Le trio de Québec FLOES qui dévoilait deux extraits coup sur coup plus tôt ce printemps vient de publier un EP de 5 titres fort bien ficelé. Intitulé Shade & Mirror, le maxi récapitule et nous ramène les deux pièces présentées au public, en l’occurence «Showdown» et «Hooked», dévoilées respectivement à la fin avril et au début mai. Ces deux morceaux, dont le potentiel était vraiment intéressant et laissait augurer un projet mature et abouti, ils se sont avérés plutôt représentatifs de cette parution, qui conserve un niveau de qualité élevé.
Il faut dire que les gars du band n’en sont pas à leur première initiative musicale et que ça se ressent bien. Le trio mené par Samuel Wagner (Harfang) et complété par Simon Tam (Émeraude) et Pierre-Philippe Thériault (PopLéon) sait comment produire une musique originale, captivante et accessible. Le niveau de production est très élevé et n’a pas grand chose à envier aux albums des majors de ce monde. Très léchée, leur pop fait une place à l’électro comme trame de fond et à des pistes vocales délicates qui viennent y occuper l’espace de fort belle manière. Le tout est complété par des rythmiques variées, passant sans problème de celles du hip hop à celles de l’indie rock.
Le titre qui ouvre l’album, «Shadows», est construit sur un lit de guitares bien fignolées et met progressivement la table en termes d’ambiance sonore et d’esthétisme. La seconde composition, la première à avoir été révélée au public, intitulée «Showdown», demeure probablement le moment fort de l’album, avec sa mélodie mémorable et sa production impeccable. La collaboration avec deux des hommes forts de la sphère sonore de Québec, surtout avec Dragos Chiriac (Men I Trust) mais on trouve également mentionné Jean-Étienne Collins-Marcoux (De La Reine), n’est probablement pas étrangère à cette réussite. La réalisation et le mix s’est passée surtout à deux, Dragos Chiriac venant épauler Samuel Wagner à réaliser le projet. «Hooked», la troisième piste du EP, était également connue du public, ayant servi de deuxième extrait, et elle conserve la cohérence esthétique et sonore tout en ajoutant une belle variété à la palette.
Le second moment fort de l’album à mon avis, c’est le quatrième ttire «Burning light», qui installe progressivement des couches sonores venant se compléter et se relancer, jusqu’au moment où le rythme change à l’amorce du dernier tiers, permettant aussi à la mélodie d’évoluer, d’incorporer des synthés qui sonnent comme une tonne de brique et de pousser les cordes vocales du chanteur-claviériste un peu plus loin. Un groove complètement captivant nous accompagne jusqu’à la fin, introduisant avec brio le dernier morceau du EP. Celui-ci, intitulé «A lifetime ago», rappelle au début certaines pièces de Radiohead, avec la voix qui rappelle plus que jamais celle de Thom Yorke, mais en plus serein. Tout de suite après le début, le style vocal change et le rythme aussi, dévoilant au final un titre un peu plus conventionnel mais avec une belle progression dynamique. Après le bridge, le morceau gagne en efficacité pour clore le disque en beauté.
C’est vraiment une belle grande parution que nous offre FLOES, malgré sa courte durée. Le disque démontre un savoir-faire indéniable derrière les compositions et l’interprétation est aussi au rendez-vous pour couronner de succès l’entreprise du groupe. Il leur est permis de rêver d’un succès international, le tout se déroulant en anglais, surtout si l’éventuel premier album complet relève le défi de garder un standard de qualité élevé et constant en plus d’élargir avec cohérence leur répertoire. Disons que la barre, ils se la sont fixée assez haute.
Un lancement au Pantoum à Québec est prévu pour le jeudi 2 juin – plus d’infos ici.
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