Passion Pit Gossamer (Columbia) 24 juillet 2012 |
Passion Pit aurait-il suscité des attentes trop élevées avec son premier album, l’excellent Manners, qui a pris tout le monde par surprise en 2010? C’est la question que je me suis posée tout au long de ma première écoute du successeur de Manners, Gossamer. L’album n’est pas mauvais, loin de là. Il s’agit même d’un très bon disque. Le problème, c’est qu’il n’y a plus d’effet de surprise et Michael Angelakos, le leader du groupe qui écrit toutes les pièces, suit ici sa propre recette, même s’il s’aventure çà et là hors des sentiers battus.
La première chanson de l’album, Take a Walk, donne le ton assez clairement : omniprésence des synthétiseurs, gros beat, flot ininterrompu de paroles, refrain pas subtil du tout mais terriblement accrocheur. Aucun doute possible, c’est bel et bien du Passion Pit. Pourtant, il y a quelques différences (un riff de guitare!). Quant aux paroles, il s’agit de l’histoire d’un gars (comprends-tu) qui essaie de survivre à la crise économique américaine.
Carried Away a un petit côté spécial : des choeurs accompagnent le falsetto d’Angelakos, gracieuseté du groupe a capella suédois Erato. Et quels choeurs! On trempe carrément dans la guimauve, ici, mais pour une fois, c’est dit de manière positive. Constant Conversations est la chanson surprise de l’album : on tombe dans le R n’ B un peu soul. Erato fait encore les choeurs de belle façon.
Mirrored Sea est une pièce de Passion Pit typique qui n’aurait pas détonné sur Manners. Autre pièce surprenante, Cry Like a Ghost, grosse pièce pop très urbaine tout à fait dans l’air du temps. Il s’agit d’une des pièces que j’ai le plus hâte d’entendre en spectacle (si spectacle il y a…).
Erato est de retour sur Love is Greed, une autre chanson qui suit la recette élaborée par Angelakos. Quant à It’s Not My Fault, I’m Happy, c’est probablement la chanson qui résume le mieux mon opinion de l’album : la chanson donne des frissons, mais il manque un tout petit quelque chose pour passer à un autre niveau comme le faisait Manners.
L’album se termine sur une chanson aussi fascinante qu’inquiétante. Where We Belong raconte un incident qui a mené à une tentative de suicide d’Angelakos lorsqu’il avait 19 ans. À la lumière de ce qu’on sait aujourd’hui (Michael Angelakos a confirmé qu’il était maniaco-dépressif et il a fait un séjour dans un établissement psychiatrique de l’État de New York cet été, ce qui a causé l’annulation de quelques spectacles), on ne peut qu’espérer qu’Angelakos gagnera son combat.
Gossamer est l’oeuvre d’un homme troublé en quête de son identité propre. C’est un bon disque. De la bonne pop. Avec un son unique, même s’il rappelle souvent l’album précédent. Si vous ne vous creusez pas trop la tête et voulez de la musique qui semble joyeuse et dansante, Gossamer vous plaira. Si vous vous attardez un tant soit peu aux paroles et à l’attitude du chanteur, vous aurez peut-être, comme moi, envie de prendre Michael Angelakos dans vos bras et lui demander comment ça va.
Techniquement, Passion Pit sera à Osheaga le 5 août prochain. Je dis bien techniquement, parce qu’on ne sait pas comment ira Angelakos rendus là. Je sais à quel point un spectacle de Passion Pit, ça peut être cool et lumineux. Mais je sais aussi que je préférerais un troisième album de Passion Pit avec un Angelakos qui maîtrise ses démons qu’un show quelques mois avant qu’il ne fasse une grosse connerie.
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