Pour son lancement d’album Love Suprême à Québec, Koriass a offert toute une prestation au Cercle, samedi dernier.
C’est sous les forts cris et applaudissements de la foule en délire que le rappeur s’est présenté sur scène avec un masque de chat au visage. Une excellente ambiance régnait ce soir-là dans cette salle quasi bondée. Dès le début, Koriass a su épater ses fans en rappant de façon assez rapide.
Au cours de la soirée, plusieurs artistes ayant collaboré à l’album sont montés rejoindre Koriass sur scène. On a pu entendre entre autres Jolies filles avec Lary Kidd et Love Suprême avec Sabrina Halde (Groenland). La prestation de cette dernière a apporté un moment de tendresse au spectacle. En dédiant son album à toutes les femmes, cette chanson vient sans doute ajouter un peu de féminité et vient rejoindre directement les valeurs féministes véhiculées par Koriass lui-même. Il faut préciser que ce fut le seul moment tendre de la soirée puisque le slam dominait une partie du spectacle. Le public était en feu ! À l’avant de la scène, les gens bouncaient tout en se bousculant.
Il faisait chaud ce soir-là au Cercle ! On pouvait le constater avec les bouteilles d’eau que le rappeur se versait carrément sur la tête. D’ailleurs, il enchainait rapidement ses chansons, ayant à peine le temps de reprendre son souffle.
Évidemment, il a interprété plusieurs chansons issues de son nouvel album et même de son nouveau EP Petit Love. En interprétant ses dernières chansons, Koriass est allé rejoindre ses fans en chantant directement dans la foule. Enfin en rappel, les fans ont eu droit à son succès Tsé veut dire !
Avec son nouvel album, Koriass a encore une fois démontré son talent autant avec son rap qu’avec la profondeur de ses paroles. Parce que oui, ce rappeur a une plume très raffinée. Ses textes sont d’une richesse incroyable. Avec Love suprême, Koriass est au sommet de son art. Il est sans doute l’un des meilleurs rappeurs québécois.
Cet artiste m’a accompagnée à travers les années et à travers mes peines d’amour. C’est avec sa chanson En t’oubliant que je l’ai connu. Déjà avec cette chanson, il a su me conquérir. Il m’épate encore plus avec son nouvel album.
Love suprême à Koriass !
*Love Suprême est désormais en vente partout en magasin et sur les plateformes numériques de téléchargement.
Première partie : Brown
Le groupe Brown a su assurer avec succès la première partie de cette soirée. Ne connaissant pas leur musique, Brown m’a complètement envouté. Les deux frères (dont Snail Kid, de Dead Obies) qui se sont unis avec leur père ont offert tout un spectacle. C’est le mélange des styles passant du hip-hop québécois au reggae jamaïcain qui m’a le plus séduit. Je n’étais sans doute pas la seule puisque tous les spectateurs semblaient charmés.
Quoiqu’il s’agissait que d’une première partie, leurs 30 minutes de spectacle étaient beaucoup trop courtes, à mon avis. J’en aurais pris encore !
Safia Nolin vient à peine de lancer un des albums les plus attendus de l’automne. Un maudit bel album, en plus. Mélancolique à fond, Limoilou est la trame sonore parfaite d’un lundi pluvieux de septembre. Gros contraste avec la jeune femme dynamique, enjouée, aux yeux brillants qu’on a rencontré un mardi ensoleillé!
Safia arrive à peine de Rouyn-Noranda, où elle a participé au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, un des plus beaux festivals de musique au Québec. « C’était fou! Je suis vraiment une grande fan de FME. Pour vrai! Je suis arrivée jeudi puis je suis partie lundi. Je suis restée un bout. » C’était son deuxième séjour au FME, son premier en tant qu’artiste sur l’affiche. « À chaque fois à la fin, je braille, ça n’a pas de sens parce que c’est trop nice puis c’est triste que ça finisse aussi vite. Ça pourrait bien durer deux semaines, le FME! »
Je lui demande si c’était pour elle une façon de décompresser un peu avant la semaine de fou qui s’en venait. « C’est quand même stressant parce que j’avais de la promo puis j’avais des perfos tous les jours, maisj’aurais pété au frette dans un autre contexte. Mettons, cette semaine‑là dans un autre festival ou bien, comme, ailleurs, là, genre à Montréal, j’aurais pété au frette. Mais là, à Rouyn, ils savent tellement comment accueillir les gens, ça n’a pas de sens! » Entrée en scène de Marion, venue prendre quelques photos. Avant d’aller plus loin, les deux filles s’échangent d’autres anecdotes du FME (pendant que j’assiste à tout ça, en bon spectateur).
La première fois que j’ai vu Safia, c’était il y a près de deux ans, au Cercle, en première partie de Groenland. Le spectacle était à guichets fermés. La fille qui est montée sur scène ce soir-là était plutôt nerveuse. « Oui, sacrement que j’étais nerveuse. » En plus, le public avait été particulièrement difficile ce soir-là. Ça parlait sans arrêt. Qu’est-ce qu’on fait dans ce temps-là? Safia me raconte qu’il lui était arrivé la même chose à Trois-Rivières, encore avec Groenland. C’était un party de grande brasserie, la bière coulait à flots, « ils les ramenaient, puis là, ils sont arrivés au show. J’étais comme what the fuck?« , mais tu sais, en même temps, c’est un genre d’exercice. Il faut que je me concentre pis que je joue pour la personne en avant qui m’écoute. »
Pour les 3-4 qui ne le savaient pas encore, Safia vient de Québec. D’où, au juste? C’est dur à dire tellement elle a habité partout : « Je suis née à Sainte-Foy, j’ai vécu à Duberger, à Charlesbourg, je suis retournée à Sainte-Foy, on est allés à Montcalm, la haute-ville, les portes, Limoilou… » Puis Saint-Férréol-les-Neiges. Mais comme on peut le constater par le titre de l’album, Limoilou l’a marquée : « C’est là que j’ai commencé à écrire. C’est pour ça que je suis comme… c’est pour ça que mon album s’appelle Limoilou aussi, puis… fuck, c’est un beau quartier, là, c’est fucking un beau quartier. » À Montréal, elle se fait souvent demander ce que Limoilou veut dire. « C’est vrai que c’est un esti de mot weird. »
Safia en profite pour nous révéler un secret : « Je suis tellement perdue à Québec, je ne me souviens de rien. C’est vraiment fucké, parce que les noms de rue sont pareils à Montréal. » Elle habite la métropole depuis deux ans. « À Montréal, tu es comme obligé de connaître les rues parce que c’est vraiment fait en quadrilatère. Ici, pas vraiment, tu sais, ça fait que… tu es un peu perdu. »
L’album. Réalisé par Philippe Brault, aussi efficace qu’effacé. « Il est vraiment slacker. Ben, il n’est pas slacker, mais il est vraiment… il y va avec le flow, puis il s’adapte super bien aux artistes avec qui il travaille, tu sais. Phil pis moi, on se connaît vraiment bien. Il m’appuie depuis le début. Il savait ce que je voulais. Il sait ce que j’écoute, il sait ce que j’aime, il sait ce que je fais. Ça fait qu’on n’a pas tant eu besoin de se parler. On n’a pas fait de pré‑prod, on est allé en studio, puis on s’est assis puis on s’est dit : « Moi, je veux ça. » Moi, c’était juste, comme, le plus petit possible, tu sais, ce n’était pas… le moins d’instruments, là. »
Ça a donné un album cru, minimaliste, mais rempli d’étincelles. Safia ne cache pas ses influences. Les marées sonne comme du Bon Iver. « Moi, la première influence que j’ai dit à Phil, c’était genre, je veux que ça sonne comme For Emma, Forever Ago, le premier album de Bon Iver, parce que lui, il a eu la mononucléose puis il s’est enfermé dans un chalet pendant deux mois. J’étais comme : « je veux que ça sonne raw comme ça ». » Difficile de faire plus cru. On entend parfaitement les doigts glisser sur les cordes. Safia ajoute qu’on entend des trucs qui tombent. Même le chat s’en mêle!
L’album a été enregistré live, de la façon la plus naturelle possible. Safia jouait, assise sur le divan, sans écouteurs. « Ça coulait, c’était vraiment hot! » Contrairement à l’album de Bon Iver, Limoilou a été enregistré en cinq petites journées. On parle de la durée de l’album : 43 minutes. « J’avais peur qu’il soit super long! » Au contraire, on a l’impression d’en avoir que pour une demi-heure.
Les prochaines chansons pourraient être un brin différentes. « Quand je suis toute seule chez nous, je pense que là, en ce moment, je ne suis vraiment pas comme il y a trois ans, parce qu’à l’époque, j’étais au bout. J’étais vraiment… j’avais touché le fond, mettons, puis faire de la musique, ça m’a fait remonter. Je n’ai pas l’impression que mon deuxième album va être aussi dark. Peut-être que oui, mais d’une autre manière, tu sais. Il va falloir que je puise un petit peu plus loin, je pense. C’est juste que là, tu sais, ça, ça m’a comme guérie, de faire ça. »
Mercredi, Safia retourne au Cercle, cette fois avec une bien plus grande confiance en elle et un spectacle qu’on dit solide. Ce sera son premier spectacle comme tête d’affiche! Comme au FME, elle sera accompagnée de Joseph Marchand (« mon pref’! »). Et c’est une de ses meilleures amies, Laura Sauvage (Vivianne Roy, des Hay Babies), qui assurera la première partie. « Elle est fucking bonne pis elle écrit crissement bien! Pour vrai. Moi, elle m’impressionne, pis j’ai hâte à ce show-là! » Un beau contraste entre Safia, dont les chansons sont d’une grande douceur, et Laura, qui est la rockeuse des Hay Babies, est à prévoir.
On va être là.
Safia Nolin sera au Cercle mercredi le 16 septembre à 20 heures (portes 19 h). Première partie : Laura Sauvage. Billets en vente au Cercle et sur lepointdevente.com.
CONCOURS : Nous faisons tirer une paire de billets pour le spectacle de mercredi au Cercle. Plus de détails sur notre page Facebook!
Il avait à peine 20 ans, Philémon, quand je l’ai entendu la première fois. C’était en 2004, à Québec, dans un projet-école chapeauté par le Théâtre Petit-Champlain. Si je me souviens bien, ses mots se précipitaient dans un phrasé rappelant celui de Jean Leloup. Sur scène, il avait l’air timide et à l’aise à la fois. Pudique et loquace. C’était charmant. Je devinais bien alors que sa plume censée, sensible et un peu absurde allait le mener quelque part. Mais j’étais loin de me douter que je recevrais son premier album d’aussi loin, d’une autre époque même, comme une vieille carte postale perdue.
! Viva Cuba Libre !
C’est donc en 2009, alors qu’il était en voyage à La Havane, qu’il décida de rassembler quelques musiciens locaux et d’enregistrer Les sessions cubaines, album quien a séduit plusieurs grâce à ses bouleversantes chansons d’amour (Et pourquoi pas mourir ensemble, Vaincre l’automne) et son extraordinaire authenticité. Puis à l’hiver 2014 paraît L’été, album enregistré à Montréal, sur lequel l’auteur-compositeur-interprète nous offre un mélange de ballades tendres et/ou déchirantes (Je veux de la lumière, Chose étrange) et de délicieuses pièces pop-rock (Soleil blanc, Au cinéma), parfois même un tantinet 60’s (Julie July, Moi j’ai confiance).
Pour clore ce cycle de création entamé à Cuba, il nous présente maintenant l’excellent Les femmes comme des montagnes. Enregistré à La Havane, cette fois avec ses complices québécois (Philippe Brault à la basse, Nicolas Basque à la guitare, David Payant à la batterie et aux percussions), son cousin Papacho au piano et les potes du Conjunto Chappottín (qui se sont pointés à la dernière minute), ce troisième album se veut l’amalgame des dernières années de voyage, d’écriture et de collaborations musicales. Si on sent parfois bien les couleurs cubaines, notamment grâce aux trompettes et aux longues phrases du piano (toutes sublimes sur Je t’ai jeté un sort), ce sont nettement les sonorités pop-franco orchestrales des années 70 qui dominent (Des montagnes, La musique, Maudit). Même qu’on a l’impression que l’auteur s’en confesse sur la très accrocheuse Vieille blonde…
J’ai revu la rue Des Chênes ma vieille blonde
J’ai fait un Joe Dassin de moi ma vieille blonde
J’avais les yeux fripés de larmes ma vieille blonde
J’ai fait un Joe Dassin de moi ma vieille blonde
Et au-dessus de tout, ce qui lie ces trois albums, c’est la douce voix de Philémon, atypique certes, mais troublante de sincérité et toujours juste dans l’émotion, qu’elle caresse ou qu’elle écorche. Ce sont aussi ses textes, merveilleusement poétiques, libres, charnels et inspirés. D’ailleurs, avant d’écouter, je vous recommande de feuilleter le livret qui, tel un recueil de poésie, est agréable à lire, de la citation de Cervantès aux crédits et remerciements.
Mes coups de cœur : Des Montagnes (fabuleuse chanson qui est, à mon avis, le climax des trois albums, tant pour le texte que la musique), le petit groove funky et le solo de guitare de La musique, les amours perdues de Sur la ville et la pièce Des morts et des autos, dont le texte sombre contraste avec la musique langoureuse de slow de fin de soirée qui le porte. Mention spéciale aux arrangements de cordes et de trompettes du talentueux Guido del Fabbro qui sont tout simplement parfaits!
Lancement d’album à Rouyn-Noranda
VENDREDI 4 SEPTEMBRE – 19h
CABARET DE LA DERNIÈRE CHANCE
Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue
Entrée gratuite
Lancement d’album à Montréal
MARDI 8 SEPTEMBRE – LE NATIONAL – 19h
Entrée gratuite avec preuve d’achat de l’album
Albums en vente sur place