Je vais être honnête avec vous : je n’avais pas prévu passer la nuit à Trois-Rivières vendredi. J’ai réservé ma chambre pas mal à la dernière minute. Mais bon, la journée du lendemain était prometteuse, et il y avait ce Yan Boissonnault, qui avait fini premier des Mardis de la relève (un concours régional) et dont le folk agricole m’intriguait. On s’en reparle un peu plus loin.
Compte-rendu d’une journée plus remplie que prévu (on ne s’en plaindra surtout pas).
Au début de l’après-midi, je reçois un courriel de l’organisation du Festivoix : il y aura une séance d’enregistrement vidéo surprise à l’église Sainte-Cécile et il se pourrait bien que les filles de Milk and Bone y soient. Je savais que je ne pourrais pas les voir en soirée à cause de mon retour à Régisgrad, j’ai donc sauté sur l’occasion. Sans surprise, j’ai reconnu la fourgonnette de La fabrique culturelle à la porte. Une église vidée de son contenu, Camille, Laurence, un ukelele, des harmonies parfaites. En quatre prises de la même chanson, les quelques personnes présentes ont pu constater que le buzz qui entoure ces deux jeunes femmes est pleinement justifié.
L’enregistrement sera bientôt sur le site de La Fab au lafabriqueculturelle.tv. Comme ça, vous pourrez avoir les mêmes frissons que nous. 🙂
Un peu plus tard, c’était au tour de la talentueuse jazzwoman Ariel Pocock de nous montrer tout son talent. L’auteure-compositrice-interprète américaine âgée d’à peine 22 ans en a impressionné plus d’un, surtout avec ses compositions riches et complexes, que j’ai beaucoup plus appréciées que les reprises un peu convenues choisies pour pimenter le programme.
Dommage que la scène jazz ait été désertée aujourd’hui. La veille, il y avait foule, mais on dirait que de nombreux spectateurs, qui n’avaient pas pu voir leur enfant prodige la veille (Valérie Carpentier), sont allés directement au spectacle de Daniel Lavoie…
… à qui on avait promis un spectacle intime. Avec quelques milliers de spectateurs, ouais! Qu’à cela ne tienne, le sympathique jeune homme était visiblement ravi d’interpréter ses classiques en formule trio (avec Marc Vallée et Daniel Hubert).
Lavoie n’a pas perdu de temps à mettre les nombreux spectateurs dans sa petite poche : Où la route mène, La danse du smatte, Jours de plaine, J’ai quitté mon île… Même les sceptiques comme moi, qui aiment moins le Lavoie période interprète (surtout les comédies musicales) ont été confondus.
Ben quoi? Le Franco-Manitobain a écrit de magnifiques chansons tout au long de sa carrière et j’ai toujours préféré un artiste qui chante ses propres tounes que les chansons des autres! (Pour ceux que ça intéresse, Lavoie sera à l’Anglicane le 30 juillet prochain et en formule trio, il est loin, très loin d’être ringard!)
Je devais maintenant aller voir ce Yan Boissonnault, qui a gagné le concours Les mardis de la relève, un concours local qui promettait à son gagnant une bourse alléchante et une prestation pendant le Festivoix. De nombreuses personnes attendaient l’auteur-compositeur-interprète de pied ferme sur les bancs de parc installés en rang. Boissonnault arrive accompagné du multi-instrumentiste Daniel Lemay. Pendant une heure, nous avons droit au folk agricole de Boissonnault. Du folk agricole, vous dites? Mais qu’est-ce que ça mange en hiver?
Ben c’est simple : vous vous souvenez de Paul Piché, période À qui appartient le beau temps? Des Séguin des années 1970? Des chansons qui portent sur l’amour de la terre, de l’achat local, du quotidien des gens qui vivent au bout du rang? Des ballades qui partent en gigue parce que la meilleure façon de chasser la tristesse, c’est de danser?
Ben c’est ça, Yan Boissonnault. Gros coup de coeur jusqu’à maintenant. Vous pouvez être certains que nous allons le surveiller à partir de maintenant.
Avec tout ça, j’ai manqué une bonne partie du spectacle d’Elliot Maginot. Ce n’est pas grave, il est jeune et on risque de le croiser de nouveau à quelques reprises. Avec un peu de chance, il aura réussi à se démarquer du lot dans lequel il est cantonné à l’heure actuelle. On lui souhaite car il a plein de talent.
Le clou de la soirée était sans contredit la sensation Bobby Bazini (le frère de l’autre, oui). Accompagné d’un band de feu, l’artiste a chanté du rock, du blues, du folk et de la pop sans faire de discrimination d’un genre à l’autre. Il s’est même permis une petite incursion du côté de la chanson francophone avec un petit air de Piaf.
Seul bémol, le côté statique de Bazini, qui a passé le plus clair de son temps sur son tapis qui est identique à celui qui se trouve dans son salon. Alors que les jeunes femmes auraient aimé le voir bouger plus, se promener d’un bord à l’autre de la grande scène, Bazini restait cantonné à son petit carré tissé. On a déjà vu bien pire (j’veux dire, pensez-vous que Boissonnault s’est levé souvent de sa botte de foin, vous autres?) et ce n’est pas le genre de détail qui me fait aimer ou détester une prestation, mais les charmantes demoiselles qui remplissaient le parterre (ça s’entendait) avaient des attentes et celles-ci semblent ne pas avoir été satisfaites. Bien curieux de voir s’il restera sur son confortable tapis sur l’immense scène des Plaines d’Abraham dans quelques jours.
Je suis parti de Trois-Rivières le coeur léger, samedi soir. Deux belles journées de musique et d’émotions, ça se prend bien. La fête se poursuit ce soir si vous êtes intéressés. De notre côté, nous retournons dans la capitale de la Mauricie mercredi pour y voir The Barr Brothers, Les Hay Babies et Vincent Vallières. De même que jeudi (Pierre Lapointe et Fanny Bloom). Et vendredi (Zachary Richard et Bernard Adamus). Et dimanche (Emilie & Ogden, The Franklin Electric et Patrick Watson). Il reste des passeports à 49 $, et si vous ne voulez monter que pour une journée, c’est 22 $. Les spectacles extérieurs de mercredi sont gratuits pour la fête du Canada.
Merci, chers organisateurs et chères organisatrices du Festivoix, de nous avoir accueillis chez vous. On revient, ça ne sera pas long!
Photos : Jacques Boivin/ecoutedonc.ca
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