Il s’agissait pour ma part d’une deuxième visite à Baie-St-Paul, mais d’une première expérience pour ce qui est du Festif. Comme j’avais adoré arpenter les rues de cette belle petite ville à proximité de mon patelin d’origine (je suis native de Château-Richer), j’étais non seulement fébrile à l’idée de voir s’y produire plein d’artistes que j’aime – et d’autres que j’avais hâte de découvrir – mais aussi très curieuse de suivre le déroulement général de l’événement dans cette ville d’à peine plus que 7 000 habitants. En rétrospective, je peux affirmer que le Festif ne se résume pas simplement à aller voir des spectacles. Voici un récit vraisemblable de ce qu’aurait pu être ton Festif, suivi d’un petit bilan de certains spectacles que j’ai eu la chance de voir.
Tu as acheté un laissez-passer pour aller voir un spectacle ou deux le vendredi soir – Planet Smashers et Reel Big Fish – avec tendre moitié pis rentrer vers minuit, peut-être, si vous ne vous tannez pas avant la fin.
Vous arrivez tôt pour aller souper en tête à tête dans un bon p’tit resto de la place. Ta tendre moitié tente de prendre en cachette une photo du chanteur de Radio Radio en train de souper à côté. Vous mangez et buvez allègrement, de la maudite bonne bière de la place à part de ça. En marchant ensuite vers votre destination, comme il vous reste du temps, vous vous laissez attirer par un attroupement hétéroclite de musiciens en train d’interpréter le Chant du Bum assis en indien dans le parc des Jammeux (J’aurais dû, ben dû, donc dû farmer ma grand’yeule!).
Un peu plus loin, au dépanneur du coin, vous croisez par hasard une gang d’amis d’enfance avec qui, finalement, vous allez finir par danser et trasher votre vie pendant deux heure au son des Planet Smashers et de Reel Big Fish. Tu te tapes même, vers dix heures et demie, un trip bouffe avec des crêpes aux bleuets pis des sandwiches smoked meat aux kiosques de la scène Desjardins. Étonnamment, tes lunettes sont intactes. Entre les deux spectacles, une fanfare sortie de nulle part – What Cheer? Brigade – est venue jouer en plein milieu de la foule. Cool! Dehors, il fait 10 degrés, et tu as perdu ton T-shirt dans le mosh pit, mais ce n’est pas grave parce que dans ton cœur – et dans le chapiteau – il fait chaud en bout-de-ciarge. La bonne bière de la MBC (dans un verre réutilisable pendu à ton cou) contribue aussi à te garder au chaud.
En sortant se vider la vessie, ta tendre moitié croise à son tour une amie d’enfance avec sa gang qui s’en vont voir Louis-Philippe Gingras et Mononc Serge au centre communautaire. Vous êtes curieux de découvrir ça, fait que vous décidez de les suivre. La soirée est encore jeune, même si vous n’avez plus vingt ans.
Quand, à trois heures et demie du matin, exténués et sans voix pour avoir trop chanté et fêté, vous regagnez votre mignonne petite chambre d’auberge au centre-ville si vous avez été assez wise pour réserver tôt (sinon, l’habitacle de votre véhicule stationné à proximité, votre chambre de motel trop louche de Saint-Urbain ou bedon votre tente dans le parc du Gouffre où la fête se poursuivra jusqu’à l’aurore autour d’un immense feu de joie), vous vous apercevez que votre plan initial ne ressemble en rien à ce qui est en train de se passer.
Ce qui fait que lendemain matin, vous vous rendez dans le stationnement de l’église pour vous racheter un autre laissez-passer parce que vous avez juste trop trippé.
– Fin d’une charmante histoire inventée, mais pas tant que ça –