Il y a quelques jours, au Festival de la chanson de Tadoussac, notre courageuse Marie-Ève Fortier s’est entretenue avec Les Hôtesses d’Hilaire. Ils ont parlé de tout et de rien, mais surtout de tout.
Comme la plupart des festivaliers qui se trouvaient à la 34e édition du Festival de la chanson de Tadoussac, notre équipe a fait le plein de musique, de découvertes, d’émerveillement et de fête dans le décor bucolique de la ville maritime. Retour sur cet expérience intense et sur ce qui en est ressorti.
L’équipe (de deux) est unanime : la musique poétique et le charme de Sarah Toussaint-Léveillée sur scène nous ont absolument envoûtés. Pour ma part, j’ai aussi fait l’heureuse découverte de Sages comme des Sauvages, un groupe européen aux sonorités métissées et colorées. Leur contagieuse bonne humeur a aussi contribué à l’expérience. Finalement, il faut souligner la qualité de la performance de Le Couleur, qu’on connaît déjà, et ce en particulier après de nombreux changements de programme quant à leur spectacle.
2 – On s’y attendait, mais…
Daniel Bélanger et Les Hôtesses d’Hilaire ont aussi été des moments forts du festival pour nous. Ces deux spectacles sont venus nous chercher à leur façon par leur intensité.
3 – Une panoplie de styles musicaux
D’un spectacle à l’autre, on pouvait facilement passer de la pop dansante au rock alternatif ou encore de la musique du monde au country. Cette cohabitation des styles que permettait la programmation du festival en rendait l’expérience beaucoup plus riche.
4 – Le public était au rendez-vous
Je retiens la présence du public, autant quantitativement que qualitativement, comme étant l’un des éléments marquants de cette année. Parmi les spectacles qu’on a couverts, il n’y en a pas eu plus d’un ou deux qui n’ait pas attiré assez de monde pour avoisiner la pleine capacité de chaque salle. Jeune ou moins jeune, le public était toujours au rendez-vous, ce qui a largement contribué à l’ambiance chaleureuse que j’ai pu retrouver presque à chaque fois.
5 – La présence sur scène des artistes
Que ce soit Émile Gruff avec ses anecdotes, Samuele qui confronte son public avec le sourire, Lydia Képinski ou La Bronze avec leur attitude, Sarah Toussaint-Léveillée avec son charisme un brin loufoque ou encore Serge Brideau des Hôtesses d’Hilaire avec ses grands discours sur le féminisme juste avant Boule Boule, il semblerait que les artistes émergents de la 34e édition aient presque tous eu leur façon bien à eux d’animer les foules. Grâce à cela, on a pu non seulement apprécier de la bonne musique, mais aussi d’excellents shows. Chapeau à ces artistes qui n’attendent après personne pour assumer leur musique et leur univers !
6 – Les aléas de la température
Météo obligeant, on a vu peu de spectacles sur les deux scènes extérieures aménagées par le festival, et ce bien que le soleil se soit pointé le bout du nez plus d’une fois au cours de la longue fin de semaine. Ça n’a pas été un plus grand mal, étant donné que cela a permis le déplacement de quelques spectacles au charmant Café du Fjord, où les chemins d’écriture et Sages comme des Sauvages ont trouvé l’atmosphère intime qui leur convenait.
7 – Un festival pédestre
Étant donné la distance entre les scènes et la façon dont la programmation était faite, on était amenés à se promener beaucoup dans la ville pour attraper les spectacles au vol. Et c’est tant mieux, puisque Tadoussac nous offrait un décor magnifique dans lequel se promener pendant le festival. On aurait peut-être même aimé que le festival nous amène à découvrir encore plus de petit lieux sympathiques et inusités.
8 – Opportunités de découverte
Lorsqu’on a regardé la programmation au moment de sa sortie, on a surtout retenu les noms des artistes qu’on connaît bien : Les Deuxluxes, La Bronze, Les Hôtesses d’Hilaire, Saratoga, Bernhari, Louis-Jean Cormier et j’en passe. Cependant, il est vrai que ce festival a aussi apporté son lot de découvertes finalement.
D’une part, les spectacles regroupés sous le nom de Les Alliances offraient une belle formule pour nous introduire à de nouveaux artistes. Même si on en connaissait plusieurs, on a notamment pu découvrir avec intérêt Maxime Auguste et s’émerveiller à nouveau devant le talent des Samuele et Lydia Képinski de ce monde.
D’autre part, les chemins d’écriture étant particulièrement intéressants cette année, ils nous ont fait retenir quelques noms. Lou-Adriane Cassidy, MCC et Simon Daniel, que je ne connaissais pas, ont d’ailleurs particulièrement retenu mon attention.
9 – On est tristes d’avoir manqué
The two Birdz et Gab Paquet au Gibard, Saratoga sous le chapiteau Desjardins ainsi que Les Deuxluxes au Site Belle Gueule.
10 – Pensée insolite
Qu’est-ce que Matt Holubowski, Samuele, Sarah Toussaint-Léveillée, Sages comme des Sauvages et d’autres encore avaient en commun ? Ils ont tous utilisé au moins à une reprise le ukulele : est-ce un instrument dont la popularité serait en recrudescence ? Il y a là matière à réflexion !
Plus les jours avançaient, plus notre expérience festivalière se transformait en parcours du combattant. Cumulant plus de belles découvertes que d’heures de sommeil, Ludvig Germain Auclair et moi-même avons pour une dernière fois couru de scène en scène dans le décor bucolique d’une Tadoussac ensoleillée. Compte-rendu d’une journée de clôture forte en émotions.
Spectacle surprise – Scène Hydro-Québec
On était heureux de retrouver Le Couleur à 13h ainsi que La Bronze à 15h dans le cadre des prestations surprises, étant donné que leur spectacle matinal aux Dunes avait été annulé. Encore une fois, nombreux sont ceux qui furent au rendez-vous.
Les membres de Le Couleur se sont d’abord frayé un chemin à travers leur panoplie d’instruments (percussions diverses, claviers, synthés…). Cela n’en prend pas moins pour rendre vivante leur disco-pop éclectique et accrocheuse. Pigeant dans les années 60 à 80 sur le plan des sonorités et des styles, les deux percussionnistes, le claviériste/bassiste et la chanteuse créent une musique qui – en plus d’être recherchée et vivante – fait irrésistiblement succomber à la fièvre de la danse. La preuve, c’est que vers la fin de leur set même les spectateurs les plus timides s’étaient levés pour nous montrer leurs meilleurs moves – qu’ils les aient appris tout récemment ou directement dans les années disco. Chapeau au groupe qui a livré une performance énergique : on se serait cru dans un club italien au paroxysme d’une soirée bien avancée.
La Bronze a pris la relève vers 15h. Véritable boule d’énergie, la chanteuse Nadia Essadiqi own la scène avec sa personnalité assumée et son attitude chaleureuse. Sa musique, assurée par les excellents musiciens Clément Leduc (claviers) et Francis Brisebois (a.k.a. Funklion, à la guitare), est aussi percutante qu’accrocheuse. On a pu entendre des titres des deux disques du groupe, au son desquels le public tapait des mains ou se laissait aller à hocher la tête. Visiblement, ça le démangeait de danser une fois de plus, puisque tous se sont levés à la demande du groupe pour Rois de Nous, pièce titre de son dernier album.
Il serait scandaleux de passer sous silence la contribution Simon Lévesque au son. Débarqué directement de Montréal avec Le Couleur, il a permis aux deux groupes de livrer un groove de qualité en maniant habilement les platines.
Wallace – Chapiteau Desjardins
Originaire de Sète, petite ville du sud de la France, Wallace a su mettre de la joie dans les cœurs de ceux qui s’étaient présentés à leur spectacle de 19h. Le trio amalgamait la chanson française et le manouche – mais aussi l’électro et le rock. En plus d’être original, ce mélange complétait bien l’univers à la fois éclectique et senti du chanteur : on changeait de style comme on passait des baleines aux souvenirs de vagabonds.
Daniel Bélanger – Scène Québécor
Ce n’est pas sans difficulté que je peux parler du spectacle de Daniel Bélanger, puisque ce moment a tenu du rêve du début à la fin. En pigeant généreusement dans le répertoire précédant Paloma, son dernier opus, Bélanger a fait plaisir à un public qui était déjà conquis. Lui aussi, il semblait heureux d’être présent parmi nous : son enthousiasme transparaissant derrière le ton candide de ses interventions.
Plusieurs moments forts se sont détachés du lot. Les pièces Fous n’importe où ou encore Parapluie sont à compter parmi celles qui se sont démarquées, mais le paroxysme de la soirée a malgré tout pris forme pendant Rêver mieux, alors que le public mêlait sa voix à celle, inimitable, de l’auteur-compositeur-interprète.
Pendant que la musique nous transportait ailleurs, les musiciens faisaient des pieds et des mains – littéralement – pour insuffler la vie à cette chimère majestueuse. Il était d’ailleurs impressionnant de voir le percussionniste et multi-instrumentiste Alain Quirino à l’œuvre, et ce tout particulièrement lorsqu’il maniait le Theremin pendant Intouchable et immortel. Acolyte de Daniel Bélanger depuis maintenant près de 15 ans, il a su rendre honneur à sa réputation de virtuose.
Gab Paquet – Le Gibard [OFF]
Trop tard, nous avons appris que pendant qu’on perdait la tête avec Daniel Bélanger, Gab Paquet enflammait le Gibard. On n’est même pas arrivés à temps pour la dernière goutte de ce suave élixir ! Qu’à cela ne tienne, nous sommes retournés faire la fête avec Les Hôtesses d’Hilaire qui clôturaient officieusement la soirée à l’auberge de jeunesse de Tadoussac.
Les Hôtesses d’Hilaire – Site Belle Gueule
On n’a vraiment pas regretté notre décision, parce que c’est une expérience complètement différente de la veille qui nous attendait auprès du groupe acadien.Les Hôtesses d’Hilaireavaient prévu le coup : nouvelle robe, nouvelles interventions tout aussi naturelles et efficaces avec le public, nouveau set. On a même pu entendre C’est Glen qui l’a dit, que le groupe semble garder pour les occasions spéciales.
Le public, lui aussi, vibrait différemment de la veille au son du rock prog psychédélique du groupe. C’était peut-être le manque de sommeil, mais au lieu de s’agiter dans tous les sens il se tenait plus calme – non sans quelques soubresauts – et écoutait activement. L’ambiance permettait de bien se concentrer sur la qualité de la musique des Hôtesses d’Hilaire, ce qui est parfois plus difficile quand on se pitche partout.
Les musiciens se sont d’ailleurs surpassés en ce dernier spectacle (le troisième en trois jours, faut-il le rappeler ?). MDMA ainsi que Hilaire à boire ont été le terrain de jeu dans lequel ils se sont déchaînés dans des parties instrumentales largement improvisées et parfaitement calibrées pour prolonger la tension jusqu’aux finales extatiques. Sérieusement, et terminons notre ultime compte-rendu tadoussacien là-dessus, si tous les hommes savaient faire l’amour comme les Hôtesses savent jammer, il n’y aurait plus aucune femme insatisfaite au lit.
On atteignait samedi dernier le cœur de la 34e édition de festival de la chanson de Tadoussac. Au menu, plusieurs spectacles aussi alléchants les uns que les autres. En attendant d’être dotés du don d’ubiquité, nous avons sillonné sans relâche les rues de Tadoussac en quête de découvertes musicales et d’émotions fortes. On a parfois pu régaler pleinement notre appétit, et parfois on devait écourter le plaisir pour voler vers la prochaine destination. Compte-rendu d’un buffet de bouchées musicales qui a su égayer cette journée pluvieuse.
Joseph Edgar – Chapiteau Desjardins
Par Ludvig Germain Auclair
Bien connu de par le succès radiophonique qu’est Espionne russe, le natif de l’Acadie Joseph Edgar nous a servi une prestation digne de ce nom samedi soir au chapiteau Desjardins. Un spectacle acoustique qui constituait d’ailleurs une première pour lui, qui d’habitude se présente avec un attirail instrumental « rock électrique ». Cela n’a en rien altéré sa prestation, qui se voulait charismatique et qui dégageait une force sonore digne de ce nom.
Outre son titre Espionne russe, Joseph Edgar nous a choyés avec d’autres chansons de son répertoire moins connues mais qui se voulaient tout aussi puissantes, que ce soit par son accent acadien bien assumé ou ses jeux de guitares énergiques, merveilleusement soutenus par l’accordéoniste (Geneviève Toupin) et le contrebassiste (Alex Pépin). Le public a été vite ravi par le talent et la présence scénique du trio acoustique, qui a livré une performance peut-être un peu courte, mais certes appréciable. Un spectacle qui méritait d’être vécu et qui donne envie de répéter l’expérience « Joseph Edgar ».
Sages comme des Sauvages – Café du Fjord
La prestation de Sages comme des Sauvages – un duo coloré et exotique venu tout droit d’Europe – a mis dans le cœur du public le soleil qu’il n’y avait pas dans le ciel. Ce dernier, qui remplissait à rebord le Café du Fjord, s’est montré enthousiaste et très participatif face aux deux oiseaux colorés. Derrière les musiciens, une panoplie de petits instruments à cordes (violon, mandoline, ukulélé, guitare) que manipulait savamment Ismaël Colombani. Ava Carrière, pour sa part, s’occupait d’assurer le rythme à coup de pied ou de tambourin. Le duo chantait aussi à parts égales, en harmonie, ensemble ou en contrepoint, ce qui donnait un résultat très complet pour si peu d’individus.
Leur musique métissée s’inspire de sonorités pigées un peu partout dans le monde : en les écoutant, on a l’impression que la chanson française perce à travers des myriades de couleurs indiennes, orientales, gitanes, latines, mais surtout créoles. Tout pour nous apprendre à nous faire danser sur nos chaises, comme l’a dit la chanteuse à la blague. Sages comme des Sauvages ont d’ailleurs rendu justice à cet univers éclaté avec leur performance assumée et leur agréable présence sur scène.
Urbain Desbois – Chapiteau Desjardins
On a attrapé quelques pièces d’Urbain Desbois entre deux spectacles. Véritable personnage, il était agréable à écouter autant dans ses pièces que lorsqu’il interagissait avec le public. On a eu droit à diverses anecdotes et petites histoires ludiques – où peut-il bien aller chercher ça ? On pouvait aussi se poser la question quant à ses thèmes, qui rassemblés lui font un univers éclaté qui parle autant des sortes de pain que des hommes qui soulèvent 40 000 tonnes.
Ses chansons blues rock s’avéraient être musicalement solides grâce au talent de ses musiciens : Philippe Dussault (guitare), Michel Dufour (batterie) et Annick Beauvais (basse). Les paroles sont aussi teintées de son humour intelligent, ce qu’on pouvait notamment constater sur Survicissitudes. Cela semble avoir fait plaisir aux spectateurs rassemblés sous le Chapiteau Desjardins, qui n’ont pas manqué d’exiger un rappel.
Matt Holubowski – Scène Québecor
Décidément, cette 34e édition du Festival aura été l’année des salles combles. Les bancs de l’Église étaient en effet bien remplis pour accueillir Matt Holubowski. Parfois en solo, souvent accompagné de ses quatre musiciens (guitare, batterie, violoncelle, contrebasse), l’artiste a présenté des pièces tirées de ses deux albums : Ogen, old Man (2014) et Solitudes (2016).
Matt Holubowski a tôt fait de nous absorber dans son monde teinté de rêve et de mélancolie. Tel qu’il l’a recommandé dans l’une de ses chaleureuses interventions, on a pu tout simplement rentrer dans notre bulle et nous laisser porter par son indie-folk-pop. Timides, quelques sonorités blues délavé ressortaient parfois dans une touche d’harmonica ou dans les effets de la guitare. L’ensemble était bien équilibré et bien exécuté.
Pour couronner le tout, la voix soul et indie de Matt Holubowski montrait tour à tour sa douceur et son amplitude. On l’a senti sortir parfois des sentiers battus, notamment dans ses quelques titres en français ou encore sur Wild Drums, et on aurait voulu sentir plus de pareils dérapages.
Soucy – Gibard [OFF]
Avant d’aller aux Hôtesses d’Hilaire, on a fait un détour par le Gibard pour écouter Soucy, une formation qui a beaucoup fait parler les festivaliers depuis sa première prestation dans le cadre du OFF du festival. Encore une fois, on n’était pas surpris de trouver le petit bar du bord de mer bondé de monde.
Les musiciens s’exécutaient malgré le bruit et ont livré une performance aussi travaillée que déjantée. Soucy, c’est d’abord un chanteur-diva au charisme sombre et déstabilisant. C’est ensuite ses trois acolytes tout aussi comédiens : deux choristes/danseurs et un claviériste, qui fait aussi office de tête de Turc lors des interventions foisonnantes du chanteur. Ensemble, avec leurs costumes, ils avaient vraiment des gueules de super vilains, ceux qu’on finit par apprécier plus que les héros !
La musique, quant à elle, semblait sortir tout droit d’une comédie musicale de style cabaret à la chicago. Paraît qu’ils ont aussi un set beaucoup plus dansant, mais on a dû s’esquiver avant la fin ! De quoi faire passer le fiel de leurs thèmes dérangeants avec un peu de miel-pop.
Les Hôtesses d’Hilaire – Site Belle Gueule
Vers minuit, nombreux sont les festivaliers qui ont convergé vers le Site Belle Gueule pour voir et entendre Les Hôtesses d’Hilaire (quoi de mieux pour fêter le Canada tous ensemble!?). Et malgré leur passage à Petite-Vallée la veille (sans compter le voyagement), les musiciens ont donné tout un spectacle. Avec les interventions et la robe de Serge Brideau, les chansons rock-prog comico-engagées néo-brunswickoises, les solos et parties instrumentales généreuses, le groupe a su tenir le public en haleine jusqu’à la toute fin.
L’effet a été presque immédiat. Dès la deuxième ou la troisième pièce on a sauté, on a dansé, on s’est poussés, on est tombés, on s’est fait relever, on s’est débattu joyeusement dans les mêlées au son des nombreux hits du groupe : MDMA, Super Chiac Baby, Machine à bière, Fais Faillite (pour laquelle les Deuxluxes sont remontés sur scène), Regarde-moi, et j’en passe.
Le groupe a aussi présenté une nouvelle pièce, qui figurera sur son prochain album. Tout aussi juteuse, tout aussi énergique (mais aussi country), Acadie fut une belle découverte. L’apothéose a eu lieu sur Hilaire à boire, qui s’est étirée encore et encore dans la partie instrumentale.
Les spectateurs en ont redemandé pour un ultime rappel. On a senti que le public était prêt à en prendre d’avantage, et que les Hôtesses auraient encore pu en donner, mais toute bonne chose ayant une fin il fallait laisser la place aux autres artistes. On gardera de cette soirée d’heureux souvenirs d’ivresse, et aussi une couple de vers d’oreille.
On dit que l’appétit vient en mangeant. Ainsi, après avoir goûté quelques nouveautés et revu quelques visages connus aux Alliances et aux chemins d’écriture vendredi dernier, on a poursuivi sur notre lancée en se promenant de scène en scène. Compte-rendu d’une soirée qui nous en a fait voir de toutes les couleurs.
Menoncle Jason – Site Belle Gueule
On a pu attraper quelques chansons de Menoncle Jason tandis qu’on transitait entre le Café du Fjord et l’Hôtel Tadoussac. Ceux qui aiment le country n’auront pas été déçus : chapeau de cowboy, lunettes de soleil et chemise de fermier étaient autant au rendez-vous que ces accents particuliers qui font du country ce qu’il est. Ajoutez à cela le charmant accent néobrunswickois du chanteur, et vous avez le portrait. Les mélodies qui s’inspiraient librement de l’univers country et pop-rock pigeaient autant du côté du Elvis tardif que du blues ou du calypso.
Sarah Toussaint-Léveillé – Salle Marie-Clarisse
Une salle comble attendait l’auteure-compositrice-interprète ainsi que ses trois musiciens dans le sous-sol de l’Hôtel Tadoussac. Sarah Toussaint-Léveillé s’est introduite avec une singulière anecdote d’accouchement, ce qui marquait le début de ses interactions rigolotes et on ne peut plus charmantes avec le public.
L’artiste s’est ensuite lancée dans Ta tempête, l’une des nombreuses pièces de La mort est un jardin sauvage qui furent interprétées ce soir-là. Cet album paru en février 2016 a été entièrement réarrangé par les trois musiciens qui l’accompagnaient : Jérémi Roy (contrebasse), Fany Fresard (violon) et Marianne Houle (violoncelle). Une version feutrée où dominaient les cordes, puisque Sarah Toussaint-Léveillée elle-même alternait principalement entre guitares acoustique et électrique.
Cela se prêtait très bien aux pièces très senties de l’artiste : on sentait qu’un véritable dialogue s’était établi entre sa voix feutrée et celle des cordes, qui suivaient jusqu’à ses plus infimes inflexions. L’expressivité des instruments et l’exactitude des musiciens ont vraiment rendu vivante l’âme de ces chansons aussi théâtrales, originales et poétiques que leur auteure.
En somme, s’il me faut nommer un moment fort de la journée (et Ludvig Germain Auclair seconde), je peux sans hésitation choisir la prestation de Sarah Toussaint-Léveillé. Ce fut envoûtant du début à la fin.
L’Osstidtour Par Ludvig Germain Auclair
La soirée funk-rap de l’Osstidtour a débuté avec KNLO en première partie, qui a alterné des prestations solo ou en tandem avec différents invités (Eman, Sandy, etc.). Brown constituait la seconde partie de cette soirée festive. Le trio intergénérationnel a donné une performance énergique et qui amalgamait les groove. La chimie évidente du rap arythmique et parfois absurde de KNLO avec le son old school de Brown faisait définitivement dans l’hétéroclite et le marginal, un son qui diffère d’un rap plus conventionnel.
La foule a su apprécier vivement la vibe émise par cette prestation ; beaucoup venaient d’aussi loin que Montréal pour l’Osstidtour et pour faire bouncer le sous-sol de l’église de Tadoussac. La finale avec tout Alaclair Ensemble, le groupe de post-rigodon emblématique, a permis une clôture enflammée par ledit public, plus que content de représenter le Bas-Canada tous ensemble en ces petites heures du 1er juillet. Ce dernier a surtout eu droit à des pièces tirées du récent opus LesFrères Cueilleurs, mais aussi à quelques classiques comme Capoté, Mammifères et même J’tanné d’attendre.
À surveiller – Dimanche 2 juillet 2017
Vous connaissez l’adage? L’avenir – et la bonne musique – appartiennent à ceux qui se lèvent tôt. Pour les courageux qui se rendront aux Dunes demain dès 10h (si la température le permet), ils auront la chance de voir La Bronze et Le Couleur comme ça ne se reverra sans doute jamais. Du disco et de l’électro en version acoustique, ça garantit un réveil électrisant!
Ensuite, en journée, c’est l’occasion de vous rattraper si vous n’avez pas déjà vu Sages comme des Sauvages et leur musique aux couleurs du monde, Wallace et leur chanson swing rock ou encore les mythique Hôtesses d’Hilaire, qui sauront mettre du piquant dans votre fin de soirée.
C’est aussi le soir où deux légendes se partageront les projecteurs: Daniel Bélanger fera vibrer les coeurs à l’Église à 22h et Gab Paquet ajoutera sa touche de yabadabadou au Gibard vers minuit.
Le visage changeant de la météo n’a pas découragé les spectateurs hier tandis que se déroulait la première journée complète de festivités. À travers la vaste sélection de possibilités musicales, on a choisi d’axer notre parcours autour de la découverte musicale. Compte-rendu des deux vitrines de découvertes du festival : les chemins d’écriture et les alliances d’Hydro-Québec. Si vous les avez manqués, tous ces artistes jouent à nouveau aujourd’hui.
Les Alliances : 13h à 17h à l’Espace pro
Les chemins d’écriture : 15h au Café du Fjord
Un autre article à paraître sur les spectacles de la soirée !
Les Alliances – Scène Hydro-Québec
Cette année, ecoutedonc.ca a eu la chance de présenter au public les cinq artistes qui se succédaient en après-midi sur la scène extérieure d’Hydro-Québec. Portant ensemble le nom de Les Alliances, les sets d’une quarantaine de minutes chacun nous ont permis un rapide tour d’horizon des différents univers de ces auteurs-compositeurs-interprètes. Bien installés dans nos chaises, on s’est laissé porter par cet air de découvertes.
13h – Émile Gruff
Déroutante un brin, authentique et chaleureuse. La musique d’Émile Gruff est à son image. Entre les pièces, il discute avec un public rapidement conquis, qui gardera d’ailleurs le sourire aux lèvres tout au long de la performance. Pendant qu’il joue, avec ses deux acolytes, il chante son quotidien (celui de ses enfants, de ses chums de gars) et sa guitare l’accompagne.
Tout était en place pour installer une ambiance décontractée, ce qui allait bien avec le petit soleil d’après-midi. Décidément, il n’y avait pas de meilleure façon de briser la glace ! Le chansonneur a terminé avec sa trilogie de Baie-Saint-Paul, un ensemble de pièces racontant son épopée de déménagements et qui ne manque pas moins d’humour que le reste de son répertoire.
14h – Laurence-Anne
Le ciel s’est assombri vers 14h et le vent a pris un fond frais. La pluie menaçait de tomber, mais finalement la météo n’a fait qu’aider la foule à se plonger dans l’univers plus sombre de Laurence-Anne. Accompagnée au clavier, à la voix et aux «machines» par Noémie De Lorimier, elle a égrené ses compositions électro-folk les unes après les autres.
Rapidement, on a pu saisir pourquoi elle qualifie sa musique de folk mystère : les champs lexicaux exploités entraient parfois dans le domaine de l’étrange tandis que les harmonies donnaient une teinte onirique à l’ensemble. Les notes graves dominaient à la guitare tandis que la voix vaporeuse de Laurence-Anne s’envolait vers les aigües.
15h – Samuele
Sous les premières gouttes de pluie Samuele a pris la relève. Elle n’avait pas peur de la pluie, pas plus que du monde qu’elle confronte le sourire aux lèvres. Avec le mordant qu’on lui connaît, elle a présenté les pièces de son premier long jeu sorti en avril dernier : Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent. Le contrebassiste Alex Pépin complétait le portrait tantôt en assurant le rythme, tantôt en complétant la mélodie à l’archet.
La prestation de l’auteure-compositrice-interprète a eu un effet électrifiant sur la foule, qui se laissait porter autant par son énergie débordante que par la force des mots qu’elle nous balançaient sous forme de slam, entre les pièces. En touchant à des sujets de son univers musical, ces poésies urbaines avaient de quoi renverser.
16h – Maxime Auguste
Maxime Auguste a pris la relève et l’atmosphère a encore été transformée. On s’est retrouvés au calme, au chaud malgré les nuages, comme autour d’un feu de camp. En formule réduite, il était accompagné par Philippe Caron Turbide au clavier et à la voix alors qu’ils se partageaient les percussions. Armé d’une guitare l’auteur-compositeur-interprète déballait ses chansons country-folk honnêtes aux textes à la fois ludiques et touchants.
Les interactions entre les musiciens et le public se sont aussi faites sous le signe de la bonhommie. Maxime Auguste présentait son univers, ses thèmes et ses chansons, qui revêtent toutes une couleur unique. Le public écoutait attentivement et son enthousiasme timide est vraiment ressorti lors de Mon équipe, alors que l’artiste nous a fait tous collaborer pour crier ensemble.
17h – Lydia Képinski
Le soleil est ressorti juste à temps pour la prestation de Lydia Képinski. Il a attiré avec lui un maximum de spectateurs, comblant les espaces derrières les chaises et les transats installés pour l’occasion. En formule trio, l’artiste a fait d’emblée s’envoler son électro-pop franco aux tranchants rock.
Plus que réjoui, le public a semblé être impressionné par la musique de Lydia Képinski. Ses arrangements travaillés ainsi que ses textes poétiques ont la particularité de sortir du lot dans un style qui est beaucoup exploité de nos jours. On ne peut pas comparer Lydia Képinski à quelqu’un d’autre : c’est ce qui fait la force de sa musique. Il faut aussi dire que sa reprise unique de Les temps fous a su lui gagner quelques admirateurs.
Même si on la connaît plutôt bien (allez chercher son nom dans notre site web, pour voir), on a eu la belle surprise d’un set où les chansons inédites dominaient. On a pu entendre ou réentendre des titres tels que Les routes indolores (qui ne me sort plus de la tête) ou encore Pie IX. Titres qui, on l’espère, sont le présage d’un éventuel album complet.
Les chemins d’écriture – Café du Fjord
La température ayant épargné Les Alliances, elle a cependant fait opérer ensuite une sorte de magie différente: c’est donc bien à l’abri dans le Café du Fjord, la pluie battant contre les vitres, qu’on a assisté à la performance conjointe des huit artistes émergents des chemins d’écriture.
Cette quinzième édition se faisait nouvellement dans le cadre de Destination chanson fleuve, un parcours qui réunissait déjà depuis près d’un mois les auteurs-compositeurs-interprètes dans différents ateliers et spectacles ayant lieu à Montréal, Québec, Tadoussac et à Petite-Vallée. Cela a sans doute contribué, avec l’aspect intimiste du café, à créer cette atmosphère chaleureuse qui régnait autant entre les artistes que dans le public.
Se succédant les uns aux autres, chaque fois largement encouragés par le public, les artistes ont présenté tantôt des compositions solo, tantôt des duos. Ils s’entraidaient, se passaient le micro et s’accompagnaient à divers instruments. On les sentait très soudés, comme nous l’expliquait leur présentateur. Les artistes nous ont ainsi respectivement fait plonger dans leurs mondes dans une panoplie de styles qui ratissaient bien large.
On a pu apprécier la poésie imagée et la guitare rythmée de Simon Daniel. Les compositions d’Étienne Fletcher nous transportaient loin sur la route ou dans nos souvenirs. Marie-Claudel Chenard (a.k.a. MCC) nous a impressionné avec sa voix claire, son jeu de guitare élaboré et son univers original. Rose Bouche brodait des envolées vocales travaillées sur fond de pop sentimentale. Les chansons légères de Boule nous racontaient l’été de Normandie et ses altercations avec les bouffeurs de pizza. La voix grave et traînante de Lou-Adriane Cassidy se mariait à la perfection à celle, vaporeuse, de Laura Babin. Il y avait aussi un dialogue entre leurs univers, chargé en émotions pour le premier et riche en poésie pour le second. On a retrouvé un Juste Robert heureux de partager son univers inexplicablement touchant avec de jeunes passionnés.
Bien rodés, les musiciens ont enchaîné le tout sans anicroche et le résultat d’ensemble s’est avéré impressionnant. Définitivement, la cuvée 2017 des chemins d’écriture était remarquable, et on se doute que la camaraderie entre les recrues y soit pour quelque chose.