Vous la connaissez sous sons vrai petit nom, Vivianne Roy, des Hay Babies. Mais comme on en avait discuté avec Julie il y a quelques semaines, Vivianne travaillait sur un projet solo et pour les besoins de la cause, elle se transforme en Laura Sauvage, qui laisse tomber la pop de grange des Hay Babies pour un son beaucoup plus rock. On reconnaît bien les intonations vocales de Vivianne, mais la rockeuse Laura s’impose.
Faut dire qu’avec Emmanuel Éthier, Dany Placard et Mathieu Vezio, il était difficile de faire autrement.
On attend son premier EP chez Simone Records cet automne. Mettons que ça augure bien. On n’ose même pas imaginer les flammèches et les étincelles en spectacle.
Louis-Jean Cormier avait besoin de prendre un petit break. Sa carrière solo est démarrée sur les chapeaux de roues avec l’excellent 13e étage. Un album universel et rassembleur qui lui a valu de très nombreux fans. Sa popularité a atteint des sommets avant même qu’il n’apparaisse à La Voix, où il s’est fait connaître de milliers de personnes pas trop habituées de tendre l’oreille vers le champ gauche. Ajoutez à cela la méga-tournée des festivals de l’été dernier et vous avez un gars bien content de pouvoir s’asseoir et simplement jammer à la maison.
Était-ce ce retour dans ses pantoufles qui l’ont amené, d’une part, à écrire des chansons très personnelles, et d’une autre, à retourner à ses habitudes karkwaiennes qui consistaient à repousser petit à petit les limites du rock d’ici?
Disons-le franchement, Les grandes artères ne fourmille pas de bonbons pour les grosses radios commerciales, qui ont adoré les refrains fédérateurs du 13e. Pourtant, l’ensemble (fort généreux à cette époque – près de 55 minutes) est beaucoup plus abouti que le premier album. On sent un vrai fil conducteur entre les chansons, on ressent une vraie thématique qui a, incidemment, touché beaucoup d’artistes ces derniers temps. Le couple. L’amour. L’insécurité qui va avec. Et ça commence dès les premières notes de Si tu reviens, avec ce choeur et ces arrangements orchestraux qu’on avait eu la chance d’entendre en primeur lors du spectacle de Cormier avec l’OSQ l’automne dernier.
Ça ne veut pas dire que Louis-Jean ne rocke plus. D’ailleurs, ça rocke beaucoup dès la deuxième chanson, la très entraînante St-Michel est une source intarissable de hochements de tête réguliers. Si je disais que les radios commerciales n’y trouveraient peut-être pas de bonbons, les CISM, CHYZ et autres radios universitaires de ce monde vont se régaler (d’ailleurs, chapeau pour l’exclu à CISM, qui a pu faire écouter l’album à ses auditeurs avant tout le monde!).
Bon. Un Louis-Jean qui est passé par La Voix est un Louis-Jean qui a plus de moyens. Ça paraît d’ailleurs sur plusieurs chansons, dont Tête première, avec ses cuivres chauds, ses arrangements orchestraux… et Adèle Trottier-Rivard qui chante en harmonie parfaite tout en étant si facilement reconnaissable.
Cormier a décidé de ramener des musiciens qui avaient collaboré avec lui à l’aventure du 13e étage. Marc-André Larocque (batterie) et Guillaume Chartrain (basse) sont de retour et Simon Pedneault (guitare) est venu se faire aller le pic sur quelques pièces. Et oui, la douce voix d’Adèle est omniprésente et ajoute un peu de punch lorsque celle de Louis-Jean ne suffit pas.
La perle de cet album se trouve au beau milieu, sur la pièce Le jour où elle m’a dit je pars. Cormier s’imagine en train de rompre avec sa bien aimée. Je pense qu’il n’aimerait pas. Juste l’idée qu’un jour, ça pourrait peut-être arriver, le chamboule à ce point? Attendez que le refrain embarque. Cormier vient nous chercher en s’agrippant direct sur nos tripes. Ça a fait mal dans mon ventre aussi. Peut-être parce que la même scène me tétanise itou… En tout cas. On trouve ici un exemple parfait de toute la puissance que peut receler une chanson.
Sur une chanson comme Traverser les travaux, où il parle de fatigue et de burn-out, on a parfois l’impression d’entendre Patrick Watson. Mais il faut surtout écouter les textes de cette chanson, encore une fois d’une grande qualité, pour être touché droit au coeur.
À mesure que l’album avance, on commence à voir clair dans le jeu de Cormier : dans cette apparente introspection, ce que Louis-Jean chante est universel. C’est pour ça qu’il nous touche tant sur cet album. C’est pour ça qu’on se sent avec lui sur la 138 sur Deux saisons trois quarts. C’est pour ça que malgré ses apparences de petit album sage, on se sent chamboulé à la fin de Montagne russe.
Personnel et rassembleur à la fois. Un joli tour de force.
Louis-Jean Cormier sera à l’Anglicane le 9 avril prochain. Mais n’essayez pas, c’est complet depuis longtemps, même pour votre humble serviteur. Par contre, on se donne rendez-vous au Grand théâtre de Québec le 26 septembre prochain. Les billets sont déjà en vente. Aucune excuse, c’est un samedi!
C’est fou combien les choses changent en trois petites années. Tiens, voilà à peine trois ans, Ariane Moffatt nous présentait MA, son album le plus dansant (et bilingue), donnait des shows de feu et impressionnait le Québec entier à La voix. La voilà maintenant en train d’essayer de concilier le travail et la famille, la musique et les enfants, la tournée et le foyer. Le cinquième album de l’artiste, 22h22,marque de belle façon ce passage à un nouveau stade de la vie adulte.
22h22, c’est l’heure tranquille, où les enfants sont couchés, où la blonde se repose, et qui est propice à la création. C’est aussi le début d’une nouvelle aventure, de ce nouvel album, probablement le plus personnel d’Ariane, mais surtout, le plus pop. Pour le plus grand bonheur de ses fans, qui sont très, très nombreux.
22h22, c’est également la chanson qui ouvre l’album tout en douceur. « Une minute comme un clin d’oeil », dit-elle, saisissant au vol ces petits moments de bonheur. Un album personnel, que je disais? La tendresse d’Ariane à l’égard de ses proches n’est pas seulement palpable dans cette chanson, elle est carrément là, en trois dimensions et en technicolor!
Sur cet album coréalisé par Ariane et Jean-Phi Goncalves, les guitares se font très rares, on est carrément dans la synthpop, des couches de synthétiseurs se succèdent pour nous faire claquer des doigts, taper du pied et danser. Rêve est peut-être très atmosphérique, mais on imagine déjà les nombreux remix! De son côté, Les tireurs fous nous accroche tel un hameçon duquel il est impossible de se dépêtrer. Un autre de ces refrains incroyables dont Ariane seule a le secret. Une chanson maternelle à souhait. Ces chansons-là, l’auteure-compositrice-interprète les vit plus que jamais. En tout cas. Celle-là, elle est dans mes 3-4 préférées de la discographie d’Ariane. Ça va tellement puncher en spectacle! La suite de l’album voit Ariane Moffatt passer de la tendresse piano-voix (Domenico) à la synthpop très chaude (De mort à vivant), faire une petite place à la guitare sur la très 80s Miami et nous donner des frissons sur la tendre Les deux cheminées. Et il y a cette finale, sur Toute sa vie, où Ariane s’est payé le luxe d’un choeur composé d’internautes!
En somme, 22h22, c’est un peu comme un polaroid de la vie actuelle d’Ariane Moffatt. La famille, la maternité, les craintes de toutes sortes, le bonheur qu’on a besoin d’exprimer… tout est là.
Elle maîtrisait déjà le sens de la mélodie et du rythme. Elle a vite appris à apprivoiser les mots et à leur faire dire exactement ce qu’elle voulait. Eh bien aujourd’hui, Ariane Moffatt se montre à nous sans tomber dans l’exhibitionnisme. On se reconnaît dans ses chansons, on se reconnaît dans les petits bonheurs, les petits malheurs, les grandes craintes, les regards portés vers l’avant, vers l’arrière et tout autour.
Elle va toucher pas mal de monde, la petite. Après, elle va les faire danser!
Ariane Moffatt sera à l’Impérial Bell avec Milk and Bone en première partie le 1er mai prochain. Les billets sont en vente à la billetterie de l’Impérial Bell et au http://www.imperialbell.com
Chose promise, chose due : voici les photos du spectacle de vendredi. Y’en a beaucoup? C’est juste parce que j’étais pas capable de choisir. L’énergie de Marie-Pierre Arthur, sa complicité avec ses musiciens, les regards tendrement intenses de Frank Lafontaine, tout ça, c’était du bonbon pour un photographe.
Après deux albums aux sonorités folk, Marie-Pierre Arthur s’est payé un voyage vers la fin des années 1970 et le début des années 1980 sur Si l’aurore, un album qui regorge de soul, de groove et de synthétiseurs, un album qui donne le gout de taper du pied tout en donnant de petits coups de hanches. On en a eu un premier avant-goût avec la pièce Rien à faire, qui rappelait à plusieurs les Fleetwood Mac période Rumours, mais j’ai aussi entendu parler de ressemblances avec Diane Tell et Daniel Balavoine. Ne vous inquiétez pas, oui, Marie-Pierre Arthur s’amuse avec des sonorités qui me rappellent mon enfance, mais avec son amoureux François Lafontaine, elle a composé des grooves bien ancrés en 2015. D’ailleurs, cet album claviers ressemble à un cadeau d’Arthur à son chum tellement les claviers et les synthés sont omniprésents. Quand on connaît un peu Lafontaine, celui-ci devait être aux anges.
Aux textes, Arthur continue d’y aller à quatre mains avec Gaële, sa fidèle collaboratrice. On parle de l’âge adulte. De cette période où on se sent un peu perdu après avoir atteint quelques objectifs de vie. Qu’est-ce qu’on fait après avoir eu l’enfant qu’on voulait avoir? Il y a des amis qui s’entredéchirent. Tout ça, c’est un peu triste, mais Arthur réussit à équilibrer ces paroles avec sa musique, riche et envoutante.
Tant qu’à se payer un retour à une époque où un solo de saxophone bien baveux était un strict minimum dans une pièce de soft rock, Arthur et Lafontaine ont décidé d’y mettre la gomme. Par ailleurs, notons la présence du saxophoniste Yannick Rieu sur Comme avant. On vous avertit tout de suite, parce que ce solo de sax, accompagné d’un mur de claviers et d’une batterie déchaînée, kicke des culs et botte des derrières. É-be-lou-is-fuckin’-sant. Même s’il est un peu moins fort sur les autres chansons, l’esprit fin 70 début 80 demeure omniprésent. Certaines chansons comme La toile sont des bijoux de pop-rock un peu matante (mais ô combien assumée). Sur Papillons de nuit, c’est le choeur qui semble sorti d’une de ces chansons de pop française grandiloquente de la fin des années 1970. Et cette finale de la mort sur Dis-moi… Menoumme.
En plus de François Lafontaine, le guitariste Joe Grass et le batteur Samuel Joly forment avec Arthur (à la basse, qui n’est plus sa vieille Höffner) un noyau auquel s’ajoute la collaboration d’amis de longue date comme Olivier Langevin, José Major, Robbie Kuster et Louis-Jean Cormier. La réalisation de Lafontaine est archi-soignée. Quand je dis que j’ai l’impression qu’il a dû avoir du fun, on n’a qu’à écouter la richesse des synthétiseurs, qui sonnent exactement comme on les entendait à l’époque. Une partie de moi veut entendre ce disque sur une bonne vieille table tournante pour y retrouver une chaleur que je trouvais sur les disques de ma mère (que je trouvais donc nazes à l’époque).
Bien entendu, cet album ne fera pas l’unanimité. Certains s’ennuieront de la Marie-Pierre d’avant, plus folk, plus simple, plus prévisible. Le changement peut être déroutant, on l’avoue, surtout si on n’a pas connu la période qui a inspiré Arthur et Lafontaine.
Si l’aurore était un pari des plus risqués. D’autres ont essayé de s’inspirer de cette période et leurs tentatives se sont soldées par des échecs. De son côté, Marie-Pierre Arthur a foncé tête première dans cette matière brute qu’on a malheureusement trop peu exploitée. Pour exploiter tout ce groove en douceur comme le fait si bien Arthur, ça prenait bien une bassiste.
Le résultat de tout ce travail est cet album rempli d’amour, d’énergie, de sensualité, qu’on vous invite à prendre en bloc, du début à la fin.
Marie-Pierre Arthur est la tête d’affiche de la deuxième soirée des NuitsFEQ de l’hiver 2015 le 27 février prochain à l’Impérial Bell. Elle sera précédée d’Antoine Corriveau et de Fire/Works. Une magnifique soirée en perspective. Pour plus de renseignements et acheter vos billets : imperialbell.com