Prologue
20:55 – Je suis en route vers l’Anti, je sens mon cell vibrer dans ma poche. C’est un texto de Marion Desjardins, la photographe de l’événement :
Merde, la 1ère partie est passée! Je viens de voir Sam Amidon sortir avec tout son stock!
Déjà ?! Depuis quand les heures indiquées sur les événements sont les bonnes! Je me dis que je vais devoir changer mes habitudes de vie pour être sur de ne rien manquer à l’avenir. Maryon a l’air très déçue alors que je la rencontre devant L’anti. Nous restons là, pris en sandwhich entre la voiture de M. Amidon et le bar-spectacle. Nous apercevons une contravention glissée sur l’essuie-glace de la voiture du chanteur…
Le show
D’emblée, félicitation à L’Anti et à Karl-Émmanuel Picard de prendre des risques tels que produire des shows de qualités qui peuvent parfois sortir des zones de conforts des spectateurs de la vielle-capitale. C’était un lundi soir et à dix minutes de marche de l’Anti se produisait pour la première fois au Cercle ( et à Québec ) un band pas mal attendu, c’est à dire Parquet Courts. Malgré cela, il y avait une foule raisonnable et chaleureuse pour accueillir la troupe de Brooklyn à l’Anti.
Devant nous se dressaient six musiciens, chacun à sa place sur la scène du bar. Un peu effacé et en retrait des autres musiciens, placardé derrière plusieurs consoles et un ordinateur portable, se tenait le maître de cérémonie de cette grande messe, Ellis Ludwig-Leone. Plus qu’un maestro, Ellis est le savant compositeur des chansons de San Fermin. C’est en étudiant la composition musicale à New York qu’il a rencontré plusieurs musiciens et qu’il a eu la révélation de composer de la pop complètement démesurée surchargée d’émotions. Son premier album éponyme a été très bien accueilli par la critique et la plupart des chansons de leur show de ce soir était tirées de celui-ci, malgré le fait qu’ils venaient d’en sortir un nouveau plus tôt en 2015.
Les musiciens, fidèles à leur habitude, ont donné une performance explosive et sans accrochage. Un gros bravo aux prouesses vocales des deux chanteurs de tourné, Allen Tate et Charlene Kaye, qui incarnent l’âme des chansons. C’est surtout Tate qui captive, avec sa voix grave et suave, un peu comme un Matt Berninger ( The National ) qui viendrait de passer une belle journée. Charlene, quant à elle, sait mettre le feu aux spectateurs, en se donnant corps et voix sur chaque morceaux. Les musiciens s’échangeaient des regards complices entre chaque pièces et nous semblions faire partie d’un gros party. Charlene nous a surpris en s’asseyant derrière la batterie pour une chanson, à l’avant de la scène se dressait une multi-instrumentiste mystérieuse qui passait de la mandoline au violon, nous avons aperçu un trompettiste sortir de nul part. Tous les coups étaient permis pour nous faire passer une sacrée belle soirée. Ellis nous a remerciés, heureux et humble. C’était déjà la dernière chanson, tout le monde souriait et planait, tout ça n’était pas qu’un rêve.
Photos de Marion Desjardins