Cette semaine, l’équipe écoutedonc.ca fait plusieurs revues de l’année 2016. Beaucoup de beaux spectacles, de disques ont sortis en cette année, mais elle a été aussi une année forte en tristesse.
L’année 2016 a débutée avec le décès de Paul Bley, grand compositeur jazz montréalais, à l’âge de 83 ans.
Puis un grand monument de la pop s’est éteint le 10 janvier: David Bowie. Son 27ème album « Black Star » a récolté les accolades, mais le chanteur n’a pu les voir de son vivant. Dans le même mois, l’impressario René Angélil, époux de Céline Dion est aussi décédé d’un cancer de la gorge.
George Michael compte aussi parmi les disparus de 2016. Le chanteur du groupe Wham! est décédé à l’âge 53 ans.
La musique a aussi perdu plusieurs membres fondateurs de grands groupes, Signe Toly Anderson (Jefferson Airplane), Greg Lake (Emerson Lake & Palmer et King Crimson), Glenn Frey (The Eagles) et Sharon Jones. Le 21 avril, c’est le décès de Prince, qui a fait les manchettes.
Le Québec n’était pas en reste : le crooner Pierre Lalonde (75 ans), du grand Leonard Cohen (82 ans) et de Bob Walsh, figure emblématique du blues québécois (68 ans), sans oublier Bob Bissonnette, parti beaucoup trop tôt à 35 ans.
Poursuivons maintenant notre rétrospective de 2016 avec les photos préférées de nos photographes (et de nos rédacteurs qui savent se servir d’un appareil photo…)!
Nous poursuivons notre revue de 2016 avec les spectacles préférés des membres de l’équipe d’ecoutedonc.ca. Cette fois, nous parlons des prestations qui nous ont le plus fait vibrer cette année. Les occasions étaient nombreuses : l’offre était plus qu’abondante et notre équipe n’en a pas beaucoup manqué…
Arielle Galarneau
Si Señor, Painted Fruits, Johnny de Courcy et La Fête au Scanner
La Death Valley goûtait le rock, on se chauffait la peau sous la lampe à bronzage et on dansait comme on danse dans une piscine à vagues.
Les Nuits Psychédéliques 2016 au complexe Méduse
Sandveiss, Adam Strangler, Yonatan Gat, SUUNS, Les Indiens, Louis-Robert Bouchard pour ne nommer que ceux-là. Quatre nuits de musique folle.
Les Goules au complexe Méduse
Parce que se faire inonder la face de Jack Daniel’s par un rabbin en jupe et en bas nylon, ça arrive rien qu’une fois dans ta vie.
Le FME à Rouyn-Noranda
J’me rapelle avoir pris l’autobus pendant huit heures de temps pour y aller, puis être revenue en char. Entre les deux, tout ne fut que folie, poutine, coca-cola, chariot d’épicerie et crêpes volantes.
Les Rendez-Vous Classiques du 13 mars à la Librairie St-Jean-Baptiste
Des violons à faire pleurer des roches et à faire sourire un nihiliste.
Karina Tardif
Lakes of Canada
L’une de mes plus grandes découvertes au FME a été Lakes of Canada. J’ai délaissé la soirée rap pour rester à l’Agora des arts à admirer les magnifiques voix de Sarah Morasse et Jake Smith, entre autres. Cette soirée-là, j’y ai découvert de fabuleux musiciens qui ont une écoute envers leur public et qui se donne à fond sur scène, ce qui m’a donné le goût de les revoir en novembre dernier à Trois-Rivières.
Heymoonshaker
Par une soirée enneigée, ou plutôt de grosse tempête, j’ai conduit jusqu’à la Maison de la culture Francis-Brisson à Shawinigan pour voir pour la première fois ce duo que j’appréciais sans trop connaître. Comme toute la salle, je suis tombé sous le charme du duo que ces deux gars-là forme. Le retour à la maison m’a semblé irréel avec la route enneigé, les souvenirs plein la tête et mon sourire qui ne descendait pas.
Dead Obies
Dead Obies et Rouge Pompier sont surement les spectacles que j’au vu le plus souvent cette année. Je n’ai pas de spectacle meilleur qu’un autre en particulier pour les Dead Obies, mais si je les ai vu tant de fois, c’est qu’ils doivent être bons, non? Montréal, Trois-Rivières ou Saint-Hyacinthe, les gars sont toujours aussi solides sur scène.
Rouge Pompier
Mes pompiers d’amour, je les aime depuis toujours. Le spectacle à Québec en a été un grand, mais celui au FME a été plus fou, avec Jessy qui a essayé de monter sur la table tournante géante. Ce spectacle-là a aussi été témoin de ma première participation, bien que courte, à mon premier moshpit.
Rosie Valland
Je n’ai jamais été aussi proche d’une artiste comme la fois au FME pour un spectacle. Au café-bar l’Abstracto, Rosie Valland a offert un spectacle tout en douceur et rempli d’intensité et d’amour. Elle parle peu pendant ses spectacles et c’est parfait comme ça. Ça créer tellement une ambiance douce et ça ouvre l’esprit à la mélancolie de la plupart de ses chansons.
Marie-Eve Fortier
Mammifest
Bon, je triche un peu, parce que le Mammifest est un festival d’un jour. J’ai pu assister à sa toute première édition cette année, arborant fièrement mon chapeau d’orignal. Cette initiative, qui vise à faire rayonner la musique de la scène locale, a été toute une réussite.
Avec pas d’casque, l’Anti, 26 novembre 2016
Quoi de mieux qu’Avec pas d’casque en novembre. J’ai été charmée à nouveau par leur musique, qui prend une teinte différente en live, mais aussi par l’attitude chaleureuse des musiciens.
Lancement de Chocolat
Ce fut une chance rare de pouvoir assister à un spectacle de Chocolat dans une salle aussi intime que le Pantoum. Le résultat a été survoltant. Qui plus est la Fête avait bien commencé la soirée.
QRBP + Les Hôtesses d’Hilaire
Je dois l’avouer, depuis ce spectacle-là, j’ai un petit béguin pour les Hôtesses d’Hilaire. C’est leur présence en première partie qui a fait monter ce spectacle au top 5 de mon palmarès personnel. Québec Redneck ne s’est pas pour autant laissé impressionner et a aussi livré une performance d’une rare intensité.
Hologramme + Ghostly Kisses
Un bel oxymore de soirée : l’énergie électro-rock de Hologramme rencontrant la belle douceur de Ghostly Kisses. Le résultat a été très envoûtant.
Bonus. Lancement d’Anatole
Entre un spectacle et une expérience immersive de la Nouvelle L.-A., le lancement d’Anatole ne se laisse pas placer dans une catégorie. Il mérite cependant les lauriers, lui aussi, pour son audace et son organisation.
Marie-Eve Duchesne
Half Moon Run (au Festival d’été)
Difficile pour moi de passer à côté de HMR au FEQ. Le site était plein à craquer, mais les fans étaient en communion avec le groupe. Un spectacle bien rodé, des premières parties à découvrir.
Basia Bulat (au Théâtre Petit Champlain)
Une de mes artistes chouchou que j’ai vu. Une foule attentive, des musiciens en plein contrôle et une chanteuse qui était radieuse : une recette gagnante pour Basia Bulat.
Philippe Brach (au Festival d’été)
L’ambiance totalement dégantée, mais qui va bien à Brach. Un univers découvert qui en valu la chandelle.
Plume Latraverse (au Grand Théâtre de Québec).
Première fois que j’allais voir ce grand monument de la chanson. Plume a pris un brin de sagesse, mais garde toujours son talent de raconteur et pour imager ces chansons. Mention spéciale à la pièce Les patineuses, à laquelle je ne m’attendais pas qu’il joue.
The Tallest Man On Earth. (au Festival d’été)
Venu présenté son album Dark Bird is Home, TMOE a réussi à charmer un Impérial à craquer.
Julien Baby-Cormier
Wolf Parade – Théâtre Corona 29 juillet 2016
Rarement vu un groupe aussi incarné et ayant autant de plaisir à performer. Le « high » suivant ce concert durera plusieurs jours.
Avec Pas d’Casque – Théâtre du Petit-Champlain 24 novembre 2016
Ce soir-là, je suis entré dans la bulle du groupe pour en ressortir ébahi quelque quatre-vingt-dix minutes plus tard. Les nouvelles chansons résonnent aussi bien en concert que sur album et les anciennes sont plus merveilleuses que jamais, nouvellement habillées par la guitare de Simon Trottier, un bel ajout à la formation!
Radiohead – Osheaga 31 juillet 2016
L’attente fut longue, mais le groupe sait s’y prendre avec une foule et Thom Yorke a toujours cette aura hypnotique qui permet d’oublier que nous sommes au milieu d’une gigantesque foule compacte. Je me déplacerai toujours pour voir ce groupe. On dessine des logos de Radiohead sur les Plaines?
Fred Fortin – L’Impérial 22 octobre 2016
Si le show intime à la Taverne de Saint-Casimir avait donné le ton, celui-ci à plus grand déploiement (les projections sont magnifiques) nous a prouvé qu’un artiste incroyable, défendant un album déjà adulé, ça donne un concert mémorable. L’équation est simple, mais évidente. Reste à espérer une présence en tête d’affiche au parc de la francophonie.
Badbadnotgood – Le Cercle 16 juillet 2016
Bon coup que ce concert gratuit au Cercle. Voir les gens danser autant sur du jazz (un jazz non orthodoxe il va sans dire) était une belle façon de terminer une soirée de festival. Un groupe particulièrement intéressant à voir en concert.
Jay Kearney
Fred Fortin – Festif de BSP
Les Goules – Lancement de Coma au Cercle
Avec Pas D’Casque – Festif de BSP
Gab Paquet – Lancement de Santa Barbara
L’ensemble des shows durant Les Nuits Psychédéliques de Québec
Jacques Boivin
Saratoga – Théâtre Petit-Champlain, 17 décembre 2016
Un micro à condensateur. Une vieille radio. Deux beaux complices. Plein d’amour. Des belles chansons qui nous invitent à prendre le temps. De toute façon, celui-ci passe si vite en compagne de Chantal Archambault et Michel-Olivier Gasse!
Basia Bulat – Prestation surprise au quai de Baie-Saint-Paul / Le Festif, 23 juillet 2016
Seule au piano (le même qui avait été utilisé un an plus tôt par Mara Tremblay), Basia rayonnait. Elle n’était pas la seule : le monde tout autour, le ciel bleu, les montagnes de Charlevoix, tout était parfait! Plein de belles émotions. On avait déjà un peu le motton à cause de Safia, qui jouait juste avant à quelques pas de là, Basia Bulat nous a achevés.
Anatole – L’Anti Bar et spectacles / Festival d’été de Québec, 13 juillet 2016
La petite salle de la rue Dorchester était remplie à craquer pour le plus dandy des squelettes et son band de feu. Une grand-messe qu’Anatole a livrée devant ses plus ardents fidèles. Expérience transcendante, indeed!
Radiohead – Parc Jean-Drapeau / Osheaga, 31 juillet 2016
Thom Yorke et ses pairs ont tout donné pendant deux heures. Un concert pour les vrais fans où aucune pièce d’avant Kid A n’a été jouée avant le rappel. Celui-ci a été des plus cathartiques : fallait entendre la foule crier pendant Paranoid Android et chanter à l’unisson pendant Creep. Cette dernière n’a pas fait le bonheur de tous, mais on vous avoue que c’est mauditement efficace pour clore un festival!
Les Deuxluxes – Le Cercle, 1er octobre 2016
Ces deux-là… CES DEUX-LÀ! Étienne Barry et Anna Frances Meyer sont deux vraies bêtes de scène, ça, on le savait. Mais ce soir-là, il y avait tant d’énergie, d’électricité, rarement Anna Frances a aussi peu eu à se faire prier pour faire participer une foule qui lui obéissait au doigt et à l’oeil! Un peu plus et ça prenait des initiatives! Du rock and roll pur et tellement sexy!
Poursuivons notre rétrospective de 2016 avec notre liste de chansons préférées. Nous avons ajouté une liste de lecture Spotify pour les chansons qui y étaient disponibles.
Simon Provencher
Le Havre (+ Mehdi Cayenne) – Ouragan
Phern – I Sold the House
Brave Radar – Movies in Time / Triangle
Doffing – Causes
New Fries – Jz III
Julien Baby-Cormier
Angel Olsen – Shut Up Kiss Me
Antoine Corriveau – Rendez-vous
Avec pas d’casque – Loup-garou
Klô Pelgag – Samedi soir à la violence
Plants and Animals – Je voulais te dire
Simon Belley
Loud Lary Ajust – Ondulations
Alaclair ensemble – Ça que c’tait
D.R.A.M. feat. Lil Yachty – Broccoli
Kanye West feat. Sia & Vic Mensa – Wolves
Future – Wicked
Marie-Eve Duchesne
John K. Samson – Virtute at Best ou Postdoc Blues
Lisa Hannigan – We, the Drowned
Saratoga – Fleur
Émile Bilodeau – Dehors
Radiohead – True Love Waits
Marie-Eve Fortier
Clay and Friends – Don’t Need
Paupière – Cinq heures
Chocolat – Ah Ouin
Medora – Nature
Floes – Burning Light
Karina Tardif
Rosie Valland – Sinon
Hein Cooper – Rusty
Dead Obies – Waiting
Peter Peter – Noir eden
Rouge pompier – Chat
Jay Kearney
Antoine Corriveau – Les hydravions de trop
Avec pas d’casque – Les gloires du matin
Fred Fortin – Molly
Antoine Corriveau – Les trous à rats
Childish Gambino – Me and Your Mama
Arielle Galarneau
Anatole – Discollins
Shilpa Ray – Shilpa Ray on Broadway
Klô Pelgag – Les instants d’équilibre
Gab Paquet – Diamants
Andy Shauf – Jenny Come Home
Valérie Vinet
Childish Gambino – Redbone
Antoine Corriveau – Les trous à rats / Les contours clairs
Cette année aura été un grand millésime, en particulier ici, au Québec, où les artistes nous ont présenté une suite d’excellents albums. Malheureusement, il n’y avait pas de place pour tout le monde sur la liste et on a quelques petits pincements au coeur, on vous l’avoue!
Voici les albums que les membres de l’équipe ecoutedonc.ca ont écouté le plus au cours de l’année :
Arielle Galarneau
Andy Shauf – The party
T’es invité à un parté dans la maison de l’amie d’un ami. Tu connais pas grand monde jusqu’à ce qu’apparaisse dans l’embrasure de la porte ton ancienne flamme de quand t’étais un tit-cul au secondaire. T’es content mais c’est awkward un peu, vous savez pas trop quoi vous dire parce que lui y’est rendu gérant d’un magasin de pneus pis toi tu fais de la musique dans le sous-sol de tes parents. The party de Andy Shauf, c’est des histoires qui arrivent à toi pis moi, racontées avec une voix d’ange. Définitivement l’un de mes gros coup de coeur.
Cette fille rocke en sale. Je l’ai connue avec Teenage and Torture, elle pis son harmonium qu’y’est tout sauf quétaine. Elle pis sa voix grinçante de blues woman qui baigne dans le punk, ses textes qui mordent et te pognent dans les trippes. J’suis en amour.
On sait que, n’en déplaise aux colons européens pleins de fierté, l’Amérique a été bâtie en majorité grâce à l’huile de coude d’immigrés forcés et natifs revanchards; noirs, rouges et jaunes. Dans cet album qui marque un début prometteur à sa carrière solo, la grande dame qu’est Betty Bonifassi rend hommage aux work songs qui ont tenu debout et fortes des générations de travailleurs venus d’Afrique dans les années dix-neuf-vingt.
Moi dans la vie, je fais pas de yoga. J’écoute les Goules à place. Tu remplaces tes leggings par des Doc Martens, ton tapis mou par un plancher sale, ton smoothie au kale par une grosse bière, tes mantras par des cris primaux. Moi, ça me rend zen.
Parce que Director de Yonatan Gat est sorti en deux mille quinze, c’est Adam Strangler qui hérite du top psychédélique. J’ai goûté à Ideas of Order pour la première fois aux dernières Nuits Psychédéliques pis depuis, j’en beurre sur mes toasts. Qui a dit que t’avais forcément besoin de t’habiller de chemises en satin rouge pour chanter l’amour? Le band de Montréal le fait très bien en t-shirts et en beats hypnotisants.
Cet album qui a été créé avec un processus hors du commun est, selon moi, le meilleur album rock francophone de l’année, tel que je l’avais prédit dans ma critique en mars dernier. Des chansons courtes, une voix qui a maturé et des grosses pièces lourdes tout comme des pièces plus légères, ce sont tout ces éléments qui ont rendu cet album mémorable pour mon année 2016.
Avant même que XO sorte, on avait eu droit a un extrait avec Rêves d’été, j’étais déjà en amour avec les débuts solo de Laurence Nerbonne. Je voyais déjà cet album faire partie de mon été… et ça a été le cas. La chaleur des chansons de Laurence Nerbonne, des textes qui me rejoignent et des « beats » incroyables, c’est tout ce dont j’avais besoin.
Tout ce que ces deux là touchent se transforme en petite mine d’or. Après un merveilleux EP homonyme l’an passé, ils sont revenus avec ce chef d’œuvre en octobre dernier. Tout en douceur et en profondeur, leurs chansons sont un baume pour tous les maux de la terre.
C’est au Festival de Musique Émergente en Abitibi-Témiscamingue (FME) 2016 qu’après le spectacle de Rosie Valland, j’ai voulu tout acheter. Mon amie m’a fortement conseillé d’acheter le Ep Nord-Est. Pendant les mois qui ont suivi, ce sont ces 6 chansons que mes passagers entendaient en permanence dans mon auto.
L’album de rap de l’année, c’est définitivement Love Suprême. Bien que j’ai énormément aimé Petit Love sorti en 2015 et que les attentes étaient énormes pour la suite, je n’ai tellement pas été déçue. 2016 a vraiment une année remplie d’amour côté musique, à mon avis, et même le rap queb a suivi la tendance. C’est beau à voir et cet album restera dans mon cœur longtemps.
Au début 2015, nous avons assisté à la transformation d’Alexandre Martel (Mauves). Le chanteur et guitariste chevelu mettait sur pied un tout nouveau projet aux antipodes du groupe d’origine limouloise. Synthétiseurs, théâtralité, flamboyance : Anatole était né.
Après s’être fait remarquer à Montréal pendant les Francouvertes (Sylvain Cormier, du Devoir, avait ces mots à son sujet : « Du genre qui se la joue comme on ne se la joue plus : s’amène en collant noir à squelette imprimé, maquillage Dracula et visage blanc, pieds nus, genre Alice Cooper chez le mime Marceau. »), Anatole lance trois chansons sur Bandcamp et présente quelques autres spectacles à l’automne (dont ce mémorable double-plateau avec Le Couleur) avant de disparaître (certains disent qu’il est retourné à L.A., d’autres affirment plutôt qu’il était en studio avec ses musiciens) pour mieux revenir en mars 2016.
Depuis, c’est un tsunami. Excellent album, lancement fort couru, Apéro FEQ devant un District St-Joseph bien rempli, la secte de la Nouvelle L.-A. fait le plein de fidèles! Une pétition est même lancée pour qu’Anatole chante Grosse Massue avec Peter Gabriel au Festival d’été de Québec. Malheureusement, le rêve ne se réalisera pas et un petit froid peut être ressenti entre la star et l’auteur de la pétition (votre humble serviteur). Sur les ondes de CKRL, Anatole se permet même de dire que si Gabriel et Anatole ne se parlent pas, c’est à cause de la pétition.
S’en suit une petite querelle sur les médias sociaux… querelle qui atteindra son paroxysme lorsque le relationniste d’Anatole interdit l’entrée d’ecoutedonc.ca à L’Anti. Heureusement, après d’intenses négociations, Anatole, bon joueur, lui donne l’accès à la salle… et à la loge!
Ce soir-là, L’Anti est plein à craquer. Il y a des curieux, bien entendu, mais les fidèles du prophète de la Nouvelle L.A. sont plus nombreux que jamais. Sur scène, le groupe est déchaîné. Le squelette dandy se promène partout, sniffe sur un clavier, s’étend de tout son long sur le bar. La foule en redemande. Si nul n’est prophète dans son pays, Alexandre Martel, lui, captive plus que jamais.
On a retrouvé le squelette dandy quelques jours plus tard à Baie-Saint-Paul dans le cadre du Festif. On en a profité pour lui poser quelques questions… quelle ne fut pas notre surprise de le voir arriver avec Simon, son claviériste!
EDC : Anatole, c’est qui? Simon : Ben Anatole, c’est pas moi. C’est lui. EDC : Anatole, c’est pas toi, c’est lui? Simon : Anatole, c’est lui, je confirme! Moi, je suis là pour aider dans ses desseins. EDC : Alors, l’entrevue se fait avec toi? Simon : Jusqu’à maintenant, oui! EDC : Parfait. C’est quoi la différence fondamentale entre la nouvelle et l’ancienne L.A.? Simon : Faudrait lui demander, mais je pense que les deux ne sont qu’illusion. (Anatole le regarde en approuvant de la tête) Anatole : Faut préciser qu’il n’y a pas d’ancienne L.A. EDC : C’est juste une évolution? Simon : La nouvelle L.A., c’est juste un idéal dans l’esprit d’Anatole. C’est ce que j’en comprends. Moi, je suis là pour mettre des briques de cet idéal dans la réalité. Un idéal où y’a une disco éternelle. EDC : Finalement, t’es comme un maçon dans la vie imagée d’Anatole! Simon : Effectivement. Un des nombreux maçons. Anatole (prend un air exaspéré) : Le truc, c’est que la nouvelle L.A. est déjà là. Il faut juste faire tomber les murs pour voir la véritable nouvelle L.A. qui est cachée derrière. EDC : On te voit souvent à Québec, mais est-ce la première fois qu’Anatole vient à Baie-Saint-Paul? Simon : Ouais. Le Tony et Charlo, c’est un des endroits (Anatole chuchote quelque chose à l’oreille de Simon). T’es déjà venu au Tony et Charlo? Anatole : Oui. Je te dirais que la section motarde de la nouvelle L.A. est basée au Tony et Charlo. EDC : Est-ce que le culte se bâtit aussi en région? En ville, vous êtes presque rendu une secte, de plus en plus de gens viennent aux spectacles, ils connaissent les chansons. Est-ce que c’est semblable en région ou bien le côté un peu plus conservateur de certains endroits rend le culte un peu plus difficile à établir? Anatole : C’est pas beaucoup plus dur à établir. Il y a juste quelques personnes qui sont encore fermées au message, qui préfèrent garder leurs oeillères, mais les gens sont facilement convertis ici aussi! La réaction est assez semblable. Il y a parfois un élément perturbateur qui est, à notre avis, envoyé par le Malin pour essayer de saboter l’aventure, mais généralement, on a des agents qui interviennent assez rapidement et le spectacle se déroule bien. EDC : Quel serait ton message à Philippe Fehmiu (NDLR : le plus festif des festivaliers au Québec) pour qu’il vienne ici cet après-midi? Anatole : Il va pouvoir voir mes cuisses. (Un gros camion arrive…) Anatole : Oh, c’est notre catering qui arrive! EDC : Justement, je voulais vous demander : vous êtes des vedettes planétaires. Est-ce qu’il y a de meilleurs buffets que d’autres? Anatole : Dans notre jet, le buffet est vraiment fantastique. Simon : Le tartare est parfait. Anatole : Mais ici au Festif, c’est peut-être le meilleur mis à part notre catering privé. Il y avait du poulet au beurre… Simon : … une section de rivière où on pouvait se baigner nu… Anatole : … et du thé vert glacé. Le pire catering qu’on a vu, c’est probablement à Sorel. Y’avait un sac de Ring-o-los, mais il était pour tous les bands. EDC : J’ai parlé plus tôt à Gab Paquet. Un personnage coloré. Il n’est pas de la nouvelle L.A., il est plutôt de Santa Barbara… Anatole : … c’est cousin! EDC : On m’a dit qu’il y avait quand même plus de poules à Santa Barbara. Anatole(l’air vexé) : Ça reste à voir! EDC : On a parlé un peu de folk introspectif. (Anatole prend un air très sérieux… il me voit venir avec mes gros sabots) Le bassiste d’Anatole (qui se retourne dès qu’il entend qu’on parle de lui), il joue pas parfois du folk introspectif? Anatole : On en fait tous pour mettre du beurre sur notre pain. J’ai toutefois l’impression que j’ai été mal compris à ce sujet dans les diverses entrevues que j’ai données. Ce qu’on omettait de dire, et j’imagine que c’était pour faire scandale, les journalistes tronquant le propos pour pouvoir vendre du papier, je disais toujours que mes plus grandes influences étaient Joni Mitchell et Bob Dylan, mais ça… EDC : … c’est drôle, on le lit jamais, ça! Anatole : Je ne sais pas pourquoi. Je trouve que ce qu’on fait, c’est ce qui s’approche le plus du folk introspectif. EDC : Bob Dylan, je suis sûr que dans la vie de tous les jours, c’est pas le même gars que celui qu’on voit sur scène non plus! Anatole : Exactement! Et ce soir, je sortirai ma mandoline pour les gens de Baie-Saint-Paul. J’ai l’impression que les gens commencent à ranger leur harmonica et que la scène aligne ses flûtes. EDC : On va voir tes cuisses ce soir, c’est presque une première. Anatole : Seulement si Philippe Fehmiu est là! Est-ce qu’il est là pour vrai? EDC : Il est partout! Anatole, je te remercie pour ta merveilleuse collaboration. Simon : Ça me fait plaisir!
Évidemment, Anatole a fait un tabac à l’heure du souper. L’absence d’un bar où s’étendre pendant Le grand sommeil n’a pas semblé le déranger outre mesure. Il en plutôt profité pour voler des frites et du ketchup à des spectateurs bien trop heureux de partager leur repas avec leur nouveau gourou.
Anatole a continué à propager la Bonne nouvelle un peu partout au Québec pendant l’été. On l’a un peu moins vu cet automne. Paraît qu’il veut laisser la place à son alter-ego, Alexandre Martel de Mauves, qui vient de lancer Coco. Ça ne l’a pas empêché d’être sensuel à souhait à l’Impérial, en première partie de Groenland. Et au moment d’écrire ces lignes, Anatole se préparait à sévir dans un double plateau spectaculaire en compagnie de nul autre que Gab Paquet au Zénob, à Trois-Rivières.
Que réserve 2017 pour Anatole? Lui seul le sait. De retour dans sa nouvelle L.A., il aura sûrement une pensée pour Prince et David Bowie qui, comme lui, avaient le sens du spectacle… et de la controverse. Des modèles, quoi.
À une époque où les musiciens jouent la carte de l’authenticité extrême, rien n’est plus vrai qu’un personnage plus grand que nature. Anatole l’a bien compris.
Allez, repose-toi bien. Tes fidèles auront bientôt besoin de toi.
En attendant, la bonne nouvelle se transmet sur Bandcamp!