Ce dimanche 10 septembre était une date très attendue pour l’équipage du Village en chanson de Petite-Vallée ainsi que pour les milliers de personnes qui ont senti leur coeur fendre lorsque le Théâtre de la Vieille Forge est parti en fumé le 15 août dernier. Bien que le projet semblait ambitieux, l’équipe du Centre Vidéotron ainsi que tous les généreux donateurs ont eux raison du succès qu’attendait cette soirée. C’est en effet plus de 5500 spectateurs qui se sont déplacés dans la capitale pour témoigner de leur amour à Petite-Vallée et son entité culturelle.
Mettre l’épaule à la roue
Le chiffre de 50 artistes annoncé quelques jours après la tragédie en promettait déjà beaucoup sur le spectacle. Bien que quelques artistes annoncés préalablement n’aient pas fait apparition sur scène, personne ne s’en est vraiment rendu compte. Les Louis-Jean Cormier, Paul Piché et Catherine Major de ce monde ont comblé la scène à leur façon, tout en simplicité et en humilité. Les grandes scénographies ont été mises de côté dans le but unique d’unir la voix de chacun d’entre eux à celle des spectateurs. On se sentait comme à Petite-Vallée, dans un grand party de famille.
Bien que l’ensemble du spectacle fut mémorable, quelques épisodes ont été pour ma part plus émouvants. Je pense entre autres à la présence, en vidéo, de Monsieur Gilles Vigneault. Son unique apparition rappelait l’importance de la cause pour laquelle nous étions tous rassemblés. La chanson rassemble, elle remémore des souvenirs et elle marque des générations comme peu de choses savent le faire. Il en est la preuve vivante. Le duo « amoureux » de Yann Perreau et Vincent Vallières a marqué en quelque sorte l’apothéose du spectacle alors que la salle s’est transformée en grande messe, avec les lampions allumés et le silence de l’assistance. C’est toutefois Fanny Lebreux, soeur d’Alan Côté, directeur du Village en chanson, qui a offert une des plus belles prestations de la soirée en interprétant Ma Gaspésie, chanson écrite par Marc Chabot, et dernière à avoir résonné entre les quatre murs du théâtre.
Pour tout dire, ce spectacle n’était au fond qu’un prétexte. Un prétexte pour tous se réunir autour de Petite-Vallée, autour du feu, avec la musique au centre de tout comme elle l’a toujours été et comme elle continuera de l’être.
La première poussée
Pour clore la soirée, c’est Alan Côté qui a pris la parole, entouré de tous les artistes de la soirée. Ému, il a accueilli le chèque arrondi de 250 000 $ remis par messieurs Pierre-Karl Péladeau et Régis Labeaume. Cette somme inespérée augure pour le mieux et lance de plus belle la campagne de solidarité déjà bien entamée.
C’est aussi en primeur qu’on apprenait l’identité des artistes-passeurs de l’édition 2018 du Festival en chanson de Petite-Vallée, qui sont Louis-Jean Cormier et Marie-Pierre Arthur. C’est en s’entourant de sa famille qu’Alan Côté mentionnait pouvoir reconstruire son théâtre.
Pour contribuer à votre façon à la reconstruction du Théâtre de la Vieille Forge, on vous invite à consulter la campagne de solidarité Autour du feu. L’objectif est d’atteindre le million de dollars avant 2018.
Le week-end dernier, nous sommes sortis un brin de notre zone de confort pour assister à une nouvelle édition du festival Envol et Macadam, qui fait la part belle aux artistes émergents qui déménagent. Trois journées de rock, de punk, de metal, de ska et quoi encore!
Note : On n’a pas vu tous les shows… mais Jacques a pris des photos de la soirée de vendredi – vous les trouverez dans la méga galerie de photos en bas de l’article!
Jeudi 7 septembre
Scoundrel
Ce jeune quatuor masculin issu de la banlieue de London, UK, a poursuivi le bal avec une courte prestation donnant dans le punk-grunge-ish, n’ayant pour l’instant que quelques chansons à leur actif. Sur le plan musical, le rendu de leur EP de deux titres est intéressant dans le genre, voire prometteur. Toutefois, leur prestation manquait peut-être de maturité, notamment au plan de la justesse vocale. Le chanteur, doté d’une énergie un peu indomptée, tentait de connecter avec la foule entre les chansons avec un succès mitigé. Doit-on blâmer ses interventions ultra empressées, le stress, le bonheur d’être présent, un simple manque de maturité? « Just play! », a-t-on pu entendre pendant le spectacle. Plus de musique, moins de small talk, voilà qui serait bien! (Tatiana Picard)
NastyDudes
En voilà un drôle de nom pour décrire de jeunes gens aux bouilles aussi sympathiques! Ne sachant absolument pas à quoi m’attendre de ce quatuor hongkongais, je dois avouer que mon intérêt – et celui de la foule, je pense bien – n’a fait que s’accroître au fil de leur prestation, en anglais et en mandarin. Offrant des sonorités plutôt standard du rock et du heavy metal abondamment inspirées des légendes des années 70-80 (AC/DC, Aerosmith, Bon Jovi, Whitesnake, pour ne nommer que ceux-là), le band a trouvé rapidement les moyens de faire embarquer les festivaliers avec ses refrains accrocheurs et faciles à chanter. Le chanteur fort charismatique au mignon accent avait de l’énergie à revendre et occupait bien la scène. Rares sont les groupes prêts à jouer avant leur heure, mais NastyDudes avait carrément la broue dans le toupet. Aucune roue n’a été réinventée, mais c’était somme toute bien agréable et plutôt original. (Tatiana Picard)
Diamond Head
Encore une fois cette année, Envol et Macadam a été pour moi et pour bon nombre de festivaliers une suite de découvertes, et Diamond Head était également du lot en ce qui me concerne. Bien que je ne connaissais du groupe que le nom, j’avais quand même une petite idée du genre de musique auquel m’attendre. La délicieuse Shawi Beach aidant, j’ai pu savourer toute l’ampleur de ce phénomène musical britannique transcendant les décennies. Si j’oublie le long historique du groupe et que je me concentre sur ce que j’ai vu et entendu à l’Anti, j’ai été tout simplement éblouie par la prestance et le registre impressionnant du chanteur actuel (Rasmus Bom Andersen) et jetée par terre par le savoir-faire indiscutable du guitariste et cofondateur du groupe, Brian Tatler. D’ailleurs, le fait d’observer ces deux-là côte-à-côte sur scène est quand même évocateur des nombreuses transformations qu’a pu vivre le groupe au fil du temps (considérant leur différence d’âge et de style). Diamond Head nous a offert avec générosité ses plus grands succès dont certains ont façonné l’image du heavy metal, notamment It’s Electric, Am I Evil, In the Heat of the Night, et j’en passe. Nos oreilles furent régalées. (Tatiana Picard)
DJ Yella (N.W.A)
La soirée s’est terminée tardivement avec un DJ set hip hop bien rodé, gracieuseté DJ Yella. Il s’agit d’un rappeur, DJ et producteur straight outta Compton (en Californie) bien connu du milieu et roulant sa bosse depuis fort longtemps également, ayant travaillé en collaboration avec d’autres grands dans le genre tels que Dr Dre et Eazy-E. Mon état d’ébriété un peu pas mal avancé à cette étape ne me permet cependant pas de dire avec exactitude ce qu’il a joué, mais on peut affirmer qu’il porte bien son nom, et que ça groovait pas mal sur la piste de danse! (Tatiana Picard)
Voici quelques photos du vendredi 8 septembre (d’autres en bas)
Samedi 9 septembre
The Planet Smashers
La table était mise pour le groupe montréalais The Planet Smashers, qui fête ses vingt ans dans le paysage musical ska. Connu du public de Québec et ailleurs, ils ont fait leur bonheur en chantant leurs classiques comme Fabricated, Blind, J’aime ta femme et plusieurs autres. La foule a participé et a surpris le chanteur du groupe en s’assoyant et sautant en même temps pendant Surfing In Tofino. Autant les plus jeunes, car il y avait beaucoup de familles, que les plus vieux avaient du plaisir. À voir et à revoir, si vous en avez la chance! (Marie-Eve Duchesne)
Guttermouth
Puis, le ska a fait place au punk-rock de Guttermouth. Dès She’s Got the Look, l’énergique (et visiblement sur un autre planète que nous) Mark Adkins, a été dans la foule. Le rythme lourd et saccadé de la formation californienne ne semblait pas vouloir s’arrêter. Les moshpits et circle pits battaient leur plein. (Marie-Eve Duchesne)
Bodh’aktan
L’ambiance festive d’Envol et Macadam a continué avec Bodh’aktan. La formation trad-punk québécoise contrastait avec le groupe précédent. Les musiciens ont su rapidement nous embarquer avec eux avec leur grand énergie. Au son de divers instruments comme la cornemuse, le violon, l’accordéon et la mandoline, nous étions à la merci de la fête, pour notre plus grand bonheur. Des pièces comme Ici et Les Fantômes de L’Écoutille m’ont fait danser. Des refrains et couplets faciles à entonner ont rapidement rassemblé les festivaliers. Une belle découverte pour moi hier soir. (Marie-Eve Duchesne)
Streetlight Manifesto
Fort d’une quinzaine d’années d’histoire, ce fut au tour de cette bande de musiciens hors pair de nous en mettre plein la vue et les oreilles sous le légendaire viaduc basse-villois avec son punk-ska engagé et déjanté. Quelques minutes avant le début du spectacle, un jeune homme passablement éméché à nos côtés nous a expliqué avec beaucoup de ferveur qu’il les avait vu à de nombreuses reprises et qu’ils donnaient toujours un excellent show. Eh bien, je peux maintenant confirmer les dires de l’étranger! Comment ne pas tomber d’admiration pour les joueurs d’aérophones qui s’époumonent presque sans relâche pendant plus de 90 minutes? En outre, j’ai rarement vu une foule aussi participative sur le plan vocal dès la première chanson (Watch It Crash). La suite de la prestation : une ascension sur l’échelle de l’intensité autant sur scène que dans la foule, jambes au ciel se succédant à bonne vitesse sur les airs de We Will Fall Together, Receiving End of it All, What A Wicked Gang Are We, Forty Days, The Blonde Lead The Blind, pour ne nommer que celles-là. La chanson A Moment of Silence, entre autres, semble avoir résonné fort chez bon nombre de festivaliers présents, qu’on pouvait entendre crier à tue-tête :
A moment of silence, please, for those who never get the chance They show up to the party, but they’re never asked to dance The losers, the liars, the bastards, the thieves The cynicists, the pessimists, and those that don’t believe in nothing
Un spectacle bruyant, dansant, suintant, bref, à l’entière satisfaction des nombreux fans présents. Mention spéciale aux efforts du chanteur dans la langue de Molière : « Arrête! Vous êtes trop sympas! » Bien, vous aussi, chose! (Tatiana Picard)
— Petit interlude de Jacques, qui est arrivé au Cercle avant Tatiana et qui a pu voir la powerjpop très bien ficelée des trois filles de Mutant Monster —
Barry Paquin Roberge
Décidément mon coup de cœur du festival. Je ne sais trop comment le dire autrement : c’était juste parfait. J’ai dévoré ce spectacle d’un bout à l’autre et j’en aurais redemandé. De Montreal Beach, Barry Paquin Roberge (pour Étienne Barry – moitié des Deuxluxes –, Sébastien Paquin et Alexis Roberge) nous ont garroché avec tout plein de tendresse leur rock garage psychédélique rétro qui donne envie d’onduler avec tout son corps.
C’est peut-être rétro, mais ça a une petit touche hyper actuelle et rafraîchissante. Il y a quelque chose d’hypnotisant et de touchant dans les effets du clavier, les rendus vaporeux des voix et des harmonies, les audacieux aller-retour entre les gammes, les fuzz… Le titre de leur premier album, Voyage Massage, décrit à merveille leur spectacle qui fait du bien à l’âme. Maudite belle ambiance au Cercle! On a pu goûter notamment aux savamment travaillées Pawnshop Bargain, Hug or Kiss et Wonders & Cries. Les trois beaux velus, accompagnés de l’électrisante Anna Frances Meyer (autre moitié des Deuxluxes) à la flûte traversière (!), nous ont fait surfer sur une vague d’amour et de paix nous faisant oublier tous nos soucis. Je vous les recommande sans aucune réserve. (Tatiana Picard)
Les Deuxluxes
On croyait avoir eu droit à la cerise sur le sundae avec Barry Paquin Roberge, mais c’était juste une cerise, parce que sur le sundae, finalement, y’avait deux cerises. Mon corps fatigué a su combattre l’endormissement avec un grand verre de cidre bien froid en attendant l’entrée un peu tardive du sensuel duo Barry/Meyer qui, rappelons-le, étaient également du spectacle précédent. Ont-ils su reprendre leurs esprits afin de tout donner à nouveau, au plus grand plaisir d’une foule particulièrement hilare?
Oui. Oh que oui.
J’avais souvent entendu parler du fameux « traitement Deuxluxe », sans en comprendre vraiment la portée. Maintenant que j’y ai goûté, je peux achaler le monde avec ça à mon tour, youpi! Le traitement Deuxluxe, c’est un ticket VIP vers un rock ‘n’ roll épuré (deux guit qui tuent), performé sans complexes ni tabous par un Étienne Barry aussi talentueux qu’impassible et une Anna Frances Meyer au sommet de sa forme vocale, le tout, enrobé d’une bonne couche de sexy et de shiny. On a gueulé, on a fait nos devil horns, on s’est trémoussé autant que possible malgré nos verres à la main, certains se sont frottés; bref, on a aimé en maudit. Allez écouter leur petite nouvelle Tobacco Vanilla et dites vous qu’en live, c’est encore plus de la bombe. ENCORE PLUS! (Tatiana Picard)
Conclusion
Alors, comment on a aimé notre Envol et Macadam? Bruyant. Et enjoué. Et si on se fie aux mots de nos camarades rédactrices, dansant en maudit. Les organisateurs peuvent une fois de plus se péter les bretelles pendant une heure ou deux avant de reprendre le collier : on est prêts pour l’an prochain!
Quand on a annoncé la sortie de The Beautiful, on a été plusieurs à célébrer… Laura Sauvage (Vivianne Roy, des Hay Babies) est une des artistes les plus intéressantes à l’heure actuelle grâce à un rock qui tire sa source dans les années 1970 tout en sonnant actuel. Et on serait tenté de dire que le successeur d’Extraordinormal poursuit dans la même veine.
En fait, les limites de l’auteure-compositrice-interprète acadienne semblent avoir été poussées un peu plus loin. Oui, on reconnaît Sauvage assez facilement sur ses chansons qui ont pour la plupart un petit côté rock psychédélique très années 1970. Everything is In Everything (et son « les meilleures choses de la vie, ce ne sont pas les choses, c’est la vie ») est déjà très prometteuse, mais c’est avec You’re Ugly When You Cry, la deuxième pièce, qu’on prend vraiment la mesure de la créativité de la jeune femme. Tout à coup, on se retrouve quelque part en 1978 et on se dit que les Mac et autres Blondie de ce monde risquent d’avoir de la concurrence.
À peine deux tounes derrière la cravate qu’on regrette déjà de ne pas avoir d’auto. The Beautiful, c’est l’album parfait pour un petit road trip.
Alien (Anything Like It, Have You?), avec ses synthétiseurs, est le genre de morceau qu’on relance immédiatement après l’avoir terminé à quelques reprises. C’est bon, ça part lentement, c’est groovy à fond, puis les guitares prennent de plus en plus de place. Les refrains sont comme de petites poussées d’adrénaline qui nous préparent pour une finale des plus explosives.
Dit de même, ça a l’air complexe, mais maudit que c’est efficace… et accessible!
Il y a une belle dualité entre le rock fougueux de Roy (Monkeys in Space et ses guitares qui graffignent) et sa douceur (Vegas et Patio Living). Les deux se complètent à merveille et permettent à l’album de prendre de nombreux virages intéressants. Ajoutez à cela quelques commentaires sociaux (Song for D.J.T. s’adresse directement à un certain Donald Trump), et vous avez tout ce qu’il faut pour passer une demi-heure fort agréable.
Toujours bien appuyée (Dany Placard, François Lafontaine, Nicolas Beaudoin, auxquels s’ajoutent Katrine Noël et Julie Aubé, ses complices des Hay Babies, aux choeurs), Roy assure ici les commandes devant et derrière la console. Le résultat? Un son qui lui colle à la peau.
On sent qu’on va beaucoup écouter The Beautiful cet automne. Parce que l’album passe par toute la gamme des émotions. Parce que ses riffs sont accrocheurs sans tomber dans la facilité. Comment dire? Ça graffigne doucement, comme des ongles qui te marquent doucement la peau… ça fait pas trop mal sur le coup, mais la sensation peut durer un bon moment.
Comme quoi on peut prendre son pied dans la douleur!
Pour sa quatrième édition, le spectacle de la rentrée de l’UQTR tel qu’on le connaît a frapper fort avec sa programmation. Les personnes présentes ont pu se régaler avec la bière du Trou du Diable et du Temps d’une Pinte, pendant que la scène extérieure Vidéotron accueillait Foreign Diplomats, Canailles et Les Cowboys Fringants.
Foreign Diplomats
En spectacle, les gars de Foreign Diplomats ne se contentent pas de reproduire leurs chansons telles qu’elles sont sur l’album. Ils s’amusent en ajoutant des variantes dans la voix ou en mettant plus l’accent sur certains mots ou certaines notes. Ça donne une ambiance un peu enfantine au spectacle, ce qui m’a beaucoup plu. Tous vêtus d’un t-shirt blanc, les gars ont offert une prestation très solide qui donnait juste le goût de danser. Le chanteur, Élie Raymond, était intense dans ses mouvements et il ne s’est pas gêné pour parler avec la foule. Bien que les spectateurs n’étaient pas nombreux à ce moment-là encore, une bonne partie de ceux qui étaient là connaissaient et chantaient les paroles. Plusieurs m’ont même mentionné être venu les découvrir, puisqu’ils avaient aimé ce qu’ils avaient entendu en écoutant l’album pour la première fois lorsque le dévoilement du groupe a été fait, en août dernier.
Avec seulement un album et un EP à leur actif, les gars sont tout de même très professionnels et n’ont pas l’air de débutants du tout. Je trouve que leur style ressemble peu à ce qui se fait au Québec, et ça ne me surprendrait pas de les voir grimper en popularité ailleurs qu’ici. Ils ont un son léché qui mène à une ambiance de fête en spectacle, ce qui a suscité mon intérêt et qui m’a rappelé la fois que je les avais découvert au Ti-Petac il y a quelques mois déjà. Sur scène, ils ont bien sûr joué les chansons de leur album que j’aime beaucoup telles que Queen+King et Lily’s Nice Shoes, qui est ma favorite d’entres toutes. – Karina Tardif
Canailles
C’est pour se préparer à la venue des Cowboys Fringants que Canailles est monté sur scène. L’énergie de ses huit membres, neuf membres en réalité en raison de la présence de Lisa Fortin, une accordéoniste invitée qui remplaçait Alice Tougas-St-Jak affligée par une tendinite, préparait bien le terrain pour les festivités de la rentrée de l’UQTR. Canailles a commencé le spectacle avec des pièces de son dernier album, Backflips. Le groupe transmettait bien aussi son plaisir de la scène en s’adonnant à différentes chorégraphie comme un petit french cancan ou un accroupissement du groupe pour laisser la place à un solo de contrebasse d’Antoine Tardif. Ils ont fait quelques chansons de leurs albums antérieurs. Ils sont revenus avec Dimanche et Parle-moi, deux pièces de leur premier album Manger du bois. Ils ont lancé la fin avec leur plus longue pièce, Fromage, qui a une durée de dix minutes sur l’album Ronds-points et qu’ils se sont amusés à étirer en spectacle. À ce moment-là, on pouvait dire qu’on assistait en personne à un jam de Canailles. Ils ont finalement enchaîné avec Chu brûlé qui met encore une fois Antoine Tardif de l’avant avec un débit rapide et très folklorique, mais cette fois-ci avec sa voix. – Marianne Chartier-Boulanger
Les Cowboys Fringants
On s’entend pour dire que les étudiants de l’UQTR ont eu droit à un spectacle de la rentrée plus qu’exceptionnel, avec une finale digne des gros festivals du Québec. Les Cowboys Fringants sur le campus de Trois-Rivières, je ne crois pas que nous allons avoir la chance de revoir ça de sitôt. J’étais autant excitée d’assister au spectacle que de voir l’engouement des étudiants pour la soirée. Il était facile de prévoir que la majorité de la foule allait se retrouver devant la scène pour les vedettes de la soirée, à 21 h 30. En forme comme jamais, le groupe a commencé avec Bye bye Lou, premier titre de l’album Octobre paru en 2015. L’appréciation du public pour ce dernier opus est encore aussi incroyable, et les chansons me font retomber en adolescence, lorsque Break syndical est sorti. Par la suite, ils ont interprété les classiques de presque chaque album, comme La manifestation, la Reine, 8 secondes, Paris-Montréal, En berne, et l’excellente Octobre. Un moment marquant du spectacle pour l’étudiante que je suis fut quand Jean-François Pauzé, à la guitare, a dit dans le micro « eh, ho! récréo » et que, par la suite, Karl Tremblay a enchaîné et l’a répété tout au long du spectacle. Je sentais tout d’un coup que mon programme universitaire faisait partie intégrante du spectacle, ce qui m’a bien fait rire. Fidèle à leurs habitudes, les Cowboys Fringants se sont déchaînés pour leur public qui était en feu et qui transmettait de l’énergie au groupe. Encore une fois, quelques chanceux ont eu droit à des ballons pendant la chanson La dévisse, et tous les gens présents ont eu la chance d’assister à un spectacle de la rentrée de l’UQTR qui restera dans nos mémoires longtemps! – Caroline Filion
Par Caroline Bourbonnais, Anne-Christine Guy et Sébastien Ouellet (collaboration spéciale)
Pour le FME 2017, nous sommes parti-es en trio – le trio de feu! – Sébastien Ouellet, Caroline Bourbonnais et Anne-christine Guy, pour couvrir ce festival incroyable, mini South by Southwest Québecois [oui oui, on le sait, SxS ce n’est pas que de la musique]. L’article qui suit a été écrit à six mains, deux appareils photos et trois cellulaires et vous sera offert en trois parties, puisque le festival est trop gros, intense et magnifique pour raconter en peu de mots !
La prémisse
On est arrivé-es les premier-ères à 6h30 au point de départ, une avance dûe à notre bonne nuit de sommeil alors que le reste du monde avait festoyé au pré-FME montréalais. Il y avait trois bus qui partaient de la métropole vers le festival, nous on a pris le meilleur des trois.
[ Oui! Bien dit! Bravo! (Ça c’est un compagnon trentenaire de CISM qui s’immisce dans notre chronique.)]
Profitant d’une petite accalmie post dîner, bien assis-es dans la dernière rangée du bus, nous planifions notre fin de semaine. Le FME annonce une programmation de feu cette année et nous avons déjà certains bands dans notre ligne de mire; Duchess Says, Philippe B, A Tribe Called Red, tous les artistes fantastiques qui feront une dernière représentation du show « Desjardins, on l’aimes-tu ! », Laura Sauvage, Saratoga, Barry Paquin Roberge, mon doux saigneur, de la qualité, en veux-tu, en v’là !
Notre arrivée à Rouyn s’est faite dans le froid et l’excitation. Dès le premier moment de notre séjour, on nous accueille avec des verres de bulles pour célébrer le début de ce beau et si loin festival!
Cueillant notre accréditation (et de la pâte à dents) avant d’aller se rincer les yeux à nos hôtels respectifs, notre focus s’installe sur la programmation. Déja la première soirée est prometteuse avec en liste La Bronze, Philippe B, Fuudge et bien plus.
Du rock et de la douceur
Yeux rincés et faces rafraîchies, on a accouru vers le coeur du FME. Avant de s’en mettre plein les oreilles, comme c’était une première fois au FME pour la section féminine du trio de feu, un petit détour chez Morasse et une visite du downtown s’imposait.
C’est La bronze qui lance le festival sur la grande scène extérieure surplombant la 7e rue au coeur du festival. La musicienne enflamme la scène avec son énergie pétillante malgré le froid saisissant et la clarté encore bien présente. En cour de route, Louis-Philippe Gingras est venu chanter en duo « Parc à chiens », c’était beau beau beau ! Lors de ce spectacle, La Bronze a aussi pu réaliser un rêve; faire du bodysurfing ! Cette brève mais intense performance s’est clôturé avec « Fantastique », une reprise de Stromae, pièce qui avait brisé le web qc il y a maintenant déjà un an.
Nous nous sommes ensuite dirigé-es vers un petit moment de chaleur (autant au sens propre que figuré) à l’Agora des arts, salle fabuleuse qui se trouve dans l’église du centre-ville de Rouyn-Noranda. Nous y avions rendez-vous avec Philippe B accompagné pour l’occasion par Laurence Lafond-Beaulne (Milk and Bone) ainsi que Guido Del Fabbro. Bien que le musicien avait annoncé un spectacle axé sur le nouvel album « La grande nuit vidéo », il a offert au public conquis un large éventail de son répertoire. Chaque pièce était interprétée avec une douce sincérité ponctuée de sympathiques interventions du chanteur. Les arrangements en trio étaient riches et rendaient l’ampleur de certaines pièces enregistrées avec un orchestre.
L’âme et le corps réchauffés, nous étions prêt-es à affronter la nuit quasi glaciale pour voir A Tribe Called Red. Les trois DJ nous ont envoyé des rythmes endiablés sans jamais arrêter, pour le bonheur de la foule qui répondait à tous les up et down tempo de leur set de feu. En plus d’en avoir plein les oreilles, on en a eu plein les yeux avec d’amusantes animations et des danseurs en costumes traditionnels autochtones.
Le cabaret de la dernière chance, une salle alliant bar, spectacle cachet et ambiance, recevait le groupe FUUDGE, quatuor peu connu du trio de feu, mais maintenant sous le charme de leur grunge rock franco incroyable qui offre une prestation sur scène exceptionnelle ! La sonorité loud qui les caractérise particulièrement a fait lever la foule et provoqua le délire dans la salle !
La soirée s’est terminée avec Duchess Says. Bien que la nuit fût déjà très avancée, il y avait une foule assez dense au théâtre du petit Noranda pour assister au spectacle. Pour quelqu’un qui n’aurait jamais vu un spectacle de Duchess Says, il faut savoir que chaque prestation est une expérience particulière et unique. La chanteuse a parfois des airs de poupée maléfique et à d’autres moments de dirigeante de culte. Elle se promène dans la foule et peut parfois faire une peu peur. Ce spectacle était à la hauteur de cette description et il faut dire que tout le groupe était encore en grande forme !
L’auteur-compositeur-interprète arrive avec une deuxième oeuvre discographique complète plutôt déroutante et surprenante. Les gens dont le seul but dans la vie est d’entendre le volume 2 du Dernier empereur bantou (son précédent album) ratent complètement la cible.
Le son électro et dansant du premier long jeu cède le pas à un ensemble très, très dur à expliquer en quelques mots. La seule chose que je peux affirmer, c’est que l’effet Kwenders est encore là. Je vous explique: lorsque vous êtes poursuivi par un psychopathe à la Jason Voorhees (j’espère que ça ne vous arrive pas trop souvent) et que vous criez de toutes vos forces «Au secours!», je vous dit: «il ne faut pas me déranger, j’écoute du Pierre Kwenders.» Voilà pour les explications…
Pour revenir à MAKANDA…, il ne faut surtout pas donner d’étiquette à cette oeuvre, «gugusse» dont le talentueux musicien déteste être affublé. Par exemple, ne lui dites pas qu’il fait de la musique du monde. Ainsi, pour être le plus respectueux possible de l’oeuvre de cet artiste à la notoriété inversement proportionnelle au talent (si au prochain gala de l’ADISQ, il ne reçoit aucune nomination, je hurle ma douleur de vivre au jury), disons que cette oeuvre musicale déchire toute notion d’espace-temps logique, tout en restant cohérente. C’est aussi la rencontre, non seulement entre différentes époques, mais également avec la sensualité, la nostalgie, l’évasion, l’amour, la fête: le tout livré en quatre langues et dialectes, soit le français, l’anglais, le shona et le lingala.
Tout cet univers est rendu possible grâce au travail de Kwenders et du producteur Tendai «Baba» Maraire, du groupe Shabazz Palaces. Un mariage qui aurait pu être très, très étrange. Mais l’effet Kwenders a non seulement le résultat de rendre très égocentrique ses auditeurs et auditrices, mais aussi de permettre n’importe quoi, car ça colle à tout coup. Il faut dire que la production de Maraire laisse des rythmes hip hop très atmosphériques s’imbriquer harmonieusement avec l’électro et la rumba congolaise (style de musique mettant de l’avant des percussions et de la guitare électrique jouée à la fingerstyle) du chanteur.
De cette liaison, naît par exemple Woods of Solitude, qui fait penser aux productions de la compagnie Real World Records durant les années 1990; Rendez-vous, où l’amour à Paris se vit à la sauce Papa Wemba; Tuba Tuba, un coupé-décalé trempé dans de l’électro-rock très entêtant.
Le mariage Kwenders-Maraire en est un à quelques occasions d’ouverture, avec de belles collaborations. Notons celle avec la chanteuse de Seattle Tanyaradzwa. Sur la pièce Zonga, sa voix chaude remplie d’assurance est posée sur des arrangements de violons classiques et de percussions laissant à l’auditeur le désir de voyager dans des contrées champêtres. De son côté, Ishamel Butler, l’autre moitié de Shabazz Palaces, prend l’identité de Palaceer Lazaro pour un trio avec Kwenders et la chanteuse SassyBlack sur Makanda. Ce travail d’équipe offre un résultat aérien et urbain.
L’effet Kwenders réussit en fin de compte à défier la malédiction du deuxième album qui «floppe» dans les abysses de la facilité et de la complaisance auditive. MAKANDA… est une offrande exigeante mais rafraîchissante, qui donne généreusement une claque aux artistes qui se déclarent «authentiques» à défaut d’être créatifs.
En ce début de saison des sorties d’albums, Nicolet arrive comme une bombe avec une proposition remarquable. Il s’inscrit très bien dans la synthwave moderne avec une esthétique brillante très 80’s pourtant très actuelle. On y trouve une bonne recherche dans la forme ainsi que dans les sons utilisés tout au long de l’album. Plusieurs titres nous incitent à la danse sous la boule disco alors que d’autres nous permettent de prendre le temps d’apprécier la voix et de savourer les compositions d’Étienne Hamel, initiateur du projet. Hochelaga, lancé le 25 août 2017, promet beaucoup. On vous en parle en détail.
La pièce d’ouverture de l’album, éponyme au titre de l’opus est un gros morceau. Un beau sept minutes qui donne bien le ton à l’album. Les synthétiseurs, le son de guitare brillant, la voix noyée dans la réverbération… Le style est bien énoncé et on sait déjà à quoi s’attendre, bien que le reste de l’oeuvre nous réserve de belles surprises. Le thème joué sur un synthé donne tout de suite envie de danser et d’apprendre les paroles pour les chanter à tue-tête. Chanson très brillante, elle apporte tout de suite du bonheur à l’auditeur.
Dans la frénétique Ratio, nous pouvons mieux entendre et apprécier la voix de Halmel sortie du lac des réverbérations. Une série d’arpèges très rapides sont joués aux synthétiseurs tout au long de la pièce ainsi que la batterie agitée nous laisse sur le bout de notre chaise (si on n’est pas debout en train de danser) tout au long de la chanson. On a droit à une finale qui nous rappelle vaguement Arcade Fire.
La Fontaine se veut davantage une chanson réconfortante avec un soupçon de style latin aux arrangements de cuivres efficaces et rythmés. Après cette balade aux accents tropicaux, Doppelgänger est certainement le titre le plus fort de l’album en nous laissant un vers d’oreille immanquable. Dès les premières notes de guitare fouettée et le groove bien rock de la batterie et de la basse, on a envie de se déhancher. Le multi-instrumentiste qu’est Hamel a exploité un thème unique pour en faire une chanson remarquable, franchement bien construite. Ce titre devrait le faire remarquer sur les radios québécoises cette année. Si ce n’est pas le cas, l’industrie de la musique est sérieusement malade…
Le sixième titre de l’album me laisse perplexe. Maintenant je pense à mon argent est à la fois un vers d’oreille, mais à la fois une des compositions les plus faibles de l’album. Les formes trop longues nous perdent et le texte est un peu banal, basé sur des actions de la vie quotidienne sans rebondissement ou angle d’approche spécifique. Cette chanson est toutefois bien «défoulante». Je suis certain que plusieurs spectateurs ou auditeurs pourront y trouver leur compte dans l’énergie enivrante de cette pièce.
Après La Mystification qui se veut comme un trip de synthés un peu rétrofuturiste, s’enchaînent les magnifiques Tempérance et Un genre de Dieu qui présentent toutes les deux de la guitare acoustique pour des compositions de type balade au son plus actuel, tout en gardant les synthétiseurs en arrière-plan. Les arrangements sont magnifiques, bien que j’aurais pris un peu moins d’électronique pour mieux entendre les très beaux textes de ces chansons. Dans certaines parties de l’album, quelques décisions de mixage noient la voix dans l’écho et les synthés alors que dans certains cas, on aurait dû la pousser à l’avant-plan.
L’album se termine en beauté avec Il est tombé toute la nuit une neige étincelante sur Hochelaga-Maisoneuve, une chanson instrumentale rêveuse qui nous plonge dans une longue soirée de décembre où nous nous promenons dans la rue Nicolet du quartier-thème de l’album en observant la neige lentement se déposer sur notre visage raidit par le léger souffle de l’hiver. Les lampadaires aux ampoules orange illuminent la scène alors que nos pas s’impriment dans la neige fraîche sur la rue déserte. Nous espérons sincèrement que l’album pourra durer dans le temps et ne se fera pas oublier par l’automne qui s’annonce chargé en sortie d’albums.
Cet opus est un très bon coup et démontre bien le sérieux de l’artiste depuis qu’il est signé avec Chivi Chivi. La production de l’album est nettement supérieure à son premier EP sorti en 2014, même si quelques choix de mixage auraient mieux fait d’avantager le texte ainsi que la voix d’Étienne Hamel. Après ce très beau long jeu, j’ai bien hâte de voir son spectacle cette année pour danser et même chanter les textes qui, déjà, commencent à s’imprimer dans mon oreille.
Le week-end dernier avait lieu le Mile Ex End Musique Montréal, un joli festival urbain organisé sous le viaduc Van-Horne, à Montréal. Au menu, beaucoup de musique, une ambiance qu’on promettait familiale, un pop-up shop et un cadre urbain qui n’est pas sans rappeler une partie d’Envol et Macadam (beaucoup de béton).
La programmation était alléchante : Cat Power, City and Colour, Patrick Watson et Godspeed You! Black Emperor assuraient la tête d’afffiche, ce qui est déjà beaucoup, mais le reste du programme me plaisait également beaucoup!
Parti tôt de Québec samedi matin, je suis arrivé un peu avant midi pour me familiariser avec les lieux. La grande scène est complètement à l’extérieur dans un gros stationnement. La deuxième scène est collée sur le viaduc… sous lequel les spectateurs vont se masser. Enfin, la troisième scène, où étaient présentés les spectacles plus intimes, était en retrait, tout près de la voie ferrée.
C’est d’ailleurs à cette scène que j’ai fait mon premier arrêt pour Maude Audet. La jeune femme lance ce mois-ci un nouvel album inititulé Comme une odeur de déclin. C’est d’ailleurs avec le premier extrait de cet opus, l’excellente Galloway Road, qu’Audet se lance sur scène. Les guitares ont davantage de mordant et la voix d’Audet se fait plus douce, éthérée. Ça se remarque même sur les plus vieilles chansons. Bien entourée (notamment par Martien Bélanger à la guitare et Émilie Proulx à la basse), Audet livre ses chansons tout simplement, sans artifices.
Quelques minutes plus tard, Adam Strangler faisait balancer ses riffs indie rock teintés de new wave. Le groupe, qui a sorti un EP au printemps dernier en plus de l’excellent Ideas of Order en 2016, est très solide sur le plan musical, mais soyons francs : les gars semblaient un peu trop fraîchement sortis du lit. Comment dire? Ça manquait un brin de présence…
Après une Audet réservée et des Adam Strangler encore un brin endormis, je me suis dirigé vers la grande scène pour y voir Aliocha. Celui-ci rayonnait (peut-être à cause du soleil qui était franchement bon). La pop ensoleillée du jeune homme était parfaite dans les circonstances. Il s’est permis d’inviter Charlotte Cardin à chanter quelques notes avec lui.
Suivait notre bon vieux Tire le coyote et son band de course. De Confetti à Moissoneuse-batteuse, Pinette et ses acolytes ont proposé une prestation folk très électrique où Shampouing et Simon Pedneault s’amusaient ferme avec leurs six cordes. Contrairement à sa prestation à La Grosse Lanterne, où on avait l’impression que le public découvrait Tire le coyote, ici, Pinette avait beaucoup de fans qui n’avaient pas besoin de se faire prier pour crier leur appréciation et taper des mains! Ce qui a semblé galvaniser le groupe. Une seule nouvelle chanson au programme : Tes bras comme une muraille tirée de Désherbages, qui paraîtra à la fin du mois.
Un de mes coups de coeur de la fin de semaine, c’était Megative, un collectif de Brooklyn (dont Gus Van Go, ancien Me, Mon & Morgentaler) qui se sert du reggae comme toile de fond, mais qui y colle toutes sortes d’influences (par exemple une attitude un peu punk, une touche de hip hop). L’énergie déployée par les différents membres du groupe est contagieuse et ça danse joyeusement chez les spectateurs.
Après un petit en-cas, j’arrive juste à temps pour attraper Matt Holubowski, qui a le soleil drette dans ses lunettes. Le même soleil éclaire le gros « soleil » jaune au milieu de la scène, et c’est magnifique. Et c’est la même chose pour la musique qui nous entre dans les oreilles. Un truc qui exige une certaine qualité d’écoute, mais derrière le côté folk d’Holubowski, il y a ce rock atmosphérique très gratifiant. On finit par planer avec Matt et sa bande.
Ça s’est gâté un peu pour Cat Power. L’auteur-compositrice-interprète compose de bien jolies chansons qu’on adore sur disque, mais c’est un peu différent sur scène. Si la musique de Cat Power se défend super bien sur disque et si l’interprétation était juste en ce beau samedi soir, Marshall était tellement crispée et stressée par la moindre petite perturbation (un tout petit peu de feedback, une foule un brin indisciplinée) qu’elle avait l’air d’un fantôme. À la guitare ou au piano, il y avait comme un courant d’air froid qui circulait entre la scène et le public. Dommage. Parce que la musique était belle!
Mon samedi soir s’est terminé avec City and Colour. Dallas Green et ses musiciens ont offert tout un numéro de pop aux accents folk devant la plus belle foule de la soirée. Nul doute que de nombreuses personnes sont venues sous le viaduc Van-Horne juste pour le plaisir d’entendre la musique de Green. Je ne suis toujours pas super fan du projet, mais il faut reconnaître qu’il a bien évolué au fil des ans…
La journée du dimanche était était complètement différente en raison de la pluie. Une méchante pluie froide, pas très forte, mais constante, qui pourrait te tuer un festival. Heureusement, le programme de la journée promettait!
Helena Deland semblait agréablement surprise de voir les nombreux parapluies qui se massaient devant la petite scène. La jeune femme à la douce voix nous a offert son folk-pop atmosphérique et feutré. Rien pour chasser la pluie, mais un maudit beau moment pareil. Par rapport à ce qu’on peut entendre dans nos haut-parleurs à la maison, l’interprétation live des chansons d’Helena a un peu plus de chien et de mordant, ce qui est loin d’être désagréable.
Bien à l’abri sous le viaduc, parmi les membres du public, Kid Koala a décidé de se jouer de la météo peu clémente et de passer un paquet de chansons qui parlent de pluie d’une manière ou d’une autre. Comme toujours, le DJ prend son pied, exécute sa magie avec une liste de pièces qui donnaient le goût de chanter, de danser et de sourire, tant chez les petits que chez les grands. Personne ne sera surpris d’apprendre que le kid a enfilé son costume de koala. Qui lui a bien servi quand il est allé faire participer les enfants à une belle grosse piñata en forme de pieuvre. Une prestation au cours de laquelle on a même pu entendre du Milli Vanilli! Oh, pis vous savez ce qui bat un gros train de personnes? Quatre trains en formation concentrique! Juste du fun!
Pauvre Lydia Képinski. Pleine d’assurance, un petit sourire en coin, Lydia n’allait pas craindre une petite averse, elle a déjà vu pire. Avec ses deux musiciens, Lydia chante de sa voix aiguë et désinvolte (oui, oui, ça peut être désinvolte, une voix) ses chansons qui ratissent large en mélangeant la chanson, le rock, la pop et le trip-hop. Elle nous interprète bien à sa manière Les temps fous, de Daniel Bélanger. Aussi bien dire qu’elle se la réapproprie totalement. Comme toujours, c’est la savoureuse Brise-glace qui me rentre dedans comme une tonne de briques avec sa longue finale où le trio (dont Blaise Borboën-Léonard qui passe du clavier au violon et vice versa) nous fait presque entrer en transe. C’est pendant Andromaque que ça s’est un peu gâté… juste au moment où la (longue) chanson gagne en intensité, bang, plus d’électricité sur la scène et la jeune femme doit rebrousser. Et nous aussi.
La pluie tombe encore fort, mais ce n’est pas grave, on retourne sous le viaduc pour l’auteure-compositrice-interprète Suzanne Vega venue jouer l’intégrale de Solitude Standing, son album le plus populaire, qui a 30 ans cette année. Ouf, le fait de me rendre compte que j’étais ado quand j’écoutais Luka en boucle (à l’époque, c’était « play » – « rewind ») sur ma cassette de tounes enregistrées à la radio. Les chansons les plus connues sont au début de l’album, ça va commencer fort. En effet, tout le monde écoute attentivement Vega lorsque celle-ci interprète Tom’s Diner a capella. Et tous ceux qui ont l’âge de le faire chantent le refrain de Luka avec Vega. Entourée de ses trois musiciens chevronnés, Vega n’aura aucun mal à conserver l’attention de la foule jusqu’à sa revisite de Tom’s Diner en formation complète cette fois-ci. Une chance qu’on a eue!
J’ai enfin pu voir Andy Shauf et entendre quelques chansons de The Party interprétées dans ma grosse face! Malgré la grosse pluie (qui a forcé l’arrêt du spectacle pendant quelques instants le temps d’enlever l’eau de la scène), on a musicalement été gâtés avec de magnifiques arrangements (dont des instruments à vent). La grande majorité des gens que j’observent écoutent religieusement, même si Shauf n’est pas l’homme le plus charismatique de la planète (ce qui ne l’a pas empêché de décocher quelques sourires… à ses musiciens!). Quand ce qu’on nous joue est bon…
Retour sous le viaduc pour une des prestations que j’attendais le plus de ma fin de semaine : Basia Bulat. J’ai froid, je suis pas mal trempé (malgré les protections que j’avais). C’est là que je prends la décision de partir… après ce petit tour de chant. Visiblement heureuse de jouer à deux pas de chez elle, Bulat nous a offert un gros paquet de bonbons provenant surtout de Good Advice (ce fol album réalisé par Jim James). Une voix plus sûre que jamais, un sourire qui ne veut pas s’en aller, des musiciens qui font une belle job pour enrober le tout, vous avez là la recette du succès!
C’est malheureusement là que mon Mile Ex End s’est terminé. Oui, j’ai manqué Patrick Watson et Godspeed You! Black Emperor, mais je n’en pouvais plus, la pluie a eu raison de moi et je suis retourné à Québec un peu plus tôt que prévu. Mon camarade Stéphane Deslauriers parle de la fin du festival sur Le canal auditif.
Même s’il aurait peut-être besoin d’un peu d’amour, le site proposé par le Mile Ex End convenait parfaitement à un festival de cette envergure, une grosse fête de quartier (payante, mais tout de même abordable quand on regarde la qualité de l’affiche). On n’a aucun mal à imaginer que ce festival qui partait de rien cette année pourra tirer son épingle du jeu sur ce plan. On a bien utilisé le viaduc Van-Horne (élément salvateur de mon dimanche après-midi) et on y a accroché un éclairage qui renforçait le look un brin industriel des lieux.
Une fête de quartier ne suscite pas nécessairement l’intérêt des mêmes personnes que des festivals de plus grande envergure. Ce qu’on a pu voir le week-end dernier, c’est un public très éclectique, amateur de musique en tous genres et venu en très grand nombre en famille (y’avait beaucoup d’enfants). Un public qui a pu profiter d’une ambiance festivalière où presque tout avait été prévu pour le plaisir des petits… et des grands!
Oh, bien sûr, on aurait apprécié une meilleure sélection de bières (mais bon, la 50 faisait la job) pour accompagner la belle bouffe offerte par les camions de rue présents.
La sélection musicale était plutôt intéressante, surtout sur un élément important : la quasi parité hommes/femmes dans la programmation. Le plus drôle, c’est que ça n’a même pas eu l’air d’être forcé. Sur ce plan, on peut lever notre chapeau. Et souhaiter que Mile Ex End revienne l’an prochain avec un mandat peut-être un peu mieux défini (fête de quartier ou événement touristique? C’était pas toujours clair…).
Jeudi dernier, le chanteur de charme Gab Paquet était en concert à l’Espace parvis de Limoilou. Voir Gab, son pad, sa moustache et son band jouer sur le parvis d’une église, c’était beaucoup moins déroutant qu’on peut le penser! En effet, l’attrait de Gab est multigénérationnel, comme en témoignent les nombreux enfants (qui se sont fait dessiner des moustaches) et les nombreuses grand-mamans (qui avaient probablement découvert le phénomène en attendant Michel Louvain au Festival d’été de Québec). Quoi de mieux, alors, qu’un lieu rassembleur pour un artiste qui l’est tout autant?
Bien entendu, nous ne pouvions pas manquer ce rendez-vous avec l’interprète de Santa Barbara, Consommations, Casio pad et moustache et Relations sexuelles! Et c’est avec Ulysse, mon petit monstre de 10 ans, que j’ai assisté à un nouveau triomphe du charmeur chanteur.
Voici quelques photos de la soirée prises par Ulysse :
C’était jeudi le 31 août que Medora lançait son album Ï en compagnie de Choses Sauvages, un band de Montréal, au Cercle.
Dans un écran de fumée et sous un éclairage coloré, le groupe montréalais ne cachait pas son plaisir d’être là pour ouvrir la piste de danse pour Medora. Très vite, Choses Sauvages a fait le bonheur des spectateurs avec sa ligne de guitare à la sauce funk. L’énergie de Félix Bélisle, Marc-Antoine Barbier, Tommy Bélisle, Philippe Gauthier Boudreau et de Thierry Malépart était contagieuse. Le groupe a invité plusieurs fois les gens à danser. Leur punk-funk en français m’a beaucoup plu. Il a réussi à survolter l’ambiance qu’il y avait au Cercle.
Le clou du spectacle a été Medora, qui lançait son Ï. Déjà un succès médiatique (et aussi sur notre blogue), le quatuor de Québec a joué l’entièreté de l’album. Son chanteur, Vincent Dufour, est authentique et charismatique. Le plaisir était véritablement là sur scène, mais aussi dans la salle de spectacle. Je sentais de la maturité et des inspirations diverses dans l’interprétation musicale de Charles Côté, Vincent Dufour, Guillaume Gariépy et Aubert Gendron Marsolais. Les sonorités indie-rock ont réchauffées la température extérieure, ramenant l’été alors que l’automne approche à grands pas. Je m’étais délectée de l’album, et la même chose s’est produite au Cercle. La salle bien remplie ne laisse entrevoir que de belles perspectives pour eux.