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    [ALBUM] PONCTUATION – « LA RÉALITÉ NOUS SUFFIT »
    poncutoi
    PONCTUATION La réalité nous suffit (Bonsound)

    Dès les premières secondes de leur nouvel opus, le duo fraternel originaire de Québec révèle qu’il a pris de la maturité sans toutefois perdre l’aplomb qu’on lui connaît. La poésie empreinte d’une sagesse urbaine plutôt décalée proposée par le compositeur et parolier Guillaume Chiasson prend le dessus sur l’urgence de dire, des réflexions existentielles et sentimentales avec des pointes de surréalisme nourrissent les textes, alors que la nervosité des rythmes et des mélodies du 27 Club ne se retrouve ici que parcimonieusement. Si on constate que la cadence est souvent diminuée par rapport à ce qu’elle a pu être sur leurs parutions précédentes, qui incluent, outre le premier album susmentionné, une cassette et un 7″, on ne s’ennuie toutefois pas à l’écoute des dix titres proposés ici. Rapidement, on constate que les rythmes proposés par Maxime Chiasson se diversifient, d’autres types de grooves s’y installent et le tout est mieux à même de servir les nouvelles avenues sonores explorées dans leurs compositions.

    Guillaume (guitare et vocaux) et Maxime (batteries et percussions)
    Guillaume (guitare et vocaux)                                                            et Maxime (batterie et percussions)

    Peu après sa création, le duo PONCTUATION s’est mis à attirer l’attention et à savoir quoi en faire. L’arrivée des deux premiers titres dans les bacs des radios communautaires et étudiantes a été accueillie comme une bouffée d’air frais que, semble-t-il, l’on attendait depuis belle lurette. Rapidement, les performances se sont multipliées et sont rapidement devenues des incontournables partys à Québec. Le duo a tout pour conquérir les mélomanes aguerris et faire danser les néophytes, leurs chansons sont comme du plaisir en barre et portent une grande richesse malgré leur dépouillement habituel. Le son rock garage à ascendance psychédélique, les constructions accrocheuses mais bien fignolées qui nous restent en tête après qu’elles nous aient fait réfléchir et danser, tout ça a bien entendu contribué à leur succès critique et populaire. Toute l’expérience acquise a manifestement porté fruit: la complicité et le professionnalisme des deux frères leur ont permis d’enregistrer par eux-mêmes l’album au Pantoum, ce fameux studio-local-salle de concert-appartement situé à cheval entre St-Roch et St-Sauveur à Québec. On se doute que pas mal d’heures de studio ont pu rendre possible cette évolution du son du duo, grâce entre autres à l’aide des de Jean-Etienne et Jean-Michel du Pantoum, qui ont pu conseiller les frères lorsqu’ils ont décidé de faire pour La réalité nous suffit ce que Howard Bilerman et Greg Smith du mythique studio Hotel 2 Tango avaient fait pour 27 Club. Cette fois, pour tout faire eux-mêmes, ils ont dû se présenter beaucoup de fois au studio sur une période de six mois afin de composer et enregistrer ce nouvel opus.

    Côté sonorité, on se retrouve en terrain connu mais avec une cartographie plus révélatrice. Les avenues pop et psychédélique sont empruntées avec plus de concision, le lo-fi cède tranquillement la place à la recherche de diverses tonalités de guitare qui contribuent chacune à leur manière à cette courte-pointe musicale (et visuelle, gracieuseté de Louis-Alexandre Beauregard qui s’est occupé des illustrations sur la pochette et de Thomas B. Martin qui a orchestré la présentation). L’exploration sonore s’articule autour de nouveaux outils aussi, utilisés avec modération mais venant chaque fois ajouter des variantes subtiles et témoigner d’un souci du détail. Des percussions, du synthétiseur pour créer entre autre un son de marimba : autant d’éléments qui étaient étrangers à l’univers sonore des frères Chiasson mais qui raffinent les pièces avec cohérence et constituent des ajouts logiques à leur éventail. Une pièce instrumentale placée vers la fin du disque ainsi que la pièce qui lui succède sont en quelque sorte l’apogée de cette évolution créatrice.

    L’album a toutefois le défaut de ses qualités : les titres sont variés et constants, mais aucun d’entre eux ne se démarque du lot autant que sur les efforts précédents, qui semblaient plutôt construits autour de pièces phares qui servaient de noyau dur et de cartes de visite aux parutions. Quelques pièces excellentes restent en tête davantage que les autres, comme la chanson titre notamment, mais elles ne sont pas le type de compositions que l’on a nécessairement envie de mettre sur repeat, tant la tentation est forte de réécouter à nouveau l’album dans son intégralité.

    Des formations qui proposent du rock aussi cool que substantiel, disons qu’il n’y en a pas des masses pas dans le paysage musical québécois, surtout en français, ce qui fait qu’on apprécie doublement la présence de ce duo qui compte parmi les fleurons du rock à Québec. Nourrie par le passé et tournée vers le futur, la formation n’a probablement pas fini de nous transmettre l’énergie contagieuse qu’on trouve dans leur musique. Avec cette oeuvre aboutie qu’est La réalité nous suffit, PONCTUATION prouvent encore une fois qu’ils méritent leur place parmi les grands du rock francophone actuel au Québec, leur place sur scène dans le cadre des principaux festivals de la province et leur place dans le catalogue Bonsound.

    Le disque, pré-lancé au Knock-Out à Québec dans le cadre du record store day, (et disponible en quantité limitée chez d’autres disquaires de la province) devrait arriver officiellement dans les bacs le 28 avril et a été précédé d’un mois par le clip de l’extrait « Météo ». Une demie-douzaine de dates à travers le Québec sont à prévoir d’ici le 30 mai et une place dans une des meilleures soirées du FEQ 2015, aux côtés de Black Lips et Metz à l’Impérial le 12 juillet leur est réservée, vous avez donc des inscriptions à faire dans vos agendas avec des gros points d’exclamation à côté.

    [bandcamp width=100% height=120 album=2742787708 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

    http://www.bonsound.com/

    François-Samuel Fortin

    21 avril 2015
    Albums
    Bonsound, EnVedette, La réalité nous suffit, Ponctuation
  • [ALBUM] SUUNS & Jerusalem In My Heart

    [ALBUM] SUUNS & Jerusalem In My Heart

    Qu’arrive-t-il lorsque deux projets montréalais unissent leurs force le temps d’une session studio d’une semaine? Une collision entre deux univers sonores assez riches dont les protagonistes sortent non seulement indemnes, mais grandis.

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    Radwan Ghazi Moumneh de JIMH (au centre) entouré des membres de SUUNS.

    C’est exactement ce qui est arrivé lorsque le quartet anglo-montréalais SUUNS s’est retrouvé en studio avec leur ami de longue date Radwan Ghazi Moumneh, l’homme à tout faire derrière la musique de Jerusalem In My Heart, un duo complété par un projectionniste. Ils ont uni leurs forces pour composer et enregistrer un projet collaboratif visant à faire bénéficier leurs créativités respectives d’une rencontre au sommet. Bien que l’enregistrement remonte à 2012 et qu’un premier concert commun ait été tenté dans le cadre de Pop Montreal 2013, il a fallu attendre le printemps 2015 pour en voir la publication. Ça s’est passé sur l’étiquette Secretly Canadian, une étiquette américaine reconnue pour dénicher des artistes à la fois très originaux et divertissants, comme Animal Collective ou Here We Go Magic. Les artistes ne sont pas demeurés inactifs entretemps, loin de là. SUUNS nous a offert Images du futur en 2013, le second album complet depuis la fondation du groupe en 2006, après l’excellent Zeroes QC en 2010. De son côté, Radwan Ghazi Moumneh a lancé son premier effort solo, l’ovni musical dénommé Jerusalem In My Heart, en plus de continuer son travail d’ingénieur de son au studio Hotel 2 Tango, qu’il a co-fondé avec des membres de Godspeed You! Black Emperor. Ces derniers ont également fondé l’étiquette Constellation Records sur laquelle l’album de JIMH, Mo7it Al-Mo7it, est également paru en 2013.

    Alors que la musique du quartet est généralement construite à l’aide d’une masse de synthétiseurs (Max Henry), de guitares abrasives (Ben Shemie) et de rythmes tissés serrés propulsés par une machinerie rock psychédélique réglée au quart de tour (Liam O’Neill à la batterie, et Joseph Yarmush à la basse), celle de l’ingénieur de son est davantage mystérieuse, déconstruite, fascinante et évocatrice. Bien que les moyens diffèrent grandement, l’effet de leurs compositions respectives est similaire: on se trouve envoûté, captivé, hypnotisé par la musique et ramenés à nos esprits par des vocaux à la fois fragiles et sensuels, aussi assumés dans le style qu’ils semblent vulnérables et chargés d’émotion dans l’exécution.

    Sur l’album, tout simplement intitulé SUUNS & Jerusalem In My Heart, on trouve des pièces qui semblent être tantôt davantage l’oeuvre des uns, tantôt celle de l’autre. La pièce « Self » par exemple nous montre ce qui arrive quand une pièce de JIMH intègre des rythmes dansants et des sonorités électro, avec un résultat qui n’est pas sans rappeler la musique du légendaire Omar Souleyman. Lorsque c’est plutôt le son de JIMH qui vient influencer une pièce où l’on devine davantage l’influence de SUUNS, on se retrouve avec un drone très électrique et répétitif qui évoque la musique des non-moins légendaires gars de Godspeed. Sur certains morceaux, les coutures sont moins nettes et on se retrouve avec un bel hybride de leurs univers, comme sur « Gazelles in flight », la pièce proposée comme premier extrait accompagné d’un clip. Chacun semble donc bénéficier du contact de l’autre pour intégrer des nouvelles sonorités et des nouveaux procédés à son exercice créatif, en plus de permettre aux deux formations d’élargir leurs publics. La musique indie rock électronique aux accents krautrock de SUUNS rejoint ainsi des mélomanes aux oreilles affûtées et aux esprits ouverts alors que JIMH peut faire contribuer la richesse de ses explorations sonores au sein d’oeuvres construites sur des bases rythmiques plus conventionnelles.

    Le fruit issu de la rencontre ouvre l’appétit, la musique qui en résulte nous fascine, mais on reste un peu sur notre faim. Le projet, très prometteur, semble parfois inachevé, ce qui nous permet toutefois d’imaginer à quoi il aurait pu ressembler avec un séjour prolongé en studio. Parions que les concerts aideront les collaborateurs à développer leur complicité. Chose certaine, on attend avec impatience les prochains albums des différents protagonistes et d’y évaluer l’impact de cette rencontre sur les trajectoires de chacun. D’ici là, on se prépare pour la performance prévue le 14 mai prochain au Colisée de Victoriaville, dans le cadre de la 31e édition du Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville.

    Screen shot 2015-04-13 at 2.22.30 PM

    Liens pertinents:
    secretlycanadian.com/artist.php?name=suuns
    cstrecords.com/jerusalem-in-my-heart

    François-Samuel Fortin

    14 avril 2015
    Albums
    EnVedette, jerusalem in my heart, suuns
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