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  • Critique express : Salomé Leclerc – « Arlon / Vers le sud »

    Critique express : Salomé Leclerc – « Arlon / Vers le sud »

    On l’attendait ce printemps, mais les fans de Salomé Leclerc (j’en suis, vous le savez) devront attendre jusqu’à la fin du mois de septembre pour entendre 27 fois l’aurore, le deuxième album de la talentueuse auteure-compositrice-interprète. Question de nous mettre l’eau à la bouche, Leclerc nous a offert le 30 avril dernier deux chansons que vous pourrez trouver en vinyle chez votre disquaire ou en format numérique un peu partout : Arlon et Vers le sud.

    Salomé LeclercSi ces deux chansons sont le moindrement représentatives de ce que 27 fois l’aurore nous réserve, il va y avoir des flammèches! Tout d’abord, sur Arlon, il y a ces synthés, subtils mais omniprésents, qui se marient à la guitare et à la voix (toujours unique) de Leclerc. Ça demeure du Salomé Leclerc, mais on sent ici toute la volonté de repousser les limites du terrain de jeu. Quant à Vers le sud, c’est une chanson plus douce, introspective, un espèce de synthé-voix fort agréable, qui demeure du Leclerc dans l’esprit tout en lui permettant de sortir de cette petite boîte folk dans lequel elle aurait pu demeurer enfermée.

    Quiconque suit le parcours de Salomé Leclerc depuis un bout de temps sait que cette jeune femme choisit rarement la facilité. Elle a pris tout son temps avant de faire paraître Sous les arbres, qu’elle a enregistré en France avec Emily Loizeau derrière la console. Il semble que 27 fois l’aurore sera un nouveau voyage, complètement différent du premier, au cours duquel Leclerc nous fera entendre (et voir dans nos têtes) de nouveaux paysages. Si elle nous donne raison, 27 fois l’aurore sera un des albums marquants de 2014 au Québec.

    On aura la chance de voir Salomé Leclerc sur les Plaines en première partie du spectacle hommage à Félix le 3 juillet prochain, en ouverture du Festival d’été. Pour ceux qui ne pourront pas y être ou qui auront choisi un autre parcours, le lancement de l’album aura lieu au Théâtre du Petit-Champlain le 2 octobre.

    Quant aux Montréalais, eh ben, vous avez rendez-vous avec Leclerc le 17 juin dans le cadre des Francofolies.

    [vimeo http://vimeo.com/92256466]

    Salomé Leclerc – « Arlon/Vers le sud » (Audiogram)

    Jacques Boivin

    13 mai 2014
    Albums
    Arlon/Vers le sud, Salomé Leclerc
  • Critique : Cindy Bédard – « Fille du vent »

    Critique : Cindy Bédard – « Fille du vent »

    La plupart des lecteurs urbains de ce blogue ne le savent peut-être pas, mais s’il y a un genre qui vend des disques, c’est bien le country. Bon, peut-être pas à Québec et à Montréal, mais en région, ça a toujours été populaire. Jamais à la mode, jamais démodé. Plus près de nous (les zurbains), le grand public a longtemps pu goûter aux pièces d’Isabelle Boulay et Laurence Jalbert, qui chantent des pièces qui se rapprochent beaucoup du genre. Même dans les coins cool et branchés de nos villes, le country commence à avoir ses fans, grâce à des artistes qui n’ont pas eu peur de se mouiller comme Mara Tremblay (et ce qu’elle a longtemps appelé son country-trash, heureux mélange de sensibilité et des guitares sales d’Olivier Langevin), ou à des artistes plus folk qui nous rapprochent de cette musique qui a toujours été plus près de nous qu’on le croit (le folk trash de Lisa LeBlanc, le folk folk des Soeurs Boulay, le bluegrass de Canailles, le folk expérimental d’Avec pas d’casque). On a même vu des artistes dits émergents ne plus avoir peur de dire qu’ils jouent du country même s’ils y ajoutent un trait d’union (le country-folk de Chantal Archambault, de Dany Placard ou de Tire le Coyote en sont des exemples).

    Cindy BédardArrive Cindy Bédard, une auteure-compositrice-interprète de Saint-Tite qui vient tout juste d’être signée par nul autre qu’Audiogram et qui lancera, le 13 mai prochain, son premier album, le bien nommé Fille du vent.

    Bédard fait du country. Point barre. Du country assumé et assuré. Des chansons tristes, des peines d’amour, des longs voyages, tous les thèmes traditionnels y sont. Des chansons qui débordent de sincérité sans tomber dans la mièvrerie d’une Taylor Swift. N’empêche, on a l’impression que les gars de Saint-Tite ne sont pas très très gentils et que les roadtrips vers la ville ont été nombreux.

    Musicalement parlant, rien à redire, Bédard sait composer de belles mélodies, simples et efficaces et elle n’a rien à envier à de nombreux autres compositeurs plus expérimentés. Parlant d’artistes expérimentés, il faut entendre Paul Daraîche l’accompagner sur J’fais ma luck. Beau. Tout simplement beau.

    Quand on connaît les conditions d’enregistrement des albums country au Québec (parlez-en à MC Gilles), on pourrait croire qu’on mis le paquet pour la belle blonde, qui a confié la réalisation de l’album à Éloi Painchaud. Ce dernier a fait un boulot absolument impeccable sans nécessairement tomber dans le piège de la surproduction. Oui, la réalisation est propre, mais elle laisse toute la place au talent de l’artiste et de ses musiciens.

    Disons-le franchement, Cindy Bédard frappe un grand coup direct au cœur avec Fille du vent, qui devrait connaître un très grand succès populaire en campagne comme en ville. Superbe entrée en matière, tant pour elle que pour vous.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=f-efyrgnUqk&w=480]

    Cindy Bédard – « Fille du vent » (Audiogram)
    8/10

    Jacques Boivin

    12 mai 2014
    Albums
    8/10, Cindy Bédard, Fille du vent
  • Critique : Feathership – « Howl »

    Critique : Feathership – « Howl »

    Disons-le d’entrée de jeu, si vous cherchez quelque chose qui repousse les limites de la musique, Howl, du duo Feathership, n’est pas pour vous. La proposition de Jean-Philippe Sauvé (Jay Pea) et Vincent Blain est se situe dans le folk-pop tout ce qu’il y a de plus traditionnel (ce que j’appelle de la pop de grange), mais les chansons sont extrêmement bien écrites, et surtout, elles sont superbement jouées par le duo, qui s’est entouré d’excellents musiciens pour l’occasion.

    FeathershipDès la première pièce de cet album, on se trouve en terrain connu avec une pièce qui n’est pas sans rappeler City and Colour, Iron and Wine ou Bears of Legend tant dans la mélodie que dans les arrangements. On apprécie la voix de Jay Pea, douce, mais assurée, qui se rapproche parfois de celle de Dallas Green (Howl, Buried Shame), parfois de celle d’un Stuart Murdoch post-2000 (Missing You, jolie incursion dans la chamber pop de Belle and Sebastian).

    Oui, Howl est archi-référentiel, mais ce qui pourrait être un gros défaut est en fait sa principale qualité. Le duo maîtrise parfaitement le genre (et ses nombreux sous-genres, comme en témoigne l’explosive Tumbling et l’électrique Silent Frame, que je conseillerais d’ajouter à toute liste de lecture préparée pour un roadtrip) et on prend un malin plaisir à écouter chacune des pièces. En fait, ma plus grande déception, c’est le fait que l’album ne dure que 31 maigres minutes. Qui passent très, très, très vite.

    Premier album réussi pour Feathership, donc. Retenez bien le nom de ce duo, j’ai l’impression qu’on va en entendre parler longtemps.

    [bandcamp width=100% height=120 album=1507578566 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=1425513886]

    Feathership – « Howl » (Maisonnette)
    8/10

    En passant, si vous êtes à Montréal et que vous souhaitez assister au lancement de l’album le mardi 6 mai à 20 heures, au studio Vox, consultez le lien suivant :

    https://www.facebook.com/events/252558858283233/

    Jacques Boivin

    5 mai 2014
    Albums
    8/10, Feathership, Howl
  • Critique : Fontarabie – « Fontarabie »

    Critique : Fontarabie – « Fontarabie »

    Après presque deux ans de silence, Julien Mineau, le chanteur de Malajube, est sorti de sa caverne cette semaine pour lancer en catimini un nouvel album et annoncer un spectacle au Métropolis dans le cadre des Francofolies. ecouteconc.ca a fait comme à peu près tout le monde et s’est rué sur l’album. Si je vous en parle après plus de deux semaines, c’est tout simplement une question de… temps.

    FontarabieDisons-le tout de suite, Fontarabie n’est pas pour tout le monde. On se trouve à des années-lumière de la grosse pop aux riffs impitoyables de Malajube (quoique j’ai eu quelques pensées pour le mésestimé Labyrinthes, qui pourrait peut-être partager quelques émotions). Non. L’univers orchestral proposé par Mineau ici ressemble plus à du Patrick Watson sur l’acide, à la bande son d’un cauchemar auquel on tient à assister parce que même s’il est effroyable, il nous tient sur le bout de notre siège.

    Non, ce n’est pas parfait, loin s’en faut. Oui, c’est inégal, on parle quand même de Julien Mineau, ici. Mais c’est beau. Terriblement beau. Et ça a permis à Mineau de composer ce petit bijou instrumental qu’est la pièce-titre, qui donne des frissons à coup sûr.

    Une drôle de bibitte, que ce disque, qu’on apprend à apprivoiser lentement. Très, très lentement.

    Le contraire de la facilité. Respect, Julien.

    [bandcamp width=100% height=120 album=10148156 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=2044963396]

    Fontarabie – Fontarabie
    7/10

    Jacques Boivin

    1 mai 2014
    Albums
  • Critique : Philippe B – « Ornithologie, la nuit »

    Critique : Philippe B – « Ornithologie, la nuit »

    L’auteur-compositeur-interprète-réalisateur Philippe B nous avait déjà gâtés il y a quelques années avec son superbe Les variations fantômes, truffé d’échantillonnages de musique classique et d’une pas pire lourdeur sur le plan du drame. Pour Ornithologie, la nuit, le nouvel opus qu’il propose aujourd’hui, l’artiste a eu envie de faire les choses un peu plus simplement, tant sur le plan musical que sur le propos.

    Philippe BPhilippe B a façonné Ornithologie, la nuit comme une fiction autobiographique où l’auditeur suit un personnage (appelons-le Philippe B) la nuit pendant un an, de l’automne à l’été. Le résultat : 14 petites histoires nocturnes, 14 petites anecdotes racontées un peu à la manière de Woody Allen, 14 chansons douces, mais remplies d’émotions.

    Sur le plan de la musique, rien à dire. Philippe B s’est surpassé. Les oreilles de l’auditeur apprécieront tant la simplicité de la mélodie et des arrangements que leur sincérité et les émotions suscitées. Cependant, cette musique ne prend tout son sens que lorsqu’elle est accompagnée des paroles savamment écrites par Bergeron. Par exemple, la musique de Calorifère est mélancolique, mais les paroles qui l’accompagnent sont carrément tristes.

    Philippe B a voulu qu’on écoute cet album comme on observe les oiseaux, et ça paraît. Si, au départ, on a du mal à bien saisir l’animal, on s’attache toutefois au personnage qui évolue au fil de l’album. On le voit passer de la tristesse du Biscuit chinois à la lumière de Nous irons jusqu’au soleil, jusqu’à la fausse libération (succédée d’un emprisonnement) dans Lucioles.

    Ornithologie, la nuit est un bel album, une oeuvre complète qui demande de l’attention pour être appréciée à sa juste valeur. On s’assied, on écoute et on savoure l’histoire qui se déroule entre nos deux oreilles. Oeuvre artistique complète. Travail de maître artisan.

    À écouter la tête et le coeur ouverts.

    [bandcamp width=100% height=120 album=1748103071 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=48334438]

    Philippe B – « Ornithologie, la nuit » (Bonsound)
    8/10

    Jacques Boivin

    22 avril 2014
    Albums
    8/10, Ornithologie la nuit, Philippe B
  • Critique : Les Hay Babies – « Mon homesick heart »

    Critique : Les Hay Babies – « Mon homesick heart »

    Vous avez sûrement entendu parler de ces trois charmantes filles du Nouveau-Brunswick qui jouent du folk avec un accent tout ce qu’il y a de plus charmant. Vous les avez même probablement entendues sur leur EP Folio, paru en 2012. Après trois tonnes et quart de spectacles un peu partout, voilà Katrine Noël, Julie Aubé et Vivianne Roy avec leur premier album, Mon homesick heart, qui met en valeur les nombreux talents du trio.

    Hay BabiesLa musique des Hay Babies est tout sauf déroutante. On se tient dans les limites de la folk-pop accessible (mon terme préféré, « pop de grange », serait approprié dans le cas présent) et les fans de Lisa LeBlanc, des soeurs Boulay et de Mumford and Sons ne devraient pas être trop déstabilisés.

    Cependant, les filles ont quand même osé aller un peu plus loin que le trio « banjo-ukulélé-guitare-jolies voix en harmonie » et les mélodies proposées attirent nos oreilles qui n’avaient pas tant d’attentes. On a particulièrement aimé des pièces comme Trop frette, qui donne des frissons, et Des fois j’me demande, une vraie de vraie chanson country moderne qui manque si cruellement dans le paysage francophone.

    On doit absolument applaudir le travail solide de réalisation de François Lafontaine, qui devait trouver une place à ces trois filles-là dans un genre qui compte de nombreux joueurs. Elle est loin l’époque où Mara Tremblay portait seule le genre sur ses épaules. Aujourd’hui, il faut se démarquer et c’est ce que les Hay Babies parviennent à faire. Ajoutez à cela des membres de Patrick Watson et la batterie énergique (et souriante) de José Major, et vous avez un album qui fait vibrer vos tympans… et votre coeur.

    Les membres du trio disent qu’elles voulaient éviter de sonner comme Mumford and Sons. C’est réussi. Il y a déjà plus de variété et de subtilité dans cet album que dans l’ensemble de l’oeuvre de la bande à Marcus Mumford.

    Mon homesick heart a peut-être quelques petites imperfections, comme l’ordre des pièces qui aurait peut-être pu être mieux réfléchi, mais celles-ci ne sont pas assez graves, ni suffisantes, pour déranger l’auditeur.

    Est-ce que les Hay Babies ne seront qu’un feu de paille? Malgré leur jeune âge, Katrine, Julie et Vivianne ont tout ce qu’il faut pour réussir et durer… même si elles ont déjà mis la barre très haute.

    [bandcamp width=100% height=120 album=2513474803 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=1013797861]

    Les Hay Babies – « Mon homesick heart » (Simone Records)
    8/10

    Jacques Boivin

    17 avril 2014
    Albums
    8/10, Les Hay Babies, Mon Homesick Heart
  • Critique : Canailles – « Ronds-points »

    Critique : Canailles – « Ronds-points »

    On avait adoré leur premier album, « Manger du bois », qui était à l’époque un vent de fraîcheur dans un paysage musical qui commençait à peine à se décoincer. Leur mélange de folk, de blues et de cajun un peu sale, qu’on surnomme bluetrash dans certains cercles, détonnait un peu dans ce tsunami d’albums de pop de grange qui déferlait en même temps.

    CanaillesAprès une tournée qui nous a permis de faire connaissance avec la joyeuse troupe, voici Canailles de retour avec son deuxième album, Ronds-Points, qui explore de nombreuses directions tout en ne s’éloignant pas trop de sa zone de confort.

    Le premier simple, Titanic, est plutôt rassurant : Daphné Brissette chante avec l’assurance qu’on lui connaît et les sept autres membres du collectif l’accompagnent joyeusement. Trois minutes quarante plus tard, nous voilà rendus quelque part en Louisiane avec le groupe, juste à temps pour la première des pièces chanté par Dan Tremblay (Daniel « Manche-de-pelle »), qui est à la recherche d’une femme au Coeur de gawa. Une chanson aux mots crus, mais d’une sincérité qui rend le personnage encore plus sympathique.

    Bon, on savait déjà la gang de Canailles capable de faire du bon bluegrass de party, mais sur Ronds-points, c’est vraiment sur les chansons plus lentes et plus tristes que le groupe brille. Les cuivres sur Les grands élans donnent à la chanson une couleur qui n’est pas sans rappeler un autre gentil bum montréalais (Bernard Adamus – merci à Dorothée Nicholls pour le parallèle).

    Quant à Fromage, une pièce de 10 minutes, c’est absolument tout le savoir-faire du groupe qui y passe. Des montées, des descentes, de l’intensité, de la douceur, de la cacophonie, des harmonies, mais surtout une ambiance sombre digne d’un film d’horreur muet dans sa partie instrumentale!

    On sent que le groupe a gagné en assurance et les voix ont pris du galon : Daphné Brissette et Dan Tremblay ne sont pas seuls à prendre les devants, Erik Evans, Annie Carpentier et Alice Tougas-St-Jak ont leurs petites chansonnettes aussi!

    Finalement, Ronds-Points est exactement ça : un carrefour où nos comparses ont regardé à l’horizon dans toutes les directions tout en demeurant fidèles à eux-mêmes. Oui, il y a quelques répétitions, mais en même temps, cet album est beaucoup plus varié que ne l’était Manger du bois. À écouter dans le piton sur la galerie, une petite frette entre les jambes, en regardant passer les machines.

    Le 24 avril au Cercle. Avec les Deuxluxes en première partie. Ça va être la fête!

    [bandcamp width=100% height=120 album=1933867608 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small t=7]

    Canailles – « Ronds-points » (Grosse boîte)
    8/10

    Jacques Boivin

    15 avril 2014
    Albums
  • Critique : Catherine Leduc – « Rookie »

    Critique : Catherine Leduc – « Rookie »

    Comme ça, la moitié féminine de Tricot machine décide de voler de ses propres ailes et nous sort un album solo? Oui et non. Oui, parce qu’il s’agit bien d’un album de Catherine Leduc, très différent des sonorités un peu enfantines de Tricot Machine. Non, parce que son complice de toujours (et moitié masculine du duo)  Mathieu Beaumont est encore omniprésent (réalisation, instruments). De plus, Leduc a fait appel aux excellents Josiane Paradis, Émilie Proulx et Simon Cloutier pour ajouter de la couleur à l’album.

    Catherine LeducPis? Disons-le tout de suite, on ne peut pas être plus loin du gnan gnan naïf de Tricot Machine. Au contraire, dès les premières notes de Les vieux hiboux, on pense à Beck sur Sea Change. Vous trouvez la comparaison exagérée? Pourtant, cette chanson fait a un côté The Golden Age, vous ne trouvez pas? Et ce n’est pas juste à cause de la présence des glockenspiel! La pièce est lente, langoureuse, paresseuse, mélancolique, parfaite pour la journée de neige fondante au cours de laquelle cette critique est rédigée.

    Ça continue avec Houston (qui serait, si j’ai bien compris, le nom du chat de Leduc), un country-folk qui mélange avec brio les formes classiques et les arrangements atmosphériques. On plane doucement, lentement, jusqu’à la prochaine chanson, la sublime Vendredi saint, d’une douce mélancolie qui rendrait vulnérable le plus dur des coeurs de pierre.

    Suit Il faut se lever le matin, un folk aux arrangements complexes qui apporte quelques couleurs vives à un album qui était, malgré toute sa beauté, un peu pâlot. Le combo Préambule/Pee-Wee BB vise droit au coeur et fait mouche. Dans la première, on appréciera les moments où les choeurs répondent à Leduc. Quant à la deuxième, on retombe dans un univers digne de Beck (j’essaie de peser mes mots, mais non, je reviens toujours à M. Hansen). Et la métaphore de hockey… savoureuse!

    Ça se poursuit comme ça jusqu’à Ouvre ton coeur, qui ferme l’album avec un peu de rythme, ce qui est étrange quand on passe tout un album presque sur le neutre. Encore là, on sent un esprit qui s’apparente à celui de Beck dans Little One.

    Si je fais des parallèles avec Beck, ce n’est pas à la légère. Leduc a écrit et composé un album brillant, dans un esprit en tous points semblable à celui de Sea Change. Je ne crois pas qu’elle ait cherché ces comparaisons : c’est une simple question de mood, de mélancolie qui s’avère extrêmement propice à la création. L’album est très court (à peine un peu moins de 37 minutes), mais il semble l’être encore plus tellement le temps passe vite dans cet univers! Planer dans la mélancolie, c’est un art qui n’est pas accessible à tout le monde. Seuls les plus talentueux réussissent. Ici, on peut dire « mission accomplie avec brio ».

    On savait déjà que les membres de Tricot machine avaient beaucoup de talent. Catherine Leduc prouve, avec Rookie, que la petite fille qui nous chantait L’ours est une grande femme qui a tout pour nous faire rêver pendant de nombreux jours de pluie, et ce, pour encore de nombreuses années.

    Du bonbon.

    [bandcamp width=400 height=120 album=1790628873 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small t=7]

    Catherine Leduc – « Rookie » (Grosse boîte)
    9/10

    Jacques Boivin

    13 avril 2014
    Albums
    Catherine Leduc, Lunes
  • Critique : Chloé Lacasse – « Lunes »

    Critique : Chloé Lacasse – « Lunes »

    Tout le monde mérite une deuxième chance. Prenez Chloé Lacasse. J’avais plus ou moins aimé son premier album (y’avait comme un choc entre la voix très aérienne de l’artiste et l’électronique lourd, froid et omniprésent), mais j’avais adoré sa prestation au Festival d’été de Québec l’an dernier.

    Chloé LacasseC’est donc avec un intérêt renouvelé que j’ai plongé dans Lunes, ce nouvel opus que madame Lacasse a coréalisé avec Antoine Gratton et enregistré avec ses complices Gratton, Benoit Bouchard, Vincent Carré, Marc-André Landry et André Lavergne (en plus de la participation du quatuor Orphée, et ses cordes, sur quelques chansons). Et wow, dès les premières notes de Rien pour moi, on sent qu’on est dans un univers complètement différent de celui proposé sur son album homonyme.

    La voix aérienne de la jeune auteure-compositrice-interprète se mêle parfaitement aux mélodies et aux arrangements atmosphériques. Et les paroles… je n’en parle jamais assez dans mes critiques, mais ici, ça en vaut la peine. Chloé Lacasse a une plume superbe. Toujours simple sans être simpliste, imagé tout en laissant la place à l’imagination, comme ici sur Renverser la vapeur :

    Ils sont des milliers un peu comme nous
    Qui en ont assez de se taire et surtout
    Qui rêvent de crier un bon coup

    Musicalement, on a l’impression d’un album bio, truffé d’instruments acoustiques et électriques et marqué par le piano omniprésent de Chloé Lacasse, qui marque autant la mélodie que le rythme. Les cordes sur certaines chansons donnent des frissons, tandis que les synthétiseurs et les ordinateurs se font beaucoup plus subtils.

    Même si dans l’ensemble, l’album est excellent, certaines pièces sortent du lot : Un oiseau dans la vitre est tout simplement jouissive et constitue un excellent condensé de tout ce que je viens de lancer. Voix aérienne, mélodie atmosphérique, mélodie et rythme marqués par le piano… paroles sublimes, vous comprenez le topo. Chloé Lacasse fait dans la haute voltige dans une chanson qui parle plutôt d’embrasser le ciment. Écoute sans parler, plus active, est un brin psychédélique avec ses cordes envoûtantes. J’aime le groove de Le piège, une chanson qui permet à l’artiste de montrer un côté plus animal. Des bidouilleurs auraient probablement beaucoup de fun à la remixer, celle-là.

    Lunes se méritera encore de nombreuses écoutes. Les albums qu’on a envie d’écouter du début à la fin, avec leurs petites lenteurs, leurs montées, leurs descentes, sont rares. En voilà un.

    Stratosphérique.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=tVKkcv_IJmo&w=480]

    Chloé Lacasse – « Lunes » (Vega Musique)
    8/10

    Jacques Boivin

    11 avril 2014
    Albums
    8/10, Chloé Lacasse, Lunes
  • Critique : Katerine – « Magnum »

    Critique : Katerine – « Magnum »

    Oh, là, là, la bibitte, toi! C’est probablement ce que se dirait quelqu’un qui entend Magnum pour la première fois et qui n’a jamais entendu parler de Philippe Katerine auparavant. C’est aussi ce que se dirait un fan de la première heure en se frottant les mains de plaisir et en affichant un grand sourire. Car avec Philippe Katerine, on ne s’ennuie jamais. De Je vous emmerde à La reine d’Angleterre, en passant par Louxor, j’adore, l’artiste français a su se forger un univers unique teinté d’humour et de fantaisie sans toujours se conformer aux diktats de l’industrie.

    KaterineSon album précédent, Philippe Katerine, comptait 24 pièces, mais il ne durait que 50 minutes. Presque tous les exercices de style possibles y sont passé. Quel était son passe-temps pendant qu’on se tapait Philippe Katerine? Enregistrer une reprise par semaine pendant un an avec Francis et ses peintres. Lorsqu’il s’est pointé à Québec pour le Festival d’été 2013, c’était d’ailleurs pour présenter ces reprises au public (qui était un peu surpris). Évidemment, c’était génial pour certains (j’en suis) et pourri pour d’autres.

    L’été dernier, les Français ont droit à un nouveau simple de Katerine : Sexy Cool. Tout le monde s’est posé la question : Ouate de phoque? Tout à coup, Katerine se prenait pour un dieu de la disco rétro! Le deuxième simple, Efféminé, en rajoutait une couche tout en collant « grosses couilles » et « Kinder Bueno » dans le même vers. Enfin, au début de l’année, on a eu Patouseul, une autre chanson dansante aux paroles complètement folles. En même temps, on apprend que Magnum, l’album, sera accompagné d’un film (qui sera présenté le 12 avril sur Canal+ en France… les abonnés canadiens pourront sûrement le voir plus tard).

    Alors, cet album? Tout d’abord, on danse du début à la fin. La musique du compositeur SebastiAn est fluide, quoiqu’elle manque un peu de mordant. C’est funky, c’est disco, ça s’aligne sur Random Access Memories de Daft Punk, mais en beaucoup plus cheap et homogène. C’est parfait pour danser sans se poser de questions ou pour courir un petit 5 km.

    Là où ça se gâte, c’est du côté des paroles. Celles-ci sont tellement peu inspirées, si insipides, on se demande où est passé le génie de 1978-2008 et de poulet no 728 120 (un chef-d’oeuvre méconnu). Oh, ce n’est pas une question de premier, de second ou de dixième degré. C’est simplement une écriture paresseuse, comme si notre ami Philippe avait été obligé d’écrire un album plus accessible.

    C’est triste, parce que quand on sait ce que l’homme est capable de faire, on a de grandes attentes. Qui, cette fois, n’auront pas été satisfaites.

    Pas grave. Le génie est encore jeune, il va sûrement nous arriver, au champ gauche, avec un truc complètement fou. En attendant, on peut toujours danser sans trop se poser de questions…

    Quoique… c’est comment, être comme une frite dans un cornet de frites?

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=qqgPr77ifJE&w=480]

    Philippe Katerine – « Magnum » (Barclay)
    5/10

    Jacques Boivin

    9 avril 2014
    Albums
    5/10, Magnum, Philippe Katerine
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