Le Cercle accueillait dimanche soir dernier trois groupes rock venus pour contribuer à l’apparition de nombreux acouphènes de début de semaine chez le mélomane négligeant. Il y avait d’abord Victime, un trio de Québec mené par la polyvalente Laurence Gauthier-Brown qui vient tout juste de faire paraître un premier EP intitulé Mon VR de rêve. Ils ont tôt fait de nous balancer leurs chansons nerveuses à mi-chemin entre le noise-rock et le punk. La foule déjà nombreuse et attentive a pu apprécier les rythmes ingénieux de Samuel Gougoux à la batterie, qui a souvent capté l’entièreté de mon attention tant ses motifs étaient hallucinants. Le collabo Simon Provencher complète le portrait avec des textures empruntant davantage à l’indie-rock (voir au math-rock) qu’au punk. La similitude entre les différentes inflexions vocales de la chanteuse rend le tout un peu homogène, mais c’est assurément un groupe local dont on réentendra parler.
Walrus, groupe originaire d’Halifax, n’en était pas à sa première visite en sol québécois, étant entre autres un habitué du Pantoum. Pour ma part, je ne savais rien de ce groupe. À l’aube de sortir son premier album complet Family Hangover, il a présenté un rock ingénieux et difficile à décrire. Les structures des chansons sont souvent progressives et éloignées du traditionnel couplet-refrain-couplet. Les influences sont si nombreuses qu’elles s’intègrent parfaitement dans le son du groupe sans que la musique ne sombre dans un pastiche interchangeable. Les mélodies empruntent au folk, mais sont trempées dans une lourdeur psychédélique (merci aux trois guitares électriques), et les nombreux changements de direction amènent l’auditeur à savourer autant de segments aussi savoureux qu’inattendus. Le quintette a donc poursuivi la mission entreprise par Victime plus tôt dans la soirée, tout en faisant assurément le plein de nouveaux fans.
Preoccupations (anciennement Viet Cong) revenait en ville après une première performance sous leur nouveau nom au show de la rentrée de l’université en septembre dernier. Il jouait cette fois dans une salle parfaite pour leur musique hypnotique et légèrement claustrophobique. Ils ont d’abord puisé une pièce de leur premier EP, Select Your Drone, un morceau en deux temps d’abord porté par un rythme calme et répétitif, puis soudainement entrainé dans un délire psychédélique jouissif. Très bonne façon de démarrer ce bref concert qui, de la première à la dernière minute, verra le groupe performer huit chansons en une heure, et ce, sans rappel. Chaque musicien faisait preuve d’un investissement total dans la musique. À mon avis, le chanteur Matt Flegel a possiblement donné sa meilleure performance à Québec, alors que le reste du groupe jouait comme si leur vie en dépendait. Le batteur Mike Wallace maîtrise ses baguettes avec précision et puissance, et la cohésion entre son jeu et le reste des membres frôle la perfection. De rares nouvelles pièces telles Zodiac et Stimulation ont très bien fonctionné. Il est assez curieux que le groupe n’ait pas visité davantage le disque éponyme sorti en septembre dernier, lui préférant plutôt les pièces parues sur l’album précédent Viet Cong. Il faut dire que Continental Shelf ou autre March of Progress sont absolument fabuleuses en spectacle. Près du tiers du spectacle était réservé aux monstrueuses Memory et Death, cette dernière toujours servie en épilogue. Ces deux morceaux d’une dizaine de minutes permettent à Preoccupations de s’assurer que personne ne reprendra son souffle avant la fin de ce sprint. Le genre de visite qu’on ne peut se permettre de refuser à Québec.
Rares sont les traîneux de sous-sol de Cercle qui ne connaissent pas Viet Cong. Au paroxysme du post-punk, le groupe s’attire les foudres amoureuses de la critique et du public. Les grands festivaliers ont pu les voir en première partie d’Interpol au FEQ cet été, les petits festivaliers eux, les ont entendu et vu les têtes de ceux qui ont mangé plus de croûtes. Forts de deux sorties, une cassette et un LP, le groupe sera au Cercle ce lundi 14 septembre, en compagnie de Greys.
J’ai rejoint Viet Cong, au milieu de leur ritournelle européenne, par email, pour leur poser quelques courtes questions. La hâte à lundi me tracassant déjà assez l’esprit.
Votre album éponyme est plutôt court, vous êtes vous restreint intentionnellement?
Non, nous avons suivi le rythme de nos chansons. Nous en avions quelques autres qui ne correspondaient plus à la direction que nous avons prise avec l’album. Ceci étant dit, j’aime les albums plus courts et j’ai été très satisfait de sa longueur à la fin du processus.
Vos paroles sont très intéressantes, vous utilisez souvent des thèmes et des constructions inhabituelles, quel est votre processus habituel, si vous en avez un?
Je tire souvent nos paroles de conversations, ou d’observations sombres sur l’état des choses. Mais on doit tout prendre avec humour bien sûr.
Les années 70 et 80, avec Bowie, Bauhaus, New Order et compagnie, semblent vous influencer beaucoup. Vous avez d’ailleurs couvert Dark Entries de Bauhaus sur Cassette. Comment est-ce que ça influence votre composition? Y a t’il d’autres influence que mes lecteurs pourraient ne pas connaître?
Je ne sais pas exactement comment ça peut m’influencer, mais c’est vrai que nous écoutons beaucoup de musique de ces périodes et c’est certain que ça paraît dans nos chansons. Pour ce qui est des autres influences, nous aimons tous beaucoup This Heat. J’y retourne souvent et je trouve toujours quelque chose de nouveau, que ce soit dans la voix, l’instrumental ou dans la production. Ils ont fait deux albums, un EP et deux sessions en direct. Tout le monde devrait assurément les écouter et les découvrir. J’écoute aussi beaucoup de vieille musique de synthétiseurs avant-garde et ça affecte beaucoup notre écriture dernièrement.
Vous faites beaucoup de blagues sur scène pour un groupe aussi sombre! Êtes vous plutôt sérieux et sombres dans vos vies de tous les jours?
Non, pas du tout! Je dirais que nous sommes de gens biens et amusants? Les blagues nous représentent définitivement mieux que notre musique!
Vous jouez à Québec ce lundi, comment vous sentez vous face à la scène musicale canadienne et de la place du Québec dans celle-ci?
J’aime toujours aller à Québec, la ville ajoute vraiment quelque chose de spécial au Canada. C’est génial d’avoir deux villes aussi différentes que Québec et disons, Calgary ou Vancouver, dans le même pays. Pour ce qui est de la scène, je crois que l’entre influence et le mélange de différentes cultures créé un paysage musical très diversifié.
Vous faites la tournée avec Greys, qui me semblent très intéressants, comment pourriez vous convaincre mes lecteurs de venir les voir ou d’acheter leurs albums?
Ils doivent vraiment venir les voir, ils seront conquis immédiatement!
Déjà le temps de dire bonjour à un des plus grands festivals de musique alternative au Canada. C’est aujourd’hui que débute la dixième édition du festival Osheaga. Pour l’occasion, l’équipe d’ecoutedonc.ca sera sur place pour une couverture réseaux sociaux en temps réel (tant que le réseau ne lâche pas). Dès demain, un compte-rendus sera aussi disponible sur le blogue. Avez-vous autant hâte que nous? Car nous sommes prêt!
Nous débuterons cette belle aventure avec le groupe anglais Catfish and the Bottlemen à 13h00 sur la scène de la Rivière. Faisant dans le rock alternatif comme plusieurs britanniques l’on fait auparavant, le style du groupe n’est peut-être pas unique, mais le son est très intéressant. Commencer la première journée en force est toujours une bonne façon d’avoir une belle continuité de festival. Toutefois, nous conseillons tout de même de voir le groupe PONI, gagnant du prix Osheaga des Francouvertes. Le groupe se mérite donc une prestation rémunérée au festival, soit aujourd’hui dès 13h35 sur la scène des arbres. Peut-être allons-nous y jeter un coup d’oeil rapide.
Dès 14h05, nous voudrions aller encourager les québécois du groupe The Franklin Electric qui seront sur la scène Verte. La musique locale est loin d’être omniprésente sur la programmation du festival, il est donc important d’aller en voir quelques uns durant le week-end. Faisant dans l’indie-pop, nous avons vu à quelques reprises ces musiciens, et chaque fois, leur performance est excellente. Le groupe a maintenant une bonne base de fans, l’ambiance devrait être très intéressante sur la scène Verte. Par contre, il nous est impossible de manquer la présence de Iron & Wine et Ben Bridwell sur la scène principale à 14h30. Le chanteur du groupe folk-rock Band of Horses s’allie aux puissants musiciens d’Iron & Wine pour un spectacle unique. Quelques dates seulement sont à l’agenda pour ce concert réunissant quelques pièces d’Iron & Wine, de Band of Horses et quelques reprises des plus grands classiques de la musique folk. Ce concert, il ne repassera pas dans les environs, c’est votre seule chance.
Nous changeons totalement de registre avec Run the Jewels sur la scène Verte dès 15h25. Le duo hip-hop de l’année en sera à son troisième passage au Québec en 2015. Leur deuxième album fut un énorme succès critique et leur concert au FEQ 2015 aussi. Faisant dans la musique engagée, le duo nous fournit du rap de qualité et non pas rempli de stéréotypes misogynes. Il est fort a parier que le groupe attirera une grosse foule sur la scène Verte.
Le folk du duo Angus & Julia Stone nous attire beaucoup, mais nous allons tenter notre chance avec le rock alternatif de Guster. À 16h10, sur la scène des arbres, les vétérans du rock alternatif viendront présenté les pièces de leur dernier opus Evermotion. Étant dans la musique depuis 1991, il sera fort intéressant de voir ce qu’ils ont dans le ventre en 2015.
Leur dernier concert au Festival d’été de Québec l’an dernier avait conquis la capitale nationale, c’est au tour de l’île Saint-Hélène d’être conquis. The Kills prendra d’assaut la scène Verte dès 16h55 pour près d’une heure de rock garage très puissant. Vous savez, bâtir un horaire pour un festival est une tâche qui mérite réflexion. Pourquoi ne pas aller voir la charmante Marina & the Diamonds au même moment, question de nous ensoleiller avec son monde fruité? Le choix de la scène nous aide. La scène Verte est à une dizaine de minutes de marche des scènes principales. L’ambiance est beaucoup plus festive et intime aussi. Mes meilleurs souvenirs d’Osheaga y sont. Mon choix de groupe est souvent influencé par le choix de la scène.
J’ai rarement vu une heure du souper aussi chargée à Osheaga. Trois excellent groupes joueront en même temps. Irons nous voir la folk de The Decemberists, la pop de Milk & Bone ou Twenty one Pilots? Mon coeur penche pour le duo féminin, mais je les verrai à la Grosse Lanterne la semaine suivante. J’irai donc jeter un coup d’oeil au très énergique Twenty One Pilots et au duo féminin quelques instants chacun selon mon humeur. Par contre, il est certain que ce sera écourté, car je ne manquerai pour rien au monde la performance de Stars + Invités sur la scène principale dès 18h25. La liste d’invités se retrouve juste ici. Rappelons-nous que le groupe montréalais interprétera le mythique album Set Yourself on Fire au grand complet dans ce concert unique pour Osheaga.
Le country-folk très rock’n’roll en concert du groupe The Avett Brothers va nous garder sur les scènes principales. Leurs visites étant plutôt rares au Québec, nous en profiterons pour voir comment ils sonnent en concert. De ce que j’ai entendu, l’expérience est beaucoup plus intense sur scène que sur disque.
Le plus difficile des conflits d’horaires de la journée : FKA Twigs ou Of Monsters and Men? Notre coeur penche tout de même pour les Islandais. Malgré que leur dernier album est moyen, leur folk rassembleur m,a toujours charmé en concert et le public montréalais les adore. Je comprendrai totalement pourquoi votre coeur bat pour FKA, car le mien y est encore. Je crois, par contre, que mes chances sont bonnes de revoir la chanteuse en concert prochainement.
Pis Viet Cong? Eh bien… ils seront de retour dans la capitale nationale le 14 septembre au Cercle. On va se reprendre c’est certain! Nous allons conclure ce premier jour avec la si talentueuse Florence + The Machine. Son dernier passage à Osheaga en 2012 m’a totalement jeté par terre. Cette voix si puissante, cet amour de la scène, cette musique si puissante, la britannique a tout pour réussir le parfait concert. Est-ce une tête d’affiche faible… je le croyais au départ. Mais après avoir vu tout ce qu’elle a accompli cette année, je n’en suis plus si certain.
J’ai eu un énorme choix à faire lors de ce 9e jour au Festival d’été de Québec: les plaines, l’Impérial et le Pigeonnier m’intéressaient grandement ! Je dois avouer que mes préférences photographiques m’ont fait trancher sinon je crois que je serais encore en train d’essayer de choisir !
Heat
J’avais manqué les Montréalais lors de leur dernier passage dans la ville, j’avais donc bien hâte de voir ce qu’ils allaient nous offrir. Le site était tout d’abord beaucoup moins plein que ce à quoi je m’attendais et il y avait à peine de l’excitation lorsque le groupe est entré sur scène. Ils enchaînent les pièces une à une, sans interaction, ni contact avec la foule, quelques soucis techniques, les gens n’embarquent pas du tout ou presque, malheureusement. Je suis encore mitigée sur cette performance: le côté musical était très intéressant mais après avoir vécu des expériences plus personnelles dans les derniers jours, ça pèse fort dans la balance !
Viet Cong
J’étais impatiente de revoir Viet Cong, découvert l’an dernier lors du Festival Off de Québec. Je voulais pouvoir juger plus objectivement leur prestation sans le parti pris de la « nouveauté ». Déjà lors de l’annonce, le public semblait plus motivé et aussi plus nombreux. Enfin ça lève… jusqu’à la 3e pièce ! Un amplificateur a sauté et doit être changé ! Les membres en profitent pour exprimer leur gratitude envers le FEQ et le fait d’être à Québec. Le tout est finalement rétabli, un retour en force en plein dans notre face ! Musicalement parlant, il s’agit sans doute, pour ma part, d’un des meilleurs spectacles auquel j’ai assisté au Festival; c’était vraiment excellent. J’aime leur fougue, leur originalité, les voix et Mike Wallace est un des drumers que j’aime beaucoup regarder s’amuser ! C’est à noter que cette année il s’est même exécuté au SXSW avec seulement un bras disponible, l’autre étant blessé ! Malheureusement, j’aurais aimé voir un public plus enthousiaste et encore une fois un peu plus d’interactions pour atteindre le statut de spectacle parfait !
Interpol
Curieusement je pensais aimer Interpol. En fait ,j’ai dû attendre un peu avant de rédiger cet article pour être un peu plus impartiale dans mes pensées.
Petite anecdote de photographe: lors des spectacles il y a certaines conditions à respecter, pour celui-ci il s’agissait de prendre des images des trois premières chansons seulement. La première débute, tous les membres sont dans la noirceur complète excepté les visages qui sont couvert de lumière rouge opaque. On attend tous le changement de chanson en espérant un meilleur éclairage: ça sert presqu’ à rien de faire des photos pour le moment. La deuxième commence, même scénario mais du rose/fushia au lieu de rouge. On s’occupe comme on peut, quelques photos de la foule, on se regarde avec un peu de frustration. Troisième et dernière pièce, encore la même chose mais en bleu, c’est un peu moins pire mais quand même c’est fâchant quand le but est d’avoir une belle image et qu’on n’arrive pas à ses fins !
Donc bref, au début du spectacle j’étais un peu déçue de ce fait, mais j’ai tout de même essayé de rester centrée afin d’être critique. Les pièces se suivent, la voix nasillarde de Paul Banks devient agressive à mes oreilles, aucune interaction encore une fois, la noirceur persiste et rien ne m’accroche malheureusement. C’est donc à la moitié du spectacle que je décide de quitter les lieux pour aller terminer le tout en beauté sur les plaines avec Patrick Watson: une valeur plus sure dans mon cas. Jacques nous en a d’ailleurs fait un beau compte rendu juste ici.
L’été, synonyme d’euphorie des festivals, est aussi une période généralement tranquille côté sorties de disque. Si quelques groupes (Tame Impala, Ratatat, Mac DeMarco, Iron & Wine en duo Ben Bridwell pour un album de reprises) sortiront des albums pendant la saison chaude, il faudra généralement attendre l’automne pour être à nouveau aspiré dans le tourbillon de nouvelles offrandes. En attendant, le mélomane averti pourra faire du rattrapage avec quelques suggestions bien personnelles.
Sufjan Stevens – Carrie & Lowell (Asthmatic Kitty, 2015) : Splendide album qui ramène Sufjan sur un terrain folk, cette fois plus intimiste. Si certains pourraient qualifier cet album de retour aux sources, d’autres conviendront qu’il s’agit d’un grand pas en avant. L’album est beaucoup plus concis que ce à quoi il nous avait habitué et sa donne un des albums les plus remarquables de ce début d’année.
Elvis Perkins – I Aubade (MIR recording, 2015) : Certains albums semblent parfois complètement ignorés par la presse spécialisée comme ce I Aubade d’Elvis Perkins. Ce nouveau disque sort après 6 longues années de gestation. C’est un album délicat, exigeant et tout à fait magnifique qui mérite une écoute soutenue. Voici un folk complexe, enregistré avec sobriété, mais comportant beaucoup de subtilités. Superbe prestation dans une station de radio de Seattle ici.
Bjork – Vulnicura (One Little Indian, 2015) : Bjork s’est servie de la musique comme exutoire pour passer à travers une séparation avec son conjoint de longue date. Ça donne un album fragile et beau; un retour réussi pour une artiste talentueuse qui a aussi le don de bien s’entourer (Haxan Cloak et Arca). Si le poil ne nous dresse pas sur les bras comme à l’époque d’Homogenic ou de Vespertine, force est d’admettre que l’Islandaise est toujours pertinente à l’aube de ses 50 ans.
Built To Spill – Untethered Moon (Warner Bros, 2015) : Groupe pionnier de la mouvance Indie-rock américaine dans les années 90, le groupe de Doug Martsch revient à la charge avec un excellent album en phase avec le reste de leur discographie, mais diablement efficace. Les riffs solides et la voix singulière de Martsch sont particulièrement efficaces en début et en fin d’album. À voir au Club Soda dans le cadre de Pop Montréal le 19 septembre prochain.
Father John Misty – I Love You, Honeybear (Subpop, 2015) : Un autre disque folk grandiloquent pour Joshua Tillman (alias Father John Misty). C’est un second album fort pertinent pour l’artiste qui nous convie à l’intérieur de sa curieuse psyché; et que dire de cette voix… C’est foisonnant et on aime.
Fontarabie – Éclipses (Grosse Boite, 2015) : Ep de 5 chansons faisant suite à l’excellent disque éponyme paru en 2014. Julien Mineau présente de délicates chansons assez mélancoliques. La pièce d’ouverture Vent Blanc est particulièrement sublime. L’instrumentale Éclipses rappelle quant à elle les élans rock de Malajube. On reconnait le style de Mineau, mais l’instrumentation utilisée pour son projet Fontarabie est plus variée et poussée. C’est parfait en attendant le prochain disque (Malajube ou Fontarabie?) du clan Mineau.
Viet Cong – Viet Cong (Jagjaguwar, 2015) : Des ex-membres du groupe de Calgary, Women ont sorti en janvier un album habillé de post-punk et de rock fuzzé fort pertinent. La voix n’est pas spécialement puissante et elle est souvent enterrée par un mur de guitares. 7 pièces seulement, dont la dernière, Death; 11 minutes de défoulements jubilatoires. À voir en première partie d’Interpol le 17 juillet au FEQ.
Wand – Golem (In the Red, 2015) : Le premier disque avait été produit par Ty Segallet même s’il n’a pas collaboré à ce deuxième effort, son spectre plane pas trop loin. On se retrouve ici avec un bijou de rock garage aux tendances psychélisantes, voire stoner. Le plaisir de ce disque croit avec l’usage puisqu’on en vient éventuellement à ne plus entendre les influences qui peuvent être dérangeantes à la première écoute. On profite alors de chansons très bien ficelées, agrémentées de riffs absolument addictifs.
Moriarty – Epitaph (Air Rytmo, 2015) : Moriarty est un groupe folk de France mené par la Franco-américaine Rosemary Standley. Ils sortent cette année leur 4e long jeu. S’ils ne révolutionnent rien ici (le groupe à longtemps fait de nombreuses reprises blues) le mélange des genres est intéressant et ce disque est un bel ajout à leur discographie. L’album semble être passé complètement sous le radar de ce côté de l’Atlantique et c’est bien dommage.
Corridor – Corridor (Indépendant, 2015) ; Le quatuor montréalais fait preuve de beaucoup d’audace sur ce premier album complet. (la formation avait un EP en poche sorti l’an dernier) Globalement, c’est rock (certaines pièces évoquent Deerhunter ou My Bloody Valentine, mais ce n’est pas si aisé à catégoriser et c’est bien tant mieux). C’est aussi et surtout bien des variations de ce rock et tout ça se fait en français. Dans cette mer de folk et de synth-pop, ça fait du bien de voir de nouveaux visages franco-rock pour appuyer les Ponctuation et autres Jesuslesfilles de ce monde. Le disque est bon, le potentiel lui est énorme.
En rétrospective, 2015 a fort bien débuté et nous avons plusieurs raisons de trépigner d’impatience pour la suite. Bonne mélomanie!
C’est aujourd’hui qu’evenko a levé le voile sur la programmation du 10e anniversaire d’Osheaga. Se déroulant du 31 juillet au 2 août au parc Jean-Drapeau de Montréal, le festival saura plaire aux amateurs d’indie-rock. Le festival s’étant bâti une solide réputation au courant des 10 dernières années avec des invités de renom, tels que Eminem et Jack White, il fallait s’attendre à une programmation solide pour leur dixième anniversaire.
On connaissait déjà plusieurs des noms de la programmation 2015 grâce à l’application En Route Vers Osheaga lancé le 18 mars dernier. Aujourd’hui, les têtes d’affiche et quelques autres noms ont été dévoilés. Analysons, en quelques points, cette magnifique programmation anniversaire d’Osheaga.
Les belles prises
Kendrick Lamar
Kendrick Lamar est le rappeur de l’année sans contredit. Il est la coqueluche des médias et des festivaliers de partout dans le monde. Il est en tête d’affiche de Boonaroo et du WayHome festival. Il n’est pas étonnant qu’il soit de passage pour une deuxième fois au parc Jean-Drapeau. Sa dernière performance remonte à 2013, qui est, soit dit en passant, sa seule performance en carrière à Montréal. Son dernier album, To Pimp A Butterfly, ne reçoit que des critiques dithyrambiques. Écoute donc ça ne fait pas exception, son dernier album à reçu une note de 94%! C’est à ne pas manquer!
Viet Cong
C’est au début de l’année 2015 que d’anciens membres du groupe canadien Women ont lancés leur premier album éponyme en temps que Viet Cong. Osheaga, ce n’est pas seulement de grandes têtes d’affiche, c’est aussi la crème de la relève. Viet Cong et leur indie-rock expérimental seront vous ramener aux racines du festival : du rock alternatif à son meilleur.
Florence + The Machine
C’est en 2012 que le public du festival a pu admirer la charmante Florence Welsh pour la première fois sur les planches du festival. Elle avait attiré la plus grande foule du week-end. C’était une performance énergique, généreuse et survoltée. Avec son troisième album qui paraîtra le 2 juin prochain, nous attendons rien de moins qu’une performance enflammée de la chanteuse
St. Vincent
St.Vincent est au sommet de sa forme. 2015 représente la deuxième année de sa tournée promotionnelle de son album éponyme lancé l’an dernier. Son passage au Festival d’Été de Québec l’an dernier avait marqué l’équipe d’Écoute donc ça. Nous sommes don très fébrile de la revoir au Québec! Mettons-nous l’eau à la bouche en nous remémorant son passage à l’Impérial l’été dernier.
Le grain de sel de Jacques : Tout à fait d’accord pour St. Vincent. À l’heure actuelle, elle est dans un état de grâce que peu d’artistes atteignent dans une carrière. Son spectacle est rodé au quart de tour et avouons-le, son petit air de guitar goddess un peu intello est vachement sexy. Je n’ai pas eu la chance de voir Florence + The Machine en 2012. Si je monte à Montréal, je vais avoir la chance de me reprendre. Oh, et ça faisait un petit bout qu’on n’avait pas entendu parler d’Edward Sharpe and the Magnetic Zeros. Je sais qu’il y a eu quelques projets solos, mais on dirait bien qu’Alex Ebert a pris un break bien mérité. Jade Castrinos, elle, n’est toujours pas de retour avec le groupe. Curiosité. Et Stromae. Il a beaucoup de succès chez nos amis anglophones, mais ils vont capoter quand ils vont voir l’accueil que Montréal lui réserve.
Pas besoin de vous dire que je suis heureux pour les Stone (Angus et Julia), les Avett (frères), War on Drugs, Father John Misty, Future Islands, Decemberists, Rural Alberta Advantage et autres, mais ils font presque tous les festivals indie cette année, alors il n’y a pas vraiment de surprise ni de gros coup ici. Mais on va être content pareil.
Les coups de gueule
The Black Keys
Probablement le groupe que l’on souhaitait le moins voir sur la programmation. En même temps, c’était prévisible qu’ils soient sur l’affiche, car ils ont participé à trois éditions d’Osheaga, soit 2008, 2010 et 2012. Pourquoi The Black Keys est un coup de gueule? Parce que le duo est trop souvent de passage au Québec! Sans compter leurs trois passages au parc Jean-Drapeau, il ont fait 3 concerts au Centre Bell (2011, 2012, 2014), deux apparitions au Festival d’Été de Québec (2011, 2013) et un concert à Laval en 2013. Il est grand temps que ça cesse.
MilkyChance
Directement venu d’Allemagne, le buzz Milky Chance à envie l’Amérique en entier avec leur vers d’oreilles Stolen Dance. En réalité, ce ne sont que des chansons plutôt fades et sans intérêt… Leur performance en concert semble statique et l’on se demande vraiment ce que ce groupe pop fait sur une programmation indie-rock. Certes, ils sont très populaires, mais très peu talentueux. Ils auraient eu leurs places aux défunts Virgin Radio Festival.
GeorgeEzra
C’est dans le même optique que Milky Chance que nous insérons le nom de George Ezra dans les coups de gueule. Ayant un hit radio à son actif, le chanteur de Budapest saura attirer une foule directement tiré du 96,9 CKOI. Osheaga prend un virage pop depuis 2012, et nous ne constatons pas ce principe. Par contre, il ne faut pas perdre de vue l’aspect alternatif de l’évènement. George Ezra est beaucoup trop radiophonique pour l’événement, un peu comme Vance Joy l’an dernier.
Robin Schulz
Attendons-nous, l’électro à sa place à Osheaga. Par contre, ce n’est pas tous les artistes électros qui devraient pouvoir être sur l’affiche. Au départ, l’électro du festival était composé d’artistes de style PiknicÉlectronic. Robin Schulz est un de ces artistes EDM de style Beachclub ou New City Gas…. Il aurait été beaucoup plus approprié de le signer pour IleSoniq.
Le grain de sel de Jacques : Les Black Keys. Sept fois en cinq ans à Montréal (et Laval). Deux fois à Québec. Mais à chaque fois, il y a du monde. Good for them, qu’on dit. J’ai des gros doutes sur Patrick Watson, qui aura d’ailleurs un nouvel album à défendre. Peut-être parce que je l’ai vu si souvent dans des conditions parfaites et que ça m’étonnerait qu’il s’exécute à la Scène des arbres devant ses 100 plus grands fans. Mais je ne sais pas quelle scène pourrait lui rendre justice à Osheaga.
Les surprises
Nas
Nas est un des artistes qu’on avait rayé de la liste. Depuis quelques années, ses tournées sautaient Montréal systématiquement. Son dernier passage dans le 514 remonte à 2008. Récemment, il a joué Illmatic en entier, sans même penser à venir à Montréal. Il a fait la tournée des festivals l’an dernier (il a même fait Lollapalooza!) et il n’a pas posé le pied au parc Jean-Drapeau. En 2015, il n’a que trois concerts de programmés, dont un à Montréal! En espérant qu’il jouera son album Illmatic en entier, un classique de sa discographie.
Philip Selway
À défaut d’avoir Radiohead sur l’affiche (noté que l’organisation essaie chaque année de les signer), Philip Selway s’y retrouve! En effet, le célèbre batteur du groupe viendra nous présenter son plus récent opus, Weatherhouse. On se voit déjà, sur la scène des arbres, en fin d’après-midi avec un beau soleil. C’est à faire rêver. Petite déception… aucune pièce de Radiohead ne sera jouée s’il l’on se fie à ses concerts antérieurs.
Tyler The Creator
Le célèbre rappeur du collectif Odd Future revient à Montréal après son passage au Métropolis l’été dernier. Habitué de faire des concerts courts, énergiques et surprenants (souvenons nous l’incident de SXSW 2014), le rappeur fera vibrer l’Île Sainte-Hélène et, du même coup, fera saigner les oreilles des habitants de Saint-Lambert avec ses paroles explicites. Un incontournable de l’édition 2015 pour tous les fans de musique rap.
Patrick Watson
Patrick Watson, que dire de plus. Il y a très peu d’artistes locaux sur les diverses programmations d’Osheaga. Nous sommes donc très heureux de voir un talentueux québécois sur l’affiche 2015. Très peu de concert sont programmés à son agenda (il sera à l’anglicane de Lévis en avril, nous y serons!), Patrick Watson viendra présenter ses succès et quelques nouvelles pièces lors du festival !
Christine & The Queens
Les francophones d’outremer seront bien représentés cette année. En plus de Stromae, Christine & The Queens seront au festival. Son passage à Montréal en lumière cet hiver fut un succès sur toute la ligne. Le Métropolis était plein à craquer et sa scénique était impressionnante. Il est plutôt rare de voir des artistes francophones hors Québec présenter leurs efforts à Osheaga. Cette année est donc très novatrice sur ce plan…et personne ne va s’en plaindre.
Le grain de sel de Jacques :Excellente prise, Christine and the Queens. Excellente prise. Et Iron & Wine + Ben Bridwell? Mon chum Sam, ça serait super!
Et bravo pour les artistes d’ici. Klô Pelgag, Bernhari, Kwenders… entre autres. Ça donne le goût de rester à l’ombre de la scène des arbres toute la fin de semaine.
Les omissions
ATTENTION! Il est important de noter ici que l’équipe d’Écoute donc ça ne connait pas les conditions de négociation du festival Osheaga. Il est fort probable que l’équipe de programmation, dirigée par Nick Farkas, se soit penchée sur plusieurs de ces artistes, mais que les ententes ne se soient pas conclu. Voyez cette section comme étant nos déceptions personnelles, ou encore des espoirs qui ne se sont pas réalisés.
Alabama Shakes
Le groupe est sur beaucoup d’affiche et saute Montréal dans sa présente tournée. Il est dommage de ne pas les voir au festival cette année.
Belle and Sebastien
Encore une fois, nous sommes surpris de ne pas voir le collectif anglais sur l’affiche. Par contre, il ne serait pas étonnant de les voir au Festival de Jazz de Montréal.
Blur
Ils sont de retour! BLUR! Mais pas à Montréal, ce qui nous attriste beaucoup.
Death From Above 1979
Le groupe canadien est au Squamish Festival la semaine d’après, pourquoi ne pas faire un arrêt à Montréal? Ce sera pour une prochaine fois.
Björk
Les têtes d’affiche de 2015 sont vraiment d’un calibre inférieur. Björk aurait vraiment rehausser cette programmation, mais elle est en Europe.
Jacques : En effet. Où est Björk? Pas besoin de me répondre qu’elle est en Europe, je le sais! Quant à Blur… est-ce qu’on nous garde une surprise? Pour le Québec, où sont les Deuxluxes? Y’a tellement de petits bands qui pourraient profiter de l’occasion, comme Motel Raphaël l’an dernier!
Parlant d’omissions, on n’a pas parlé d’Interpol. C’est voulu? 😉
En conclusion, le festival Osheaga frappe très fort pour sa 10e édition, sauf pour ces têtes d’affiches. Elles sont clairement trop faible pour cette édition. Florence + The Machine et Kendrick Lamar sont d’excellents groupes, mais pas en têtes d’affiche. En ce que concerne The Black Keys, il est temps que ça cesse. Il y a de belles prises, comme FKA Twigs, NAS, The War On Drugs. Il y a beaucoup de contenu québécois aussi (comparé aux éditions précédentes). Bernhari, Klo Pelgag, Pierre Kwenders, Milk & Bone, Patrick Watson, The Franklin Electric et plusieurs autres y seront. Nous y serons! Et vous, que pensez-vous de cette 10e édition ?