Parfois, dans la vie, tu te sens comme de la marde. Le reste du temps, tu feels correct ou ben t’es content parce qu’il fait beau et que tu sue pas trop des pieds. Cette dernière soirée du 27 juillet, j’avais le sourire dans la face en descendant la rue St-Joseph mais y’a pas duré longtemps. Ça a commencé à dégouliner sur les côtés au moment où j’entendis les premières fausses notes des Martyrs de Marde. DZWiNG DZWiNG!
Les gars qui nous ont donnés leCharme, Sébastien Delorme à la guitare et Daniel Hains-Côté à la batterie, se sont alliés à Mathieu Bédard au gueulage et Guillaume Leaim au clavier pour accoucher de ce bébé difforme et braillard que sont les Martyrs… Bébé qui, je crois, a manqué un peu d’oxygène à la naissance, watch out la DPJ.
Et que le show commence dans le noir -pour une fois que l’éclairage boboche du sous-sol contribue à l’ambiance-. Le groupe ouvre sur une passe instrumentale qui mise sur la distortion. La guitare agonise et pleure et supplie qu’on l’achève, le drum fait un peu ce qu’il veut, s’enfarge dans les rythmes, manque un coup, se rattrape deux temps plus tard en accéléré et le clavier rempli tout l’espace qui reste de ses ambiances noises tordues. Ces gars-là rident le dragon du chaos comme je l’ai rarement vu.
DANS UN MONDE DE SCHIZOPHRÈNE, FAUT ALLER PLUS LOIN QUE JUSTE FAIRE LA SPLIT.
JUSTE UN P’TIT PEU PLUS LOIN.
Mais c’est au moment où Mathieu Bédard ouvre la bouche que tu te poses de sérieuses questions. Coudonc, j’suis tu rentrée à Robert-Giffard sans m’en rendre compte, moi ?
On assiste à un factice de psychose, bad-trip sociétal, dégueulis de verbes, prose amère et convulsions. Quelqu’un de sain ne garde pas sa merde en dedans, mais aux âmes sensibles je conseille quand même une shot de venlafaxine.
Arrivés jeudi dernier de Grenoble, c’est à Trois-Rivières que les Trois-Huit ont commencé leur tournée canadienne qui se poursuit au Québec et en Ontario. Beaucoup de dates et de route pour un groupe heureux d’être parmi nous. Et si vous vous demandez d’où vient leur nom, c’est d’un système d’organisation du temps de travail — dont je vous passerais mon avis — dont beaucoup des membres ont pâti. C’est aussi 38, le numéro de département de l’Isère où se situe Grenoble, ville d’origine du groupe. Ils nous ont joué leur mélange de punk et de Oï, influencé par les Brigada Flores Magon, Los Tres Puntos, Bolchoï, et bien d’autres. Ainsi, on aura entendu leur album éponyme, avec notamment le morceau Uni-e-s, que vous pouvez écouter et télécharger librement sur leur site. Cimer les gars !
Les Trois-Huit n’étaient pas seuls. Ils étaient accompagnés des Montréalais d’Action Sédition et des Montréalaises de No Chaser. Ce sont ces dernières qui ont ouvert avec leur punk une belle soirée. Ensuite, ce sont les membres d’Action Sédition qui sont montés sur scène pour nous jouer essentiellement des morceaux de leur album Rapport de Force et de leur split avec Street of Rage. Ils en ont d’ailleurs profité pour nous parler de leur nouveau split avec le groupe italien Bull Brigage. Fidèles à leurs engagements politiques et sociaux, ils ont manifesté durant leur set leur soutien aux Trois-Huit et aux opposants à la réforme du Code du travail en France. Enfin, je dois aussi vous dire, pour en avoir discuté avec leur batteur, qu’ils aimeraient bien voir venir au Québec les 22 Longs Riffs. Ce qui ne serait pas pour déplaire au natif de Saint-Brieuc que je suis.
Du 8 juillet au 26 août, Culture Shawinigan offre des spectacles gratuits les vendredi à 20h30 à la Place du Marché. Cette superbe initiative m’a permis d’assister au spectacle de Mononc’ Serge en cette magnifique soirée du 22 juillet ! Comme ma spécialité c’est la photographie, je laisse mes photos parler pour moi.
Pour connaître la programmation complète d’Un été signé Shawinigan, c’est ICI.
Nous avons passé une très belle troisième journée sous le soleil au FestiVoix de Trois-Rivières. Voici notre couverture en mots et en photos du dimanche 26 juin 2016.
QW4RTZ
Le FestiVoix nous a fait un beau cadeau en proposant un petit spectacle-surprise au piano public devant l’église St-James avec le groupe QW4RTZ. Au gros soleil, on a eu droit a un « jam » et beaucoup d’improvisation pendant 30 minutes. Les gars se sont bien adaptés à la situation en parlant avec le public, en voulant savoir ce que les gens voulaient entendre et en se mettant en danger avec des pièces qu’ils ne font pas souvent. Visiblement plus qu’heureux d’être là, devant leur monde, devant leur public trifluvien (leur terre natale), ils se sont mis à chanter, sur un air répétitif, « I love you » tout en improvisant chacun leur tour pour les couplets. Ils ont terminé ce beau moment avec la chanson I’m yours de Jason Mraz, une pièce qu’ils n’avaient pas fait depuis longtemps et que le public a eu le plaisir de chanter avec eux. À 19 h 00, ils étaient attendus sur la scène des Voix Multiples. (Karina Tardif)
Foxtrott
Un gros mandat lui était confié, celui de faire la première partie de Coeur de Pirate. C’était, selon moi, le spectacle le plus audacieux de la programmation du FestiVoix 2016. Bien qu’elle était peu jasante, sa musique a suffi pour me séduire. Je n’en reviens encore pas de la qualité de la musique qu’elle et ses musiciens nous ont offerts. Suivant la tendance électro-pop, ses chansons se démarquent par l’utilisation du corps français et par les sonorités qui nous transportent ailleurs dans le monde. Foxtrott est une artiste émergente au Québec que j’ai bien peur de perdre aux mains d’un autre continent vu la qualité et la portée mondiale de son travail. Je me sens choyé d’avoir pu la voir sur la grande scène et même un petit peu à la microbrasserie Le Temps d’une pinte en fin de soirée. (Karina Tardif)
Coeur de Pirate
Béatrice nous a offert une prestation des plus énergiques avec son décor tout en brillance et son habit blanc. Bien sûr, tous ceux qui étaient présents ont vu la peur bleue qu’elle a envers les moustiques, qui lui tournaient autour et qui collaient au piano, mais ils ont aussi vu une artiste en plein contrôle et très excitée d’être sur la magnifique scène sur le bord de l’eau. Les mannes ne l’ont pas empêché de donner une prestation spectaculaire et de créer un lien avec le public. Jamais je ne l’avais vu danser, se déhancher et donner des coups de bras et de pieds comme ça sur scène. Plusieurs pièces de sont dernier album ont été joués, mais aussi Golden Baby, Françis, C’était salement romantique, Comme des enfants, Adieu, Saint-Laurent et Place de la République. Elle est revenue s’asseoir au piano pour le rappel en nous disant qu’elle n’avait pas joué ses chansons les plus populaires. Elle termine ainsi le spectacle avec la fameuse Oublie-moi tout juste avant d’aller chercher sa fille en coulisse et l’amener sur scène pour dire au revoir au public. (Karina Tardif)
Voici les photos de Yoan Beaudet, Jean-François Desputeaux et Izabelle Dallaire:
Des musiciens motivés, une charmante salle de spectacle, et bang ! C’est parti pour une succession de chansons rock qui sentent bon les années 1960 et 1970.
Le spectacle commence en force, avec de la boucane, une chanson rock énergique (« Grandville ») et un chanteur qui l’est autant. Max Desrosiers a en effet une belle énergie. Pas celle de Rebecca-Sophie dans « Like Moi », mais plus celle d’un artiste à l’aise sur scène et avec le public. Pendant tout le spectacle, les amateurs de rock pur jus sont servis: pas de claviers ou d’ordinateurs pour reproduire les sons des instruments absents sur scène. Les deux guitaristes (Laurent Racine et Pierre-Luc Laberge), le bassiste (Martin Moe) et le batteur (Luc Gagné) suffisent amplement pour dynamiser le spectacle.
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La vitalité des musiciens reste constante jusqu’à la fin. Que ce soit les guitaristes et le bassiste qui se mettent à genoux ou se déplaçant avec aise sur scène, le mot statique ne fait pas partie du vocabulaire des membres. Desrosiers, en tant que chanteur, démontre vraiment que les Rolling Stones sont une influence pour le groupe. Sans que ce soit une imitation, on parle ici d’inspiration authentique (oui, ce joli mot à la mode utilisé à toutes les sauces, mais qui s’applique carrément bien ici.) Que ce soit dans la gestuelle, dans la manière de se déplacer ou de tenir le micro, par la coupe de cheveux ou encore en raison du physique (grand et élancé), l’esprit de Mick Jagger n’est jamais trop loin et tant mieux ! Desrosiers n’hésite pas non plus à se montrer gentiment insolent, autant par le ton baveux en présentant la pièce « Top-Modèle » comme la seule pièce engagée du spectacle que par l’utilisation de son index pour tapotter le visage de Moe.
Les pièces présentées par Mordicus, sauf à quelques exceptions, sont issues des albums « Cri primal » et « Edgar Allan Pop ». Malgré le titre du dernier opus, l’aspect rock balaie complètement celle plus pop. La guitare acoustique entendue sur « Cause à effet » est davantage mise en avant sur scène que sur le disque, dont la version est enrobée par des notes de piano. Même chose avec « Mémoire d’éléphant », dont les riffs de guitares sont plus puissants hors studio. Le côté blues de certaines chansons ressort également davantage, notamment dans le pont musical de « Ces nuits blanches ». Le moment fort du spectacle selon moi, c’est avec la pièce « Prêt à décoller ». C’est justifié par la progression musicale enlevante et par la parfaite symbiose des instruments, dont on pouvait entendre équitablement les sons sans que ça sonne incohérent.
Un autre point d’orgue (oui, j’ai décidé que c’était possible d’en avoir deux, bon !) c’est la reprise de « Toué tu l’as » de Pépé et sa guitare. Un sympathique morceau blues à la guitare acoustique devient alors une décapante ode blues-rock ! Il paraitrait par ailleurs qu’une collaboration faite entre Mordicus et Pépé doit voir le jour sur le Web dans le cadre du projet « Tout l’monde veux jouer avec Pépé ». On a hâte !
Un bon spectacle beau, bon, pas cher que les fans de Mordicus, issus de tous les groupes d’âges, ont sans doute apprécié. Malgré une foule malheureusement timide et un certain va et vient constant des curieux/curieuses, les membres du groupe ont continué à jouer avec enthousiasme et le Satyre, avec ses trois paliers en étages, n’était pas trop grand pour le fougueux Max ! Un groupe qui mérite plus d’attention, avec davantage de rotations de leurs chansons sur les ondes FM.
Samedi le 11 juin dernier Kim Greenwood était de passage au Ti-Pétac de Trois-Rivières en formule trio électrique formé de Fabienne Gilbert à la basse et voix et de Benjamin Garant à la batterie. Malgré un son un peu défaillant côté voix mais qui s’est amélioré par la suite, Kim a offert au public, composé principalement de parents et amis et de quelques amateurs de blues, une solide performance en nous interprétant des pièces de son propre répertoire comme Love Me ainsi que des covers d’artistes qu’il admire tels que Philip Sayce, Doyle Bramhall II et Fleetwood Mac. Des titres comme Smile Satisfaction, So You Want It To Rain, Daydreamer, Angels LiveInside, Early Grave, A Fool No More et Dragonfly. Fabienne est excellente à la basse et très expressive. Benjamin, quant à lui, est solide comme le rock à la batterie et Kim donne une âme aux pièces qu’il joue à la guitare. Les spectateurs en ont savouré chaque note.
Kim Greenwood est un artiste que les amateurs de blues doivent absolument découvrir.
500 fans et curieux/curieuses sont venus voir Tiken Jah Fakoly, faisant ainsi en sorte que la Taverne de Saint-Casimir affiche complet. Des gens de l’Ontario et même de la Gaspésie sont venus voir l’artiste d’origine ivoirienne et sa bande, après avoir accueilli en première partie le chanteur Pomerlo (voir l’article ici). Tel un guide, Tiken Jah Fakoly arrive avec son habit traditionnel et son bâton. Ne pensez toutefois pas qu’il a l’intention d’offrir une prestation statique… Ledit bâton n’est là qu’au début et sert à accentuer l’intro solennelle marquée par un éclairage d’abord sobre et par des sons d’oiseaux.
Une partie des chansons du spectacle étaient issues de son album « Racine », qui reprend des classiques du répertoire reggae. Outre le fameux « Get up Stand up » de Bob Marley dont la finale sur scène devient électrique, Fakoly et ses comparses offrent un medley comprenant notamment « Police and Thieves » de Junior Murvin, « Brigadier Sabari » d’Alpha Blondy et « One Step Fowrads » de Max Romeo. Ce bouquet de pièces est l’occasion pour Fakoly, suintant l’effort au point de s’essuyer la face, d’expliquer les liens entre la musique reggae et africaine, symboles pour lui de liberté.
Les pièces issues de la discographie du chanteur d’origine ivoirienne ont toutefois une belle place sur scène. Les cinq musiciens et les deux choristes accompagnant Fakoly rendent parfaite la rencontre entre musique ouest-africaine et reggae jamaïcain. Seul léger bémol : l’absence d’instruments à cuivre, remplacé par les sons du clavier de Dave Kynner. Toutefois, la présence de Kenner permet de donner un aspect dub ou électro sur certaines pièces. Sur « Dernier Appel » et sur « Kafouyé », les notes du clavier et celles de la guitare électrique de Vi Avelino font émerger un effet psychédélique intéressant.
Julie Broue et Wonda Wendy, les deux choristes, apportent une forme de puissance et une énergie aux chansons proposées. Andra Kouyaté emmène la touche traditionnelle de la musique africaine avec son n’goni, une guitare traditionnelle de l’Afrique de l’Ouest ayant dans son cas deux manches. Ras Jumbo, le bassiste, se fait souvent discret en jouant de côté, mais ça ne veut pas dire que le son de la basse passe complètement inaperçu, heureusement !
L’engagement politique manifestée par Fakoly et ses collègues marque également l’événement, au grand plaisir des admirateurs et admiratrices. Avec le « Prix du Paradis », l’auteur-compositeur-interprète dédie la chanson à divers mouvements sociaux du Congo ou du Burkina Faso ainsi qu’à la jeunesse. Dans cette chanson, la foule scande en cœur « l’abolition de l’esclavage ». Lorsque Kouyaté lève son poing, les gens sur place font de même. La pièce « Les Martyrs » est l’occasion de rendre hommage aux disparus qui se sont battus pour la justice sociale.
Tiken Jah Fakoly et ses musiciens maîtrisent complètement l’art du spectacle. Malgré une mise en scène très professionnelle et travaillée (éclairage éteint entre deux pièces, remplacement rapide des instruments pour des percussions à la fin du spectacle, capacité de jouer avec les genres musicaux de manière fluide), l’ambiance était quand même festive et conviviale, sans être pompeuse. Fakoly, qui s’est déjà produit devant des foules d’au moins 50 000 spectateurs, s’est montré très généreux et a tout donné. La preuve, dès le milieu du spectacle : sa voix chaude et grave commençait à être éraillée un tout petit peu.
C’est une chance que la Taverne de St-Casimir nous ait offert, à moi et à notre photographe Adrien, l’occasion de voir en chair et en os un incontournable de la chanson francophone qu’est Tiken Jah Fakoly. Nous espérons que les souvenirs évoqués en mots et en images vous aient donné le goût de suivre un artiste de haut calibre qui est loin de se reposer sur ses lauriers !