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    [ALBUM] LE LONG-JEU DE KNLO

    Je commence sérieusement à me demander ce que les gars d’Alaclair Ensemble mettent dans leurs céréales, parce que les exploits se multiplient à un rythme où nous, les gens normaux, arrivons avec peine à les compter. Le pire, c’est que la plupart d’entre eux ont aussi une ptite-moyenne-grande famille et qu’ils préparent la relève humaine de qualité pour demain. Les gars viennent de droper ensemble un album assez génial et très très hip hop en plus de s’apprêter de partir pour un megatour avec Brown et Koriass, puis séparément, ils ont l’air pas mal bookés de leurs bords respectifs aussi.

    D’abord, les deux que je connais depuis le plus longtemps et qui sortent d’Accrophone: Eman sort un album adulé par la critique et couronné à l’ADISQ, Claude Bégin est dans le RougeFM All-star avec ses chansons et celles qu’il a produites pour Karim Ouellet.  Ensuite, Ogden et Maybe font aussi courir (et jumping jacker) les foules à toute vitesse avec leur projet parallèle Rednext Level, mi cour d’école mi neuf à cinq, ça c’est sans compter le fait que Ogden AKA Bobby Nel est aussi derrière le gros succès du Punch Club!, une ligue de street impro qu’il a cofondé et qui a le vent dans les voiles depuis. Également, VLooper est derrière les machines avec Alaclair, mais aussi avec un certain Eman mentionné précédemment, puis aussi, au sein d’un projet avec sa copine Modlee (entendue sur XXL mais aussi dans des projets antérieurs et gratuits sur bandcamp, Flowers, toujours avec VLooper). Enfin, le récemment partiellement rebaptisé, ou reboombaptisé, KNLO, lui aussi père de famille et membre émérite d’Alaclair, en plus d’être membre du K6A (Jam est d’ailleurs au nombre des invités de marque sur l’album).

    Acteur principal d’un court-métrage annonciateur de quelque chose de gros pour l’an 16, KNLO a longtemps été un des beatmakers principaux d’Alaclair Ensemble, étant prolifique à souhait sur les machines et ayant par ailleurs publié une bonne dizaine de volumes d’instrumentaux gratuits, disponibles comme la plupart des projets mentionnés dans cet article au sein de la section « musique » du site alaclair.com Le court-métrage L’an 16 dévoilé plutôt laissait augurer quelque chose de gros et n’a pas menti ou exagéré les traits pour construire le hype: Long Jeu dépasse les attentes, même si tout ce que je connais des gars ont mis la barre très haute, incluant le très récent Frères Cueilleurs publié sur 7ième Ciel, comme l’opus dont il est question ici et celui qu’Eman & VLooper ont dûment ADISQé l’an passé. KNLO, tout comme E&VL et Alaclair Ensemble sur leur plus récent disque, poursuit avec brio la hiphopisation du post-rigodon-bas-canadien.

    Long Jeu, c’est le premier vrrrai album de KNLO malgré plein de belles affaires du passé (Flattebouche c’était un assez bon mixtape pour passer pour un album mais bon), avec une intro qui rappelle les aventures de Canaw Cocotte & Cocotte Pondu Sur les terres d’Armand Viau, c’est à dire que c’est de la nouvelle musique à base de soul et de funk pas mal champ gauche (post-motauwn?). Ça dure à peine une minute, ça se passe en compagnie de la dulcinée Caro Dupont, également membre du groupe Miss Sassoeur & les Sassys qui carbure à ce genre d’harmonieux délires musique-voix, et puis ça reste ancré au plus profond de la tête en plus mettre de bonne humeur. Ensuite, c’est une avalanche de gros hits jusqu’à la fin du disque, à un point tel que les mots peineront certainement à rendre justice à tout ce qui est mis en oeuvre ici.

    Écoutez le premier extrait Justecayinque assez souvent pour avoir tout saisi ce qui se passe et on s’en reparlera. C’est très ludique et très brillant, comme le vidéo qui popularise la pièce aussi, très créatif avec beaucoup d’impact aussi; j’ai pas entendu de tracks aussi dopes depuis longtemps, et j’en envie de l’écouter sur repeat jusqu’à l’an prochain, j’exagère à peine. Les références sont parfois obscures mais toujours judicieuses, on jongle avec les mots, les hommages à des artistes présents et futurs, on jongle aussi avec des sens multiples (le terme « double sens » ne suffisant pas non plus à rendre justice aux prouesses lyricales (je sais que ça se dit pas, lyrical, en français)). Parmi ses acolytes de la troupe de post-rigodon bas-canadien préférée de tout le monde, on retrouve Eman sur l’excellente Merci et Ogden sur l’hallucinante B.B.I.T.C. Les pièces Ville-Marie avec Lou Phelps et Coquillages avec la dulcinée susmentionnée Caro Dupont, c’est aussi deux moments forts de l’album. Je n’entrerai pas trop dans les détails parce que je recommande à tous d’aller voir par soi-même le prodige à l’oeuvre.

    Tous comptes faits, ça va prendre plus que plusieurs écoutes pour digérer cette galette et c’est vraiment pas parce qu’elle est indigeste, au contraire. C’est juste qu’elle est bourrée de tellement de nutriments que nos organismes moyennement évolués doivent s’armer d’une patience bovine pour bien assimiler les ingrédients. Les références et sens multiples qui sont cachés ici et là vous remercieront de votre patience, et préparez vous à être agréablement surpris continuellement sur une assez longue période. « Jamais vu ailleurs des bonnes valeurs de même nahmean. »

    [bandcamp width=100% height=120 album=585323652 size=large bgcol=ffffff linkcol=0687f5 tracklist=false artwork=small]

    À découvrir absolument cette semaine lors des lancements dans la petite et dans la grande ville.

    François-Samuel Fortin

    17 octobre 2016
    Albums, Région : Québec
    Alaclair Ensemble, caro dupont, craqnuques, Eman, Kenlo, knlo, long jeu, lou phelps, modlee, Montréal, ogden, punch club, quebec, Vlooper
  • [ALBUM] ChassePareil et Les oiseaux d’hiver

    [ALBUM] ChassePareil et Les oiseaux d’hiver

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    C’est avec l’arrivée du froid que ChassePareil, un groupe inspiré des grands décors du Saguenay, vient nous réchauffer avec la sortie de leur premier album « Les oiseaux d’hiver ».

    Qui aurait pu penser qu’un groupe composé de cinq jeunes adultes de la vingtaine inspirerait un retour aux racines culturelles québécoises avec un style folklorique bien à eux. C’est au travers de paroles rustiques et une diversité instrumentale que ChassePareil nous accroche en mélangeant tradition et modernité. La tradition se ressent notamment à l’écoute des harmonies entre la flûte traversière de Johanie Tremblay et la mandoline d’Ovide Coudé qui suscite chez l’auditeur un sentiment d’appartenance envers notre culture. Ce côté traditionnel se réfère beaucoup à un style ancien, voire d’inspiration du Moyen Âge, lorsqu’Alexandrine Rodrigue s’emporte dans un solo de guitare acoustique.

    D’un autre côté, les compositions reflètent une modernité en abordant des concepts issus des réalités de la jeunesse d’aujourd’hui.

    Dans la chanson Aéroport, l’amour passager est abordé, thème qui est très récurant chez la génération Y.

    «Je te prends pour un aéroport
    Je décolle de toi pis après je reviens
    J’atterris chez toi.»

    Il y a aussi les pièces Les moissons et Incarnation où l’on sent qu’ils ont toujours un lien d’attachement à leur Saguenay d’origine. On peut ressentir cet attachement dans le vocabulaire choisi dans Les moissons qui se caractérise par des expressions typiques de la région et des pensées qui se rattachent à la nature.

    « Viens marcher avec moi
    Le Fjord est triste à soir
    Et si t’as peur dans le noir
    J’ai des chandelles dans ma froque
    On fera peur au pick up
    En criant comme des buck
    Pis on dormira dans le lit de la rivière. »

    L’attachement se remarque aussi dans les références à leur expérience vécues de la grande ville de Montréal dans Berceuses pour les oiseaux d’hiver ou l’on perçoit une exile involontaire.

    «Taurais du rester dans ton bois chez vous
    Montréal craque sous les roues du bicycle.»

    «Tu t’en vas hiberner dans le métro pis ça sera ta tanière.»

    Autre modernité derrière le style traditionnel est le timbre de musique du monde que l’on retrouve dans les percussions de Pascal Gagnon-Gilbert dans l’intro, Petite ourse, ainsi que Peau d’âne. Ce mélange ethnique se repère également dans la Grande ourse avec des inspirations du Moyen Orient. La voix du contrebassiste Pierre-Antoine dans cette pièce est particulière et calme sur un ton linéaire.

    ChassePareil donne envie de se ressourcer, de faire une pause du rythme quotidien, de se retrouver en famille, de partir vers le chalet. Personnellement, c’est le genre d’album que j’écouterais en plein temps des fêtes en buvant du thé des bois au bord du foyer pendant que ma mère cuisine de la soupe aux pois (qui a dit que c’était seulement Mon beau sapin pis les chansons qui évoque le Christ qui inspirait Noël ?).

    Pour ma part, je ressens une mélodie familière entre chaque chanson qui me fait parfois décrocher avant la fin de l’album. Je crois que ChassePareil peut exploiter une diversité d’instruments, mais on peut constater que la flûte et la mandoline sont plus appréciées par les musiciens. C’est pour cette raison que la chanson Bourgeonne me rejoint, car l’harmonica et la trompette font ressortir des tonalités plus jazz que traditionnelles.

    Aussi, leur nouvelle chanson Kyrie me rappelle les airs instrumentaux de la sommité de la musique québécoise, Harmonium, groupe qui a sans doute influencé l’orientation musical de ChassePareil.

    C’est dans le petit village de Sainte-Rose-du-Nord, aux abords du Fjord, que le groupe a pris son inspiration en réalisant l’album dans un décor naturel d’hiver. Les oiseaux d’hiver a été enregistré dans le garage d’Ovide. C’est peut-être pour cette raison que la musique provoque un sentiment de proximité, du bien-être à la maison.

    Auparavant sous le nom de SweetGrass, ChassePareil a célébré son lancement dans sa région, mais également à la fameuse Auberge de Jeunesse de Tadoussac samedi dernier. L’album est maintenant disponible depuis le 13 octobre sur bandcamp. Bonne écoute !

     

    Marianne Chartier- Boulanger

    14 octobre 2016
    Albums, Nouvelles
    folk, québecois, traditionel
  • [ALBUM] Caravane – Fuego

    [ALBUM] Caravane – Fuego

    Après avoir sillonné presque toutes les routes de la province avec leur album Chien noir, les gars de Caravane sont de retour avec un deuxième album qui confirmera leur statut de rockeurs au coeur tendre, le bien-nommé Fuego.

    À la réalisation, le quatuor a de nouveau fait appel à Guillaume Beauregard, qui avait coréalisé l’album avec Hugo Mudie et le band, ainsi qu’à Guillaume Chartrain (qu’on connaît pour son travail avec Louis-Jean Cormier). Cette fois, Beauregard ne s’est pas contenté de superviser le travail, il a aidé Dominic Pelletier et Raphaël Potvin à peaufiner leurs textes (qui étaient un point faible de Chien noir) afin que ceux-ci s’harmonisent avec les mélodies accrocheuses que Pelletier est capable de pondre presque sans effort. Sur ce point, on peut dire « Mission accomplie ».

    Bien sûr, ce n’est pas encore de la grande littérature, mais dans un contexte rock, ça marche parfaitement et les gars atteignent leur objectif de faire du rock en français qui sonne comme une tonne de briques et qui n’a pas l’air fou dans une liste de lecture composée de gros succès US.

    Faut dire que les gars étaient inspirés : Dominic avait perdu la voix l’année dernière et il s’est tout à coup retrouvé avec beaucoup de temps libre. Night Life. Joies. Peines. Saint-Roch. Amour. Amitié. Des sujets qu’il réussit à faire groover avec son sens de la mélodie. Évidemment, qui dit St-Roch dit aussi scène locale très foisonnante. C’est ainsi qu’on retrouve Gabrielle Shonk et Odile Marmet-Rochefort aux choeurs, Simon Pedneault aux percussions et Maxine Maillet au piano. OUI, AU PIANO.

    Musicalement, on retrouve ce qui avait fait le succès de Chien noir, soit un rock bluesé, quelque part entre les Black Keys (pour ses guitares blues) et Franz Ferdinand (pour son côté extrêment groovy). Sans réinventer la roue (les gars n’ont jamais prétendu le faire), c’est d’une redoutable efficacité et le popotin se shake tout seul, même sur une chaise.

    Le point le plus fort de cet album, c’est justement la belle variété de chansons. Oui, celles-ci sont en grande majorité des tunes rock groovy, mais il y a aussi cette perle, au milieu de l’album intitulée Arago, où Pelletier chante avec une vulnérabilité qu’on ne lui connaissait pas. On y trouve d’ailleurs les plus belles paroles de Fuego :

    Le monde tourne pas assez vite
    Noyé dans l’encre de ma plume
    Mon coeur est un vieux piano
    Tout c’qui en sort sonne faux

    La montée à la fin, avec les choeurs, le piano, pis toutte, donne des frissons. Sérieux!

    Si on n’avait pas détesté Chien noir, on va vous avouer que Fuego nous prend par les tripes. Le rock n’est pas mort. Loin de là. Et il ne s’est jamais aussi bien chanté en français.

    À écouter sans modération.

    Jacques Boivin

    5 octobre 2016
    Albums
  • [ALBUM] O Linea – « O Linea »

    [ALBUM] O Linea – « O Linea »

    La formation rock de Saint-Jean-sur-le-Richelieu O Linea lançait il y a quelques semaines un cinquième album intitulé tout simplement O Linea. Le groupe mené par Julien Vézina propose ici une collection de pièces où les guitares dominent (enterrant même parfois les voix).

    Les 13 pièces ne manquent pas d’entrain, loin de là, on sent l’influence punk derrière l’indie rock mélodique du groupe. Les fans de The Hives devraient d’ailleurs bien apprécier.

    Cette énergie qui traverse l’album, on la ressent dès les premières notes de Casseur de codes, et elle ne nous quitte qu’à la fin de Ton Printemps, qui termine l’album. Vézina y chante comme s’il était branché sur le 220, comme s’il y avait une grande urgence dans ses propos. Seul bémol : O Linea ne prend pas vraiment de répit (même dans les moments plus doux) et la voix de Vézina finit par être un brin monotone. On aurait peut-être aimé quelques moments de répit çà et là, mais il n’y en a pas vraiment. C’est dommage, parce que prises individuellement, les 13 chansons sont toutes bonnes.

    On va donc intégrer O Linea à notre liste de lecture, mais on va y aller à petites doses, question de faire durer le plaisir.

    [bandcamp width=100% height=120 album=79212259 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

    Jacques Boivin

    5 octobre 2016
    Albums
    O Linea, rock, Slam Disques
  • [ALBUM] Lisa Leblanc, « Why You Wanna Leave, Runaway Queen? »

    [ALBUM] Lisa Leblanc, « Why You Wanna Leave, Runaway Queen? »

    Ça commence par une question. Could you at least wait ’til I’ve had my coffee before you break up with me? Y’a même pas 30 secondes de passées qu’on comprend déjà que le deuxième album de Lisa LeBlanc, intitulé Why You Wanna Leave, Runaway Queen?, est dans une classe à part. L’album d’une fille qui a l’air de dire Fuck toute à tous ses ex et qui le fait dans un folk rock trash bien à elle.

    Could You Wait… sonne parfois comme du Lennon. Le petit effet à la voix. Les paroles un brin caustiques. La structure en crescendo plutôt que le bon couplet/refrain/couplet/refrain/bridge/refrain. Même la mélodie super accrocheuse, les répétitions (it’s fine répété 10 fois, suivi de quelques ciao! bye! bien sentis), sérieux, j’ai beau avoir déjà écouté l’album à de nombreuses reprises, je ne me tanne pas de cette chanson qui sent le discours libérateur. Note à moi-même : si jamais je veux crisser Lisa là, le matin, c’est pas l’idéal, elle va me ramasser!

    On continue dans le rock and roll avec la très dansante City Slickers and Country Boys. Lisa chante chante avec une telle assurance, on la voit, sur un stage dans une grange avec une boule disco qui brille de tous ses feux et une bande de villageois qui dansent le rock and roll comme s’il n’y avait pas de lendemain.

    Lisa LeBlanc, La Grosse lanterne 2016
    Lisa LeBlanc, La Grosse lanterne 2016

    Dans Dump the Guy ASAP, une pièce aux accents hawaiiens, Lisa adopte un ton beaucoup plus posé, mais c’est pour mieux faire entrer le poignard. Cette fois, elle s’en prend au copain (qu’on comprend un peu trou du cul) de son amie, qu’elle aimerait bien voir prendre le bord, et ce, de façon peu subtile. Note à moi-même : vérifier si ma blonde est amie avec Lisa.

    I Love You I Don’t Love You I Don’t Know est une autre pièce folk-rock de fille au coeur brisé. La touche du réalisateur Joseph Donovan, qui s’y connait en Canadiana (Sam Roberts), est assez évidente, ici. Et ça va comme un gang à notre Lisa, qui ne se perd pas du tout dans les harmonies vocales de la fin, bien au contraire.

    Bon, Lisa est assez agressive depuis le début, mais elle a quand même ses petits moments d’introspection, comme cette magnifique Why Does it Feel so Lonely (When You Are Around). La solitude quand la personne que t’es supposée aimer est à tes côtés, c’est un feeling assez désagréable, et Lisa le traduit bien dans cette chanson juste assez rugueuse pour ne pas tomber dans le mélo. Note à moi-même : Si jamais Lisa pis moi on est ensemble, passer mon temps à l’extérieur de la maison. Elle va se sentir moins seule.

    Finalement, les histoires de coeur de la vingtaine, ça m’a l’air d’être un maudit beau filon!

    Lisa LeBlanc, La Grosse lanterne 2016
    Lisa LeBlanc, La Grosse lanterne 2016

    (Self-Proclaimed) Voodoo Woman nous emmène du côté du blues. Ça commence tout doucement, mais la fin, avec ses guitares tueuses et les cris (du coeur, bien entendu) de Lisa, vous hérissent les poils assez solidement!

    Arrive enfin Ti-Gars, LA chanson en français de tout l’album. La langue change, mais pensiez-vous que Lisa allait laisser tomber sa mine d’or d’inspiration? Ben non. Ti-gars, il est parti. Pour toujours. Pour tout le temps. Pis surtout, il est parti avec son char. Pis ça, elle le prend pas. C’est simple, mais c’est diablement efficace, surtout avec le rythme marqué par le… triangle! Note à moi-même : Je suis OK, j’ai pas de permis de conduire!

    Sur 5748 km, c’est une Lisa vulnérable qu’on retrouve. Évidemment, c’est LA chanson où elle utilise la phrase « I Love You » (après avoir dit que cette relation à distance est probablement l’idée la plus stupide qu’elle a jamais eue). On sent le motton dans la voix. Nul besoin de vous dire que le motton, c’est contagieux! Note à moi-même : Déménager dans l’Ouest!

    Eh cher (You’ve overstayed your welcome) a un petit côté southern folk qui n’est pas sans déplaire aux oreilles de votre humble serviteur.

    Dead Mans Flats est une pièce instrumentale qui n’a qu’une fonction : nous préparer à la tempête qui suit : Ace of Spades. Oui, oui, la reprise de Motorhead. Lisa prend même le grain qu’on retrouve dans la voix de Lemmy. On l’avait entendue à de nombreuses reprises en spectacle, mais comme ça, sur une galette, on peut apprécier la qualité de cette reprise, que Lisa s’est vraiment appropriée. En spectacle, ça va vraiment brasser! Note à moi-même : Accompagner fiston dans les shows de metal, c’est une bonne inspiration pour la jeunesse!

    Lisa LeBlanc, La Grosse lanterne 2016
    Lisa LeBlanc, La Grosse lanterne 2016

    L’album se termine sur une I Ain’t Perfect Babe, qui ferme la porte sur cette période mouvementée de Lisa sur le plan du coeur. Une autre chanson pleine de vulnérabilité, toute douce, qui annonce une fois de plus de grandes explorations pour cette jeune femme de Rosaireville! L’album, qui se commençait par une question, se termine par une déclaration : T’as raison, je ne suis peut-être pas si mauvaise que ça, mais je dois le constater par moi-même.

    Certaines personnes ont reproché la réalisation proprette de Why You Wanna Leave, Runaway Queen. Pourtant, suffit de mettre le premier album dans le lecteur pour se rendre compte que Louis-Jean Cormier avait lui aussi bien enrobé l’oeuvre. Joseph Donovan a bien réussi à astiquer les pièces sans leur enlever leur personnalité. Ce qu’on entend, ici, c’est bel et bien Lisa LeBlanc telle qu’elle a choisi de se dévoiler. C’est un album très personnel qui établit très bien le contact entre l’auteure et l’auditeur. Les émotions, elles sont sincères, on les ressent d’ici, sans aucun effort. La musique, les paroles, tout nous envahit, nous transporte. Et les 40 minutes de l’album s’écoulent si vite qu’on se surprend de vouloir reprendre l’écoute dès qu’on arrive à la fin!

    Quand elle a sorti son EP, je disais qu’on risquait de perdre Lisa. Les Canadiens, avec qui elle a beaucoup d’atomes crochus, l’aiment déjà beaucoup. Quand les Américains vont la découvrir, ils vont l’adorer. Pas parce qu’elle est si originale, ni parce qu’elle représente une révolution. Non. Parce que Lisa LeBlanc, le personnage, est très près de Lisa LeBlanc, l’être humain. Au point où on se demande laquelle des deux ne semble réussir ses relations amoureuses que si elle est à 5748 km de la personne qu’elle aime.

    [bandcamp width=100% height=120 album=206329300 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=930641878]

    À voir en spectacle le 8 octobre à Saint-Prime (Coup de grâce musical), le 13 octobre à Québec (Impérial Bell), le 5 novembre à Shawinigan (Centre des arts), le 11 novembre à Bécancour (Moulin Michel). Bien sûr, y’a plein d’autres dates sur lisaleblanc.ca!

    Jacques Boivin

    30 septembre 2016
    Albums
  • [ALBUM] KROY – « Scavenger »

    [ALBUM] KROY – « Scavenger »

    Vous connaissez Camille Poliquin en tant que moitié de Milk and Bone. Eh bien maintenant, vous devrez aussi vous rappeler de ce nom : KROY, un projet solo dans le cadre duquel elle vient tout juste de lancer un premier album intitulé Scavenger, où elle projette à la fois l’ombre et la lumière.

    Sur Scavenger, KROY présente son univers bien à elle, toujours avec cette voix pure et aérienne, mais cette fois, la musique, presque exclusivement électronique, est loin de toujours suivre le ton des paroles. Certains morceaux sont accrocheurs pas possible (Bones donne une une envie irrésistible de taper du pied et de laisser le reste de son corps suivre le rythme, qui est pourtant loin d’être démentiel!) alors que d’autres semblent tout droit sortis d’un rêve (envoûtante Stay). Days est une excellente leçon de trip-hop. À cette musique plus souvent qu’autrement douce, Poliquin a collé des paroles sombres, tristes. Un brin lugubres, même. L’album s’appelle Scavenger. Vous vous attendiez à quoi? C’est quand même chanté avec une légèreté impressionnante, comme une voix d’enfant qui vous raconte une scène macabre.

    Tout compte fait, il s’agit d’une excellente entrée en matière pour Camille Poliquin. Scavenger est un fort joli album de pop électronique qui permettra à la jeune femme de continuer à s’élever parmi les jeunes artistes d’ici à surveiller à l’échelle internationale.

    Disponible partout sur étiquette Dare to Care. KROY présentera son album à L’ANTI BAR ET SPECTACLES ce jeudi 29 septembre à 20 heures (Invité : Ego Death). Elle sera aussi à la salle Louis-Philippe Poisson de Trois-Rivières le 16 février 2017.

    [bandcamp width=100% height=120 album=902595299 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=35132465]

    Jacques Boivin

    28 septembre 2016
    Albums
  • [ALBUM] Mauves – Coco

    [ALBUM] Mauves – Coco

    La bande de chevelus originaires de Limoilou, Mauves, est de retour avec un troisième album intitulé Coco. Réalisé par l’hyperactif Emmanuel Éthier, Coco est la suite logique de Le faux du soir, bien qu’un peu plus léger que ce dernier.

    Après avoir passé la dernière année à entendre Alexandre Martel faire de la synthpop avec Anatole, on vous avoue qu’on est contents de le voir rejoindre son frère Cédric, Charles Blondeau et Julien Déry pour cet album. À écouter l’album, on dirait bien que je n’étais pas le seul.

    Le mélange de rock, de folk et de jazz (oui, oui, y’a des petites touches un peu partout) proposé par le groupe fait encore mouche, comme les sages paroles qui forment la base de chacune des chansons. Un méchant beau travail d’équipe, d’ailleurs. Toutes les chansons sont signées « Paroles et musique : Mauves », sauf Nouvelle Calédonie, coécrite avec Simon Paradis (qui fait aussi partie d’Anatole), Renaud Pilote et Serge-André Amin. Ils n’ont pas été les seuls à collaborer d’une manière ou d’une autre à l’album. Dans les crédits, on remarquera aussi Shampouing, Jean-Étienne Collin-Marcoux, Guillaume Martineau et plusieurs autres.

    Alors, ça dit quoi, Coco, musicalement? Ça dit beaucoup de belles choses. Tout d’abord, cette collection de dix chansons réussit à maintenir l’intérêt de l’auditeur grâce à une belle variété tout en évitant le fouillis qui aurait pu si facilement se produire. À la très jazzée/bluesée J’ai tout essayé, on peut facilement opposer la très accrocheuse Longtemps, chanson pop par excellence avec ses mélodies qui nous replongent dans les années 1970. On retrouve autant des pièces leeeeeeeentes comme Les mots de gare, qui semblent sortir tout droit de l’époque des pianos-bars que des chansons très indie chantées par Julien (Parc du Portugal). Les textes peuvent sembler très intellos ou ressembler à un sympathique récit de voyage (Nouvelle-Calédonie – parler d’Oslo et de Rimouski dans la même chanson, faut le faire).

    Après une très énergique Eh fille (où l’influence d’Éthier se fait sentir), l’album se termine sur la fantastique Le petit jour, toute en douceur et en subtilité… et en harmonies vocales, qui se marient donc bien à la voix nasillarde de Martel!

    On ressort d’une écoute de Coco un peu de la même manière qu’on le faisait pour les albums précédents : Satisfait, mais très fatigué à force de chercher (et trouver) tout ce que les p’tits gars ont saupoudré sur cet album. Les mélomanes se délecteront sans aucun doute. Les autres auront peut-être besoin de quelques écoutes avant d’apprécier pleinement. Tout est là, suffit de le cueillir à son rythme!

    [bandcamp width=100% height=120 album=2342322794 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

    Jacques Boivin

    24 septembre 2016
    Albums
  • [Album] Les Soeurs Boulay – « Lendemains »

    [Album] Les Soeurs Boulay – « Lendemains »

    C’est en catimini vendredi que les Soeurs Boulay ont lancées Lendemains, un EP de quatre pièces à l’ambiance feutrée. 

    Avec la température qui se refroidit, ce mini album nous permet de lover dans une couverture et de boire une boisson chaude. Sur Déjeuner, c’est l’accord guitare et voix de Mélanie Boulay qui frappe le plus dans cet chanson sur les relations sans lendemains.

    La douce Mamie, mamie (accompagnée d’un vidéo filmé à l’Île-aux-Coudres) retrouve les filles en harmonie vocale comme on les aime en discussion avec leur mamie. «Tu sais astheure c’est pus pareil/ mes amoureux/ je peux pas t’en parler/ ils sont comme les bijoux d’oreilles. On sait qu’on peut les enlever pour dormir ou juste pour changer », nous raconte les Soeurs en douce harmonie, l’ambiance feutrée rend les émotions à fleur de peau.

    La moitié de toi qui dort, est en ligne continue de leur dernier album 4448 de l’Amour. En effet, les arrangements batterie- guitare- voix de Philippe B s’en approchent tout en douceur.

    Le piano sur Piedmont se dégage du reste. Tout en valse, on sort les deux musiciennes de leur zone de confort.

    Lendemains est un mini-album tout en douceur et en chaleur. C’est encore une fois une preuve que les Soeurs Boulay sont talentueuses et que les histoires qu’elles racontent touchent le coeur des gens.

    Marie-Ève Duchesne

    18 septembre 2016
    Albums
    album, Critique, Les Soeurs Boulay
  • [Album] Groenland – « A Wider Space »

    [Album] Groenland – « A Wider Space »

    Enfin! dirons certains et certaines. Groenland a lancé le 16 septembre dernier son deuxième album fort attendu, A Wider Space, trois ans après The Chase. 

    La pop indie orchestrale de Groenland a pris de l’expansion en ajoutant le son des synthétiseurs à ce que l’on connaissait déjà d’eux. Le sextuor a eu l’aide à la réalisation de Marcus Paquin (derrière la console pour Local Natives, Hey Rosetta! et Arcade Fire).

    Sur la première chanson, la voix de Sabrina Halde chante « I might be the one to place / All my eggs into one basket / But it still feels like my best bet ». Cet album expose le côté de la médaille qu’on ne voit pas: l’anxiété, la peur, la survie, l’acceptation et le courage de se voir dans sa position la plus vulnérable.

    La deuxième chanson est plus électronique que jamais. Le groupe est allé chercher l’expertise de Paquin pour ce point. Le synthétiseur est omniprésent, mais fait place aux autres instruments tel que le violon, violoncelle et la basse.

    Sur Times of Survival, la voix de Sabrina Halde est envoutante et elle est forte malgré les thèmes de l’album. Les magnifiques arrangements du groupe et du réalisateur complètent la chanson. Ma préférée est The Weather, avec des clappements de mains et des cordes bien présentes. Le son du groupe a changé depuis The Chase, mais il est plus étoffé.

    Sur Cabin, c’est l’émotivité qui frappe lors de la première écoute. La puissante voix, s’agence avec le piano et les cordes qui sont toujours en crescendo. Against the Odds est très dynamique et les cordes ponctue l’écoute.

    Appalaches nous garde sur le bout de notre chaise, en changeant de rythme de façon inattendue, devant presque des sons latins et dynamiques. Sur Healing Suns, le saxophone, les cordes et les rythmes plus électroniques sont omniprésents et bien installés.

    La finale A Wider Space est tout en douceur. Elle laisse Sabrina Halde, un ukulélé, le piano et les cordes pour finir l’album sur une haute note.

    L’album m’a surpris à plusieurs égards. Leur changement musical un peu plus électro m’a fait apprécié leur musique et donne une couleur de plus au groupe. J’ai bien aimé l’album du groupe, car le groupe est maître de ses instruments et montrent leur versatilité. Il m’a fallu quelques écoutes pour en apprécier davantage les chansons.

    [bandcamp width=100% height=42 album=2653096392 size=small bgcol=ffffff linkcol=0687f5 track=3349715465]

    Marie-Ève Duchesne

    18 septembre 2016
    Albums
    album, Critique, Groenland
  • [ALBUM] Sara Dufour – « Dépanneur Pierrette »

    [ALBUM] Sara Dufour – « Dépanneur Pierrette »

    La jeune auteure-compositrice-interprète de Dolbeau-Mistassini Sara Dufour a lancé il y a quelques jours un premier album intitulé Dépanneur Pierrette. Réalisé par Dany Placard, l’album propose 11 chansons à saveur très country, saveur totalement assumée par la jeune Dufour.

    Ceux qui avaient entendu Le Breaker, maxi qui avait précédé Dépanneur Pierrette, remarqueront immédiatement l’évolution (ou la touche magique de Placard, c’est selon) : l’énergie brute s’est raffinée, mais le tout donne toujours le goût de partir sur un roadtrip autour du Lac. Bien entendu, pas mal toutes les chansons, que ce soient dans leurs paroles ou leur musique, rappellent la campagne. Et c’est bien ainsi.

    Ça s’embrasse dans l’char, on ne mange pas de risotto (parce qu’on préfère les moutons en vie), ça conduit des ski-doo, ça parle même de se marier! Vous voyez le genre. Ça a ses avantages : notamment en constituant une bouffée d’air frais dans le paysage québécois où on dirait que tout se passe à Montréal. Les chansons de Dufour sont ancrées dans le quotidien et il est très facile de s’y reconnaître (oui, oui, même pour toi, ami de la grande ville!).

    Qu’elle chante avec vigueur (Dans l’sens contraire, Chez nous c’est Ski-Doo) ou avec douceur (La toune en Do), Dufour est parfaitement à l’aise. Les musiciens qui l’accompagnent (Placard, John-Anthony Gagnon-Robinette, Marcolivier Tremblay-Drapeau, Charles Guay et quelques autres) offrent à Dufour un arrière-plan classique, mais dans lequel les paroles des chansons prennent leur envol.

    Moment fort : la douce et triste Tu dors encore, que Dufour interprète seule à la guitare (quoique Placard y lance quelques notes à l’harmonica).

    [bandcamp width=100% height=120 album=2991804206 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=985442902]

    Si on devait utiliser deux mots pour définir Dépanneur Pierrette, ça serait probablement « bonne franquette ». Dès les premières notes, on se sent à l’aise, dans le salon de l’auteure-compositrice. Ou dans le nôtre, c’est selon. Les mélodies sont accrocheuses, le rythme est entraînant, on sourit, on a du fun. On appuie sur Pause le temps d’aller se chercher une bière.

    Avec Dépanneur Pierrette, Sara Dufour réalise un exploit plutôt rare : enregistrer un album country qui plaira tant aux fans du genre qu’aux mélomanes qui s’en tiennent généralement loin. D’ailleurs, vous pourrez le constater par vous-mêmes le 5 octobre prochain alors que Dufour sera au District St-Joseph dans le cadre des ApérosFEQ. L’entrée est gratuite. Vous n’avez donc aucune excuse.

    Disponible partout. Il doit même y en avoir quelques copies au Dépanneur Pierrette (qui existe pour vrai).

    L-A be

    Jacques Boivin

    15 septembre 2016
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