Fébrile, je me suis rendue au Grand Théâtre mardi soir dernier pour la supplémentaire de Daniel Bélanger. J’ai eu la chance de le voir en live pour une première fois. Bien que mes vœux d’amour pour ce pilier de la chanson francophone soient déjà avoués depuis des lunes, cette soirée n’a fait que les renouveler en beauté. C’est dans la salle Louis-Fréchette que l’audience, de tous âges, a pris place, laissant planer une certaine effervescence avant même que le spectacle ne commence.
La soirée s’est entamée avec l’excellente Tout viendra s’effacer qu’on peut entendre sur le dernier album, Paloma, paru en novembre dernier. Bien que cette tournée soit pour ce nouvel opus, l’artiste a fait plusieurs de ses succès, au grand plaisir des spectateurs. Pour la première partie du spectacle, huit des neuf pièces étaient des anciennes, nous permettant de redécouvrir avec bonheur des morceaux comme Sortez-moi de moi, En mon bonheur, Fous n’importe où ou bien Dans un spoutnik. Derrière les musiciens se trouvait un écran géant sur lequel défilaient des vidéos hypnotisantes signées June Barry. À travers les jeux de lignes et de mouvements abstraits se dessinaient parfois des images plus nettes venant appuyer les paroles de l’artiste. Je pense entre autres à la séquence de la vidéo où on pouvait voir des mains bougeant sur les paroles de Sortez-moi de moi, « des mains qui frôlent sans toucher… ».
De surprenantes nuances se sont ajoutées aux airs bien connus, comme le thérémine, cet instrument à vibrations dont on joue sans le toucher. Chapeau à Alain Quirion, qui maîtrise la technique tout en dansant follement! Cet instrument et la guitare électrique assumée de Guillaume Doiron ont sans aucun doute contribué à l’intemporalité des œuvres. Malgré le conseil du chanteur après la performance étonnamment énergique de Chante encore : « Profitez-en, dansez, exprimez-vous! », la grande majorité de la foule est restée contemplative et attentive devant l’exécution juste des cinq musiciens qui se partageaient la scène. Avant l’entracte, mon esprit s’est laissé transporter dans un voyage de huit minutes sur la sublime Intouchable et immortel. Si le vent doux fait halluciner Bélanger, la balade à vélo musicale devient certainement transcendante avec sa douce voix et les arrangements musicaux hors du commun. Avec l’excellente qualité sonore de la salle, ce fut sans contredit mon moment favori de la soirée.
Après une courte pause, Bélanger est revenu en force en enchaînant trois nouvelles pièces, dont le succès radio Il y a tant à faire qui en aura fait chanter plusieurs. L’écran rouge vibrant a su refléter l’essence de Métamorphose, où la voix de Daniel se fondait davantage aux sons électrisants des instruments. Le rythme de basse dansant de Jean-François Lemieux sur Ère de glace aura permis à quelques dégourdis de danser malgré le calme planant. Des pièces clés de la carrière du compositeur interprète, comme Te quitter, Le parapluie et Opium, ont su faire réagir la foule dès les premières notes. Lors de Rêver mieux, le chanteur a prolongé la finale simplement avec sa guitare pour permettre à la foule de se joindre à lui pour fredonner le refrain tant aimé.
Le spectacle s’est terminé en beauté avec deux rappels. C’est lors de son second retour que le parolier de renom a empoigné sa guitare acoustique et nous a livré une intime et humble performance de La folie en 4. La foule comme choriste a su respecter ce doux moment en se faisant discrète. La dernière pièce Ensorcelée aura plutôt eu l’effet d’un ressort. Tous se sont levés pour acclamer la solide performance de 2 h 30 qu’ont livré les talentueux musiciens.
Même si je n’étais qu’une pensée lors de ses débuts, je suis ressortie comblée, prête à réécouter sa discographie qui m’a tant marquée. À travers ses mots et sa musique, Daniel Bélanger aura réussi à me gonfler le cœur d’une chaleur contagieuse et à m’emplir la tête de mots à partager.