Photo de couverture : Marion Desjardins
Les projecteurs sont éteints, on a commencé à démonter les scènes. La 49e présentation du Festival d’été de Québec est maintenant terminée et c’est l’heure des bilans. L’organisation du Festival a présenté le sien lundi : bien entendu, c’était un succès sur toute la ligne. On s’attendait à cette affirmation, mais on sentait en voyant les mines fatiguées, mais ravies, qu’au FEQ, on le croit dur comme fer.
Une participation monstre selon le FEQ
Faut dire que les festivaliers ont répondu à l’appel. Beau temps (le deuxième week-end), mauvais temps (le premier samedi), les différentes scènes ont été prises d’assaut. On a évité les flops gênants, mais la plupart du temps, on était plus confortable, conséquence de la diminution du nombre de précieux sésames mis en vente. Même la nouvelle scène au coeur du FEQ, déplacé devant la fontaine de Tourny, a été un grand succès! D’ailleurs, on se félicite au Festival de cette (excellente) idée. De nombreux artistes ou groupes locaux et émergents ont ainsi pu montrer leurs talents à un vaste public, qui en profitait pour casser la croûte. Les différents food trucks installés sur place proposaient des trucs savoureux (la poutine au porc effiloché des Recettes paumées était divine). À prix fort raisonnable! Ça faisait changement des hot-dogs et du Monsieur Chips!
Le Festival en a profité pour montrer son nouveau logo pour la prochaine année. Les couleurs auxquelles on nous avait habitués ces dernières années sont toujours présentes, mais on y a ajouté un beau 50 stylisé sur lequel tombe une bordée de confettis. C’est moderne, c’est festif, ça souligne le jalon atteint tout en demeurant résolument moderne.
La conférence de presse s’est terminée en annonçant la date du prochain FEQ : du 6 au 16 juillet 2017. Oh, Louis Bellavance a dit que le FEQ préparait quelque chose en basse-ville en septembre. C’est con, j’ai l’impression que c’est le genre d’événement qui pourrait nous intéresser.
Quelques nuages dans ce ciel bleu…
Tout n’était bien sûr pas parfait dans ce bas monde, même pour une organisation bien rodée comme le FEQ. Les nouvelles mesures de sécurité renforcées ont fait beaucoup jaser. En règle générale, les mesures de sécurité ne s’adressent pas aux terroristes ou aux méchants, elles s’adressent au public qu’on veut rassurer. De son côté, le public veut qu’on lui prouve que le lieu est sécuritaire, mais il ne veut pas subir les désagréments qui en découlent. C’est ainsi qu’on a vu au FEQ la sécurité, la liberté, la rapidité d’accès et le gros bon sens s’affronter dans une lutte à finir.
Le principal problème rencontré touche l’interdiction des bouteilles d’eau (tout en permettant les bouteilles froissables et les sacs-gourdes vides, qu’on pouvait remplir dans l’une des quelque cinq stations de remplissage). Tout le monde, même notre équipe, a goûté à cette nouvelle règle. Je suis même sorti des Plaines avec une bouteille d’eau achetée sur place et que j’ai dû vider avant de rentrer! Ne riez pas, j’ai été distrait.
L’idée était bonne (réduit les risques ET les déchets), mais avouons-le, l’exécution laissait un peu à désirer. Sur les Plaines, qui sont absolument immenses, il doit y avoir beaucoup plus de quatre stations de distribution d’eau. Au Parc de la Francophonie, une de chaque côté suffirait, en les plaçant à des endroits stratégiques. Elles n’ont pas toutes à être aussi high-tech que celles qu’on a vues, quelques éviers à robinets multiples disséminés çà et là (on pense notamment en haut de la butte) pourraient très bien faire le boulot, non? On propose une solution, là, on sait qu’amener l’eau à destination peut être compliqué (même au-dessus d’un réservoir d’eau comme sur les Plaines…). Autre suggestion : pourquoi ne pas tolérer UNE bouteille d’eau scellée, comme on le permet dans d’autres festivals comme Bonnaroo, qui est loin d’être une organisation de broche à foin? Est-ce que ça ralentirait beaucoup le débit à l’entrée?
Notre festival
On ne vous parlera pas trop de notre expérience sur les Plaines. Pour la première fois depuis des années, je n’y suis allé qu’une fois et ce fut pour prendre des photos. Je sais aussi que la plupart des collaborateurs du blogue n’y ont passé que très peu de temps.
Non, si vous nous cherchiez, vous aviez beaucoup plus de chances de nous trouver à L’Anti (où on a commencé notre festival), au District St-Joseph (où on l’a fini), à l’Impérial Bell ou à la nouvelle scène Fibe, où nous avons eu quelques coups de coeur. Oui, nous avons vu des artistes que nous voyons souvent (bonjour Anatole), mais nous avons aussi fait quelques découvertes qui en ont valu la peine (Mansfield TYA).
Nous avons aussi fait quelques incursions au Parc de la Francophonie, où nous avons eu le bonheur de voir plusieurs excellents spectacles. Personnellement, je ressens encore une grande partie de cet état de béatitude dans lequel j’étais au spectacle de Louis-Jean Cormier et j’ai encore le sourire aux lèvres à cause de la baleine mangeuse de musiciens pendant le spectacle des Decemberists. Je sais que mes camarades ont adoré la magie de Half Moon Run. Puis on a beau ne pas être des fans, il faut admettre que les 10 minutes passées au spectacle d’Éric Lapointe nous ont permis d’être témoins de toute une bête de scène. Même pas une toune de jouée qu’il était déjà en sueur, la main dans la poitrine, prêt à y sortir son coeur et à l’offrir au public. Et puis cette rentrée québécoise de Karim Ouellet qui, avec l’aide de ses amis, a su régner en roi et maître devant un parterre conquis d’avance!
À Place d’Youville, si nous avons aimé la prestation endiablée des Hôtesses d’Hilaire, c’est à Dumas que nous devons nos plus grands frissons avec sa fièvre du mardi soir qui nous a fait danser toute la nuit (toute la, toute la), toute la nuit (toute la, toute la)… Du côté de la scène Fibe, force est d’admettre qu’ici, les organisateurs du FEQ ont réussi un tour de magie. Il y avait toujours un grand nombre de curieux prêts à découvrir des artistes d’ici ou émergents dans tous les styles. Dès le départ, Peter Henry Phillips a donné l’exemple, qui a été suivi par des Safia Nolin, Mansfield TYA et autres Bellflower pendant 10 jours.
Parlant de Bellflower, j’avais hâte de voir la formation. Très hâte. J’en avais entendu tant de bien! Eh bien voilà, toutes les attentes ont été dépassées, et je sais que le groupe a fait de nombreux nouveaux fans. Yukon Blonde a également été très efficace. Raton Lover, qui a suivi, a profité d’un cadre parfait pour sortir quelques nouvelles chansons qui m’ont redonné espoir en l’humanité. Le contact avec Placard a fait des petits et j’ai l’impression que l’expression Québericana (merci Valérie) risque d’être sur de nombreuses lèvres. Enfin, on n’était pas là, mais il paraît qu’il y avait vraiment foule pour The Strumbellas. Pas de mal à le croire.
L’Impérial Bell nous a aussi donné de belles soirées. Faut dire qu’avec la nouvelle formule (première partie, tête d’affiche, after), on pouvait plus facilement choisir ce qu’on avait envie de voir tout en facilitant la rotation des festivaliers dans la salle. On a pu y voir Unknown Mortal Orchestra, Koriass, Brown et plusieurs autres, mais ce sont surtout les fins de soirées avec Les Deuxluxes (sur le bord d’exploser, les amis, sur le bord d’exploser) et Canailles (avec qui on a beaucoup aimé faire la fête) qui nous ont fait le plus bouger.
Nous sommes allés moins souvent au District St-Joseph que nous ne l’aurions cru au départ, mais nous y avons passé d’excellents moments à plus d’une reprise. Que ce soit pour voir le rock efficace de Casual Rites ou le mini-triomphe de Gabrielle Shonk, la petite salle était un lieu formidable pour ceux qui viennent ÉCOUTER un show. On l’a vu avec Archer, tout le monde était accroché à ses lèvres (et à sa camisole défraîchie). Le plus beau moment de tout mon festival est cette nouvelle chanson de Saratoga, Fleur, au milieu d’une foule qui écoutait attentivement chacune des paroles prononcées par Chantal et Gasse. Une chanson que personne ne connaissait, mais qui a donné moult frissons et fait monter quelques millilitres d’eau jusqu’aux yeux de votre serviteur.
Bien entendu, nous n’avons pas boudé L’Anti, nouvelle salle qui remplace le Cercle dans le circuit du FEQ cette année. Si nous y avons vu d’excellents artistes locaux (Jérome Casabon, Medora) en début de soirée, il faut avouer que nous avons adoré nous faire brasser la cage de toutes les façons possibles (Solids, the OBGMs, We Are Monroe). Et notre Totole national (Anatole) y a offert une de ses meilleures prestations depuis qu’il a quitté L.A.! Très beaux succès de foule pour la petite salle de la rue Dorchester.
Les PopUpFEQ ont encore une fois le plaisir des festivaliers mélomanes en quête de belles surprises. Half Moon Run, Louis-Jean Cormier, Koriass et Safia Nolin, ainsi que Steel Panther (on aurait peut-être choisi un autre lieu pour eux, par contre) ont égayé les curieux qui ont trouvé ce qui se cachait derrière les indices. Quels beaux moments passés avec Half Moon Run à l’église Saint-Coeur-de-Marie!
Encore une fois cette année, ce fut l’occasion de faire de nouvelles rencontres intéressantes. On a rencontré Emma, de Rocknfool, un joli blogue sympathique d’outre-Atlantique. Musicalement parlant, on a quelques affinités. Just sayin’, des fois que vous y feriez des découvertes. Il y a aussi cet ami, jeune papa, qui apprend à la dure comment concilier vie familiale et trip de festival. Il y a tous ces journalistes/bloggueurs d’un peu partout que j’ai vus dans les pits photo. Si on m’avait dit qu’un jour, je prendrais des photos de Flea à côté d’un gars du Consequence of Sound et que pendant 5 minutes, nous serions égaux, je vous aurais ri dans la face (surtout que j’étais bien moins bien équipé que tout le monde dans le pit…). J’ai aussi retrouvé plusieurs personnes que je croise dans les festivals. Des photographes parmi les plus courtois au monde (du moins, sur les petites scènes). Des journalistes professionnels. Des amis, un peu partout. Les employés du Snack-Bar St-Jean et de Chez Gaston (oui, je mange sainement pendant le FEQ).
Ma déception
Après m’être endormi pendant le show à Bonnaroo en 2012, j’avais beaucoup d’attentes envers les Red Hot Chili Peppers. C’est donc avec une certaine fébrilité que j’ai assisté au début du spectacle, un début ma foi fort explosif. Tout allait bien jusqu’à ce qu’on entende Anthony Kiedis rater quelques notes, puis quelques bouts complets. On voyait bien que ça le dérangeait, que quelque chose clochait, mais en pro, il continuait à chanter (pas tout à fait juste). C’était juste… agaçant. C’est ce que les critiques (que certains fans n’ont pas hésité à traiter d’estie de chialeux) ont souligné. Heureusement, les problèmes se sont estompés et on a eu droit à une finale enlevante et Flea était là pour voler le show, mais il y a comme un petit goût amer qui accompagne cette prestation.
Ça monte vite!
Je me souviens d’avoir vu July Talk en 2014… au Cercle. Il faisait chaud, on pissait la sueur de partout, pis il nous arrive ce groupe aux deux bêtes de scène qui ont ensemble un magnétisme fou.
Deux ans plus tard, ils étaient là, sur les Plaines, devant plusieurs dizaines de milliers de personnes, et ils ont proposé une prestation aussi chaude et charnelle que celle qu’ils avaient présentée au Cercle. Nullement intimidés, parfaitement à l’aise. Ma seule soirée sur les Plaines, c’est beaucoup à cause d’eux. Ils me l’ont bien rendu.
Mon coup de coeur
Archer. Découverte incroyable. Ce jeune homme, ramassé quelque part dans l’Australie profonde, chante le folk (sans signe de piastre) raide comme une barre, la guitare sur la poitrine. Il a un peu la voix de Cash et les manières de Félix, quand il était jeune. Des chansons mélancoliques aux paroles tristounettes, mais dans un écrin de velours. Je me demande s’il va repasser un jour à Québec. Si jamais ce n’est pas le cas, je pourrai toujours me dire que je l’ai vu à son seul passage dans la vieille capitale…
Mon top 5
5. Ego Death : Au départ, j’hésitais à inclure Ego Death dans ma liste parce que Joey collabore à ecoutedonc.ca. Mais si j’y vais strictement au mérite, les magnifiques chansons qu’on a pu entendre au District St-Joseph, jouées et interprétées avec autant de coeur et de talent par un auteur-compositeur-interprète de grand talent qui a su bien s’entourer, ont tout à fait leur place dans ce palmarès.
4. Bellflower : La formation montréalaise offre une musique riche, complexe, un brin cérébrale, mais tout simplement lumineuse. La preuve qu’on peut proposer une musique accessible tout en faisant preuve d’audace devant un public composé principalement de nouveaux fans potentiels! Et la voix d’Em Pompa, ma foi… y’a tu quelque chose de plus simplement beau que ça? Juste la voix de quelqu’un qui chante bien, qui chante juste et qui chante avec coeur.
3. Louis-Jean Cormier : Quel spectacle coloré et généreux le grand Septilien a-t-il donné! Devant un Parc de la Francophonie bien rempli, mais encore confortable, sous la pluie battante, Louis-Jean et ses 13 musiciens n’ont eu aucun mal à nous faire chanter et danser tous les ponchos devant eux. Un vrai spectacle spécial, sur mesure pour un festival.
2. The Decemberists : C’était la prestation que j’attendais le plus et bien entendu, le critique avait un peu laissé sa place au fan du groupe de la côte Ouest des États-Unis. Les Decemberists se sont montrés audacieux dans le choix des chansons, ce qui est une excellente chose, même si ça peut parfois occasionner un petit passage à vide comme celui qu’on a connu au milieu du spectacle. C’est pas grave, le dernier tiers du spectacle était tout simplement mémorable. S’il s’étit montré plus réservé au début du concert, le chanteur et leader du groupe Colin Meloy est petit à petit devenu un incroyable chef d’orchestre qui faisait de nous ce qu’il voulait. Et la finale, magistrale Mariner’s Revenge Song, valait à elle seule le prix d’entrée. Si on ajoute les prestations d’Archer et de Tire le coyote qui précédaient, ça fait une fichue belle soirée.
1. Saratoga : Bon, allez-y, pendez-moi, je n’ai pas mis Rammstein dans mon palmarès! Mais avez-vous déjà vu Chantal Archambault et Michel-Olivier Gasse en spectacle? Les avez-vous au moins entendus? Ensemble, ils ont tel magnétisme, même les employés du District faisaient attention de ne pas trop faire de bruit pour profiter eux aussi du spectacle! Les mélodies country-folk sont magnifiques, les textes sont délicieux et chacune des interventions sent la complicité et la joie de vivre. Vous les avez manqués? Ils tournent partout en province ces temps-ci, vous avez amplement la chance de vous reprendre. Mais ne perdez pas trop de temps!
Avant de terminer, on voudrait juste dire un gros merci à toute l’équipe du Festival d’été de Québec, notamment aux communications et aux relations médias, avec qui nous avons entretenu d’excellentes relations tout au long du festival. Nous étions très souvent le plus petit des médias présents et une fois de plus, nous avons été traités sur un pied d’égalité avec les plus grands pendant ces 11 jours. Merci de nous avoir fait confiance. J’espère que nous avons été à la hauteur!
Merci à vous, chers lecteurs. Sans vous, on n’est juste pas là.
Enfin, voici quelques photos de notre expérience cette année :