après un séjour chez les cousins français, PONCTUATION débarquait à l’Anti pour une des dernières dates chez eux avant longtemps, et ils étaient accompagnés pour l’occasion de Saam et de La Fête. Aux côtés des frères Chiasson qui formaient le duo d’origine, on trouvait naturellement Laurence Gauthier-Brown qui s’occupe depuis plusieurs mois des basses fréquences, on trouve aussi deux autres musiciens, ce qui fait qu’on se retrouvait devant un quintet. Nicholas Jenkins, que l’on peut entre autres voir aux côtés de Paul Michelo, s’occupait d’ajouter aux guitares des tonalités enrichies que les compositions accueillaient plutôt bien. Alex Beaulieu, claviériste dans le groupe stoner rock de Québec, Les Indiens, s’est plutôt occupé du clavier, des bongos et enfin des maracas, dont il jouait parfois en plus du clavier. Mais je saute des étapes. Les deux groupes qui étaient en charge d’amorcer les festivités ont bien rempli leur mandat et ont procuré dans bien des cas de belles découvertes aux mélomanes réunis sur place.
C’est La Fête qui avait la tâche ingrate de briser la glace, et ils ont bien relevé le défi. Il faut dire que la place d’abord quasiment déserte, mais déjà assez bien peuplée pour les premières notes, laissait augurer une soirée plus tranquille qu’à l’habitude. Le début du concert a été retardé d’une demie heure, repoussé à une heure déjà un peu plus appropriée pour le rock garage, et le band s’est finalement approprié la scène vraiment rapidement. En quelques secondes, on avait l’impression que la soirée était déjà solidement amorcée, tant le groupe avait commencé avec aplomb. Le quatuor originaire de Québec, au sein duquel on retrouve notamment Jim à la basse, un des fondateurs du Pantoum et membre de Beat Sexü, entre autres. Ils nous font découvrir leur math rock, post rock, un peu jazzé sur les bords, avec des montées vraiment épique, d’abord pendant des pièces avec le chanteur, puis, pour la quatrième pièce, ils y vont avec un morceau instrumental judicieusement baptisé la 4. En tout, cinq ou six pièces leur ont permis d’ouvrir la soirée efficacement.
C’était ensuite le tour de Saam de Montréal, de prolonger le concert, après un assez long change-over, avec leur rock propulsé par un quintet, qui s’apparentait parfois à Mac Demarco, mais en plus groovy. Le vocal avait un style assez exubérant, comme c’était le cas dans le premier show, qui se mariait bien au son assez psychédélique du band. Certains moments étaient plus catchys alors que d’autres étaient plus déroutants, les pièces downtempo étant généralement les moins bien accueillies par l’assistance. Certains passages avaient l’air plus jammés que d’autres et on a pu découvrir au groupe une belle originalité. La performance était assez réussie même si le chanteur-guitariste semblait être le seul à avoir du plaisir sur scène, les autres adoptant plutôt l’attitude concentrée. Ils ont avoué en être qu’à leur second concert, ce qui explique peut être la chose. Quoiqu’il en soit, ce fût une belle découverte.
Ponctuation a pris place après une entracte plus courte que la première, et ils se sont d’abord installés à trois. Alors que se terminait la première pièce, Poésie Automatique, qui ouvre également leur plus récent album, le groupe a accueilli les deux invités qui allaient agrémenter la soirée, Jenkins et Beaulieu. Ils ajoutent rapidement solidité au son du groupe, qui enchaîne les hits d’abord avec Mon corps est une planète, ce qui conquiert la foule. On a droit à un slam-parterre de danse dès Ciao Bye Ciao, qui arrive bien assez vite, et au premier moment de body surfing juste après, pendant La Réalité me suffit. Le band décide de se taper un shooter avant d’amorcer une pièce inédite, qu’ils n’étaient pas censés faire ce soir là à l’origine, l’instrumentale Peyotle Dominical, qui s’insère bien dans la soirée. La deuxième guitare ajoute pas mal de tone et permet des explorations sonores habituellement impossibles sur scène pour le groupe, et elle se retrouve particulièrement efficace dans les délires psychédéliques, lents ou rapides, auxquels elle ajoute de la texture. Une mer de distorsion sert de tapis rouge à une finale assez explosive digne d’un bon jam-band rock, sur laquelle on a eu droit à une nouvelle séance de bodysurfing, qui confirmait le staut de franc-succès de la soirée. Le spectacle n’était peut-être pas aussi explosif que certaines performances récentes de PONCTUATION, mais il était indéniablement solide. L’essentiel, pour une formation réputée pour ses concerts impeccables, était de ne pas diminuer le niveau de qualité avec l’ajout de membres ponctuels n’ayant pas la même quantité d’heures de pratique derrière la cravate, et à ce titre là également, il n’y avait pas de faux pas à dénoncer.
Photos : Marion Desjardins/ Llamaryon