Depuis les débuts du groupe, Placebo a chez moi un effet quasi instantané à chaque sortie d’album : j’accroche aussitôt, je deviens accro aux nouveaux morceaux, et le nouvel opus devient ma nouvelle pierre angulaire du groupe. Bien sûr, la nostalgie me fait revisiter mes classiques et les vieux albums, mais assurément, plutôt que l’effet placebo, je plane sur l’effet « nouveau ».
LOUD LIKE LOVE ne fait pas exception. Après quelques écoutes, ce qui frappe le plus, c’est le souci de finition et de cohésion de l’album. D’une part, on sent que Placebo offre un produit de plus en plus léché, sans toutefois tomber dans la surproduction, et sans nier pour autant leurs origines rock à l’état brut. Cet aspect très soigné se retrouve également dans leurs clips, et LLL en offre plusieurs. Celui du premier single, avec Bret Easton Ellis et un clin d’œil à la Vénus de Milo des Simpson, vaut le détour. D’autre part, tandis que LLL s’avère plutôt bref avec ses dix chansons, il gagne en force par son unité. L’écoute terminée, on en veut plus, et on réécoute.
Fidèle à ses traditions, Placebo renoue sur LLL avec certaines paroles des plus marquantes, frappant par une certaine originalité et une touche quasi publicitaire. Dans la même veine que « A friend in need is a friend indeed, A friend with weed is better », le premier single, « Too Many Friends », accroche avec sa première déclaration choc : « My computer thinks I’m gay ». Si de telles formules peuvent paraître très légères, ce n’est qu’un voile qui cache des sujets plus sombres et plus sérieux. Un peu à la manière du « Quelque chose de rectangulaire » de Jérôme Minière, « Too Many Friends » remet en question l’ère des réseaux sociaux et des amitiés virtuelles. Pour sa part, « Bosco », dernière balade déchirante et mélancolique de l’album, est petit chef d’œuvre sur l’alcoolisme et ses effets sur le couple.
En fait, si l’album se veut « loud like love », c’est que l’album brûle d’un désir de s’exprimer, de partager ce qui nous dévore de l’intérieur. La réussite de l’album, avec une telle thématique, c’est de ne pas sombrer dans le simple défoulement, ou la rage, mais plutôt de toucher, et d’inclure chacun dans un « nous » fort et répété : « We are loud like love! » À son meilleur, Placebo se veut thérapeutique.
En somme, un album à la fois sombre et lumineux, aux rythmes alternatifs plutôt lisses et parfois plus abrasifs (« Rob the Bank » et « Purify » en sont de bons exemples), et aux balades intimes et touchantes. Un bel ajout à la discographie du groupe, qui s’y inscrit sous le signe de la continuité.
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Site Web : http://www.placeboworld.co.uk/
Ma note :