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  • Critique : Filter – « The Sun Comes Out Tonight »

    Filter-The-Sun-Comes-Out-TonightNostalgique des années 90? De l’alternatif-industriel? Des années phares de Nine Inch Nails, Marilyn Manson et Stabbing Westward, pour ne nommer qu’eux? Eh bien, si vous l’avez manqué à sa sortie en juin dernier, il est grand temps de vous procurer le dernier album de Filter!

    Si, de son côté, Trent Reznor a musicalement grandement changé depuis Broken et The Downward Spiral, Richard Patrick offre avec The Sun Comes Out Tonight la suite logique à Short Bus et Title of Record. Après avoir erré pendant quelques albums s’échelonnant sur une décennie (le décevant The Amalgamut, le plutôt moyen Anthems for the Damned et le pas tout à fait The Trouble with Angels), Filter revient en force avec ce nouvel opus. On y retrouve toute la rage et l’énergie d’antan, avec une plus grande maîtrise des thèmes et une plus grande unité au sein de l’album. Le groupe a certainement gagné en maturité, mais il ne semble avoir rien sacrifié de sa formule initiale. Un vrai délice pour les fans et les nostalgiques du genre!

    Pour ceux qui trouveront exactement ce qu’ils cherchaient dans cet album, celui-ci s’ouvre ironiquement sur « We Hate It When You Get What You Wanted ». Le ton est instantanément donné : alternatif, électro, industriel, la voix parfois mélodieuse de Patrick, et ses cris parfaitement contrôlés, sans oublier une touche d’obscénité avec un « Motherfucker » bien placé. « What Do You Say » lui succède et rappelle la sonorité générale des premiers albums, sans oublier le classique « Hey Man Nice Shot ». Après ces deux coups puissants, Filter enchaîne en douceur avec « Surprise », l’une des balades de l’album. Une fois de plus, de vieux incontournables comme « Take a Picture » reviennent en tête, mais la nouvelle chanson est toute aussi efficace que les succès souvenirs. Et le rythme de l’album ne semble aucunement brisé : l’enchaînement des balades et des morceaux plus endiablés se fait à merveille.

    Quelques autres point forts : « Self Inflicted » et « Take That Knife Out of My Back », qui brillent par leur violence, et « It’s My Time », une balade incroyablement touchante sur la peur de la maladie ou d’un autre mal. Le « Please, not me… » de Patrick résonne telle une prière, avec force et émotion, et bouleverse à chaque fois. Heureusement, « It’s Just You », une chanson lumineuse remplie d’espoir, lui succède et termine l’album.

    En somme, ce dernier opus de Filter est un nouvel incontournable de leur discographie. Moi qui préfère Title of Record, je place The Sun Comes Out Tonight en solide deuxième place. Et peut-être même en première place, selon l’humeur, puisque ce nouvel album triomphe là où peu d’albums de ce genre excellaient dans les années 90 : thématiquement, il n’est pas composé que de rage et de déprime, mais offre plutôt, par moment, quelques moments positifs. Et cela fait toute la différence.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=vS6PTb0A9vU&w=480]

    Ma note : offset_9

    Stéphane Desjardins

    30 septembre 2013
    Albums
    9/10, Critique, Filter, septembre 2013, The Sun Comes Out Tonight
  • Critique : Placebo – « Loud Like Love »

    PLACEBO_LOUD-LIKE-LOVE

    Depuis les débuts du groupe, Placebo a chez moi un effet quasi instantané à chaque sortie d’album : j’accroche aussitôt, je deviens accro aux nouveaux morceaux, et le nouvel opus devient ma nouvelle pierre angulaire du groupe. Bien sûr, la nostalgie me fait revisiter mes classiques et les vieux albums, mais assurément, plutôt que l’effet placebo, je plane sur l’effet « nouveau ».

    LOUD LIKE LOVE ne fait pas exception. Après quelques écoutes, ce qui frappe le plus, c’est le souci de finition et de cohésion de l’album. D’une part, on sent que Placebo offre un produit de plus en plus léché, sans toutefois tomber dans la surproduction, et sans nier pour autant leurs origines rock à l’état brut. Cet aspect très soigné se retrouve également dans leurs clips, et LLL en offre plusieurs. Celui du premier single, avec Bret Easton Ellis et un clin d’œil à la Vénus de Milo des Simpson, vaut le détour. D’autre part, tandis que LLL s’avère plutôt bref avec ses dix chansons, il gagne en force par son unité. L’écoute terminée, on en veut plus, et on réécoute.

    Fidèle à ses traditions, Placebo renoue sur LLL avec certaines paroles des plus marquantes, frappant par une certaine originalité et une touche quasi publicitaire. Dans la même veine que « A friend in need is a friend indeed, A friend with weed is better », le premier single, « Too Many Friends », accroche avec sa première déclaration choc : « My computer thinks I’m gay ». Si de telles formules peuvent paraître très légères, ce n’est qu’un voile qui cache des sujets plus sombres et plus sérieux. Un peu à la manière du « Quelque chose de rectangulaire » de Jérôme Minière, « Too Many Friends » remet en question l’ère des réseaux sociaux et des amitiés virtuelles. Pour sa part, « Bosco », dernière balade déchirante et mélancolique de l’album, est petit chef d’œuvre sur l’alcoolisme et ses effets sur le couple.

    En fait, si l’album se veut « loud like love », c’est que l’album brûle d’un désir de s’exprimer, de partager ce qui nous dévore de l’intérieur. La réussite de l’album, avec une telle thématique, c’est de ne pas sombrer dans le simple défoulement, ou la rage, mais plutôt de toucher, et d’inclure chacun dans un « nous » fort et répété : « We are loud like love! » À son meilleur, Placebo se veut thérapeutique.

    En somme, un album à la fois sombre et lumineux, aux rythmes alternatifs plutôt lisses et parfois plus abrasifs (« Rob the Bank » et « Purify » en sont de bons exemples), et aux balades intimes et touchantes. Un bel ajout à la discographie du groupe, qui s’y inscrit sous le signe de la continuité.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=Y5cZvbOisk4&w=480]
    Site Web : http://www.placeboworld.co.uk/

    Ma note : offset_8

     

    Stéphane Desjardins

    19 septembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, loud like love, placebo, septembre 2013
  • Critique : Nine Inch Nails – « Hesitation Marks »

    NIN - Hesitation MarksLes fruits de l’hésitation

    De celui qui a martelé pendant plusieurs années « Nothing can stop me now », Hesitation Marks surprend d’abord par son titre. Fort d’une œuvre bien établie, Trent Reznor semble en effet bien peu hésitant dans ce neuvième album de Nine Inch Nails.

    Après une courte introduction instrumentale aux sonorités étranges, une véritable tradition pour le groupe, l’album ouvre avec force sur Copy of A. NIN y brille aussitôt par sa maîtrise de la superposition successive de rythmes électros. La progression est rapidement entraînante, et ce titre, pourtant moins violent que pouvait l’être Mr. Self Destruct, Somewhat Damaged, The Beginning of the End ou 1,000,000 en tant qu’ouvertures des albums précédents, est d’une force et intensité des plus envoûtantes.

    Suit aussitôt Came Back Hunted, premier extrait de l’album, qui séduit par sa nouveauté et sa familiarité. Ici comme ailleurs sur l’album, on croit être en présence d’un hybride : une touche de The Fragile, un air de Year Zero, un écho de With Teeth… Une formule qui varie d’une pièce à l’autre, sans vraiment sombrer dans un moule ou un modèle prédéfini.

    Avec All Time Low, un véritable tour de force, NIN explore des rythmes plus funk, tout en rappelant un brin Capital G, qui déjà sortait du territoire musical habituellement ratissé par le groupe. La pièce semble même inclure un clin d’œil, intentionnel ou non, à une célèbre mélodie des jeux Final Fantasy.

    D’autres parallèles se succèdent : un rythme électronique plutôt minimaliste rappelant le Radiohead des dernières années traverse Disappointed, tandis qu’un certain air de The Cure est au cœur d’Everything, rare morceau de NIN chargé positivement.

    Various Methods of Escape, tantôt calme et plaignard, tantôt puissant et rempli d’espoir, partage cette même veine positive. Véritable chanson d’affirmation, cette pièce place les guitares au premier plan, une utilisation bien précise sur cet album aux multiples textures, et devient ainsi un des moments forts du disque.

    Running, aux rythmes pratiquement tribaux, rappelant certains Ghosts, lui succède et emprunte un tout autre parcours, sans toutefois perdre d’efficacité. En outre, c’est sans doute le moment de l’album où NIN se rapproche le plus de How to Destroy Angels.

    Somme toute, Hesitation Marks guide son auditeur d’une sonorité à l’autre, et pourrait sembler hésitant dans ses expérimentations et sa variété. Mais lorsqu’on place l’album dans le contexte de l’œuvre, l’hésitation vient du processus de création de l’album en soi, du chemin qui a mené, de 1988 à 2013, à Hesitation Marks. L’hésitation est un constat de Reznor sur sa propre œuvre. Ce qu’il révèle sur Find My Way, morceau le plus intime de l’album, est d’une part un regret, d’une part une errance : “You were never meant to see /All those things inside of me / (…) I have been to everyplace / I have been to everywhere / I’m just tryin’ to find my way”. On sent donc une longue et profonde réflexion chez Reznor, une quête à tâtons qui a conduit à apprentissage et une expérience de vie. S’il emprunte ici et là à ses anciens albums, et s’il en ignore certains autres, c’est qu’alors qu’il se cherche continuellement, il arrive aussi parfois à se trouver. Tandis que certains fans ont instantanément monté aux barricades à l’écoute de certains des nouveaux titres, les accusant essentiellement de ne pas être The Downward Spiral, plusieurs autres ont rapidement su apprécier la nouvelle maturité du groupe. Une hésitation qui en vaut la peine, donc, puisque l’album est sans doute l’un des meilleurs et des plus cohérents du groupe depuis The Fragile.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=TgwrxcO48N8&w=480]

    Stéphane Desjardins

    3 septembre 2013
    Albums, Non classé
    Hesitation Marks, Nine Inch Nails, septembre 2013

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