Après à peine quelques heures de sommeil, la ville de Baie-Saint-Paul était prête pour une troisième journée dense et éreintante qui allait remplir nos coeurs d’un grand bonheur. On a manqué les imprévisibles de la journée, mais hey, ce n’est pas grave, on en a eu pour notre argent en ti-péché pareil!
Cohorte L’Ampli de Québec
Pendant que mes collègues allaient pleurer de joie en écoutant les jolies chansons de Philippe B, je suis allé au gîte Terre-Ciel pour entendre les propositions de la cohorte 2017 de L’Ampli de Québec. Au menu, quatre artistes/groupes de Québec dans quatre styles différents. Un vrai brunch du samedi matin dans un décor enchanteur.
Le tout a commencé avec Lou-Adriane Cassidy, accompagnée de Simon Pedneault. Celle qui a participé à La Voix et à Destination Chanson Fleuve a montré que malgré son jeune âge, la musique coule dans ses veines. De jolies compositions, de belles envolées, la jeune femme rappelle parfois Klô Pelgag dans son exécution (même si les voix sont bien différentes). En plus de chanter ses propres chansons, Cassidy a interprété une pièce écrite juste pour elle par Les Soeurs Boulay. D’une simplicité désarmante, la prestation n’en a pas moins été accrocheuse. Comme le petit verre de mimosa qui commence tout bon brunch.
Le trio Gilles a suivi. Du bon rock en français, un son qui rappelle parfois une version épurée de Karkwa. Des interventions remplies d’humour. Gilles a montré une fois de plus (je les avais vus au FEQ) qu’il avait un sens de la mélodie assez marqué, ainsi qu’une présence scénique pas piquée des vers du tout. Un groupe qui a déjà toute une chimie (les membres jouent ensemble depuis leur enfance). Un bel avenir!
Nous avons ensuite retrouvé nos amis d’Émeraude. Eux, on les connaît bien. Si Marie-Renée, Philippe-Emmanuel, Simon et Jean-François nous avaient déjà conquis, il leur restait à conquérir le coeur de la cour arrière du gîte. Ce qu’ils ont fait aisément avec leurs chansons pop électro lumineuses qui ont même convaincu quelques spectateurs d’envahir l’espace à l’avant pour danser un brin! Si on se fie à ce qu’on a entendu, le successeur du premier EP du groupe devrait être de la bombe!
La vitrine s’est terminée par une prestation de l’ancienne I.No, Amélie No. Changement total de registre : Amélie roule sa bosse depuis un certain temps, on sait de quoi elle est capable elle aussi, mais on a quand même été agréablement surpris par la puissance de l’organe vocal de la jeune femme. Des chansons tout en soul, pleines d’émotions, une attitude pleine d’énergie, un excellent groupe de musiciens chevronnés pour la soutenir, on avait le sourire aux lèvres lorsqu’on a quitté Terre-Ciel! (Jacques Boivin)
Sarah Toussaint-Léveillé
Ce n’est pas un, mais plutôt deux concerts qui nous attendaient au quai en ce samedi matin plutôt frais, mais ensoleillé. C’est d’abord Sarah Toussaint-Léveillé qui a foulé les planches de la petite scène avec un superbe trio de cordes (Jérémie Roy, Fany Fresard et Marianne Houle). Ses chansons intimistes ont tôt fait de conquérir la foule hautement attentive. Si les premières chansons semblaient légèrement moins inventives, le spectacle a gagné en efficacité, entre autre avec les pièces J’ai perdu un ami et Wake up Without a Passion. Sympathique moment aussi lorsqu’elle a blagué en disant avoir des références à Jean Leloup partout sur son album après avoir incorporé un segment de Je joue de la guitare dans une de ses pièces. On va entendre parler d’elle à nouveau. (Julien Baby-Cormier)
Philippe B
Philippe B a suivi avec Guido del Fabro et Laurence Lafond-Beaulne pour nous présenter en quasi primeur les pièces de son excellent dernier disque La grande nuit vidéo. Quel plaisir de retrouver l’artiste dans ce décor bucolique. Lui-même disait être intimidé de voir tous les visages, mais il n’en a rien laissé paraître. Il était toujours aussi sympathique, expliquant ses chansons, y allant d’anecdotes, tout ça avec spontanéité. Côté musical, nous avons eu droit à un généreux concert puisant généralement sur le nouvel album, mais aussi quelques anciennes comme Archipel, Calorifère, Hypnagogie et « la chanson la plus lente de son répertoire ce qui n’est pas peu dire », dixit Philippe B, La nuit est un fantôme. Au rayon des coups de cœur, chaque duo avec Laurence Lafond-Beaulne (Rouge-Gorge, Sortie_exit et Anywhere) m’a fait parcourir des frissons… quelle voix! Ce fut donc une autre grande réussite pour le Festif! au quai. (Julien Baby-Cormier)
Tiens, pour vous permettre de souffler, petite pause à la rue festive :
Peter Peter
C’est un Peter Peter en très grande forme qui est débarqué sur la scène Hydro-Québec. Sous un soleil plombant, son groupe et lui nous ont livré un spectacle rythmé, explosif, alliant des pièces de Noir éden et quelques succès de ses précédents albums. Bien qu’une majorité du public ne semblait pas connaître cet artiste en arrivant, on s’est vite mis à danser sur l’électro-pop de Peter Peter. De riches empilades de synthétiseurs et un jeu de guitare bien dosé soutenaient une voix très juste, et le chanteur Québécois a dansé, crié et tout donné pour le public de Baie-Saint-Paul.
Peter Peter a livré une version particulièrement percutante de Venus, et est plus tard descendu dans la foule chanter Bien réel à un public charmé par cette proximité. L’ambiance était telle que le groupe est resté un peu plus longtemps que prévu, juste assez pour nous laisser repartir avec le refrain accrocheur de Beauté baroque en tête. (Émile Brassard-Gourdeau)
Lydia Képinski
C’est devant une foule compacte que Lydia vient récolter le prix qu’elle a reçu aux Francouvertes avec sa verbe légendaire (oui oui, déjà). Départ en force avec sa reprise personnalisée du thème des Cités d’Or, avant d’enchaîner avec M’attends-tu suivie d’une reprise de Daniel Bélanger et de son émotif Brise-glace. Malgré un tout petit EP à son actif, elle déborde d’assurance et n’hésite pas à mélanger voix claire à des extraits de discours ou des solos un brin pesants. Le voyage de Lydia ne fait que commencer. Bravo à la scène Pantoum/La Bête pour sa superbe vitrine qui prouve que lorsqu’on se donne de la peine de présenter de la musique d’artistes dits émergents, les gens embraquent et en redemandent. (Marie-Laure Tremblay)
Leif Vollebekk
L’artiste en lice pour le prix musical Polaris était de passage sur la scène de Radio-Canada pour présenter ses pièces planantes et aérées. Derrière ses Rhodes, il est entré dans la matière avec l’excellente Into the Ether de son album Twin Solitude sorti en février sur l’étiquette Secret City Records. Une timidité charmante semblait habiter Leif qui a enchaîné quelques chansons telles que All Night Sedans, Big Sky Country et Elegy avant de s’adresser à la foule venue assister à son concert. Or, Leif n’a pas besoin d’avoir recours au small talk pour conquérir son public : on a juste à l’observer livrer ses chansons avec tant d’émotions pour être captivé. Les grimaces et les contorsions du corps derrière les claviers sont loin de nous rebuter, au contraire. C’est absolument rafraîchissant de voir un musicien interpréter ses chansons plutôt que de les jouer de la même manière qu’elles ont été enregistrées sur l’album. Une belle anecdote de Prince avec le cover de sa chanson How Come U Don’t Call Me Anymore et une improvisation grunge sur Heart-Shaped Box de Nirvana ont ponctué la performance de Leif qui a été, somme toute, sans faille et rassurante. (Valérie Vinet)
Vincent Vallières
Le Festif, c’est aussi être au bon endroit, au bon moment. C’est par hasard qu’un festivalier m’a demandé où se déroulait le spectacle de Vincent Vallières. Après l’avoir renseigné (grâce à l’application du Festif), j’ai moi-même mis le cap sur la rue Breton! C’est installé sur le muret délimitant la propriété de Kim que j’ai assisté à ma première prestation surprise. Totalement à l’aise devant la cour bondée, Vallières a livré une solide performance devant un public déjà conquis. Le répertoire de l’auteur-compositeur-interprète convient parfaitement à ce type de spectacle intimiste. Entre deux classiques, l’artiste nous a raconté quelques anecdotes remontant au début de sa carrière. Avant de conclure avec On va s’aimer encore, Vallières a souligné le plaisir qu’il avait de voir grandir le Festif en harmonie avec la communauté de Baie-St-Paul. L’émotion était palpable lorsque Kim, notre hôte, a remercié la foule pour cet instant mémorable. Je crois qu’il s’agira pour tous d’un souvenir inoubliable. (Jean-Philippe Grenier)
Bernard Adamus
Au rayon des premières parties de luxe, le Festif! pouvait compter sur Adamus. Une foule déjà massive est venue constater que, peu importe l’heure de la journée, Adamus et ses très capables et fidèles complices vont être et mettre le party dans la place. Comme toujours, les morceaux issus de Brun ont mis particulièrement le feu à la place. La table était mise. (Julien Baby-Cormier)
Lisa LeBlanc
Pour une deuxième soirée consécutive, la place Desjardins affichait complet, et avant même l’arrivée sur scène de Lisa LeBlanc, on sentait dans la foule compacte une vague d’excitation sans précédent. On aura pratiquement tout vu : des enfants faisant du bodysurfing, des personnes dans la cinquantaine dans un moshpit ou de nombreuses brassières tirées sur la scène pendant Kraft Dinner, déconcentrant au passage la principale intéressée qui a décroché de façon tout à fait hilarante. Lisa avait l’air de tripper solide et la foule ultra participative (surtout pendant les chansons en français) le lui rendait à merveille. Bon moment aussi lorsqu’elle a réfléchi à voix haute : « T’en rappelles-tu Bernard quand c’est moi qui faisais tes premières parties? » On n’a pas entendu la réponse d’Adamus, mais à voir Lisa LeBlanc rire à gorge déployée, on peut supposer qu’il existe une véritable camaraderie entre les deux. Comme d’habitude, Ma vie c’est de la marde, aujourd’hui élevée au statut de véritable hymne, a mis le feu aux poudres. Ce fut d’ailleurs une splendide idée de la jouer en milieu de programme, parce qu’après ça, rien n’aurait pu mettre fin à l’immense party qui sévissait sur le parterre de la cour d’école. (Julien Baby-Cormier)
Daniel Bélanger
Comment suivre un tel début de soirée? Comment tous ces jeunes gens qui se garochaient dans tous les sens quelques minutes plus tôt réagiront à la proposition somme toute plus sage de Daniel Bélanger? Les craintes se sont évanouies dès le départ. Au son de Tout viendra s’effacer, une pièce vieille d’à peine quelques mois, la foule s’est mise à chanter en cœur sans jamais s’arrêter. Tout au long du concert, le monument Bélanger a pu compter sur cette immense chorale qu’était le public du Festif! déjà bien réchauffé. Quel honneur de voir Bélanger et son groupe puiser dans ce qui semble être une discographie sans fond. Impossible de choisir des faits saillants, tant chaque pièce ou presque transportait la foule visiblement heureuse. Les temps fous, Fous n’importe où, Opium, Le parapluie, Rêver mieux, Intouchable et immortel avec son solo d’ondes Martenot et surtout Dans un spoutnik, furent autant de magnifiques moments où on ne voudrait en aucun cas être ailleurs. Les nouvelles pièces issues de Paloma furent également systématiquement bien accueillies, ce qui démontre bien que cette légende est loin d’avoir atteint son épilogue. (Julien Baby-Cormier)
Klô Pelgag
L’artiste s’est présentée sur scène avec cinq musiciens (dont Marianne Houle qui a donné l’impression de performer avec la moitié des artistes présents au Festif!) pour présenter les pièces de L’étoile thoracique, son dernier album adulé par la critique et ses fans. Malheureusement, malgré une performance quasi irréprochable, Klô Pelgag s’est butée à deux problèmes hors de son contrôle. D’abord le son ordinaire dans la tente Radio-Canada était souvent enterré par des spectacles aux alentours. Ensuite, plusieurs personnes avaient visiblement envie de discuter de leur incroyable journée à Baie-Saint-Paul. Rarement aura-t-on vu une foule aussi irrespectueuse. Les inconditionnels à l’avant (somme toute la majorité des gens présents) auront toutefois pu profiter des merveilleuses pièces offertes par Klô Pelgag. Que ce soit les nouvelles Samedi soir à la violence, Insomnie et Le sexe des étoiles ou les anciennes Nicaragua et La fièvre des fleurs, la talentueuse musicienne donne une performance impeccable appuyée par de solides arrangements musicaux. La prochaine fois, une scène extérieure lui permettra sans doute de laisser sa marque dans l’historique des meilleurs concerts du Festif. (Julien Baby-Cormier)
Yonatan Gat
Hier soir… ce matin très tôt, dis-je, les irréductibles qui ont su braver le sommeil, la fatigue et l’état d’ébriété issus d’une longue journée de promenade et de spectacles en ont eu pour leur argent – façon de parler puisque c’était gratuit – au garage du curé. Il fallait être là pour comprendre l’ambiance qui régnait, puisqu’il est bien difficile de la décrire en quelques mots. Même s’il s’agit d’un trio d’instruments des plus classiques (guitare-basse-batterie), il n’en est rien du style musical de Yonatan Gat, lequel sera tentativement qualifié d’exploration improvisatoire post-punk. Même si c’est difficile à croire, malgré l’heure tardive, la foule ne cessait de grandir (ou de se densifier) plus le spectacle avançait. C’est peut-être en raison d’un son complètement déjanté et d’une foule carpe diem qui s’en donnait à cœur joie dans des mouvements parfois louches de rock’n’roll aux accents psychédéliques. Tels des papillons de nuit attirés par la lumière et la chaleur, les festivaliers étaient happés par l’antre du garage, endroit parfaitement indiqué pour cette prestation délicieusement singulière. L’une de mes belles découvertes du Festif!. (Tatiana Picard)
Timber Timbre
Le tout dernier spectacle du Festif! de Baie-Saint-Paul, sous la tente de la Fabrique culturelle au quai, est toujours un moment fort du festival. Cette année, la formidable équipe des organisateurs a eu la brillantissime idée d’y produire Timber Timbre. Le trio folk-rock ontarien a offert sa prestation en toute simplicité sous un ciel fabuleux, devant une foule attentive mais qu’on devinait très enthousiaste. Pour capter autant que possible l’attention de son public pour ce qu’il s’apprêtait à vivre, le groupe a d’ailleurs demandé de s’abstenir de prendre de photos. D’ailleurs, les photographes officiels n’ont pu en prendre que pendant la première chanson, et c’était parfait ainsi!
Les trois musiciens, généralement peu bavards mais visiblement contents d’être là, ont offert les pièces savamment orchestrées de leur tout dernier opus acclamé par la critique, Sincerely, Future Pollution. La voix quasi onirique du chanteur mêlée aux rythmes hypnotisants, envoûtants de la guitare appuyée par des effets de distorsion vraiment uniques a tôt fait de nous faire plonger dans un état réflexif paisible et de nous faire tanguer doucement vers notre douce moitié. Bref, un spectacle tout en beauté, tout en finesse, réconfortant. Mention spéciale à la fluidité exemplaire des déplacements pour se rendre et revenir du quai, qui a rendu l’expérience encore plus sur la coche! (Tatiana Picard)