Ludovic Alarie n’a que 21 ans, mais déjà il commence à laisser sa trace dans le paysage musical québécois. Il a d’abord, avec son groupe The Loodies, sorti un premier disque anglophone en 2012 faisant notamment la première partie de Plants & Animals et tournant également sur le vieux continent. Puis, l’an dernier, il a délivré un disque solo, bien reçu pour la critique, en français cette fois-ci, d’une délicatesse désarmante rappelant parfois Elliott Smith. Le tout parsemé de subtils, mais riches arrangements.
Cette fois Alarie revient entouré de son groupe (Lysandre Ménard aux claviers, Jérémy Delorme à la guitare électrique, Étienne Dextraze-Monast à la basse et Sasha Woodward à la batterie) The Loodies. Ce second disque, éponyme cette fois, emprunte une trajectoire similaire à son album solo. Mélodies vocales pratiquement susurrées à nos oreilles, arrangements à la fois somptueux et délicats. Alarie a mentionné dans une entrevue donnée à La Presse l’apport important de Warren Spicer (chanteur de Plants & Animals) à la réalisation. Il y a une belle minutie à la réalisation et les petits détails récompensent l’auditeur qui écoutera l’album d’une oreille attentive.
Après une délicate pièce instrumentale en ouverture, on reconnait rapidement sur Dry le style mélodique préconisé par Alarie sur son album solo. Les claviers proéminents et l’inventif pont au coeur de la chanson donnent le ton à l’album. En entrevue, le groupe mentionnait s’être inspiré de l’esthétique de Blonde Redhead (version Misery is a Butterfly) pour la réalisation. Ça s’entend particulièrement sur la troisième pièce Myodesopsia. Cette dernière, richement orchestrée (violons et xylophone), est aussi l’une des plus réussies de l’album. À mi-parcourt, la pièce Light-Year, mon coup de coeur, vient happer l’auditeur grâce à une série d’accords inventive supportée par une très belle mélodie vocale. Vers la fin, Tell-Tale, une des chansons les plus rythmées vient donner un second souffle à l’album. C’est une chanson qui fonctionnera en formule concert. Shift vient clore cet album concis (à peine plus de 30 minutes) d’une douce et belle manière. Ce qui étonne concernant cet album, c’est la capacité des musiciens du groupe à faire preuve de leur talent sans porter ombrage à l’efficacité des différentes ballades de l’album. Garder l’album court était d’ailleurs une sage décision; l’album bénéficiant de quelques écoutes successives et attentives. C’est donc une bonne offrande même si on reste avec l’impression que le groupe pourrait offrir des pièces encore plus percutantes malgré la timide voix d’Alarie. Le meilleur est-il à venir?