Un gros buzz entoure Simon Kearney depuis un certain temps. Depuis, en fait, qu’il a lancé un premier maxi alors qu’il n’avait que 17 ans. C’est que son rock mélodieux aux accents parfois un brin psychédéliques a de quoi faire tourner bien des têtes. Ceux qui ont eu la chance de le voir en spectacle savent que le jeune homme possède déjà pas mal tous les atouts pour être une figure importante de la scène musicale québécoise (je parle pas juste de la ville, ici). Pas du genre trop pressé, Simon a peaufiné ses habiletés et composé d’autres chansons, qu’il a enregistrées sous la direction d’un certain Antoine Gratton. Le résultat? Deux ans plus tard, il nous présente La vie en mauve, un album de 16 chansons au son desquelles on passe trois jolis quarts d’heure.
Sans perdre de temps, Kearney donne le ton avec Hey Man, une chanson qui part doucement, mais qui montre de quel bois le jeune auteur-compositeur-interprète se chauffe : du rock à guitares lent, langoureux, chaud, celui qu’on écoute en regardant l’asphalte fondre au soleil. Quand on cherche les références (c’est tellement à la mode, les albums référentiels), on n’en trouve que très peu, et cela est une bonne chose : si Kearney s’inspire des autres, il le fait à sa manière!
On aime beaucoup quand Kearney joue les rockeurs comme sur Comme un acide. C’est là qu’il est à son meilleur, quand il se déchaîne sur les refrains. Sur Chaminao, on reconnaît une voix féminine, celle de Camille Poliquin (Milk & Bone), qui se marie donc bien à la guitare de Kearney! Et puis sur Megan, Kearney se transforme en Beatle pendant un petit moment. Ah, voilà, y’en a, des références!
Les pièces se suivent et se ressemblent un peu, du pop-rock un peu slacker sur les bords, mais tout à coup, on tombe sur une bombe : J’aurais dû la tuer, encore une fois avec Camille Péloquin qui complète Kearney à merveille. Un gros blues-rock sale et un brin cacophonique qui, selon LP Labrèche du Canal auditif, ferait frémir ceux qui ont capoté sur le cas d’Action Bronson. OK, on comprend assez facilement ici qu’il s’agit d’une histoire, y’aura donc pas de polémique. Pis oui, on irait bien faire les 400 coups avec Camille nous aussi! Ah, c’est pas d’elle que tu voulais parler? N’empêche qu’il s’agit des cinq meilleures minutes de l’album. Tout simplement jouissif!
Je n’ai pas parlé de la réalisation d’Antoine Gratton? C’est bon signe, vous ne trouvez pas? Gratton ne s’est pas trop imposé, il a laissé le talent de Kearney s’exprimer tout en sachant bien guider le jeune homme. Non, c’est pas parfait, les paroles trahissent parfois l’âge du jeune multi-instrumentiste, mais quand on écoute La vie en mauve, on sait que ce jeune homme sera dans le décor très longtemps. Reste à parfaire son écriture, à gagner en maturité, à voir du pays.
La première fois que j’ai vu Kearney sur scène, j’ai eu le même feeling que lorsque j’ai vu Jake Bugg : s’il ne s’enfle pas trop la tête, s’il reste bien ancré au plancher, ce jeune homme, qui a tout le talent du monde, va aller loin, très loin.
Marjo, tu voulais des flammèches? Je te présente Simon Kearney. J’espère que tes devil horns sont prêtes, tu vas en avoir besoin!