Le visage changeant de la météo n’a pas découragé les spectateurs hier tandis que se déroulait la première journée complète de festivités. À travers la vaste sélection de possibilités musicales, on a choisi d’axer notre parcours autour de la découverte musicale. Compte-rendu des deux vitrines de découvertes du festival : les chemins d’écriture et les alliances d’Hydro-Québec. Si vous les avez manqués, tous ces artistes jouent à nouveau aujourd’hui.
Les Alliances : 13h à 17h à l’Espace pro
Les chemins d’écriture : 15h au Café du Fjord
Un autre article à paraître sur les spectacles de la soirée !
Les Alliances – Scène Hydro-Québec
Cette année, ecoutedonc.ca a eu la chance de présenter au public les cinq artistes qui se succédaient en après-midi sur la scène extérieure d’Hydro-Québec. Portant ensemble le nom de Les Alliances, les sets d’une quarantaine de minutes chacun nous ont permis un rapide tour d’horizon des différents univers de ces auteurs-compositeurs-interprètes. Bien installés dans nos chaises, on s’est laissé porter par cet air de découvertes.
13h – Émile Gruff
Déroutante un brin, authentique et chaleureuse. La musique d’Émile Gruff est à son image. Entre les pièces, il discute avec un public rapidement conquis, qui gardera d’ailleurs le sourire aux lèvres tout au long de la performance. Pendant qu’il joue, avec ses deux acolytes, il chante son quotidien (celui de ses enfants, de ses chums de gars) et sa guitare l’accompagne.
Tout était en place pour installer une ambiance décontractée, ce qui allait bien avec le petit soleil d’après-midi. Décidément, il n’y avait pas de meilleure façon de briser la glace ! Le chansonneur a terminé avec sa trilogie de Baie-Saint-Paul, un ensemble de pièces racontant son épopée de déménagements et qui ne manque pas moins d’humour que le reste de son répertoire.
14h – Laurence-Anne
Le ciel s’est assombri vers 14h et le vent a pris un fond frais. La pluie menaçait de tomber, mais finalement la météo n’a fait qu’aider la foule à se plonger dans l’univers plus sombre de Laurence-Anne. Accompagnée au clavier, à la voix et aux «machines» par Noémie De Lorimier, elle a égrené ses compositions électro-folk les unes après les autres.
Rapidement, on a pu saisir pourquoi elle qualifie sa musique de folk mystère : les champs lexicaux exploités entraient parfois dans le domaine de l’étrange tandis que les harmonies donnaient une teinte onirique à l’ensemble. Les notes graves dominaient à la guitare tandis que la voix vaporeuse de Laurence-Anne s’envolait vers les aigües.
15h – Samuele
Sous les premières gouttes de pluie Samuele a pris la relève. Elle n’avait pas peur de la pluie, pas plus que du monde qu’elle confronte le sourire aux lèvres. Avec le mordant qu’on lui connaît, elle a présenté les pièces de son premier long jeu sorti en avril dernier : Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent. Le contrebassiste Alex Pépin complétait le portrait tantôt en assurant le rythme, tantôt en complétant la mélodie à l’archet.
La prestation de l’auteure-compositrice-interprète a eu un effet électrifiant sur la foule, qui se laissait porter autant par son énergie débordante que par la force des mots qu’elle nous balançaient sous forme de slam, entre les pièces. En touchant à des sujets de son univers musical, ces poésies urbaines avaient de quoi renverser.
16h – Maxime Auguste
Maxime Auguste a pris la relève et l’atmosphère a encore été transformée. On s’est retrouvés au calme, au chaud malgré les nuages, comme autour d’un feu de camp. En formule réduite, il était accompagné par Philippe Caron Turbide au clavier et à la voix alors qu’ils se partageaient les percussions. Armé d’une guitare l’auteur-compositeur-interprète déballait ses chansons country-folk honnêtes aux textes à la fois ludiques et touchants.
Les interactions entre les musiciens et le public se sont aussi faites sous le signe de la bonhommie. Maxime Auguste présentait son univers, ses thèmes et ses chansons, qui revêtent toutes une couleur unique. Le public écoutait attentivement et son enthousiasme timide est vraiment ressorti lors de Mon équipe, alors que l’artiste nous a fait tous collaborer pour crier ensemble.
17h – Lydia Képinski
Le soleil est ressorti juste à temps pour la prestation de Lydia Képinski. Il a attiré avec lui un maximum de spectateurs, comblant les espaces derrières les chaises et les transats installés pour l’occasion. En formule trio, l’artiste a fait d’emblée s’envoler son électro-pop franco aux tranchants rock.
Plus que réjoui, le public a semblé être impressionné par la musique de Lydia Képinski. Ses arrangements travaillés ainsi que ses textes poétiques ont la particularité de sortir du lot dans un style qui est beaucoup exploité de nos jours. On ne peut pas comparer Lydia Képinski à quelqu’un d’autre : c’est ce qui fait la force de sa musique. Il faut aussi dire que sa reprise unique de Les temps fous a su lui gagner quelques admirateurs.
Même si on la connaît plutôt bien (allez chercher son nom dans notre site web, pour voir), on a eu la belle surprise d’un set où les chansons inédites dominaient. On a pu entendre ou réentendre des titres tels que Les routes indolores (qui ne me sort plus de la tête) ou encore Pie IX. Titres qui, on l’espère, sont le présage d’un éventuel album complet.
Les chemins d’écriture – Café du Fjord
La température ayant épargné Les Alliances, elle a cependant fait opérer ensuite une sorte de magie différente: c’est donc bien à l’abri dans le Café du Fjord, la pluie battant contre les vitres, qu’on a assisté à la performance conjointe des huit artistes émergents des chemins d’écriture.
Cette quinzième édition se faisait nouvellement dans le cadre de Destination chanson fleuve, un parcours qui réunissait déjà depuis près d’un mois les auteurs-compositeurs-interprètes dans différents ateliers et spectacles ayant lieu à Montréal, Québec, Tadoussac et à Petite-Vallée. Cela a sans doute contribué, avec l’aspect intimiste du café, à créer cette atmosphère chaleureuse qui régnait autant entre les artistes que dans le public.
Se succédant les uns aux autres, chaque fois largement encouragés par le public, les artistes ont présenté tantôt des compositions solo, tantôt des duos. Ils s’entraidaient, se passaient le micro et s’accompagnaient à divers instruments. On les sentait très soudés, comme nous l’expliquait leur présentateur. Les artistes nous ont ainsi respectivement fait plonger dans leurs mondes dans une panoplie de styles qui ratissaient bien large.
On a pu apprécier la poésie imagée et la guitare rythmée de Simon Daniel. Les compositions d’Étienne Fletcher nous transportaient loin sur la route ou dans nos souvenirs. Marie-Claudel Chenard (a.k.a. MCC) nous a impressionné avec sa voix claire, son jeu de guitare élaboré et son univers original. Rose Bouche brodait des envolées vocales travaillées sur fond de pop sentimentale. Les chansons légères de Boule nous racontaient l’été de Normandie et ses altercations avec les bouffeurs de pizza. La voix grave et traînante de Lou-Adriane Cassidy se mariait à la perfection à celle, vaporeuse, de Laura Babin. Il y avait aussi un dialogue entre leurs univers, chargé en émotions pour le premier et riche en poésie pour le second. On a retrouvé un Juste Robert heureux de partager son univers inexplicablement touchant avec de jeunes passionnés.
Bien rodés, les musiciens ont enchaîné le tout sans anicroche et le résultat d’ensemble s’est avéré impressionnant. Définitivement, la cuvée 2017 des chemins d’écriture était remarquable, et on se doute que la camaraderie entre les recrues y soit pour quelque chose.