Avoir des side projects est un couteau à deux tranchants, dans le cas d’un collectif : ça peut souder les liens ou éloigner les membres l’un de l’autre. Dans le cas présent (Dead Obies), je crois cette étape nécessaire dans leur processus créatif. Six têtes ne peuvent pas toujours être en harmonie et quelques fois, elles doivent prendre un autre chemin afin de mieux revenir. Snail Kid l’a fait avec son projet familial Brown. Joe Rocca nous a offert un single, Commando et nous a promis et un album et Yes McCan nous offre à son tour un projet solo : le EP PS : Merci pour le love.
Produit en entier par VNCE Carter, c’est lui qui ouvre le bal dans une introduction ambiante, mélodique et planante comme lui seul sait le faire (ie: Beubé Boom). Il nous prend de de cours, avec l’excellente 514-Diamond-Taxi (avec la surprenante Odile Myrtil) avec une production house, avec des accents techno subtils qui donnent une vibe années 1990 (j’avais des scènes de Trainspotting qui me venait en tête, pendant cette chanson). Ensuite, pendant les cinq prochaines pièces, c’est le Yes McCan show et ça commence en force avec F.P.T.N., qui est génial. Ces titres devraient être le canevas pour tous les rappeurs québécois afin de savoir comment construire une chanson rap moderne, sans complexe et même supérieure à ce que font nos voisins du sud. Avec des bars qui s’apprennent pratiquement par coeur et clever (« J’ferai ma crème ailleurs, ‘ra pas d’pendaison », t’as pognes-tu?), un flow efficace, un peu mélancolique et le hook de l’année, gracieuseté de CDX, puisque le tout vient de sa propre chanson Fais pas ton niaiseux. Une classe de maître.
Après une Double Cup plus agressive, Yes McCan nous prouve, comme indiqué plus haut, que l’on peut faire compétition avec les poids lourds américains, il suffit de le vouloir. McCan est plus arrogant & plus incisif, en attaquant à quelques reprises ses collègues du rap québécois (sans nommer personne directement et simplement pour cultiver l’esprit de compétition). Il explore aussi différent flows (j’ai même crue entendre Rowjay un peu, sur Allan Théo), quelque fois dans la même chanson, afin de tester ses capacités techniques. Fait intéressant à noter : une attention particulière a été donnée aux divers refrains qui sont extrêmement catchy, épurés et que je me surprend souvent à répéter fort, en marchant dans les rues (on me dévisage, mais t’sais). Bref, on ne réinvente pas la roue avec cette dernière partie du EP mais le tout reste fort efficace.
Le premier EP de leftovers (c’est lui qui le dit, pas moi) de McCan est une sorte de condensé du zeitgeist actuel, un message à tous les rappers québécois afin qu’ils comprennent que si vous voulez pas faire d’efforts, Yes McCan va le faire. Et il le fait avec une dangereuse efficacité.
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![[ALBUM] Yes McCan – « P.S. : Merci pour le love »](https://archives.ecoutedonc.ca/wp-content/uploads/2017/05/yes-mccan-merci-pour-le-love-960x960.jpg)
![[SPECTACLE] Dead Obies, Le Cercle, 18 mars 2016](https://archives.ecoutedonc.ca/wp-content/uploads/2016/03/18032016-213950-05-.jpg)





![[SPECTACLE] Nuits FEQ (Loud Lary Ajust + Eman x Vlooper + ToastDawg), 14/11/2015, Impérial Bell](https://archives.ecoutedonc.ca/wp-content/uploads/2015/11/14112015-232111-32-Loud-Lary-Ajust.jpg)

Passé un certain âge, la jeune génération semble perplexe quand on lui annonce, tout souriant, qu’on écoute du rap (ou du hip-hop, même affaire!). Il esquisse un sourire, pis toi tu vois ça et tu t’emballes : le cours d’histoire peut commencer. En vain : à la minute que tu namedroppes Grandmaster Flash, les kids décrochent. Loin de moi l’idée de me qualifier de puriste, mais j’aime bien savoir quelle route a été parcourue pour justifier que ma destination soit la plus populaire en 2015. C’est une fatalité : l’rap, c’est une musique de jeunes POUR les jeunes, point barre. Tout ça pour dire que je suis allé voir Loud Lary Ajust à l’Impérial Bell dans le cadre des NuitsFEQ.
La foule devenait plus compacte : signe métaphorique pour moi de laisser la place à cette belle jeunesse qui voulait vénérer leur « rapqueb gods » : Loud Lary Ajust. C’est d’en haut, le sourire en coin que j’observais cette foule se dépêcher sur les nombreux hits de A-Justice, l’architecte du succès de LLA. L’énergie étais au rendez-vous : Loudmouth et Lary Kidd (et son dadbod) sautaient et s’appropriaient efficacement la scène de l’Impérial devant un public conquis d’avance. Leur performance puait l’assurance jusqu’au second étage : ils avaient la certitude que tout ce beau monde se sont déplacés pour eux et eux seulement. Les beats de A-Justice étais mis en grande valeur grâce à la batterie et la guitare (Elliot Maginot, by the way) afin que le tout soit à un autre niveau : celui de l’excellence. « Gruau » fut indécent (dans le bon sens du terme) et j’ai particulièrement apprécié l’implication d’A-Justice dans le spectacle, qui rendait le tout plus vivant et qui le valorisait comme membre du groupe à part entière (J’pas sûr, j’pense j’aime ben’ Ajust…). Loudmouth (qui as pris du galon au niveau charisme) et Lary Kidd n’ont pas pris leur public pour acquis et ont donné l’impression de tout donner pour le dernier tour de piste de leur Blue Volvo, tout en offrant deux nouvelles chansons de leur prochain projet, au passage.





































